Mieux vaut couper un doigt que trancher une tête V. doigt
 

I. -

"Couper, trancher" : ...les arbres qui sont trenchiéz recroissent (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 93).

II. -

"Retrancher, enlever" : Aux autres, pour nature aidier, Pluseurs divers sirops apprestent, Et aux autres qui ja s'apprestent A pourriture faire en cher, Scevent le mal du bon trencher. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 242).
 

[Suj. animé] "Trancher qqc." : Et se un cirurgien fendoit ou trenchoit aucun membre pour garir .I. homme et il le occioit et se aucun vouloit monstrer a un autre comment champions se doivent combatre, et en ce faisant, il le ferist par quoy il le bleçast malement contre son entencion. (ORESME, E.A., c.1370, 182).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

"Couper" : Or apourte donc en ta main, Le trainchet pour trainchier nous souppez. Nous y mectrons de grosses louppes, Car tantost trampee seront. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 73).

B. -

P. anal.

-

Trancher le chemin à qqn. V. chemin "Couper la route à quelqu'un, l'empêcher de passer"

C. -

Au fig. "Mettre fin brutalement à (qqc.)" : Pas ne doys mettre a nonchaloir Vo loyaulté d'amitié franche, Plus forte que mort qui tout tranche, Dont je suis moult tenus a vous. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 47).

II. -

Part. prés.

A. -

Part. prés. en empl. adj. "Tranchant, coupant" : Ces deux cy [clous] ay fait erranment Quil sont fors et durs et trainchans, Il perceront tresbien ces paulmes (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 205).

-

[Avec un terme de compar.]

.

Tranchant comme rasoir. V. rasoir

.

Plus tranchant qu'un raseur. V. raseur

B. -

Part. prés. en empl. subst. "Côté affilé et coupant d'un instrument, d'une arme" : Bien tost il sera desmarchant Ou courra plus fort que ung levrier, S'il n'essaye de ce trenchant. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 7).

-

Au tranchant de l'espee. "Par la force des armes" : ... jadis il le conquesterent [ce pays] (...) Par force au tranchant de l'espée (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 110).
 

"Trancher"

A. -

Empl. trans. "Couper (la tête)" : Je lo qu'il ait le chief tranchié En son dormant. (Mir. femme roy Port., c.1342, 175).

B. -

Empl. intrans. "Découper les viandes dans un repas" : L'EVESQUE. Biaux seigneurs, ne me mentez mie : Trenche bien messire Guillaume ? (Mir. ev. arced., c.1341, 130). Or mengiez et je trancheray Devant vous, et si mengeray Avec vous, frére. (Mir. Theod., 1357, 96).

C. -

Empl. pronom. "Se couper qqc." : ...Saturne qui menga Ses enfans et si se trencha Les genitailles et en mer Les jetta (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 284).

D. -

Part. prés. en empl. adj. "Coupant" : Tranchez li le chief de s'espée. Elle est assez tranchant et lée Pour tel fait faire. (Mir. femme roy Port., c.1342, 175). Le dos on te descirera A ongles d'acier bien tranchans (Mir. st Ign., 1366, 97).
 

I. -

GÉOM. "Couper" : Et sus .a.x. soit fait ung semycercle, et du lieu ouquel il tranchera la ligne orthogonale jusques a .b. est R⁴.5. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 284).

II. -

ARITHM. "Barrer" : Puis dire .2. foiz .4. font .8. levez de .9. reste .1. sus .9. et les .9. se doivent trancher d'une ligne (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 600).

III. -

MÉD.

A. -

"Couper, briser" : Quant l'oz est trenché, ou le cartillage, ou le nerf, les maxilles tenues, ou le prepuce, telz membres ne croissent, et si ne pevent estre englutinez. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 91).

B. -

"Éliminer par décomposition" : ...car la cause de allopicie, c'est male humeur eschauffee qui trenche la vapeur (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 1). Le tiers [aide] est qu'il [le vin] tranche la colere rouge et le evacue par l'orine, par sueur et egestion, et par resolution insensible, et icelle ayde se doit entendre de vin subtil, claret ou blanc, debile de sa nature, ou par eaue melee avec luy (Rég. santé corps C., 1480, 48).

