Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     ARBRE     
FEW XXV arbor
ARBRE, subst. masc.
[T-L : arbre ; AND : arbre ; DÉCT : arbre ; FEW XXV, 88 : arbor]

A. -

Au propre

 

1.

"Arbre" : Aucuns dient qu'il predist la combustion de Chartres et les horribles pluies et grosses grelles triangulaires et quadrangullaires et grosses perres comme gros eufz, qui fist dommage infini aux blez, arbres et vignes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 119 v°).

 

-

Arbre fruit portant. "Arbre fruitier" : Perier est un arbre fruit portant, qui est ainsi appelé pour ce qui monte tousjours en soy estroicent tant aussi comme le feu qui en grec est appelé "pir", si comme dit Ysidoire. (CORBECHON, éd. G. Sodigné-Costes, 1372. In : Bien dire et bien aprandre 11, 1993, 393). Item, ilz ont et doivent avoir toutes les branches que ilz pourront coupper de terre à une hache (...) excepté des arbres fruit portans devant nommés, pourveu toutesvoies que en ce faisant ilz ne deshounourent aucunement l'arbre. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 329).

 

-

Prov. [P. métaph. pour les grands hommes]

 

.

Les hauts arbres reçoivent les grands vents. "Ceux qui ont un rang élevé sont plus exposés aux vicissitudes" : ...[le discours s'adresse au roi] il te doit souvenir que tu es pelerin a la sainte cite et que avant que tu y puisses parvenir il te fault souffrir tribulacion[s] sans nombre, car les haulx arbres recoivent les grans vens (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 198).

 

.

Les arbres tant plus sont-ils verts et hauts, de tant plus sont-ils abattus : Puis lui dist : "Sire, souviengne vous que les arbres, tant plus sont ilz vers et haulx, de tant plus sont ilz abatuz, et est souvent advenu que les cruelz lions ont esté pasture aux petiz oyseaux". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°).

 

Rem. Dans le même sens, cf. DI STEF., 174a, s.v. clocher : Es haulz clochers les grans vens font tors ; cf. Thesaurus proverbiorum Medii Aevi, t. 1, 1995, 393, s.v. Baum.

 

2.

[P. allus. à la légende d'Alexandre le Grand] Arbres du soleil et de la lune. "Arbres oraculaires et sacrés dont les fruits mangés par les prêtres procurent une longévité de trois cents ans" : Et de ce vint aussi par avanture que les arbres qui anciennement soloient estre en Ynde, qui rendoient respunses veritables à toutes les demandes qui leur estoient faictes, estoient appellés les arbres du soleil et de la lune. De ces merveilleux arbres treuve on, en une epistre que Alixandre escript a son maistre Aristote, qu'ilz ont de hault cent coutes et sont de telle nature que, des que le soleil en levant au matin peut attaindre de sez raiz les arbres dessusdiz, il s'enclinoient dusques vers leurs racines, et lors ilz respondoient a ce que on demandoit ; et pour ceste merveille y ala Alexandre, quant il ot proposé d'aler en Babiloine, pour savoir quelle fortune ly debvoit avenir en ce voyage. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 86). Zenophilus de Calcidone fut stipendié de plusieurs princes de la chevallerie de Alexandre, pour l'experience qu'il avoit en la science des estoilles (...) Fut, selon aucuns, appellé de Alixandre pour aller oyr la responce des arbres du Soleil et de la Lune (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 57 r°).

 

Rem. Cf. G. Sodigné-Costes, Bien dire et bien aprandre 11, 1993, 397-398.

B. -

P. anal.

 

1.

[P. anal. de forme] L'homme est un arbre bestourné : Et sachiez, mes tres doulz amis, que homme est une arbre bestournee ; c'est à dire l'escot et les racines duquelle sont verseez contremont et la summité avec les rainsiaux en aval (Man. lang. G., 1396, 45).

 

2.

TECHNOL. "Pièce maîtresse dans une machine, servant de support à d'autres pièces animées" (synon. essieu, axil)

 

a)

HORLOG. Arbre de la roue : Et doit avoir en l'arbre de la roue du mouvement ung paignon qui doit avoir 10 dens, et en ung aultre qu'il maine 20, qui ne fait en deux heures que ung tour, et sont deux en icelluy arbre, dont il en y a ung a l'aultre bout qui maine la roue qui porte le soleil (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 276).

 

b)

Arbre du moulin : [Il a en la forest usage] de tout boiz qui fault au moulin, et refaire le pont du moullin qui est en la cuisine, pour l'abre dudit moulin, de un fou chacun an à Noël à chois (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 317).

C. -

Au fig. [L'arbre en tant que symbole de fertilité]

 

-

[À propos d'un texte, source d'une traduction] Arbre originel : J'ay fait, construit et réparé Un jardinet, et tant paré De beaulx entons quelque petit, à mon plaisir et appétit, Que j'ay grant espoir, et le croy, Qu'il produira tousdiz en soy Très bon fruit et médicinal, Comme fait l'abre original Dont furent priz, o moult de paine, Lesdiz entons en bonne estraine, C'est à dire, en briève parole, Cessant du tout la Parabole, Que j'ay tant fait et estrivé Que, Dieu mercy, j'ay achevé Ceste simple translation à ma povre discrétion (LA HAYE, P. peste, 1426, 162).

 

-

[À propos d'une science] : ...et les autres qui sont très utilles parties et fructueuses, desquelles il ne gousta jamais, ne savoura nul fruit, parce qu'il l'ignore et aussi la bonté de l'arbre et les branches où il est cuilly et les profondes raisons de la fertillité dudict arbre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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