Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     BORNE     
FEW I *botina
BORNE, subst. fém.
[T-L : bone ; DÉCT : bone ; FEW I, 465a : *botina]

A. -

Au propre. [Dans l'espace] "Ce qui limite ou sépare qqc."

 

1.

"Pierre ou autre marque servant à délimiter une propriété" : ...lesquelles bournes determinent un privilege pour lesdiz seigneurs et leurs hommes, qui est tel que depuis que ilz ont mis boiz de la forest en ladicte terre oultre lesdictez bournez, la semonce en est hors, pour tant que ce soit à jour coustumier et entre deux soleux, pourveu que ledit boiz ait reposé jour et nuit en leur bournez. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 256).

 

2.

Bornes (de deux chemins). "Limites, embranchement" : ...le roy de Babyloine estoit ez bornes et ou chief de deux chemins, ou de deux voies, et mist ensamble deux saïectes et demanda le conseil dez ydoles. Teulx sortilieges sont reprouvés et illicites (Songe verg. S., t.1, 1378, 385).

 

3.

Faire borne. "Délimiter, faire barrière" : Poins eschiqueté losengee ont vne mesme signifiance si non pour difference de noms qui se rapportent a vng aussi comme l'en diroit Guillaume Guillium Guillot par les quelz poins est assis le ieu des eschés et si font bourne en pluseurs choses. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 503-504).

 

4.

Les bornes d'Hercules. "Les colonnes d'Hercules" : Ce sont coulombes haultes qui soustiennent ymages qui en leurs mains tiennent clefs contrefaictes, pour donner a entendre que c'est la fin de la terre habitable, et que nulz ne voit oultre devers celle partie. Et pour ce encore appelle on les coulombes dessusdites les bonnes de Hercules ; et aussi fit Alixandre aprés, en la fin d'Orient ou il regna, mectre bonnes semblables. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 576). Cestui Arthemidoro, comme recite Pline en son second livre, escripvit que la terre avoit de tour, c'est assavoir de Inde jusques aux bornes de Hercules (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 53 r°).

B. -

Au fig. au plur. [Domaine moral] "Limites" : ...et lors les prince seculiers qui mieulx offroient a leur mere et le fons de la terre et les fruiz et la juridicion temporelle. Et l'eglise lors ainsi comme tout refusoit et estoit contempte des bournes et des termes que les appostres et sains peres avoient mis en escript et saintement constitue. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 304).

 

-

Passer ses bornes. "Aller au delà d'une limite, outrepasser ses pouvoirs" : Et estoit Bonne Adventure ceintre d'une ceinture d'or ouvree, par lequel ouvrage se puet entendre discretion pour restraindre Justice qu'elle ne passe ses metes et ses bonnes. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 215).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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