C. -

"Inciser" : Et dit ainsi, que tous ydropiques ou empiques qui sont bruslez, adust, ou cauterizez, qui est tout un, ou qui sont incisez, ou trenchez, se soudainement il decourt et vient hors moult de sanie (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 176).
 

Trancher du + groupe nom. désignant un type hum. "Se donner l'air de, jouer à"

-

Trancher du subtil homme. "Jouer au malin, au savant" : PREBSTRE. De Mahon, plus doulx c'un colon Va tu les haulx faiz desnyant ? Veulx tu trancher du subtil on ? Que nous viens tu cy tournoyant ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 434).
 

Empl. abs. "Découper les viandes présentées au cours du repas" : Le roy de sa grace m'a osté de paige et me fist hier tranchier devant lui (LA SALE, J.S., 1456, 70).
 

Part. passé en empl. adj. [D'un visage] "Qui porte une blessure, la cicatrice d'une blessure, une balafre ; balafré" : Et si dit oultre Valere (...). Refert Pericles non purpuram, non aurum et lapides sed scutum divulsum, flectam galeam, ebetem gladium, faciem vulneratam militibus adornatam (...). La belle robe, pierres precieuses ne font pas le chevalier ou le vaillant homme d'arme, ne par ce il ne appert point de l'estre, mais l'escu despessé, le heaume froissé, le glaive ebetté, le visage tranchié (JUV. URS., Verba, 1452, 254).
 

A. -

"Trancher" : ...Li soudans sa mort li procure, Dont il est en grant aventure, Qu'il n'en soit destruis ou peris ; Tourblés en est ses esperis Et ses cuers a si grant meschié, Comme d'avoir le chief tranchié, Ou qu'il ne soit procheinnement Essiliez perpetuelment, Se li bons roys ne le secourt. (MACH., P. Alex., p.1369, 211).

B. -

"Briser" : Quant Cephalus vid le meschié, Il a son arc en .II. trenchié Et ses saiettes depecié ; Tous ses dieus jure Qu'il s'ocirra pour ce pechié. (MACH., Voir, 1364, 532).
 

1. -

"Couper"

-

[A1 humain] tranche devant [A2 humain] "À table, il lui découpe sa viande" : Là avoit un escuier, qui s'appelloit Colinet de Bleville, et trençoit devant le roy de Navare (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 178).

-

[A1 humain] tranche la tête à [A3 humain] : Il fut jugié à morir et fut amenez à Ville-Arpent et là eubt-il trenchié la teste. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 90).

-

La tranche-tête "le bourreau" : Il fist appeler ung Ansselin ; cil estoit la trenche teste, et fist la decoler deux chevaliers et deux escuiers, dont on eut grant pitié (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 38).

-

[A1 humain] tranche le chemin à [A3 humain] : Li sires de Pinon et ses gens les perçurent de lonc nestre et approcier viers yaus, et que il leur voloient trenchier le chemin cesti qu'il tenoient (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 138).

2. -

"Faire ressentir une douleur tranchante" : ...de nuit ilz ne povoient souffrir couverture sus eulx et s'endormoient tout nus en celle chaleur et ardeur de vin. Or venoit le froit du matin qui les happoit et les trenchoit de ventrainement, dont ilz entroient en fievres et en maladie, et ou corps ilz avoient le cours du ventre dont ilz mourroient sans remede, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98).
 

I. -

Empl. trans. "Couper net, trancher" : ...bon moyne, sans demander qui vive, frappe sus et le navra et affola ; car de prinsault il luy trancha le jaret [D'un jambon] (C.N.N., c.1456-1467, 487). ...la pucelle sacqa ung petit cousteau qu'elle avoit pendu a sa cincture, se trencha la gorge et rendit l'ame. (C.N.N., c.1456-1467, 553).

