Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     FIN1          FIN2     
FEW III finis
FIN, subst. fém.
[AND : fin1 ; DÉCT : fin1 ]

A. -

"Ultime limite"

 

1.

[Dans l'espace] : Or appert donques que le corps qui est meu circulairement n'est pas sanz terme et infini, mes a fin en sa quantité. (ORESME, C.M., c.1377, 102).

 

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[Suj. inanimé] Avoir fin en qqc. "Être limité en/sur un point" : Or appert donques que le corps qui est meu circulairement n'est pas sanz terme et infini, mes a fin en sa quantité. (ORESME, C.M., c.1377, 102).

 

2.

[Dans le temps] : Mais yci est a noter premierement que l'isneleté du mouvement de la chose pesante ne crest pas touzjours en descendant, quar se le moien par quoy il est fait estoit plus espés ou plus fort a diviser en bas que en haut, ce pourroit estre tellement que il seroit plus tardif en la fin que au commencement, et tellement que l'isneleté seroit touzjours egualle. (ORESME, C.M., c.1377, 144).

 

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Sans fin : Par aventure que ces raysons ne sont pas purement evidentes ne simplement demonstratives sanz autre chose suppouser, quar nul movement n'est si tardif que encor ne soit autre la moytié plus tardif et autre plus, et ainsi sanz fin oultre toute proporcion, si comme il appert des parties du ciel en approchant vers la pole (ORESME, C.M., c.1377, 102).

 

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Jusques en la fin : Donques, a prendre felicité en ceste maniere, nous dirons que ceuls qui ont les choses ou condicions dessus dictes et qui, avecques ce, les avront jusques en la fin, il sont presentement beneurés. (ORESME, E.A., c.1370, 136).

 

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À la fin : En tele resolucion l'en commence a la fin, car elle est premiere proposee et descent l'en par les moiens de l'un a l'autre siques au derrenier et ileques ou derrenier commence l'en execucion en retournant et procedant ou tendant vers la fin (ORESME, E.A.C., c.1370, 191).

 

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En la fin : Et en la fin perdi dolereusement corps et enfans et biens et sa femme. (ORESME, E.A.C., c.1370, 130).

B. -

"But (de qqc.)" : La fin pour quoy est toute chose qui a operacion, ce est son operacion. (ORESME, C.M., c.1377, 356).

 

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"Finalité" : Et se il est ainsi que felicité ne soit pas envoiee de Dieu senz ce que homme en soit cause par vertu ou par discipline ou par excercitacion, toutesvoies convient il que ce soit aucune des choses tres divines ; car c'est le loyer de vertu et la fin humaine. (ORESME, E.A., c.1370, 129). Et la principal operacion de Dieu, ce est congnoistre et amer Lui meisme, et c'est vie pardurable et ceste operacion, c'est Dieu meisme qui est fin de Lui meisme. (ORESME, C.M., c.1377, 356). Et pour ce, selon verité, les corps du ciel ne attaignent ou acquierent par leur mouvement quelcunque perfection fors tant seulement que par telz mouvemens il sont appliquiéz deuement pour oevrer a la fin pour quoy il sont ou furent creés (ORESME, C.M., c.1377, 508).

 

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À fin de + subst. : Pour ce que le present negoce de doctrine moral n'est pas ordené pour la grace ne a fin de contemplacion ou speculacion comme pluseurs autres sciences, car nous ne querons pas quelle chose est vertu afin que nous aprenons science, mais afin que nous soions faiz bons, car autrement le profit de ceste doctrine seroit nul, - pour ce donques que il est ainsi, est il neccessaire d'enquerir et traictier des operacions et des choses qui a ce appartiennent et comme l'en les doit faire (ORESME, E.A., c.1370, 148).

 

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À la fin de + inf. : Et [la medecine] commande aucunes choses pour la grace et a la fin de acquerir ou garder santé (ORESME, E.A., c.1370, 361).

 

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À fin que : Et aveques ce, comme dit est, fortitude desire bien et soustient les perilz pour bien honeste ou a fin que chose laide et deshonneste ne adviengne. (ORESME, E.A., c.1370, 210).

 

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À bonne fin : ...car vertu moral fait avoir droite entencion a bonne fin, et prudence adresce les choses qui sont ordenees a celle fin. (ORESME, E.A., c.1370, 356).
 

Oresme Charles Brucker


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