Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     COMMUN     
FEW II-2 communis
COMMUN, adj. et subst.
[AND : commun1 ; DÉCT : comun ]

"Commun"

I. -

Empl. adj.

A. -

"Qui est propre à toutes les personnes d'un ensemble donné"

 

-

Profit commun : Car je croy c'est pour le prouffit De nous conmun. (Mir. abbeesse, 1340, 67).

 

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[En parlant d'une sorte de caravansérail] Lieu commun : ...enseignier en verité Ne vous saroie lieu nesun, Se ce n'estoit un lieu conmun, Liquelz n'est pas pour vous honnestes : Car la foraine gent leurs bestes, Quant il sont venuz au marchié, Sitost qu'il les ont decharchié, Y mettent, sire. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 210).

 

-

Chemin commun : En la terre sui de Sennar Ou l'en me dit que d'ermitages A plus qu'ailleurs sur les boucages Et sur le grant chemin conmun. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 251).

 

-

Loc. adv. En commun

 

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"Tous, ensemble" : Chier sire, ce fait ce qu'ilz ont, Lui et touz autres (non pas un) Qui crestien sont en conmun, Une paroles si traittables... (Mir. st Ign., 1366, 88). Or escoutez vous en conmun : A touz ensemble et a chascun, Par foy, fas ce conmandement Qu'a la justice ysnellement Venez que le baillif veult faire (Mir. femme, 1368, 210).

 

.

"Communément" : ...en la cité m'as amené Dite de Magines a Romme Et ens ou pais on la nomme Et est ditte en conmun Edesse (Mir. st Alexis, 1382, 316).

B. -

"Qui concerne un grand nombre de personnes"

 

-

"Répandu" : C'est un proverbe tout conmun Qu'il en fait conme de sa femme (Mir. femme, 1368, 178). ...on dit qu'en Lorraine en a une Qui, par renommée conmune, Est belle damoiselle et sage (Mir. ste Bauth., c.1376, 83).

 

-

"Habituel"

 

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De commun cours. "Habituellement" : Or savez vous de conmun cours Nous n'avons que quarante jours A faire nostre eleccion (Mir. ev. arced., c.1341, 122). ...il est de conmun cours que celles qui pour l'amour de Dieu vivent en estat de virginité, a ce que elle soient dites vraies vierges, que touzjours sont paoureuses et doubteuses... (Mir. nonne, 1345, 314).

 

-

"Ordinaire" p. oppos. à singulier : NOSTRE DAME. Chier filz (...) Qui de grace tant me donnas, Que de moy ta mére ordenas, Non pas conme mére conmune, Mais mére et vierge fui par une Voie qui fu dessus nature (Mir. ev. arced., c.1341, 132). Il n'est pas personne conmune En tant conme il est roy, c'est une ; Ains est un homme singulier (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 9).

II. -

Empl. subst.

A. -

"Population" : SAINT BASILLE. Mes amis, pour tout le conmun De ceste cité assembler, Faites le saint un cop sonner (Mir. emp. Julien, 1351, 184).

B. -

En partic. "Petit peuple" : Estes vous marchant ou bourgoys Ou du conmun ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 76).

C. -

[En syntagme]

 

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Gent de commun. "Suite d'un haut personnage" : ROY FLOIRES. Assez avez gent de conmun ; Mais pour estre voz conseillers Vous arez ces deux chevaliers Et ces deux massiers (Mir. Berthe, c.1373, 200).

 

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Ville de commun. "Ville ouverte, place commerciale" : ...il n'est chastiau nesun, Cité, ne ville de conmun, Par ou pensent que venir doie, Qu'il n'aient estouppé la voie (Mir. ste Bauth., c.1376, 127).
 

Miracles Pierre Kunstmann


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