II. -

Empl. abs. : Et bon evesque d'assaillir ces perdrix (...) et commença a trencher et menger, car tant avoit haste que oncques ne donna loisir a son escuyer, qui devant luy trenchoit, qu'il eut mist son pain ne ses cousteaux a point. (C.N.N., c.1456-1467, 582).

III. -

Part. prés. en empl. adj. Tranchant

A. -

Au propre : ...il vit devant luy ung grand monstre, horrible et terrible, ayant grandes et longues cornes, les yeux plus alumez que flambe de fornaise, les braz gros et longs, les griffes agues et trenchans (C.N.N., c.1456-1467, 428).

-

En partic. Écuyer tranchant. "Celui qui tranche la viande dans les repas" : ...entre les autres nobles hommes avoit ung qui se nommoit Jehan Stotton, escuier trenchant (C.N.N., c.1456-1467, 385).

B. -

Au fig. : ...les parolles qu'elle descocha ne furent pas mains trenchans que rasoirs de Guingant bien affilez. [Avec un jeu de mots] (C.N.N., c.1456-1467, 28).

IV. -

Part. passé en empl. adj. Dire un mot tranché. "Trancher d'un mot" : ...après pluseurs parolles et devises d'entre elle et luy, elle luy dist ung mot tranché (C.N.N., c.1456-1467, 121).
 

I. -

Empl. trans. "Couper net, diviser en tranches" : ...et quant il qui parle le vit à terre, tira un petit coustel à trancher pain qu'il avoit sur lui, duquel il copa la gorge audi[t] homme (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 72). Item, pour un annel d'argent et un petit costel à trenchier pain, à un manche de letton, IIJ s. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 117).

-

Empl. abs. : ...le cousteau nu sanz gaigne qui sur lui fu trouvé, lequel estoit moult affilé et trenchoit moult bien (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 219).

II. -

Part. prés. en empl. adj. ou subst.

A. -

Adj. "Qui coupe bien" : ...il, estant en l'ostel d'un sien oncle demourant audit lieu de Marigny, trouva un certain cisel bien tranchant, et ycellui mussa en son sain (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 4).

B. -

Subst. masc. ADMIN. "Officier qui coupe les viandes à la table des princes" : ...[il] fu audit lieu encontré par Richart Le Chartier, tranchant de Linois, avecques plusieurs autres qui estoient en la compaignie dudit Richart (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 504).
 

Part. prés. en empl. adj. Valet tranchant. "Officier domestique attaché à la table du roi et chargé de découper les pièces du repas" : Doncques ly (...), ung jour s'alla seoir a table (...) ; et alors servi de plusieurs mes comme avoit apris, entre autres en y avoit ung duquel son vallet trenchant lui fit presse d'en mengier, et par plusieurs fois lui dist : "Sire, mengiez de cecy, car moult y a bonne viande" (...). Dont le roy, le regardant d'un aspre oeil (...), prist ung pain en sa main et fellement le rue ou visage du vallet trenchant (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 309).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

"Séparer en coupant"

1.

"Découper les viandes" : ...une paire de grans coulteaux emmanchez d'yvoire, pour trancher à table (Comptes roi René A., t.1, 1452, 370).

2.

"Tailler une étoffe pour confectionner qqc." : ...pour avoir trenché, es feriers de pasques, deux paremens d'aultiers (Comptes roi René A., t.2, 1453, 417).

B. -

Au fig.

1.

"Passer au milieu de qqc."

-

[D'une pers.] : ...ainsi qu'ilz labouroient, survint ledit Denis du Vergier avecques ses beufz, charue et areau et de fait se print à trencher le labouraige desdiz supplians. (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 12).

-

[D'un chemin] : ...ès demoines et feyages de la dite maison d'Ansigny, enclos dedens les mettes ci-après declairés, c'est assavoir du pontereau qui est ou chemin par ou l'en vet de Pontieux à Saint-Ligier près d'Aunay, (...) et d'ilec tranche le dit chemin au travers et s'en va la dite division entre la dite riviere et les terres gaaignables droit à Laubespin, qui est au chief des terres de Guillaume Roilh (Doc. Poitou G., t.2, 1341, 194).

