Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     ROI1          ROI2     
FEW X rex
ROI, subst. masc.
[T-L : roi ; FEW X, 366b-369 : rex]

A. -

"Monarque, souverain d'un État" : Qui est l'omme de cuer si dur, si ingrat et si pervers que se le roy, qui icy est, offroit monseigneur le Daulphin, son propre enfant, a mort pour le garentir de mourir (...) qui moult n'amast le roy ? (GERS., Noël, p.1404, 294). Ce fut luy qui conseilla au roy, son maistre, de capter la bienvueillance du roy Alexandre mieulx que lui contrarier (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 63 r°). Clovis, premier roy chrestien en France, ayma moult la science de astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 97 v°). Cestui prenostica la victoire de Charles Martel qu'il eut contre les Ganthois et aussi celle qu'il eut en Gascongne, aucuns dient près de Tours, où il desconfit dix rois sarrasins (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 104 r°).

 

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Roi Pharaon : Cestui Cecina de Estrucha fut moult aymé de Jacob, saint patriarche, auquel fut faicte la sainte promission de la terre fluent lait et miel, c'est assavoir de la terre de promission, qui puis fut moult exaulcé du roy Pharaon duquel il interpreta le songe. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 20 r°).

 

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Couronner roi : ...et passa par les Ytalles, par puissance et vint et entra à force en Naples et en fut couronné roy par icelui pappe Clement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 r°).

 

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Faire roi : Cestui maistre Pietre, après que ledit Loys fut fait roy et le XXXIe des roys, il s'en partit en l'an mil IIcXXIII et lui dist qu'il ne regneroit que trois ans et ainsi advint (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 123 v°).

 

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Prov. et loc.

 

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[P. réf. au prov. lat. Rex illiteratus, asinus coronatus] Le roi non lettré est un asne couronné : Bien sçavoit que le roy Salomon demanda sapience à Dieu ad ce qu'il peust mieulx gouverner son peuple ; aussi Helynant dit que le roy non lectré est ung asne couroné. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°).

 

Rem. Cf. Thesaurus proverbiorum Medii Aevi, t.7, 1998, 126, s.v. König.

 

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Un roi sans lettrure est comme une nef sans avirons : Et pour ce est il allieurs escript que un Roy sanz lattreüre est conme une nef sanz avyrons et come oysel sanz elles. (Songe verg. S., t.1, 1378, 223).

 

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Ou il n'y a que prendre, le roi perd ses droits : ...car sez subjés tellement apovriés ne luy puent poïer sez rentes ordinares ne extraordinares, tailles, gabelles ne imposicions, car la ou il n'y a que prendre, le Roy pue[r]t sez droys (Songe verg. S., t.1, 1378, 357).

 

Rem. Cf. DI STEF., 771a, s.v. roi.

 

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Faire la clef du roi. V. clef

B. -

Les (trois) rois. "Les rois mages" : Quelz furent les miracles au jour d'uy faiz ? Je dy que l'un fut de la fontaine d'uile et l'autre du temple de paix qui cheut, l'autre de l'estoille qui apparut aux trois roys (GERS., Noël, p.1404, 299). ...jusques au temps de la nativité de Jhesu Crist, que les trois roys se apparurent au moyen de l'estoille nouvellement créé et à eulx apparue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 v°). En ce temps vindrent en Bethleam les trois roys, Jaspar, Melchion et Balthasar, tous grans philozophes et astrologiens, de très loingtaines et diverses regions, adorer Nostre Saulveur et Redempteur Jhesu Crist (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 73 r°). ...apparue une commecte qui se nomme Rosa, par laquelle estoit signiffiée (...) Nostre Saulveur Jhesu Crist, à le bien entendre, ce que lesdits trois roys qui estoient grans astrologiens, povoient aussi avoir veu et consideré. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 73 r°).

 

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La feste des rois/le jour des trois rois. "L'Épiphanie" : Cestui fut l'un des moyens de gecter de prison du Louvre le conte de Flandres, qui y avoit esté l'espasse de XII ans et demy en une chappe de plon, et lui fist aver sa composition par argent grande somme, environ la feste des Roys. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 124 r°). ...et delibererent prandre le roy Henry aux jouxtes, qui se devoient fere le jour des III Roys ensuivant (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 v°).

C. -

[À propos de Dieu]

 

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Benoist roi : Maiz, à parler certainement, L'umain et noble entendement Si est exempt de ceste loy Par le plaisir du benoist Roy, Car il descent et prent son estre De plus hault povoir que terrestre (LA HAYE, P. peste, 1426, 69).

 

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Roi de gloire : A la quelle [gloire] nous vueille conduire le roy de gloire Ihesucrist, espoux de saincte eglise qui vit et regne Dieu auec le pere et le saint esperit ou siecle des siecles, amen. (CIB., p.1451, 192).

 

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Roi des rois : C'est bien a scavoir que se justice est trouvee et louee entre les hommes, Dieu le souverain roy des roys ne sera pas sans justice (GERS., Déf., 1400, 224). Non pas amie de homme mortel, non pas d'ange ou d'archange, mais de Dieu, le Roy des roys, et des seignourissans le Seigneur. (GERS., Concept., 1401, 408).

D. -

"Celui qui est élu de Dieu" : Nous avons ja aucunement parlé de l'umilité saint Pol et de sa povreté d'esperit par laquelle les amis de Dieu sont fais roys ou royaume des cieulz. (GERS., P. Paul, a.1394, 509).

E. -

"Celui qui est le premier ou le meilleur en son genre" : Notez de celuy qui fut roy pour ce que premier il vit le soleil en la haultesse de la maison, en tournant le dos contre Orient. (GERS., Trin., 1402, 169).

F. -

"Pièce au jeu d'échecs ; roi" : Le roy donc des eschez represente le roy ou le seigneur qui la bataille maine, car, en toute bataille general qui est bien ordenee, doit avoir aucun prince souverain ou duc ou capitaine (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 6). ...et de bien ou mal traire a sa voulenté pure, aussi que fait le roy du droit gieu des eschecs qui peut de son droit traire droit ou obliquement, a dextre et a senestre, ou avant ou arriere, selon ce qu'il ly samble que bon soit. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 675).

G. -

Roi (des mouches à miel). "Reine des abeilles" : Et sachiez qu'ilz ayment leur roy a si grant cuer et de si grant foy qu'ilz cuident que bon soit de mourir pour le garder et deffendre (...). Et sachiez qu'ilz ont offices ou chascune fait son deuoir de seruir pour acquerir l'amour de leur roy et sans enuye l'une office est de garder le miel et la cire l'autre pourchasse la viande (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 483).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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