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BOUCHE, subst. fém. |
[DÉCT : boche ] |
"Bouche" |
I. - | [En tant que partie apparente du visage] : Certes, or vous vueil je baisier Et bouche et piez. ([Mir. marq. Gaudine, 1350, 169]). |
II. - | [En tant qu'organe de la parole] |
A. - | "Bouche" : Recevez en gré les recors Que mon cuer de voiz et de bouche Vous represente ([Mir. parr., 1356, 51]). Ha ! dame, qui d'estre loée De bouche, de voiz et de diz Sur touz les sains de paradis Avez grace et prerogative... ([Mir. femme, 1368, 216]). |
| - | Ouvrir sa bouche a parler : ...en ces quatre eglises est dit que la glorieuse vierge ouvri sa bouche a parler, set foiz et non plus. Mais regarde conment elle l'ouvri fructueusement, car elle parla meurement, prouffitablement et sobrement. ([Mir. Theod., 1357, 80]). |
| - | Dire de sa bouche : Dites moy donc de vostre bouche, Mére, quant ce devera estre. ([Mir. enf. diable, c.1339, 28]). |
| - | Avoir qqc. (un mot)/en la bouche : Gardez, pour chose qui vous touche, Qu'aiez Dieu touz jours en la bouche : C'est vostre miex. ([Mir. emper. Romme, 1369, 281]). |
| - | Mentir parmi la bouche : LE MARQUIS. Biaux oncles, il vous fault debatre Ce qu'il dit. L'avez entendu ? Respondez (...) L'ONCLE. Biaux niez, il ment parmy la bouche. ([Mir. marq. Gaudine, 1350, 164]). |
| - | Laisser qqc. de bouches. "S'en taire, ne pas en parler" : LE VARLET. (...) Mais il m'estuet, se m'est vis, taire Par devant vous. LE ROY. Tu as dit voir, mon ami doulx ; De bouches, errant, si le laisse ([Mir. femme roy Port., c.1342, 153]). |
| - | Pop. Laver sa bouche (conseil adressé à qqn qui vient de dire une sottise) : DEUXIESME POVRE. (...) Mais va tost ta bouche laver, Car du plus merde et plus aver Homme que l'en puisse savoir Parles ([Mir. Pierre Changeur, c.1378, 234]). |
B. - | [La bouche opposée au coeur] |
| - | Accorder la bouche au coeur : Dame (...) Voz heures cy recorderay Et en disant accorderay La bouche au cuer. ([Mir. nonne, 1345, 317]). |
| - | De coeur et de bouche : En oroisons voy la Sevestre Ou requiert de cuer et de bouche Chose qui a mon honneur touche. ([Mir. st Sev., 1362, 219]). |
C. - | [L'oral opposé à l'écrit] |
| - | De bouche : DIEU. Le pére fu il au donner De l'enfant ? dites verité : Tantost vous aray delivré. Le vous ottria il de bouche ? SECOND DYABLE. Sire, li faiz et li dons touche A lui, quant il fu au promettre ; Mais a ce ne voult conseil mettre Que de lui nous fust ottroiez. ([Mir. enf. diable, c.1339, 48]). Avecques ceste lettre close Me mande il riens qui soit de bouche Que faire doie qui lui touche ? ([Mir. march. juif, c.1377, 200]). |
D. - | P. méton. "La personne qui parle ou chante" : Ha ! vierge, ta valeur, ton pris, Le grant de ta misericorde, Ou est bouche qui la recorde ? ([Mir. st Guill., c.1347, 47]). |
| - | En partic. "Prédicateur" : LE QUEREUR DES SERMON. (...) Onques n'oistes telle bouche. C'est merveille conment il touche Biau son parler. ([Mir. Theod., 1357, 78]). |
III. - | [En tant qu'orifice digestif] |
| - | Vin de bouche. "Réservé à la fine bouche du roi ou de l'empereur" : L'EMPERIÉRE. (...) Or tost : a mengier m'apportez Delivrement. L'ESCUIER. Voulentiers, chier sire, et briefment : Vezci pain, ci est vin de bouche. ([Mir. Rob. Dyable, c.1375, 49]). L'EMPERIÉRE. Voulentiers. ça, je pren cecy. Avant : du vin. L'ESCUIER. Vez le ci cler et net et fin Conme de bouche. ([Mir. Rob. Dyable, c.1375, 61]). |
Miracles |
Pierre Kunstmann |
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