Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     ARDRE     
FEW XXV ardere
ARDRE, verbe
[T-L : ardre ; AND : arder ; DÉCT : ardre ; FEW XXV, 140-145 : ardere]

"Brûler"

I. -

Empl. intrans. [D'un volcan] "Être en activité" : On dit que cestui ala aux mons de Ethna, qui tousjours ardent sans diminuer, et y ala plus avant que homme n'avoit encore fait (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 r°).

II. -

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

[D'un être hum. ; le compl. désigne une chose] : Item ase, comme l'en dit, La malice de air amendrit Et défent de corruption De sa propre condition, Et qui sur les charbons mettroit Pièces de coins et les ardroit, Ilz chaceroint la mauvaité Du feu par leur propriété (LA HAYE, P. peste, 1426, 81).

 

2.

Au passif. [Avec l'idée de destruction] Estre ars

 

a)

[D'une matière minérale ou végétale] "Être desséché, brûlé" : Item signe est de pestillence Trouver foison, ou abondance, De cendre, ou de pouldre menue, Sur les abres chaeste et venue, Qui se peut faire en la manière Pour l'arsion de la matière Estante en l'air d'embas montée, Et par chaleur arse et bruslée. (LA HAYE, P. peste, 1426, 56).

 

b)

[D'un être hum.] "Subir le supplice du feu" : Elle [la Vierge] estoit de la lignie sacerdotale, et teles estoient arses et bruslees. Les aultres adulteres estoient lapidees. (Sacr. mar., c.1477-1481, 48).

 

-

En partic. THÉOL. [Le compl. d'agent désigne le feu de l'enfer] : Tu as beauté corporelle mais tantost les vers la rongeront. Tu as beauté corporelle, prens toy doncques garde que elle ne soit arse et bruie du feu pardurable, car dommaige seroit. (GERS., Concept., 1401, 417).

 

c)

Part. passé en empl. adj. [D'un édifice] "Brûlé, incendié" : ...lezquellez [compagnies] firent tant de inhumanités et dez donmages, tant ez eglyses arsez et destruites, que ou propre demaine du royaume et en celluy dez subjés aussi, lezquelx ne pourroient estre humainement estimés (Songe verg. S., t.1, 1378, 276).

B. -

Au fig. [Le plus souvent dans un cont. relig. et moral]

 

1.

"Brûler, détruire" : Eslongnons de nous ce faulx traitre, Delit luxurieux, quer il fait l'ame comme celle qui brule et ard le sacré temple de Dieu et son hospital (GERS., Annonc., a.1400, 237).

 

2.

Au passif. [Le compl. d'agent désigne un vice] "Être consumé" : Les unes sont livrees en la gueule des loups d'enfer pour estrangler. Les autres trebuschent es fosses de ire ou de impacience. Les autres sont arces ou eschaudees par la chaleur de mauvaise concupiscence. (GERS., P. Paul, a.1394, 491). On la garde que elle ne trebuche en la fosse d'orgueil, qu'elle ne se dessire par les espines d'ire, d'envie et de rancune, que elle ne soit roingneuse par paresce, arce par luxure, engelee par convoitise, et ainsy des autres vices. (GERS., Noël, p.1404, 297).

III. -

Empl. abs. : Il est a scavoir que action ou operation ez choses divines comme ez choses materieles se partist en deux. L'une met dehors en la chose en laquelle elle euvre, comme la chaleur du feu, qui eschauffe ou ard. L'aultre ne met riens dehors (Somme abr., c.1477-1481, 166).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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