Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     BLANC     
FEW XV-1 *blank
BLANC, adj. et subst. masc.
[T-L : blanc ; AND : blanc ; DÉCT : blanc ; FEW XV-1, 138b-145 : *blank]

I. -

Adj.

A. -

Au propre. "Blanc"

 

1.

[D'une plante] : ...sandaulx, blans et rouges (LA HAYE, P. peste, 1426, 144). ...blanche storace (LA HAYE, P. peste, 1426, 144). De blanc encens et myrre clère, (LA HAYE, P. peste, 1426, 147). Item prenez de veen blanc Et de rouge plesant et franc (LA HAYE, P. peste, 1426, 148). De poivre long plaisant et franc, Et aussi de gingembre blanc (LA HAYE, P. peste, 1426, 154). De been la semenche franche, De rouge couleur et de blanche (LA HAYE, P. peste, 1426, 154). Cestui trouva la nature de l'eleborre blanc et noir et de plusieurs autres herbes et gommes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 v°).

 

2.

[De la peau] "D'une couleur claire, voisine du blanc"

 

-

[D'un être hum.] : ...la couleur des gens aussi vient dedens eulx selon la nature du païs, sicomme par nature ceulx de Ethiope sont noirs et ceulx d'Alemaigne sont blans par la condicion du pays. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 373). Agiselaus feit devestir tous nuz devant ses chevaliers aucuns de leurs ennemis pour leur monstrer leur belle et blanche couleur, affin que bien semblassent gens femenins, non excercez en peines et en labeur (GERS., Concept., 1401, 417). Jehan, Pierre, Jaques sont homes selon la nature humaine, mais ung chascun est cest homme suppost personnel aiant ung chasun ses qualités comme blanc, noir, palle, malvais, et leur quantité, l'un grant, l'aultre petit, l'un gros, l'aultre menu (Somme abr., c.1477-1481, 148).

 

-

[D'un animal] : ...il est tenu garder la riviere de Saine touteffoiz que le prince, son ainsné filz, ou son lieutenant, chace en ladicte forest aux bestes rouges, et se le cerf qui sera esmeuté passe ladicte riviere par le circuite de son fief, il est tenu païer LX s. t. ou un beuf blanc. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 93). Le septhiesme [poisson] c'est la plis, poisson commung ayant en l'une des parties du cuir taiches rouges, et a cuir blanc et la bouche torsse. (Rég. santé corps C., 1480, 73). ...tantost après, se apparut le chevalier blanc, armé et monté sur ung cheval blanc et fut en dormant à certain pouvre homme, ouvrier de fer (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°).

 

3.

[De la couleur des cheveux] Devenir blanc (par excès de chagrin). : "...c'est ma douleur, c'est ma tristesse," dist Ardant Desir, "qui fait devenir blanche ma vieillece..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 443).

 

4.

[D'une chose] "Clair" : Ly topas est de couleur jaune comme or tres clers, et en y a de plus blanche couleur. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 179). Et ainsi dit on que flambe est blanche et le(s) nues sont (blanches), c'est a dire que elles sont cleres (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 369). Et ajoustez un peu de cire, Qui blanche soit, et d'ambre grise (LA HAYE, P. peste, 1426, 149). Est a scavoir, toutevoies que entre les choses congnoissibles les aucunes sont en dessoubz raison, comme celles que nous congnoissons par les sens corporelz comme les choses blanches, noires et verdes, doulces, ameres, dures, moles, les aultres sont prochaines a raison lesquelles nous percepvons moyennant raison (Somme abr., c.1477-1481, 136). [la commecte] ayant queue de XX piez de long, par commune estime assez singuliere, de coulleur soubz blanche, cerullée, moult ardant et, pour ce, lui et les autres astrologiens de Flandres, Almaigne, Bourgoigne et France et tous ceulx des Ytalles l'appellerent sur toutes mauvaise (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 148 r°).

 

-

Baston blanc. V. baston

 

-

MÉD. Fleurs blanches. V. fleur2

 

5.

[D'un aliment ; p. oppos. à ceux de la même espèce qui sont d'une autre couleur] "Qui est d'une couleur claire ou transparent" : ...c'est une eawe qe homme appelle eawe rose ; et ensi est appellee pur ceo qe de roses est elle faite. Et de rouges est elle plus fyne qe des autres ; et, tout soit elle faite de rouges, si est elle en luy meismez clere et blank, et riens ne se resemble la rouge rose, fors qe par l'odour. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 149).

