Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     BOUCHE1          BOUCHE2     
FEW I bucca
BOUCHE, subst. fém.
[DÉCT : boche ]

"Bouche"

I. -

[En tant que partie apparente du visage] : Certes, or vous vueil je baisier Et bouche et piez. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 169).

II. -

[En tant qu'organe de la parole]

A. -

"Bouche" : Recevez en gré les recors Que mon cuer de voiz et de bouche Vous represente (Mir. parr., 1356, 51). Ha ! dame, qui d'estre loée De bouche, de voiz et de diz Sur touz les sains de paradis Avez grace et prerogative... (Mir. femme, 1368, 216).

 

-

Ouvrir sa bouche a parler : ...en ces quatre eglises est dit que la glorieuse vierge ouvri sa bouche a parler, set foiz et non plus. Mais regarde conment elle l'ouvri fructueusement, car elle parla meurement, prouffitablement et sobrement. (Mir. Theod., 1357, 80).

 

-

Dire de sa bouche : Dites moy donc de vostre bouche, Mére, quant ce devera estre. (Mir. enf. diable, c.1339, 28).

 

-

Avoir qqc. (un mot)/en la bouche : Gardez, pour chose qui vous touche, Qu'aiez Dieu touz jours en la bouche : C'est vostre miex. (Mir. emper. Romme, 1369, 281).

 

-

Mentir parmi la bouche : LE MARQUIS. Biaux oncles, il vous fault debatre Ce qu'il dit. L'avez entendu ? Respondez (...) L'ONCLE. Biaux niez, il ment parmy la bouche. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 164).

 

-

Laisser qqc. de bouches. "S'en taire, ne pas en parler" : LE VARLET. (...) Mais il m'estuet, se m'est vis, taire Par devant vous. LE ROY. Tu as dit voir, mon ami doulx ; De bouches, errant, si le laisse (Mir. femme roy Port., c.1342, 153).

 

-

Pop. Laver sa bouche (conseil adressé à qqn qui vient de dire une sottise) : DEUXIESME POVRE. (...) Mais va tost ta bouche laver, Car du plus merde et plus aver Homme que l'en puisse savoir Parles (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 234).

B. -

[La bouche opposée au coeur]

 

-

Accorder la bouche au coeur : Dame (...) Voz heures cy recorderay Et en disant accorderay La bouche au cuer. (Mir. nonne, 1345, 317).

 

-

De coeur et de bouche : En oroisons voy la Sevestre Ou requiert de cuer et de bouche Chose qui a mon honneur touche. (Mir. st Sev., 1362, 219).

C. -

[L'oral opposé à l'écrit]

 

-

De bouche : DIEU. Le pére fu il au donner De l'enfant ? dites verité : Tantost vous aray delivré. Le vous ottria il de bouche ? SECOND DYABLE. Sire, li faiz et li dons touche A lui, quant il fu au promettre ; Mais a ce ne voult conseil mettre Que de lui nous fust ottroiez. (Mir. enf. diable, c.1339, 48). Avecques ceste lettre close Me mande il riens qui soit de bouche Que faire doie qui lui touche ? (Mir. march. juif, c.1377, 200).

D. -

P. méton. "La personne qui parle ou chante" : Ha ! vierge, ta valeur, ton pris, Le grant de ta misericorde, Ou est bouche qui la recorde ? (Mir. st Guill., c.1347, 47).

 

-

En partic. "Prédicateur" : LE QUEREUR DES SERMON. (...) Onques n'oistes telle bouche. C'est merveille conment il touche Biau son parler. (Mir. Theod., 1357, 78).

III. -

[En tant qu'orifice digestif]

 

-

Vin de bouche. "Réservé à la fine bouche du roi ou de l'empereur" : L'EMPERIÉRE. (...) Or tost : a mengier m'apportez Delivrement. L'ESCUIER. Voulentiers, chier sire, et briefment : Vezci pain, ci est vin de bouche. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 49). L'EMPERIÉRE. Voulentiers. ça, je pren cecy. Avant : du vin. L'ESCUIER. Vez le ci cler et net et fin Conme de bouche. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 61).
 

Miracles Pierre Kunstmann


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