"Caractère inefficace de qqc." : Et par ce appert la nonsouffisance de sa policie. Apres il met a ce la quinte raison. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 93).
 

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Assez a qui a suffisance : [C'est Jean Voisn qui s'adresse à ses juges, évoquant ses rapports avec l'argent, dans un poème intitulé Supplication pour Jehan Voisin] Depuis que d'Arras me party, J'ay maintenu la povreté : Lors fus de peu de biens parti ; Je vis, sans avoir [ja] questé, Argent n'est point de mon costé, Il me souffit vivre a plaisance : Assés a qui a souffissance. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 773).

Rem. Morawski 2203 :Riche est cellui a qui souffist ; Hassell 232-233, S121.

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Belle chose est d'avoir suffisance : Ung veéz huy vif, de tous delisses plains, L'autre mourir en souspirs et en plains, Comme du cours naturel est l'usance. Se par vous sont les cas au vray actains, Qui du sien peult de vivre estre certains ? Belle chose est d'avoir suffisance. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 131).

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Celui qui laboure a vivre en suffisance V. labourer

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En coeur convoiteux n'a point de suffisance : Le trésor du roiaume metoit en retenance Et se l'apréhendoit du tout à sa plaisance, Qu'en ung cuer convoiteus n'a point de soufisance. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 364).

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Qui n'a suffisance, il n'a rien : LE MOUTON (s'adressant au loup). Qui n'a souffisance, il n'a riens. Convoitise faulse et perverse D'aultruy gouster bien terrïen M'a faict avoir ceste traverse, Dont je suis chut a la reverse Par malegarde, qui l'approeuve. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 666). L'HERMITE. Pour vie dure ou solitaire Mort ne donne de vivre espace ; Chascun le voit si s'en fault taire. Or requier Dieu q'un don me face : C'est que tous mes pechiés efface. Bien suis contens de tous ses biens Desquelx j'ay usé de sa grace : Qui n'a soueffisance il n'a riens. (Danse macabre C., 1485, 42).

Rem. Morawski 2013 : Qui n'a soufisance il n'a rien ; Hassell 233, S122.

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Rien ne faut en ce siècle, fors d'avoir suffisance : Riens ne faut en che siècle, fors k'on ait souffisçance, Mais les rikes gens voellent faire leur grant beubanche. Moyen pensent toudis comment ayent chevanche ; Li povre sont ketif, il n'est qui les avanche. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 7).

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Suffisance est un riche trésor/suffisance fait l'homme enrichir : Plus seurs vit povres en povreté, Aise de cuer, sains des membres du corps, Que roys ne fait, tristes en sa plenté : Souffisance est un tresriches tresors (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 10). Par souffissance sont riche mainte gent, Car qui qui l'ait il a joieuse vie, Et je l'ay avoecques moy, vraiement, Et dou tout l'ay mis en ma compagnie Pour les biens qu'en mon ami voi, C'amer je voel bonnement et en foy, Toute ma vie, sans ja faire retour, Quant des très bons il est tout le millour. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 26). Et quant ilz furent auprez de cest homme, ilz lui demanderent dont il venoit et où il aloit. "Seigneurs, dist-il, je voy ["vais"] ne m'en chaille où, comme ung povre homme que je suis." Adont respondy le preu Lyonnel et commença à dire : "Beaulx amis, cascun ne peut pas avoir villes, citez ou chasteraulx, mais seulle souffissance fait l'homme enrichir." "Sire, respondi l'homme, se cascun avoit soufissance, les glants et les fruits sauvages seroyent solvens a soustenir nature, et le poil qui sault de nostre peau seroit assez vesture contre le froit, et parainsy nous serions samblables aux bestes muez..." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 207). Nul n'est riche par grant chevance ; Mais riche est qui a suffisance. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 175). LE RELIGIEUX. L'on n'a pas telz biens sans labeur Et sans dangier. Las ! que feront Quant le leur lairront a doleur A ceulx qui s'en gaudisseront ? Une fois l'eure en mauldiront Et leur remordra conscience, Mais alors tart y pour voyront : Il n'est tresor que suffisance. (ALECIS, Déb. omme mond. P.P., c.1500, 147).

Rem. Morawski 2203 : Riche est cellui a qui souffist.
 

