Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

Article complet 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     COMMUN     
FEW II-2 communis
COMMUN, adj. et subst. masc.
[T-L : comun ; GD : commun ; GDC : commun ; AND : commun1 ; DÉCT : comun ; FEW II-2, 961 : communis ; TLF V, 1134a : commun]

I. -

Adj.

A. -

"Qui appartient à plusieurs personnes"

 

1.

Robe commune. "Robe qui est utilisée par plusieurs personnes" : ...une canne et demye de drap gris, de quoy avons fait faire une robe commune, pour nos paiges, à quant ils sont malades (Comptes roi René A., t.2, 1471, 15).

 

2.

Commun pays de Flandres. "Groupement de toutes les villes de Flandres ainsi que le plat pays" : ...le paiement de 60000 escuz doubles lors derrainement accordez à icellui seigneur par son commun pays de Flandres (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 235). ...l'ayde qui lors prouchainement seroit acordee à mondit seigneur par les bonnes gens, manans et habitans de son commun pays de Flandres (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 237).

 

3.

DR.

 

-

Biens communs. "Biens qui sont dans la communauté du mariage et qui appartiennent aux deux époux" : Son mari contredisoit la dite marchandise et disoit que l'en ne preist nulz de ses biens, ne des biens de sa femme. Dit fut et à droit que le marchié seroit tenu et seroient contrains elle et son mari, par prinse de leurs biens communs, à paier les deniers, pour ce qu'elle est marchande commune. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 134).

 

-

[D'une femme] "Qui est en communauté de biens avec son mari" : ...se une femme est marchande commune, son mari ne pourra despecier le marchié qu'elle aura fait, ne retarder le paiement aux crediteurs (...). Son mari contredisoit la dite marchandise et disoit que l'en ne preist nulz de ses biens, ne des biens de sa femme. Dit fut et à droit que le marchié seroit tenu et seroient contrains elle et son mari, par prinse de leurs biens communs, à paier les deniers, pour ce qu'elle est marchande commune. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 133-134).

 

4.

[D'une femme] "Qui a des relations avec plusieurs hommes ; qui se prostitue" : ...Je suis trop courouciés et aussi est ma femme de ce que nous povons durer à Henry, mon pere, pour une garsse appellée Jehannete, la plus diffamée et la plus mauvaise ribaude que l'en sache, car elle est toute commune (Trés. Reth. S.L., t.2, 1388, 350). ...Girot et Vilain et Boutevillain distrent a ladicte femme qu'il faloit qu'ilz eussent sa compaignie charnele, dont elle fut refusant, combien qu'elle feust femme toute commune, disant qu'elle estoit affiée audit Boschier. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1426, 383).

 

-

Femme de vie et commune. "Femme publique" : ...Jaques Ferré, frere du dit Jehan Ferré, avoit leans mené une jeune femme de vie et commune (Doc. Poitou G., t.7, 1415, 288).

B. -

"Qui est pratiqué, observé par le plus grand nombre, accoutumé" : ...je demandoie le dit Village par réquisitoire et non par commandement, à laquelle requeste, selon la disposicion de droit commun et ex precepto legis, le dit seigneur de Secille devoit et estoit tenu de optempérer (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 203). ...il lui paieroit le louage d'un selier où il les fist mectre, au pris commun (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 611). ...lesquelz estoient embastonnez, c'est assavoir ledit Jehan Launay d'une fourche ferrée à deux beusailz et ledit feu Martin d'une sarpe enmanchée, appellée en comun langaige volant. (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 137).

C. -

"Qui ne s'élève pas au-dessus de l'ordinaire, que l'on trouve partout" : Item, est ordonné que (...) chaponneau, oultre II. s. VI. d. (...) Item, poulet commun, oultre XV. d. Item, cochon de lait commun, oultre IIII. s. II. d. (...) Item, perdris retille, oultre II. s. Item, une assée, oultre XII. d. (Doc. Poitou G., t.7, 1422, 385).

D. -

Bourgeois/bourgeoise commun(e). "Qui a juré la commune" : ...autres bourgeois que bourgeoises que j'ay en lad. ville appellez communs, qui me doivent chacun an deux s. par. (Trés. Reth. L., t.4, 1479, 370).

II. -

Subst. masc.

A. -

[À propos de pers.]

 

1.

