Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/conseil 
     CONSEIL     
FEW II-2 consilium
CONSEIL, subst. masc.
[AND : conseil ; DÉCT : conseil ]

A. -

"Conseil, avis" : Et pour ce te vueil supplier, Et si le te lo et conseil, Que tu uses de mon conseil. (MACH., C. ami, 1357, 77). Encor te vueil je sermonner Et un autre conseil donner. (MACH., C. ami, 1357, 101). Si respondi, ce m'est avis, Sagement et de grant avis : "Quant j'ay mestier d'aucun conseil, A moy meïsmes me conseil ; Ne jamais n'iray pain querant, Quant je sui fils au Roy Priant, Einsois aray toudis assez..." (MACH., F. am., c.1361, 219). Or regardons que nous ferons, Et se nous les assauterons ; Car hontes seroit de partir Sans eaus penre, ou sans assaillir : Et pour ce à vous tous m'en conseil. Or me donnez vostre conseil Si bon, que Dieux y ait honnour Et nous n'i aiens deshonnour. (MACH., P. Alex., p.1369, 80). Li roys entre sa gent estoit, Et avoir leur conseil voloit, Comment il se doit maintenir, Et s'on puet la ville tenir. (MACH., P. Alex., p.1369, 100).

 

-

Avoir conseil : ...Longuement n'ont pas sejourné, Eins sont au prince retourné, Pour avoir conseil qu'on feroit, Et s'à euls se combateroit. Et einsi comme il conseilloient En une chambre où il estoient, Il oïrent une grant noise (MACH., P. Alex., p.1369, 150).

 

-

Demander conseil : Tous les chevaliers a mandé Le prince, et leur a demandé Conseil de ce que faire doit, Car ses anemis à l'ueil voit Qui sont logiez en forte place (MACH., P. Alex., p.1369, 148). Au matin, li princes manda Les chevaliers, et demanda Conseil comment on puist trouver Voie pour Sarrazins grever... (MACH., P. Alex., p.1369, 158). Conseil demanda qu'il feroit Et se vers Alixandre iroit. Mais son conseil finablement Li dist : "Sire, certeinnement Nous ne savons lieu si possible Pour vous, que la cité de Triple..." (MACH., P. Alex., p.1369, 205).

 

-

Dire son conseil. "Donner son avis" : Et pour ce aviser nous couvient, Et que chascuns son conseil die Loyaument et sans flaterie (MACH., P. Alex., p.1369, 158).

 

-

Donner conseil : Mais vëons la condition D'Avis selonc s'entention : Il donne conseil franc et quitte Et n'en attent autre merite, Fors ce que li juges tant face Qu'il en ait pais, honneur et grace. (MACH., J. R. Nav., 1349, 258).

 

-

Mettre conseil à. "Porter remède à" : Ne te conseille par merdaille, Qu'il ne valent rien en bataille, (...) Il te mettront en si mal an Que tu n'i porras conseil mettre Par cop d'espee ne par lettre. (MACH., Voir, 1364, 482).

 

-

Prendre (bon) conseil : Et s'aucuns te voloit sousquerre Ou mouvoir en ton païs guerre, Pren conseil a ceuls qui feront Tout ce qu'il te conseilleront, Car la chevense avec la vie Y va ; pour ce ne doubte mie, Qu'il ne te mesconsilleroient Pour rien, car il s'en honniroient. (MACH., C. ami, 1357, 109). Pren bon conseil et par avis Fay ton fait, car il m'est avis Que la congnoist on la vaillance D'un prince mieus et sa prudence Qu'en cas qui li puist avenir... (MACH., C. ami, 1357, 113).

 

-

Conseil de taverne. "Sagesse de taverne, conseil inepte" : Tous seuls en ma chambre et pensoie Comment par conseil de taverne Li mondes par tout se gouverne (MACH., J. R. Nav., 1349, 138).

 

-

Sans conseil. "Sans réflexion" : Resgardez comment vous parlez ; Car nuls homs qui vueille voir dire Ne porroit des dames mesdire, Qu'en elles est, ce scet on bien, Tant quanqu'on puet dire de bien. Si que je vous lo et conseil Que plus ne parlez sans conseil ; Car vous estes trop juenes homs Pour dire si faites raisons. (MACH., J. R. Nav., 1349, 245).

