Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     DON     
FEW III donum
DON, subst. masc.
[AND : don1 ; DÉCT : don ]

I. -

Propriété transférée sans contrepartie : …une somme d'argent : Li rois Edouwars d'Engleterre avoit (...) priiet chevaliers et esquiers en son pais et quelliet, par priiere et par ordenance de don, que son peuple li avoit une aide fait moult grose, grant argent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 403). ...il estoit en dons larges et oultrageux, et se endebta tellement que il ne se povoit aydier de chose nulle qu'il euist (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 144).

A1 humain fait/donne un grand don. "Donne beaucoup" : Pour ces deux miracles, fu l'eglise mout fort visetée de tout le peuple, et donna li rois à l'eglise (...) ung grand don, et ossi fisent tout li seigneur, et i ot bien de don ce jour pour trois cens frans. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 151).

Coordonné à présent : ...on lor faisoit feste et honnour, dons et presens (FROISS., Chron. D., p.1400, 160).

Caractère officiel de certains dons : Et avoech les dons on bailla les lettres toutes seelees dou seel dou roi, qui tesmongnoient et certefioient ces dons. (FROISS., Chron. D., p.1400, 105).

Proverbe : ...il donna et departi de ses biens si largement que tout s'en contenterent, et acquist la grasce et l'amour d'euls, car il n'est riens que dons ne qassent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 466).

II. -

Satisfaction accordée : …la liberté de prisonniers : Un jour vint messires Lois d'Espagne en la tente mesire Carle de Blois, et li demanda un don, present fuisson de grans signeurs de France qui la estoient ; et fu li dons demandés en remunerant les services que fais li avoit. Messires Carles ne savoit pas quel don il li voloit demander, car se ils le seuist, jamais ne li euist acordé ; et li otria sa demande legierement, car il se sentoit moult tenus a lui. Qant li dons fu otroiiés, mesires Lois dist : Monsigneur, grant merchis ! Je vous demande les deus chevaliers englois (FROISS., Chron. D., p.1400, 550). "Ha ! tres chiers sires, puis que je apassai par deça la mer en grant peril, ensi que vous savés, je ne vous ai requis ne don demandet. Or vous prie je humlement et reqier en propre don que, pour le Fil a sainte Marie et pour l'amour de mi, vous voelliés avoir de ces siis honmes merchi." Li roi (...) dist : "Ha ! dame, je amaisse trop mieuls que vous fuissiés d'autre part que chi. Vous priiés si acertes que je ne vous ose escondire le don que vous me demandés ; et conment que je le face envis, tenés, je les vous donne, et en faites vostre plaisir." (FROISS., Chron. D., p.1400, 848).
 

Froissart Jacqueline Picoche


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