2.

[D'une pers.] "Interrompre le cours de qqc."

-

Trancher le chemin à. "Barrer le chemin à" : ...et puys se mit à courir au devant d'un lièvre, cuydant lui tranchier le chemin, dont les chians et levriers vindrent passer par devant les mulles, lesquelles eurent paour et se myrent à fouyr, dont n'y eut une enreilhade (Comptes roi René A., t.3, 1479, 289).

-

Trancher (un) chemin. "Empêcher l'accès d'un chemin" : Qui trenche chemin publique en le voulant atribuer à soy. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 275).

II. -

Part. prés. en empl. adj. [D'une pers.] "Qui découpe les viandes à la table d'un grand personnage" : Messire Huistasse de Campremy, chevalier tranchant, pour ses droiz et services du jour de Noël qu'il servi le Roy au Bois de Vincennes (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 17).

III. -

Part. passé en empl. adj. "Décisif ; qui conduit à un résultat" : ...se aucunes choses sont contenues en lettres, des quelles le crediteur demande que l'en lui en face droit, lesquelles lettres sont seellées du seel monseigneur le duc, l'en lui donrra execucion tranchée, pour executer sur les obligiéz (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 136). ...dix quartiers de froment, mesure de Saint Paer, de rente chacun an, (...) a prendre (...) sur ledit fief, (...) appartenant à ladite dame par voye et manière d'exécucion trenchie, dont lesdits prieur et frères, leur procureur ou porteur de leursdites lettres ne pourront demander ne requérir les arrérages de ladite rente que de troys ans à la foiz (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1468, 314).
 

I. -

Empl. trans. "Trancher"

-

[D'une pers.] : Et Gieffroy couppa au jayant les laz du heaume, et puis lui trencha la teste. (ARRAS, c.1392-1393, 247). Et Gieffroy le fiert de l'espee sur l'espaule, car il ne pot actaindre sur la teste, et lui trenche les mailles du jaserant, et lui entra bien plaine paulme en la char. (ARRAS, c.1392-1393, 264).

.

Trancher qqc. en deux : Moult fu le jayant esbahy quant il ot perdu son bras. Nonpourtant il haulse le pié et cuide ferir Gieffroy ou pitz. Mais il l'en garda bien et le fery de l'espee sur la jambe, dessoubz le genoil, par telle puissance qu'il lui a trenchié en deux. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

-

[D'une arme] : Le soudant estoit embrunchiez, et le heaume estoit court par derriere, l'espee trouva le col nu, excepté le gambison de la gorgerete, et trencha l'espee le ganbison tout oultre et les deux maistres vainnes et les tendans jusques au gorgeron. (ARRAS, c.1392-1393, 113). L'espee fu bonne et bien trenchant ; si lui trencha le braz devant le coute, si que il vola par terre. Moult fu le jayant esbahy quant il ot perdu son bras. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

.

Absol. Trancher comme un rasoir. V. rasoir

II. -

Part. prés. en empl. adj. "Tranchant" : Grant fu [Antoine] et bien formez de tous membres. Mais il apporta en la senestre joe une pate de lyon, et, ains que il eust VIII. ans, elle fu velue et les ongles trenchans, et fist cel Anthoine moult a doubter. (ARRAS, c.1392-1393, 79). Et se viennent ferir des fers des lances aguz et trenchans sur le comble des escuz par telle maniere qu'il n'y ot nerf ne aiz qui ne feust perciez de part en part... (ARRAS, c.1392-1393, 231). Et cil tira un costel trenchant et agu, et l'en cuida ferir... (ARRAS, c.1392-1393, 50).

III. -

Part. passé. : ... un Sarrasin, qui venoit de celle part et avoit la dextre partie de toute la teste tranchie, tellement que l'oreille lui pendoit sur l'espaule, lui dist : Sire, ce sont deables qui sont entrez en vostre ost, qui tuent et abatent tout quanqu'ilz treuvent en chemin. (ARRAS, c.1392-1393, 229).