Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     BOEUF     
FEW I bos
BOEUF, subst. masc.
[T-L : buef ; AND : boef ; DÉCT : buef ; FEW I, 445a, 446b : bos]

A. -

Au propre. "Boeuf" : Nostre Segneur Dieu, Jhesu Crist, en l'evangile des grans princes catholiques fait mension disant que aucun d'iceulz a achete une ville, l'autre V. paire de deus [l. boeufs, cf. Luc XIV, 19] et l'autre de nouvel a espouse femme ; et pour ce il sont fort occupes et s'exscusent de venir a la cene en Jherusalem du doulz Aignelet sans teeche. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 56). ...comme en cest gendre animal aiant ame sont contenues diverses especes, c'est a scavoir homme, cheval, beuf, asne et toutes bestes, qui ont ame sensitive (Somme abr., c.1477-1481, 147).

 

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[En tant qu'animal de sacrifice] : ...par especial en ce qu'il sacriffia premier à Jupiter ung beuf. Lequel beuf en son temps yssit d'un fleuve et monta en l'air le jour de la feste Serapis (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 24 v°).

 

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[En tant qu'animal de boucherie] : Char de beuf est grosse et forte à digérer et engendre groz sang et mélancolique, et pour ce n'est pas bonne à user communelment et mesmement en temps de pestillence (LA HAYE, P. peste, 1426, 180).

 

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[Dont la peau peut être transformée en cuir] : Dido achapta de la terre oudict lieu de Libe, autant que pourroit enclore le cuir d'un beuf, ce qu'elle obtint, si le fist trencher menu et lier l'un à l'autre, si contint assez de pays devers la mer, où elle fonda sa cité denommée Cartage. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 r°).

 

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[En tant que valeur marchande ou paiement d'une amende] Boeuf blanc. "Boeuf du type charolais, élevé pour la qualité de la viande (p. oppos. à la vache laitière de Normandie) (?)" : ...et en cas qu'il avendroit que ledit cerf passast par deffault et [l. de] garde dudit seigneur d'Estellant, il en seroit tenu païer au roy notre sire un blanc beuf et une touffe d'aux ou LX s. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 138).

 

Rem. Cf. L. Delisle, La Classe agric. en Normandie, [1851], 235 : «Nous ne savons pourquoi, dans certains cas, on distinguait les boeufs blancs. Ainsi, le seigneur d'Estellant (...) était condamné à payer 60 sous ou un boeuf blanc, quand, dans l'étendue de son fief, le cerf traversait la rivière».

 

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Prov. Dieu donne le boeuf mais non pas par la corne : "Or convient declairer la pratique proposee, a laquelle il fault un pou travaillier et estre diligent ; car, comme il se dit en proverbe : Dieu donne le beuf et non pas par la corne..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 286). Assés est dit donques desus voire en sustance que Dieu donne le beuf mais non pas la corne : il veut que chascun doie metre la main a l'euvre, veillier et labourer de sa part pour bien morir (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 304).

 

Rem. FEW I, 445a ; cf. DI STEF., 260b, s.v. Dieu.

 

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Loc. prov. [P. réf. à Deut. XXV, 4] Ne pas lier la bouche du boeuf arant. "Il faut laisser à ceux qui travaillent une part des fruits de ce travail" : Et saint Pol, de soy et dez aultres Apostres, dist : "Qui est celuy qui doit pour autruy labourer et traveiller, en sez propres cous et despens ?" ansi conme se il vousit dire que nul. Et en la loy de Moÿse est escript : "Tu ne lieras pas la bouche du buef arant". (Songe verg. S., t.1, 1378, 31).

 

Rem. À rapprocher du prov. Qui a autel desert.., v. autel.

B. -

P. anal. Boeuf marin. "Phoque" : ...sa complexion qui est de telle nature que elle enchasse de ly tous tempestes arriere, aussi que pluseurs autres choses font, qui sont de tel nature que elles ne pevent estre fulminees ne de foudre ferues, sy come Plinius du beuf marin et de l'aigle tesmoigne (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 631).

 

Rem. FEW : «Mfr. nfr. boeuf de mer "phoque" (...) lang. biou marin Rl Fn 1, 175».
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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