Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     FAIM     
FEW III fames
FAIM, subst. fém.
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La faim chasse/fait saillir le loup du bois : ...car l'esguillon de fain et contrainte necessité de vivre fait saillir le lou du boys, pour ce que necessité surmonte nature et la pourforce de yssir de ses rigles et de ses loyz. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 13). Mais les povres hommes d'armes, qui ont de la souffraitte et du travail habondamment, sont tousjours prestz à emploier leurs corps pour honneur et renommée acquerir, car on dit communement que la faim chasse le loup hors du bois. (BUEIL, I, 1461-1466, 27). Neccessité fait gens mesprendre Et fain saillir le loup du boys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 33).

 

Rem. Morawski 1000 : La fains enchace le louf dou bois ; Hassell 107, F1 ; DI STEF. 323c, faim.

 

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La faim fait éveiller le loir : Ainsy l'endormy sault debout S'il oyt bruyt ou cry de bataille (...). La fain fait eveiller le loir. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 186).

 

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Les chétifs meurent de faim à la table ou entre les viandes V. chétif

 

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Faim fait sembler bon le pain. "Quand on a faim, les choses les plus simples paraissent bonnes" : ...la fain fait sembler bon le pain ; n'est sauce ou sel qui vaille fain. Aucuns contre cel trop grant et ardant appetit ont geté eaue froide en leurs potages ; les autres cendres (GERS., Gourm. II, G., 1402, 810).

 

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[Sentence] Il doit bien mourir de faim celui qui n'ose demander du pain à celui qui peut en donner : Aussi n'est ce pas de mervoille : Celuy doit bien mourir de fain Qui n'ose demander du pain A celluy qui le peut donner. (Narcissus, p.1426, 289).

 

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Il n'est sauce qui vaille faim : Mais allafois necessité est manger plaisamment pour soutenir nature ; Regulierement ce seroit mieulx d'actendre sa fain, car n'est sauce qui vaille fain. Et ycy on pourroit parler se les queux pechent en appareillant trop curieusement et delicieusement. (GERS., Gourm. II, G., 1402, 807).

 

Rem. Hassell 107, F2.

 

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Il n'est si dure épée que de faim : Si vinrent très bien à point as Englès et Gascons les pourveanches que li Franchois avoient là amenées, car les leurs lor estoient fallies. Et n'avoient li Gascon et li Englès goustet de pain, troix jours avoit passet. Pour tant avoient il offert les offrez dessus dictes, car il doubtoient plus que li roys Jehans ne les affammaist, qu'il ne doubtaissent la bataille, car il n'est si dure espee que de fain. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 286). Il n'est si dure espée que de fain (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 286). ... la forteresse estoit imprenable, comme on peut encoires présenterment ymaginer par l'apparence du lieu là où elle seoit ; mais comme on dit communément, il n'est si dure ne si tranchant espée que de fain, lequel fain estoit si très grant en la forteresse que il n'est homme au monde de si dur cueur, se il le vouloit considérer, ainsi que l'istoire le tesmoigne, que plorer et lamier [l. larmier] ne l'en convint. (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 48). ...et j'ay bien auï dire, est parolle averee, Que de faim endurer n'est si trenchant espee. (Enfances Doon de Mayence P., c.1450-1500, 367).

 

Rem. Hassell 104, E58.

 

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On ne défend pas à un homme de suer, ni à un malade de souffrir, ou à un autre d'avoir faim V. malade

 

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Tel est riche, qui meurt de faim près de ses biens : Tel est abondant, riche et plain, Qui meurt de fain prez de ses biens ; Tel a de l'argent tout à plain Qui aux povres ne donne riens. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 114).

 

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Tel gouvernoit la cour jadis, qui meurt de faim en sa maison V. cour

 

Rem. Cf. aussi Morawski 860 : Il avient sovent que chaceour muert de fain
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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