Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

Article complet 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     AIR     
FEW XXIV aer
AIR, subst. masc.
[T-L : air ; AND : air1 ; DÉCT : air1 ; FEW XXIV, 221a : aer]

I. -

"Fluide gazeux qui constitue l'atmosphère"

A. -

[L'air en tant qu'il est respiré] : Il doit choisir, à sa puissance, Pur air et cler à tout endroit (...) Et qui ne soit mal odorant, Caligineux ne trop plourant, Maiz à faire provision De bon air par discrétion. (LA HAYE, P. peste, 1426, 74). Cestui fut homme de grande et gravide estime, estoit chevalier, medicin et grant clerc, excellant astrologien. Cestui predist la corrupcion de l'aer qui fut causée par la putrefaction de gens mors et de aucunes mouches. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 128 v°).

 

Rem. Syntagmes relevés chez LA HAYE, P. peste, 1426 désignant a) "l'air pur et sain" : pur air, cler et simple (p. 44), air pur et planteureuz (p. 64), pur air et cler (p. 73), air (...) cler, pur et serain (p. 85), bon air (p. 71, p. 74) ; b) "l'air insalubre" : air corrompu (p. 43, p. 74), groz air mixtionné (p. 44), air infect (p. 47, p. 55, p. 58, p. 60), air empoisonné (p. 47), air pestillencial (p. 77), air venimeux (p. 80, p. 84, p. 136), air mauvaiz (p. 84), mauvaiz air (p. 100, p. 159), air puant, trouble et contraire (p. 140), air malicieux (p. 153).

 

-

[L'air en tant que élément extérieur aux habitations] : Et cil qui peut se maintenir, Doit soigneusement abstenir De s'exposer à l'air forain, Et mesmement de soir et main, Et se tenir celle saison Communelment en sa maison (LA HAYE, P. peste, 1426, 79).

B. -

[L'air en tant qu'espace entre le sol et le ciel] : Et povons maittre exemple quant a la puissance de traire lez eaues de la mer, et quant a la generacion de la rousee en l'ayer (Songe verg. S., t.1, 1378, 171). Car il dist que, ainssi que l'er ne la clerté du solail ne puent estre divisés, aussi lez choses lezquellez Diex a volu estre conmunes ne puent estre divisees. (Songe verg. S., t.2, 1378, 135). J'ay cerché par mer et par terre, par l'air et par le ciel, et ay demandé a la terre se elle estoit mon Dieu : elle respond que non. J'ay demandé a la mer s'elle estoit mon Dieu : elle respond que non. J'ay demandé a l'air, au ciel, au soloeil et aux estoilles se aucune de ces choses estoit mon Dieu : tout s'est escrié a haulte voix : "Dieu nous a faiz..." (GERS., Trin., 1402, 156). Cestui predist les signes horribles qui apparurent ès arbres et aussi le grant yver par lequel les oyseaulx geloient en l'air et tumboient mors (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 r°).

II. -

ASTR. "Un des quatre éléments de la physique ancienne"

 

-

Disposition de l'air. "Situation météorologique" : Jehan d'Arques, medicin à Rouen, fut moult experimenté en la judicature des urines au moïen de la science de astrologie et chacun an prenostica de la disposicion de l'air, moult precizement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 116 r°).

 

-

Impressions de l'air. "Phénomènes atmosphériques" : Se doncques du nombre des temps, des impressions de l'ayr et des pluyes, qui en l'ayr dessoubz le ciel s'engendrent et ne peuent estre empeschiez par humaine liberte, lesdiz astrologiens faillent a jugier, quelle haulte folie est ce de croyre qu'ilz puissent certainement jugier de la fortune des hommes... (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 614-615).

 

-

Mutation de l'air. "Changement de temps" : Cestui Ysaac, selon Malius, fut expert en la theorique des planetes et trouva l'entrée du Soleil ou signe de Aries, car par icelle predisoit de la disposicion et mutacion de l'aer, de l'abondance ou faulte des vivres, des famines et mortallités (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 r°). ...fist, entre autres choses, ung Traictié de la mutacion de l'air. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 96 r°).

 

-

Triplicité de l'air. "Constellation des signes de l'air (Gémeaux, Balance, Aquaire) qui, joints par des droites, forment un triangle équilatéral inscrit dans le cercle zodiacal" : Maderon de Egipte fut en ce temps et prenostica sur la conjuction qui fut l'an 3451, 169 jours, en triplicité de l'air c'est assavoir ou XXe degré du signe de Aquaire. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 20 v°). Guillaume de Mehung sur Loire (...) predist (...) l'orrible bataille (...) qui fut si vehemente que la mer fut tainte du sang des mors par plusieurs jours, comme dit a esté, sur une conjunction qui fut l'an mil IIIcLXV, le XXXe d'octobre, en l'uitiesme degré de l'Escorpion, qui fut des grandes, c'est assavoir de Saturne et Jupiter en mutacion de triplicité de l'air en aquatique, où Mars le pernicieux apliquoit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 135 v°).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


Fermer la fenêtre