B. -

"Plan, projet" : ...seigneurs, se Sarrazins Meinnent longuement ceste dance, Tuit serons à pié, sans doubtance. D'autre conseil user nous faut. (MACH., P. Alex., p.1369, 215).

C. -

"Sentiment" : ...Si m'en convient meinte peinne endurer Et recevoir les tres crueus assaus Qu'Amours me vuet baillier et delivrer, Pour ce qu'on dist que pas ne suis loiaus. Mais Amours scet, qui scet tous mes consaus, Qu'onques pour bien, pour mal ne pour hachie Je n'i pensay qu'onneur et courtoisie. (MACH., L. dames, 1377, 110).

D. -

P. méton.

 

1.

"Conseil, réunion de gens qui délibèrent" ; en partic. "groupe de personnes chargées de donner leur avis, d'aider le prince à gouverner" : Adont son conseil assambla Si leur conta tout cest affaire Pour savoir qu'on en porroit faire. (MACH., D. Aler., a.1349, 314). Pour mieus savoir la verité, Li preudome de la cité, Quant au lieu de conseil venirent, A l'enfant doucement deïrent : "Vien sa aveques nous sëoir, Car Dieus donner et pourvëoir T'a volu l'onneur de vieillesse." Daniel en mi eaus se dresse... (MACH., C. ami, 1357, 12). Li roys son conseil appella, Et les sages qui furent là... (MACH., P. Alex., p.1369, 80). Li princes respondi : "Bien est. Je lo que cils consaus se teingne, Et que au matin chascuns reveingne." (MACH., P. Alex., p.1369, 149). Quant li soudans et ses consaus, Où il avoit XXX. amiraus, Les orent très bien entendu, Il ne leur ont rien respondu... (MACH., P. Alex., p.1369, 199). Devers le soudan s'en alerent Et à son conseil besougnierent Si bien, que bons acors fu fais De tous delis, de tous meffais (MACH., P. Alex., p.1369, 222). Lors son conseil isnellement Manda pour savoir qu'il feroit (MACH., P. Alex., p.1369, 231). Car cils qui son signeur avise Et li dit ce que faire faut, Ou qu'il li monstre son deffaut, En son conseil tout pleinnement Ou hors conseil priveement, Maint sont qui en scevent bon gré, Et qui mettent en haut degré Ceuls qui leur dient tels paroles, Quant bourdes ne sont ne frivoles. (MACH., P. Alex., p.1369, 253).

 

2.

"Décision, délibération" : Lors pluseurs pensées li viennent Qui de neccessité couviennent, Pour li entrer en mariage Par le conseil de son lignage. (MACH., J. R. Nav., 1349, 223). Cils doi la maison frequentoient De Joachim et la faisoient Leur edis, leur commandemens, Leurs consauz et leurs jugemens. Pour ce a eaus laiens venoient Tuit cil qui jugement queroient. (MACH., C. ami, 1357, 5).

 

-

Ne pas avoir conseil de + inf. "Ne pas avoir l'intention de" : Li prince et sa gent s'arresterent, Pres dou chastel, et s'ordonnerent Bien et bel et par grant avis, Car il veïrent vis à vis Les annemis Dieu qui traioient De toutes pars, quanqu'il pooient. Mais li princes n'ot pas conseil De lui combatre, car à l'ueil Voit ceuls qui les doivent secourre, Pour ce ne leur volt pas sus courre (MACH., P. Alex., p.1369, 146).

E. -

"Conseiller" : Ne fai pas clers tes consaus d'armes, Qui doivent prier pour les ames Et doivent compter et escrire Et chanter leur messes ou lire Et consillier les jugemens Aus consaus et aus parlemens. (MACH., C. ami, 1357, 110). Encor te lo et te conseil Que ne croies juene conseil, Car c'est uns si tres grans peris Com pour estre mors et peris. Se sage homme encien en ta terre N'as, si l'envoie en autre querre, Et ne te chaille qu'il te couste (MACH., C. ami, 1357, 133).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso


© ATILF - CNRS & Université de Lorraine 2015
La présente ressource est produite et diffusée par l’ATILF à des fins de consultation pour l’enseignement et la recherche, à l’exclusion de toute exploitation commerciale. La citation d’un extrait de la ressource au sein d’une publication scientifique est autorisée sous condition de porter la mention suivante :
DMF : Dictionnaire du Moyen Français (DMF 2015), http://www.atilf.fr/dmf, ATILF - CNRS & Université de Lorraine.