Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     ASTROLOGIE     
FEW XXV astrologia
ASTROLOGIE, subst. fém.
[T-L : astrologie ; FEW XXV, 624b : astrologia]

[Désigne, dans la plupart des cont., à la fois la science qui étudie les astres et l'art divinatoire ; ces deux parties sont gén. différenciées par leur champ d'application : les mouvements et les jugements]

A. -

"Science qui étudie les mouvements des astres ; astronomie" : ...le ruysseau de Perspective, qui soult et respont a toutes lez difficultés dez choses visibles ; le ruysseau d'Astrologie, qui demonstre et enseigne le mouvement dez estelles et dez corps celestes (Songe verg. S., t.1, 1378, 335). "Declairees doncques", dist la chambriere Bonne Foy, "les deux parties de la science d'astrologie, l'une bonne et l'autre mauvaise, lesquelles deux parties sans declaracion par la vieille sont conprinse en cestui mot d'astronomie, duquel mot la vieille et ses disciples usent communement par equivocacion..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 609). Et ceste science a deux principaulx parties, l'une des mouvemens, laquelle est appellee communement des anciens astrologie, l'autre des jugemens qui s'en ensuit, et ceste aussy des anciens le plus communement est astronomie appellee. Maiz se elle est appellee en general astrologie ou astronomie, il ne peut ja chaloir. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 17).

 

Rem. Evrart de Conty emploie systématiquement astrologie et astronomie à l'inverse de l'usage mod. ; Ph. de Mézières a tendance à faire de même dans les passages explicatifs, tout en utilisant par ailleurs indifféremment l'un ou l'autre terme.

 

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[Un des sept arts libéraux, gén. le troisième du quadrivium] : ...pour vous monstrer et donner clerement à congnoistre et à iceulx detracteurs, comment astrologie est vraye science, l'une des sept ars liberaulx (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 1 v°). Cestui tant se appliqua à la proffonde investigacion de toutes choses naturelles, comme de arismetique, geometrie et des sciences de astrologie que en ce il acquist une excellence de nom immortel. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 84 v°).

B. -

"Science qui consiste dans l'observation des astres et de leurs mouvements, plus particulièrement dans le but de déterminer leur influence sur la destinée humaine, les événements terrestres ou les conditions météorologiques"

 

1.

[L'accent est mis sur l'aspect divinatoire] : Le Clerc met plusieurs especes et manieres de divinacions et appreuve lez unes, come sont celles qui se font par Astrologie, en aucuns cas, et si repreuve lez aultres, come celles qui se font par Nygromancie, Geomancie et par samblables sciences deffendues. (Songe verg. S., t.1, 1378, 363). Derechief, Ysidore dist que Astrologie, laquelle, toutevoies, est la plus raysonnable entre lez Ars dyvinatives, quant a celle partie qui palle dez dyvinacions, si est reprouvee, et non mie seulement entre lez Docteurs de la foy crestienne, mez est aussi reprouvee entre lez Payens (Songe verg. S., t.1, 1378, 409).

 

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(Prédire/trouver... qqc.) par astrologie : Il se treuve aussi, par astrologie, que certain temps devant la nativité de Nostre dit Saulveur, s'estoit apparue une commecte qui se nomme Rosa, par laquelle estoit signiffiée ou monstrée la figuration de la nativité du plus grant et vertueux prophete et le plus juste qui jamais avoit esté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 73 r°). Aucuns dient qu'il predist par astrologie plusieurs choses à Henry l'empereur VIIe de ce nom, de la destrucion d'aucune secte, c'est des Templiers, comme aucuns estiment. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 132 r°).

 

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[En cooccurrence avec un mot de la famille de juger] "Astrologie judiciaire" : Mez certes, lez jugemens dez estelles et d'Astrologie, quant est de cognoistre lez choses avenir, sont tres fors et perilieux, et teulx jugemens d'Astrologie si ont plusieurs deceüs et font encores, de jour en jour (Songe verg. S., t.1, 1378, 409). "...Jamais", dist la chambriere, "l'astronomien es jugemens d'astrologie touchans les choses a venir pour decevoir les seigneurs ne useroit de proposicions simples et cleres, mais tousjours d'equivoque..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 604). ...car se les jugemens d'astrologie fussent vrays, Abraham eust trop bien cognu par le cours des estoilles que Sarra sa femme par le roy d'Egypte lui devoit estre tollue (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 612). Et ceste science a deux principaulx parties, l'une des mouvemens, laquelle est appellee communement des anciens astrologie, l'autre des jugemens qui s'en ensuit, et ceste aussy des anciens le plus communement est astronomie appellee. Maiz se elle est appellee en general astrologie ou astronomie, il ne peut ja chaloir. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 17). Cestui trouva par la science d'astrologie plusieurs choses occultes en terre et, entre icelles, ung livre fort antique, parlant de la science et jugemens de astrologie, lequel livre fut cause de le advertir de plusieurs secretz (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°). Dit aussi que les livres judiciaulx de astrologie qui estoient gardés ou palais et qui ne se bailloient à lire à chascun estoient pour lors : le livre de Alexandre, le livre de Estienne (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 79 v°). Henry Montebre, chanoine et archediacre de Lion, fut en ce temps moult expert ès jugemens d'astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 133 v°).

 

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Astrologie judicative : Qui fut mieulx enseigne (...) en astrologie et en toutes sciences des Egypciens que le grant duc Moyse, qui toutes les dictes sciences espreuva, et l'astrologie judicative comme detriment, erreur et grant folie il reputa. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 612).

 

Rem. FEW XXV, 624b : seul le syntagme astrologie judiciaire (1533 Rabelais) y est att. ; absent également de FEW V, 58a : judicare.

 

2.

[L'accent est mis sur la détermination du moment propice d'une entreprise] Élection d'astrologie : Cestui fist au moïen des ellections de astrologie et [sic] incredibles conquestes et fonda la grande cité que l'on dit Nysybin, de trois journées de long. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 17 v°). Cestui surnomé de Saint Branchier fut expert en la partie des ellections de astrologie pour bailler et eslire jours propres à guerroyer son ennemy ou à differer (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 r°).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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