 

-

Chair blanche. V. chair

 

-

Vin blanc. V. vin

 

6.

"Qui est recouvert de blanc"

 

-

[D'un être hum.] "Qui est vêtu de blanc" : ...tantost après, se apparut le chevalier blanc, armé et monté sur ung cheval blanc et fut en dormant à certain pouvre homme (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°).

 

-

[D'une chose] "Qui est couvert d'une couche blanche, blanchi" : ...semblables sont a la beauté des fiens couvers de noif, ou, comme dit Jhesu Crist, aux sepultures blanches et paintes (GERS., Concept., 1401, 416).

 

7.

HÉRALD. [Des armes] "D'argent" : [Le discours s'adresse au duc de Gênes et à son peuple :] Et qui plus est, a ce que vous fuss[i]ez tousjours victorieux il vous octroya ses armes blanches a une croix toute tainte de son sang precieux, voire pour defendre et multiplier la foy de mon Pere encontre les mescreans. [Le blason de la ville de Gênes est d'argent à la croix de gueules] (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 300).

 

Rem. Le blanc ne fait pas partie des couleurs hérald. proprement dites mais pour représenter les deux métaux (or et argent), le lang. hérald. médiév. désigne parfois l'or par les mots jaune, sor ou safrin, et l'argent fréquemment par le mot blanc ; cf. M. Pastoureau, Traité d'hérald., 1979, 101 et 110.

B. -

Au fig.

 

1.

[Blanc comme symbole] "Pur, innocent" : Mais helas ! je fais doubte que pluseurs de nous ne ressemblent a la corneille qui se baigne souvent, et ja pourtant ne devient blanche. Ainsy pluseurs viennent a la parole de Dieu, laquelle est dicte pour laver l'ame et la faire blanche par pureté, et plaisant a Dieu, mais ilz s'en partent souvent ainsy noirs comme par avant ou plus. (GERS., Concept., 1401, 427).

 

2.

[En tant qu'expr. d'une anton.] Blanc et noir : Mais de present et de long temps en vostre mer les vens sont bestournez et de blanc en noir le temps est derivez (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 301). C'est comme l'enchanteur du dyable qui fait apparoir ce qui n'est pas, dit de blanc noir et de noir blanc, et tourne en folie et frenesie ceulx et celles qui le recoivent, quer il occist Verité (GERS., Annonc., a.1400, 234). Disoit le seigneur blanc, blanc elle disoit, disoit le seigneur noir, noir elle disoit (GERS., Noël, p.1404, 306).

 

-

Tenir noir, tenir blanc. "Soutenir une chose et son contraire" : ...conme sont lez choses lezquellez dependent de la franche volanté d'onme, laquelle n'est pas determinee, mez est muable et aucune foys tient noir et aultre fois tient blanc, et si est aussi fallible (Songe verg. S., t.1, 1378, 370).

II. -

Subst. masc.

A. -

Blanc (d'une cible). "Partie la plus rapprochée du centre de la cible, but" : ...toutefois, ceulx qui trayent a l'abalestre ne fierent pas toujours le blanc, combien que volentiers le ferroyent et y mettent tres grant paine (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 357). Et pource il n'est pas merveille se l'arbalestier ainsi occupe, comme dit est, parlant moralment, fault a attaindre le blanc. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 336).

 

Rem. FEW XV-1, 145a : «seit 16. jh».

B. -

"Blanc d'oeuf" : Item, est a noter que l'euf est diversifié en ses parties, car le rouge est de chaleur attrempee, et le blanc est froit et viscieux, difficile a digerer (Rég. santé corps C., 1480, 27).

 

Rem. FEW XV-1, 145a : «"partie albumineuse" (seit ca. 1262)» ; terme utilisé dans le Nord, contre clair de l'oeuf dans le Sud.

C. -

[Blanc comme symbole positif] : ...à faulte de sçavoir la differance des bons ars et des mauvais et sçavoir aussi separer le vray du faulx, le blanc du noir et le pur de l'impur (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 2 r°).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


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