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parisianite, subst. fém.

Étymologie
Histoire :
A. « état maladif qui empêche de vivre ailleurs qu'à Paris, addiction à la vie parisienne ». Attesté depuis 1867 [5 avril] (Le Monde illustré], Notice nécrologique sur M. de Lourde de La Place, page 7 : Les roses ont fleuri et lui est mort à Bordeaux, mort d'une maladie qu'on pourrait appeler la Parisianite aiguë. Il aimait trop Paris, c’est ce qui l’a tué ?). Cf. encore : L'Œuvre d'art du 1er juin 1899, page 86 : Si vous êtes pour jamais intoxiqués de la vie de la capitale, passez devant les marines de M. Ulmann, vous aurez une crise de « parisianite » aiguë, et vous vous trouverez incapable de vous agenouiller, au passage, aux pieds du fadasse Homme de douleur que M. Burnand présente à la contemplation des demi‑vierges et des veuves consolables du monde et du demi‑monde ; La Revue hebdomadaire du 28 mai 1927 [citation tirée de Paul Bourget, Actes suivent, 1926], page 491 : Oui, fit le secrétaire, sa maladie doit être une jolie petite Parisienne. Ils prennent tous, ces Yankees, la parisianite aiguë et souvent chronique. - 
B. « état maladif causé par la vie parisienne ». Attesté depuis 1878 [30 mars] (Le Monde illustré, page 203c : Notre confrère X … conte ses maux à son docteur. Névrose, insomnies, gastralgie et toute la kyrielle de ce qui constitue la parisianite aiguë. ― Mon cher ami, les remèdes sont impuissants ici ; ne veillez pas, soyez sobre ; pas de vin de Champagne, pas d’alcools, pas de théâtre … Bref, rétablissez‑vous par l’hygiène. ― Oui, docteur, vous avez raison … Mais le malheur, c’est qu’où il y a de l’hygiène, il n’y a pas de plaisir). Cf. encore : Goudeau, Poèmes ironiques, 1884, page 142 : Puis, parmi les fardeaux roulant le long des quais, Courent, valise au poing, les Parisiens gais. Là tous les ventres lourds, toutes les courbatures, Les yeux cernés, les nerfs finis, et les tortures Des corsets d'un hiver où l'on a trop dansé, Le cœur repu, le cœur séché, le cœur blessé, La pléthore fondante et la jaune anémie, La muse sans poète, et l'amant sans amie, Tous les spleens et tous les fanages de l'hiver, Et le porte‑monnaie à sec ; et cet amer Décavage plus dur que la goutte et que l'asthme : La parisianite aiguë, et le marasme ; […] ; Trézenik, Les gens, 1886, page 73 : Il y avait assez longtemps que ce désir le hantait de s'en aller là‑bas, ne fût‑ce qu'une couple de jours, baigner ses poumons fiévreux de parisianite, dans l'air tiède et si limpide et si calme du pays natal ; Le Temps du 19 octobre 1888, page 2 : Ils m'ont donné le teint d'un homme, étranger à toute névrose et à toute parisianite l'âme joyeuse d'un grimpeur qui se fie à ses jarrets et au jeu de ses poumons ; Angers-Artiste du 22 décembre 1888, page 186a : Prisonniers, c'est le mot juste, à voir leur démarche titubante et affaissée, leurs épaules voûtées, leurs membres chétifs et grêles et leurs visages portant les indices de cette maladie qu'on est convenu d'appeler la parisianite et qui provient d'un manque de liberté et d'exercice. - 

Origine :
A./B. Formation française : dérivé du substantif Parisien* à l'aide du suffixe ‑ite* (cf. I. B. 1. a). Ce mot, sans doute facétieux, a été formé sur le modèle de termes de médecine en -ite comme appendicite aiguë, crise d'appendicite aiguë, amygdalite aiguë, bronchite aiguë, etc., qui désignent des inflammations, en en généralisant le sens à « maladie ». En ce qui concerne la base représentée par le thème parisian-, à part le substantif Parisien (« maladie des Parisiens ») on pourrait aussi penser à l'adjectif parisien (« addiction à la vie parisienne ; maladie causée par la vie parisienne »). La grande diffusion de ce terme dans la presse de la deuxième moitié du 19e siècle et dans la première moitié du 20e siècle fait de cette formation un mot‑clé dans l'histoire de l'emploi métaphorique de -ite, si ce n'en est pas carrément le prototype. — Sur l'emploi métaphorique de -ite, cf. Pichon, Principes, 10‑11, qui mentionne parisianite parmi ses exemples, illustré par Goudeau, Poèmes ironiques, cité ci‑dessus (B.). L'exemple le plus ancien mentionné dans TLF, s.v. -ite (cf. I. B. 2. b), date de 1893 (wagnérite). En espagnol, l'usage métaphorique de -itis (filosofitis, literaturitis) est attesté depuis 1850, dans une lettre du 21 septembre du journaliste et écrivain Juan Valera (Julià Luna, RL 18, 80). À ajouter FEW 7, 655a, Paris 1 b.


Rédaction TLF 1986 (s.v. parisien) :  - Mise à jour 2017 : Franz Rainer. - Relecture mise à jour 2017 : Jean-Paul Chauveau ; Yan Greub ; Nadine Steinfeld.


Première mise en ligne : 22 février 2017. - Dernière révision : 02 mars 2017. - Mise en ligne : 02 mars 2017.

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