Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     SAILLIR     
FEW XI salire
SAILLIR, verbe
[T-L : salir2 ; GD : saillir ; GDC : saillir ; DÉCT : salir2 ; FEW XI, 92b : salire]

A. -

[D'une pers.] "Sauter, s'élancer"

 

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Absol. : Les uns saillent, les aucuns luttent, les autres gectent la pierre ou la barre de fer ou la lance ou la darde. (ARRAS, c.1392-1393, 178). Et le jayant avoit trois marteaulx de fer en son sain, et en prent l'un et le giette a Gieffroy par grant ayr ; et le frappa sur le manche de la mace, auprez des poings, si qu'il lui fist voler des mains, et sault et la lieve de terre. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

 

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Saillir + adv.

 

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Saillir avant. "Se précipiter en avant" : Par mon Createur, ne moy ne moyne qui soit ceans ne lui conseillasmes oncques. Lors sault Fromont avant, qui moult bien cuida appaisier l'ire de Gieffroy, et lui dist : Mon chier frere, par l'ame que j'ay a Dieu a rendre, il n'a personne ceans qui oncques le me conseillast, car je l'ay fait de moy propre, sans conseil d'autrui et par droicte devocion. (ARRAS, c.1392-1393, 251).

 

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Saillir hors. "Sortir précipitamment" : Gieffroy fu moult doulent quant il vit que le jayant fut entrez en la chambre et qu'il ot l'uis tiré après lui. Lors s'en vint courant a l'uis de grant randon, et y fiert du pié si raidement qu'il le fait voler enmy la chambre. Et le jayant sault hors, qui par ailleurs ne povoit yssir ; et tenoit un grant mail et en donne a Gieffroy tel coup sur le bacinet qu'il le fait tout chanceller. (ARRAS, c.1392-1393, 267).

 

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Saillir jus. "Descendre vivement (d'un cheval)" : Et quant Gieffroy sent le cheval fondre soubz lui, si sault jus appertement, et s'en vient vers le jayant, l'espee traicte, et le joyant lui vint, la faulx empoignie. (ARRAS, c.1392-1393, 246).

 

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Saillir sus. "Se relever vivement" : Et Gieffroy, sans plus dire, fiert le cheval des esperons, et met la lance soubz le bras, et s'adrece vers le jayant quanque cheval puet courre, et le fiert de la lance au fer trenchant emmy le pitz, de si grant vertu qu'il le fist voler par terre, le ventre dessus. Mais le jayant sault sus, moult courrouciez. Et, au passer que Gieffroy fist, si fiert le cheval de la faux si qu'il lui trenche les jarrez derriere. (ARRAS, c.1392-1393, 246).

 

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Reculer pour plus loin saillir. V. reculer

 

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Saillir + compl. prép. désignant l'endroit vers lequel l'on s'élance

 

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Saillir à terre. "Sauter à terre" : Lors se mettent en ordonnance et s'en viennent comme tempeste ferir sur le navire des Sarrasins a force de trait et de giet de dardes, si horriblement que mal soit du Sarrasin qui se meist a deffense ; mais qui pot saillir appertement a terre et s'en courir devers l'ost, il se tint pour eureux. (ARRAS, c.1392-1393, 132).

 

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Saillir à qqn. "Se jeter sur qqn" : Moult fu le jayant doulent quant il voit son levier ainsi et par telle maniere froez, et gesir sur la place, car il ne se ose abaissier pour le prendre. Lors sault a Gieffroy et lui donna si grant coup du poing sur le bacinet qu'il l'estonna tout. (ARRAS, c.1392-1393, 264).

 

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Saillir aux fenestres. "Se précipiter aux fenêtres" : Et lors saillent tous aux fenestres pour savoir quel chemin elle tendra. (ARRAS, c.1392-1393, 260).

 

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Saillir en/es + subst. : Avant, seigneurs chevaliers ! Penons nous de prendre la cité avant que le secours leur viengne. Par Mahon, cil qui premiers pourra entrer dedens, je lui donray son pesant d'argent en tel estat qu'il y entrera. Qui lors veist Sarrasins saillir es fossés, et portent pics, houyaux, eschielles, piez de chievre. (ARRAS, c.1392-1393, 110). Mais quant il voit Gieffroy, si le congnut, et vit bien que sa mort approuchoit ; si ot grant paour. Lors sault en une chambre qu'il voit ouverte, et tire l'uys aprez lui. (ARRAS, c.1392-1393, 266).

 

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Saillir en l'air. "S'élancer dans les airs" : Et lors [Mélusine] fist un moult doulereux plaint et un moult grief souspir, puis sault en l'air, et laisse la fenestre, et trespasse le vergier. (ARRAS, c.1392-1393, 260).

 

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Saillir sur qqc. : Et lors Melusigne sault sur l'une des fenestres de la chambre qui regardoit aux champs et sur les jardins, au costé de devers Lusegnen, aussi legierement comme se elle volast et eust esles. (ARRAS, c.1392-1393, 259).

 

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Saillir de qq. part : En celle tente estoit logié le roy Gallafrin de Damiette, qui sailli de son lit, et bien s'en cuida fuir par derriere. (ARRAS, c.1392-1393, 228). Mais Gieffroy sailly de l'embusche et commence a ferir, il et ses gens, sur ceulx qui le suivoient le soudant sans ordonnance, qu'en pou d'eure en ot mis IIIm. mors par le chemin. (ARRAS, c.1392-1393, 230).

 

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Saillir + deux compl. prép. : Puis lui ramembre de son oncle le conte de Forests, lequel il fist saillir de la grosse tour de Marcelli le Chastel sur la roche, et le fist tuer. (ARRAS, c.1392-1393, 274). Remondin (...) sault du courcier a terre, l'espie ou poing, et s'en vint vistement devers le porc... (ARRAS, c.1392-1393, 18).

 

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Saillir + adv. + compl. prép.

 

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[D'un chien] Saillir contremont à qqn. "Bondir vers qqn (pour lui faire fête)" : Et lors vindrent deux de ses chiens courans qui lui saillirent contremont, lui faisant grant feste, et il tressault comme uns homs qui yst de son dormir, et lui souvint de sa chasse... (ARRAS, c.1392-1393, 6).

 

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Saillir jus d'un cheval : Lors sault jus du cheval appertement... (ARRAS, c.1392-1393, 25).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Être arraché, projeté brusquement" : Mais, avant que le jayant peust ravoir son coup, le fery Gieffroy de l'espee sur le costé tellement qu'il lui fist le levier saillir des poings, et en sailly une grant piece. (ARRAS, c.1392-1393, 264).

 

2.

[D'un liquide] "Jaillir" : Lors point le cheval des esperons de si grant air que le sang lui sault de grant randon par tous les costez. (ARRAS, c.1392-1393, 137).

 

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Faire saillir de l'eau : ... et [Remondin] voit Melusigne en la cuve, qui estoit jusques au nombril en figure de femme et pignoit ses cheveulx, et du nombril en aval estoit en forme de la queue d'un serpent, aussi grosse comme une tonne ou on met harenc, et longue durement, et debatoit de sa coue l'eaue tellement qu'elle la faisoit saillir jusques a la voulte de la chambre. (ARRAS, c.1392-1393, 242).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach


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