C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     PRINCE1          PRINCE2     
FEW IX princeps
PRINCE, subst. masc.
 

A. -

"Souverain, monarque" : Malicieux font pis que les dyables ; De malicieux vienent tous maulx. Toutesfoix ilz sont fort agreables Es princeps et a leurs vassaulx. Herodias le monstre en ses saulx. (Pass. Auv., 1477, 111).

 

-

[Dans quelques loc., désigne le rang le plus élevé dans une hiérarchie] : Je [le centurion] suis homme d'auctoricté, Subgiet es romains impereurs ; Toutesfoiz j'ey mains serviteurs, Qui vont et vienent a tous lieux Et si sont tout ce que je veulx Raby, tu es plus puissant que moy, Et si n'as nul prince sur toy. Tu es Dieu ; ainsi le veulx croire (Pass. Auv., 1477, 129). Puis que tu es du tout cloué, Maistre Jhesus, par fin de compte, Dy moy si farons de toy conte, Veu que tu es comme ung larron. Tu n'es ne prince ne baron ; Ton estat ne le monstre pas. (Pass. Auv., 1477, 200). Mon Dieu, ce m'est chose terrible : Le prince change en chavalier, Le seigneur en son escuyer, Le createur change pour creature (Pass. Auv., 1477, 221).

B. -

"Celui qui est le premier par le mérite ou par l'autorité"

 

1.

Le Prince des cieux. "Dieu" : Besoignons sans plus aloigner. Le prince des cieulx que tout fist Nous doint grace de besoigner ! (Pass. Auv., 1477, 134).

 

-

En appellatif : Prince des cieulx, bonté succree, A vous de bon cuer me reclame ! (Pass. Auv., 1477, 130).

 

-

P. ell. : Prince (...) Embrasse moy pour bonne estraine, Et varrey avec toy mon filz [Jésus]. (Pass. Auv., 1477, 279).

 

.

"Jésus-Christ" : Prince, puis que vostre domaine Et vostre siege est en croix, Le merite de vostre paine A tous sera doulx et cortoix. (Pass. Auv., 1477, 217).

 

-

Le prince d'enfer. "Le diable" : Ouvrés voz portes sans remortz, Prince d'enfer ! O portes, rompés, Et le roy de gloire varrés, Qui entrera, Dieu glorïeux ! (Pass. Auv., 1477, 226).

 

Rem. Première attest. de cette loc.

 

2.

HIST. JUIVE

 

a)

Prince de la Loi. "Docteur de la Loi, scribe" : Seigneurs et dames quy cy estes, Ouyés les ordonnances faictes Par noz grans princes de la loy, Lesqueulx vous comandent par moy Que les chiefz de maisons trestous Maintenent vieignent aprés nous Au cruxiffiement de Jhesus, Lequel pour ses maulx et habus Est condempné estre pendu En croix, car ainsi l'ont volu Les princes de la loy ensemble Les prestres et Pharisieux du temple. (Pass. Auv., 1477, 180).

 

-

P. ell. : De toy, Jhesus, ne sçay que faire, Car fort suis sur ton cas troublé, Pour ce qu'on t'a cy accusé Sans cause nulle, comme croy. Ces princes disent que leur loy Te condempne devoir morir. (Pass. Auv., 1477, 175). Maulditz soyés, princes Juïfs, Que m'estes cause de ce mal ! (Pass. Auv., 1477, 276).

 

b)

"Chef de la synagogue" : Bien a fait chose plus tarrible A la filhe de nostre prince. (Pass. Auv., 1477, 123).

 

Rem. 1. Allusion à la résurrection par Jésus de la fille de Jaïre, chef de la synagogue (Marc 5, 22 ; Luc 8, 41 ; Matth. 9, 18 ; dans le texte lat. de la Vulgate, resp. archisynagogus, princeps synagogae, princeps). 2. Première attest. dans ces deux sens ("docteur de la Loi", "chef de la synagogue"). Dans la Pass. Auv., le mot prince apparaît à neuf reprises à la fin d'une ballade, au premier vers d'un envoi (vers 1080, 1613, 2260, 3015, 3047, 3075, 3119, 4549, 4585).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

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