Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     COMMUN     
FEW II-2 communis
COMMUN, adj.
[AND : commun1 ; DÉCT : comun ]

A. -

"Qui appartient à tous les membres d'une même communauté" : Mais pour ce que les livres morals de Aristote furent faiz en grec, et nous les avons en latin moult fort a entendre, le Roy a voulu, pour le bien commun, faire les translater en françois, afin que il et ses conseilliers et autres les puissent mieulx entendre, mesmement Ethiques et Politiques, desquels, comme dit est, le premier aprent estre bon homme et l'autre estre bon prince. (ORESME, E.A., c.1370, 99).

 

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Empl. subst. masc. "Ce qui appartient à tous, les biens communs" : Afin que du commun soient nourris touz, et femmes et enfans. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 106).

B. -

Commun à. "Qui est partagé avec" : ...car c'est un langage noble et commun a genz de grant engin et de bonne prudence. (ORESME, E.A., c.1370, 101).

C. -

Commun à qqn/qqc. "Qui se rapporte à qqn ou à qqc." : Car tels deliz sont communs a nous et aus bestes, et doit estre nostre felicité en la plus noble chose qui soit en nous et en laquelle nous passons les bestes. (ORESME, E.A.C., c.1370, 111). Et donques ne est ce pas pour ce que elle [la terre] resgarde semblablement et equalment les parties du ciel, car ce est commun a toute chose qui seroit mise ou milieu ; mais estre meu au milieu est propre a la terre. (ORESME, C.M., c.1377, 548).

D. -

"Courant, ordinaire" : Mais selonc le commun usage de parler, la ou elles sont inequales, la plus grande est appellee longitude, et l'autre apres latitude, et la plus petite est dicte spissitude. (ORESME, C.M., c.1377, 48).

 

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Commun langage : Aristote tenoit que il n'estoit que un dieu, mais il parle selon le comun langage qui estoit lors. (ORESME, E.A.C., c.1370, 128).

 

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Empl. subst. masc. plur. "Les gens ordinaires" : ...affin de monstrer le grant default et mesus que aujourduy se faict en icelle par les marchans et communs (ORESME, Monnoies W., c.1365, I).

 

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"Connu, tombé dans le domaine public" : Car aussi comme l'entendement qui se occupe en pluseurs choses est mendre en chascune de elles que se occupast en peu si comme dit un vers commun : "Pluribus intentus minor est ad singula sensus", semblablement est il de la volenté ou affeccion qui est partie en pluseurs. (ORESME, E.A.C., c.1370, 490).

E. -

"Général" : Car les sciences sont et sont dites d'aucun principe commun. (ORESME, E.A., c.1370, 535).

 

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En commun. "En général" : Or avon donques ainsi dit en commun et generalment des vertus et avon mis leur gerre grossement et avon dit comment il sont moiennes ou en moien ou moienneresses et que elles sont habis. (ORESME, E.A., c.1370, 202).

 

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Droit commun : Mais aucune foiz appelle l'en droit commun celui qui est propre pour un royalme et commun a toutes les cités et parties d'icelui royalme. (ORESME, E.A.C., c.1370, 304).

F. -

"Public"

 

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Homme commun. "Homme public" : Se un homme commun despendoit plus que tout le sien en donner un disner a une communité ou en aucune autre chose de soy honeste, il feroit que sot. (ORESME, E.A.C., c.1370, 245).
 

Oresme Charles Brucker


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