Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     AVEUGLER     
FEW XXIV ab oculis
AVEUGLER, verbe
[T-L : avogler ; AND : avogler ; DÉCT : avogler ; FEW XXIV, 36 : ab oculis]

I. -

Empl. trans.

A. -

Au propre p. ext. "Perdre momentanément la vue à cause d'un facteur extérieur"

 

-

Estre aveuglé. "Être empêché de voir par un éclat de lumière trop vif" : Car comme ce soleil corporel que nous veons par dehors dechasse en sa venue toutes tenebres obscures et nous rent lumiere et couleur partout, pareillement avint en la nouvelle naissance de saint Pol, laquelle se feist en sa conversion, quant il fut aveuglé par dehors par la clarté soudaine du ciel, pour mieulx veoir au par dedans en l'ame (GERS., P. Paul, a.1394, 498).

B. -

Au fig. [D'un vice]

 

1.

RELIG. "Priver de l'usage de la raison" : Viennent Ire, Envie et Hayne qui aveuglent l'ame, et doloreusement la tourmentant. (GERS., Purif., 1396-1397, 65).

 

2.

"Rendre incapable de jugement, de discernement" : Et non tant seulement ilz [les grans seigneurs et dames, roys et roynes] en sont enyvrez [par la flatterie], mais ilz sont avuglez et jugent de noyr blanc et de blanc noir, de tenebres lumiere et de lumiere tenebres. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 235).

 

-

Empl. adj. : Tu as beauté corporelle, mais saiches que trop plus belle, plaisante et desirable est celle de ton ame, a laquelle garder tu doys mettre toute ta cure, o ame devote, tellement que point tu ne soyes halee par l'ardeur de luxure, enflee par orgueil, noire et tachee par envie, aveuglee et chascieuse par mescreance et ignorance... (GERS., Concept., 1401, 418).

II. -

Empl. intrans. [D'un animé] Qqn aveugle de qqc. "Devenir aveugle par qqc." : Et quant il veoit gens plourans et moulliez de lermes ilz lui faisoient si grant pitié qu'il en aueugloit. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 496). Saillecoques est vng poisson de mer oriental selon le liure des natures des choses merueilleuses car il nourrist en soy la solle et ayde et met sa substance a nourrir les aultres poissons. Et de la pluie il en aueugle tant lui nuyst merueilleusement et en meurt de fain et de poureté. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 496).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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