Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     BONTÉ     
FEW I bonitas
BONTÉ, subst. fém.
[T-L : bonté ; AND : bonté ; DÉCT : bonté ; FEW I, 433a : bonitas]

A. -

"Qualité de celui qui est bon"

 

1.

"Attribut de Dieu, considéré comme l'Être suprêmement bon" : Mais aussy, o Pere de toute bonté, dit Misericorde, puisque tant as descendu a nostre peticion miserable, que tu veulz racheter l'umain lignage du servage de pechié, droit est que tu soyes tres parfait racheteur (GERS., Concept., 1401, 401). ...estans ta consideracion sur toy mesmes qui es terre quant au corps, tu y trouueras grant latitude de diuerses choses et merueilleuses, et par ceste meditacion tu loueras ma puissance, ma sapience et bonte. (CIB., p.1451, 185). Et lors nostre pere doulz et begnin nous accolera et baisera par sa grace et reformera cest ymage, et puis nous introduira en sa maison et nous fera le grant conuis sur la table de sa bonte. (CIB., p.1451, 205). Et par ceste maniere les bons et justes homes, qui participent la divine bonté, sont apelléz dieux. (Somme abr., c.1477-1481, 105).

 

-

Fontaine de bonté : ...il appert que Dieu le Pere, qui est fontaine de bonté, gendre le Filz pareil a lui, auquel il communique et donne la plenitude et plentureuseté de sa majesté. (Somme abr., c.1477-1481, 109).

 

2.

[À propos de l'être hum.] "Caractère de celui qui agit conformément aux valeurs chrétiennes" : Saint Pol veoit ensemble la tres grant mutabilité de creature humaine, maintenant de bonté en malice et de malice en obstinacion, non pourquant il affermoit qu'il avoit certaine esperance d'estre sauvé, et que ne mort ne vie ne le feroit departir de l'amour de Dieu. (GERS., P. Paul, a.1394, 505). "Cellui qui demeure en moy et moy en lui, tel produit grant fruit". Item par glore, et ainsi est en l'ame selon la partie raisonnable come verité. En l'ame selon qu'elle est concupiscible, c'est a dire convoiteuse, appetissante, desireuse, est comme bonité. (Somme abr., c.1477-1481, 138). Eusebius fut premier medicin et puis bon astrologien et après pour sa science et bonté esleu à pappe. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 86 v°).

 

-

Prov. Une bonté l'autre requiert : Tant pour tant mieulz vault confesser a son curé plus seurement. (...) Plus meritoirement a cause d'obeissance et que une bonté l'autre requiert : comme ilz te servent tu les doys honnourer. (GERS., Concept., 1401, 428).

 

Rem. Cf. DI STEF., 94a, s.v. bonté.

B. -

"Qualité de ce qui est bon"

 

1.

[À propos d'une chose en tant que création de Dieu] : Car comme dist Saint Augustin : toute chose qui est et a estre, en tant qu'elle est, elle est bonne. Par quoy s'ensieut que toute chose d'autant qu'elle participe ou partist en entité, c'est a dire de estre naturel et formel, autant a et partist de bonneté. (Somme abr., c.1477-1481, 103).

 

2.

[À propos de plantes ou de terres du point de vue de leur rendement] "Qualité et quantité"

 

a)

Au propre : Cestui Ayot dist, entre plusieurs choses, de la fertillité et bonté des biens d'icelui temps et de la multiplication des pluies (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 v°).

 

b)

[Dans un cont. métaph.] : ...et en icelle partie [celle qui étudie les mouvements des astres] l'apeller bonne [l'astrologie], et les autres qui sont très utilles parties et fructueuses, desquelles il ne gousta jamais, ne savoura nul fruit, parce qu'il l'ignore et aussi la bonté de l'arbre et les branches où il est cuilly et les profondes raisons de la fertillité dudict arbre et les grandes experiences, qui de jour en jour se pevent monstrer à l'ueil, et ainsi l'a volue faulsement, soubz une couverture de bigotterie, la nommer et appeller art divinatoire (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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