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comparatiste, subst. masc. et adj.

Étymologie
Histoire :
I. — Subst. « spécialiste d'une science étudiée selon la méthode comparative ». Attesté depuis 1894 (RLPC, tome 28, page 353 : Whitney relevait beaucoup plus de l'indianisme que de la grammaire comparée ; mais ces deux ouvrages ont le mérite de poser les problèmes que les comparatistes ont à résoudre […]). Cf. encore, Rev. droit public sci. polit. Fr. étrang., tome 16, 1901, page 46 : Des sociologues les comparatistes se rapprochent, en effet, en ce que c'est en somme à l'observation qu'ils font appel, et qu'ils méprisent les principes a priori et les constructions purement rationnelles […] ; Lambert, Question, 1902, page 23 : Le comparatiste retrouve continuellement dans l'histoire générale des civilisations les mêmes différences caractéristiques de formes entre les règles nées du jeu de l'oracle judiciaire ou de l'activité jurisprudentielle et les premières productions de la législation proprement dite, opposée à la coutume1 ; ZSavStifR, tome 23, 1902, page 452 : Wasser auf die Mühle der Rechtsvergleicher — comparatistes ; RevHistReligions, tome 33, 1912, page 165 : M. George Foucart est un comparatiste résolu, M. Paul Foucart est anti‑comparatiste, à tel point que, relevant des analogies de culte entre l'Égypte et l'Attique, il ne peut conclure qu'à un emprunt ; Rev. métaphys. morale, tome 21, 1913, page 15 : Une concordance générale du développement ne peut servir à démontrer une communauté d'origine historique. Le comparatiste historien doit se méfier avant tout de ce que les biologistes appellent des phénomènes de convergence ; Revue Universitaire, tome 28, nº 2, 1919, page 267 : […] aux historiens « nationaux » de la littérature aussi bien qu’aux divers « comparatistes » […]. - 
II. — Adj. « qui appréhende, étudie une science selon la méthode comparative ». Attesté depuis 1901 (Rev. droit public sci. polit. Fr. étrang., tome 16, page 58 : Mais c'est surtout en ce qui touche son but et ses procédés que la nouvelle école comparatiste a innové). Cf. encore : Ann. philos. chrét., tome 165, 1912, page 527 : Auparavant nous sommes encore dans l'hypothèse, hypothèse séduisante sans doute, et qui a pour elle de faire appel à l'histoire plus impérieusement que l'hypothèse évolutionniste et comparatiste. - 

Origine :
I. Transfert linguistique : calque de l'italien comparatista subst. masc., attesté depuis 1875 dans l'acception « spécialiste de grammaire comparée », qui est aussi la première acception relevée en français. En italien, le mot est régulièrement dérivé de l'adjectif comparata du syntagme grammatica comparata « grammaire comparée » ; cf. Rainer, LN 80 (3‑4), 2019, pp. 118‑122, explication retenue par LEI 16, 251, comparare. Une dérivation interne de comparatiste sur base française est improbable, puisque (grammaire) comparée ne comprend pas la séquence -at-. Cette séquence ne se trouve pas non plus dans comparaison, tout juste dans comparatif. Au moment du calque on disait en français philologue comparé (selon le témoignage de Michel Bréal, in Revue des deux mondes 82, 1887, pp. 203‑204), terme qui s'emploie toujours à côté de comparatiste. Le terme allemand Komparatist et le terme anglais comparatist ne sont devenus d'un emploi courant qu'au cours du 20e siècle. Après la philologie comparée, d'autres sciences utilisant la méthode comparative – notamment le droit comparé, mais aussi un peu plus tard l'histoire comparée (des religions), la littérature comparée, etc. – ont adopté le mot comparatiste. Cf. von Wartburg in FEW 2, 970a, comparare 1, qui analyse à tort le mot comme un dérivé de comparer.
II. Formation française : conversion du substantif comparatiste* traité sous I. On ne peut pas exclure que, plus tard, cet adjectif ait été rapporté aussi directement au substantif comparatisme : une école comparatiste, par exemple, peut se définir aussi comme école qui se réclame du comparatisme. À ajouter FEW 2, 970a, comparare 1.

 
1   Dans Rainer, LN 80 (3‑4), 2019, p. 121 cette citation apparaît par erreur datée de 1871. L'emploi de comparatista en italien dans le domaine du droit comparé, d'ailleurs, est postérieur à l'emploi français et dépend de celui‑ci. Tandis que l'emploi philologique / linguistique français est imité de l'italien, l'italien reprendra au français l'emploi en droit comparé. Le Congrès international de droit comparé qui s'est tenu à Paris du 31 juillet au 4 août 1900 est considéré comme l'acte fondateur de cette discipline.


Rédaction TLF 1977 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2020 : Franz Rainer. - Relecture mise à jour 2021 : Jean-Paul Chauveau ; Nadine Steinfeld.


Première mise en ligne : 14 avril 2022. - Dernière révision : 20 avril 2022. - Mise en ligne : 20 avril 2022.

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