"Corps des bourgeois d'une ville" : À touz ceulx qui orront et verront ces presentes lettres, le maire et le commun de Poitiers, salut en Dieu nostre Seigneur pardurable. (Doc. Poitou G., t.3, 1354, 144). ...lesquelles XLV quehues de vin madame la duchesse, par l'avis d'aucuns des gens du conseil de mondit seigneur et d'elle a fait donner et presenter de par elle et de par mondit seigneur aux personnes apres escriptes pour consideracion des bons et agreables services, afin qu'ilz soient plus enclin es affaires de mondit seigneur et mesmement à entretenir le commun de ladicte ville de Troyes à la bonne amour et adhesion de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 836). ...ilz garderont et entretiendront ces presentes ordonnances au bien publique d'icelle nostre ville, en excerceant leurs dis offices bien, justement et loialement au bien de la justice et à l'onneur et prouffit de nostre dite ville et du Commun d'icelle (Hist. dr. munic. E., t.1, 1466, 107).

 

2.

"Ensemble des membres d'un métier" : Item l'an mil CCCXLV, le Xe jour de decembre furent esleuz pour estre gardes du mestier de l'orfaverie de Paris, par l'assentement et accort de tout le commun dudit mestier, c'est assavoir Richart de Villers, Pierre Fucillet, Martin Le Fevre, Guillaume de Montpellier, Pierre Mangars et Pierre de la Chappelle (Industr. Paris F., 1345-1412, 299). ...pour obviier à toutes fraudes et priieres, nous avons ordené et accordé que, puis hore en avant, li wyt preudomme, qui seront pris et esleu de le Vintainne et des mestiers de le drapperie, et li wyt aussi, qui seront pris et esleu des mayeurs des gheudes pour estre en l'office et du nombre des Vint et quatre de le ville, seront tenu et astraint de dire et jurer publiquement et solennelment, par leurs foys et sermens, est assavoir li wyt de le Vintainne, par devant le Vintainne, les dis mestiers de le drapperie et leur commun et chil des gheudes, cascuns par devant son mayeur et sen commun (Hist. dr. munic. E., t.1, 1356, 356).

 

3.

"Ensemble des personnes qui forment le service des grandes maisons" : ..8 aunes d'un autre royé de Gant traiant sur fleur de peescher, délivrées en ladicte chambre pour le burel du commun (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 84). ...trois tapiz vers contenans 18 aunes quarrés, armoiez aus quatre cornes aus armes dudit monsgr le Dauphin, pour les sommiers de son commun (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 114). Godefroy le cellier, pour plusieurs chevestres, cengles, longes, trousses, neccessaires pour escuirie, 10s. 6d. Pour un roucin, acheté à Londres par Jehan de Dainville pour le commun de l'ostel du Roy, 28s. 6d. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 222). ...la despense du commun de Monseigneur qui estoit à Gavray, qui se compte par un item pour les mois de janvier, fevrier (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 65). Frère Pierre de Cloye et frère Guillaume, son compaignon, confesseurs du commun (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 112). ...pour vuider et netoyer la chambre coie du commun, qui est en la petite cour pres du ruis desdis moulins, laquelle estoit toute remplie jusques au tros (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 634). ...une autre pièce d'autres doubliers gros, sans garniture, contenant LVI aulnes, dont on a fait XX nappes pour le commun (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1450-1451, 332). ...en la karolle du dit cloestre a l'en a mis en point de tables, tréteaulx et bancs pour y asseoir les serviteurs et commun (Comptes Lille L., t.2, 1468, 311). ...Regnault, barbier du commun dudit seigneur (Comptes roi René A., t.3, 1469-1470, 340).

B. -

Commun de la paix. "Droit appartenant au roi, qui se lève dans le Rouergue, sur les hommes, les bêtes et les moulins" : ...la valeur des dis chasteaux, chastellenies, terres et seigneuries et de leurs dites appartenances et appendances, et pareillement des dis commun de la paix, passade, tail de canal et autres droiz (Archives servit. Louis XI, T., 1470, 35). ...maistre Bremond de Saint Felix, s'est efforcé (...) nous dessaisir du droit du commun de la paix es lieux de Conques, de Sauveterre et ailleurs (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 274).

 

Rem. Cf. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], 134b-135.

C. -

Loc. adv. En commun. "Ensemble" : ...les masures, jardin, vignes, prez, saulceiz et terres arrables, qui de present sont en totalle ruyne et boccage, qui sont six vingts jours ; et quand un autre les tenoit, devoient en commun au seigneur dud. Vonc, chacun an, de menus cens (Trés. Reth. L., t.4, 1479, 371).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin


 Retour à la page précédente 
Fermer la fenêtre