Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     AIDE1          AIDE2     
FEW XXIV adjutare
AIDE, subst. fém.
[T-L : äie ; DÉCT : äie1 ; FEW XXIV, 162a : adjutare]

A. -

"Soutien moral ou secours matériel (que l'on apporte à qqn)" : Soies certain que se tu as monte ce pas de oroison que dieu te donnera sa grace et son aide, et ainsi ne reste si non que tu te donnes a operacion cest que tu par effect viues bien et faisant et mectant a effect ce que tu as apris par lecon (CIB., p.1451, 178). Gilles de Loyas, de Millan, predist à l'empereur Federiq la destrucion de Millan, qui fut l'an mil CLXII. Cestui vint à Paris et fut compaignon de Morise [de Sully], evesques de Paris, par lequel fut fondée l'eglise Nostre Dame de Paris en l'isle, environ trois ans après que ledit Millan fut destruit, moïennant l'aide du peuple. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 115 v°).

 

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Loc. verb.

 

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Quérir aide à qqn. "Chercher de l'aide auprès de qqn" : Et pour tant elle [la puissance de Dieu] ne puet faire pechié ne faire pechier, et ne puet aussi faire qu'elle soit subjecte ou submise en souffrant, ne avoir besoing ou necessité querant a aucuns subside ou ayde Et par ainsi elle ne puet choses coulpables, ne penibles, ne inconvenables ou injustes. (Somme abr., c.1477-1481, 161).

 

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Demander aide à qqn : ...tendant les mains vers hault, comme demandant aide au ciel. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 13 v°).

 

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Venir en aide à qqn : ...la rencontre où fut tué le roy de Frige et plusieurs autres, qui estoient venuz en aide audit Antipater (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 v°).

 

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Loc. prép.

 

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À l'aide de qqc. "En se servant de, au moyen de, grâce à" : ...une euvre chevallereuse qu'il fist à l'aide de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 r°).

B. -

Le plus souv. au plur. "Prestation pécuniaire imposée par le seigneur pour lui venir en aide dans certains cas de dépenses extraordinaires"

 

1.

[L'utilisation des aides]

 

a)

[Au sens étroit] "Impôt extraordinaire, mais régulier, destiné à financer la défense du royaume" : ..."or venons a la pratique de ceste voluntaire promocion et veoyons dont l'argent ainsi largement departy est prins. S'il vient des aides, il doit estre convertiz en la guerre et a ce pour quoy elles furent octroyee." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 217). Encores, il est expedient que le maire et les eschevins des bonnes villes soient souvent informez et certifiez par leurs tresoriers et receveurs de l'estat a menu des aides, affin qu'ilz ne faillent pas a payer les gens d'armes, voire selon l'ordonnance royalle ; et que lesdiz receveurs et tresoriers des bonnes villes, acompaignez de deux ou de troys bons bourgois, troys or quatre foys l'an, doyent moustrer clerement l'estat de leurs offices et condicions des aides au grant tresorier royal ou a la chambre des comptes ou aux depputez par eulx, affin que le roy de l'estat des aides, et par consequant des gens d'armes qui en seront payez, soit tousjours plainement informez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 396).

 

b)

[En temps de paix] "Impôt destiné à l'entretien du patrimoine royal" : ...et par la bonne voulente, amour, loyaute et devocion de tes subgiez, c'est assavoir les troys estaz du royaume, tu soies encores aidiez des aides raisonnables et supportables, il est expedient que ceste gracieuse aide, sans aler a dextre ne a senestre, soit convertie a reparer et racheter ton demaine et a convertir une partie, qui ne soit pas la plusgrande, es debtes royalles... (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 367).

 

2.

[La provenance des aides]

 

a)

"Impôt direct auquel participent en principe les trois ordres" : Le Clerc dit que lez clers ont privilieges de la Loy divine que ilz ne poient aucunez aides aux princes seculiers. (Songe verg. S., t.1, 1378, 42).

 

b)

"Toute sorte d'impôts directs et indirects" : Ce sont lez causes par lezquelles l'en puet cognestre un tyran, et par especial lez deux causes devant dictes, c'est assavoir quant il met division entre sez subjés et quant il lez met a povreté, par charges reeles et personeles, talles, aides, gabelles et impossicions, se il lez lieve sanz juste cause et sanz rayson. (Songe verg. S., t.1, 1378, 221). Puis que de tyrannie avons pallé, je vous pri, conment pourra le roy de France estre de tyrannie excusé, ne lez aultres princes seculiers, qui grievent leurs subjés par tailles, fouages, gabelles et imposicions, et en aultres aides imposibles a soubstenir ? et deveraient estre contens de leurs rentes et revenues ordinaires (Songe verg. S., t.1, 1378, 229). ...il est expedient et de pure necessite que les aides, et par espicial celles qui sont importables et pour lesquelles les pauvres gens s'en fuient du royaume, c'est assavoir gabelle oultrageuse, quatriesmes, tailles et tresiesmes, du tout soient abatuz. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 366).

 

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Loc.

 

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Aides publiques. "Contribution demandée à la population" : Car, en verité, selon bone equité et raison, celluy qui prent partie du profit et de la pollicie et ordenance du prince secullier ne doit pas estre exempt dez charges et aides publiques ne de la juridiction seculliere. (Songe verg. S., t.1, 1378, 105).

 

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Lever aides. "Percevoir des impôts extraordinaires" : ...le roy de France en son royaume, pour deffendre son païs et son pueple, puest, en temps de neccessité et de guerre, lever aides convenables (Songe verg. S., t.1, 1378, 44).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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