"Satisfaction" : ...plus te ficheras es delices du monde et plus te survendra de divers desirs, lesquelz te tourmenteront le cuer pour ce que acomplir ne les pourras ne du tout avenir a tes vouloirs, ne jamais ton cuer n'aura souffisance (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 20).
 

"Satisfaction, contentement"

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Avoir suffisance. "Être satisfait, comblé" : ...en se Veyent je prens plaisance Si tresgrant que plus ne veulx mie ! Maintenent, Dieu, j'ay suffisance ; Doleur en joye as convertie ! (Pass. Auv., 1477, 280).
 

A. -

[À propos d'une pers.]

1.

"Capacité intellectuelle" : Car se un prelat ou prince ou autre actribue a soy ou distribue a autres des biens et honeurs communs autrement que selon la proporcion de la dignité et souffisance des personnes, soit pour lignage ou pour amistié ou pour autre faveur, il fait mal et injustice, si comme il fu dit ou .XIXe. chapitre du quint livre et declairié en la glose. (ORESME, E.A.C., c.1370, 461).

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Au plur. Suffisances de qqc. "Compétences en qqc." : Et ainsi doit faire tout honme qui pour amour de philosophie est diligent et desirant d'avoir aucunes petites souffissances des choses dont nous avons tres grans doubtes. (ORESME, C.M., c.1377, 496).

2.

"Satisfaction" : Et est parfecte parce que elle [la cité] a terme et acomplissement de toute soufisance pour vie humaine (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 48).

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Administrer suffisance à qqn : Et sont mieulx tenuz administrer tele souffisance a leur parens que a eulz meïsmes. (ORESME, E.A., c.1370, 458).

3.

"Indépendance (de qqn)" : ...il est certain que Samuel gouverna le peuple de Israel comme roy et que il fu vray roy mesmement quant a ceste souffisance. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 150).

B. -

[À propos d'une chose] "Quantité suffisante de qqc." : Item, ce qui est dit semble estre vray pour cause de la souffisance de tel bien, car le bien qui est parfait doit estre par soy souffisant. (ORESME, E.A., c.1370, 118). Donques n'est il chose qui empeesche que l'en ne puisse bien dire un home estre beneuré qui oeuvre selon vertu parfaicte et a souffisance des biens qui sont dehors (ORESME, E.A., c.1370, 136).

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Loc. adv. À suffisance. "Suffisamment" : Item, ceci appert sensiblement a souffisance quant a creance humaine quar, en tout le temps passé selonc le memoire qui a esté baillié des uns aus autres, nulle chose n'est transmuee ou ciel ne en tout ne en partie. (ORESME, C.M., c.1377, 86).
 

"Modération, fait de se contenter de ce que l'on a " : DIEU. J'apparçoy la begnivolence D'Abel, qui vit en souffisance sans murmurer aucunement, Et Caÿn vit en desplaisance, Ayant en son cueur malveuillance Et soy plaignent incessanment. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 99).
 

A. -

"Contentement, satisfaction, plaisir" : Amie, amans vous mande aiez creance Que lassus a vostre lieu ordené Pour joie avoir et vivre en souffisance. (Mir. st Sev., 1362, 240).

-

Prendre qqc. en suffisance. "Prendre qqc. en gré, s'en satisfaire" : Sire, sanz plus faire d'atente, Me menez a vostre plaisance, Car je prendray en souffisance Vostre vouloir. (Mir. parr., 1356, 65). LE ROY. Seigneurs, en loing pais vous main : Toutes noz aises pas n'arons ; Prenons tout ce qu'avoir pourrons En souffisance. (Mir. roy Thierry, c.1374, 328).

B. -

[P. oppos. à outrecuidance] "Modération, tempérance" : ...on doit bien pour de bonne eure né Tenir le corps qui met toute sa cure A passer par la nef de netteté Soubz l'umbre du noble mast de droiture Par my la haulte mer d'oultrecuidance Tenant le gouvernail de souffisance (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 301).

C. -

"Honneur, dignité" : ...servons Amour en loyauté, Et s'aourons la glorieuse branche, Et nous serons en gloire coronné En haulte honnour et en grant souffisance. (Mir. femme, 1368, 233). Dont Origines dit : L'ange met devant a Marie la convenable souffisance de son concevement, et quant il dit Ave gratia plena ; après il li exprime du concevement la consequence, disant : Dominus tecum (Mir. fille roy, c.1379, 6).
 

I. -

"Biens matériels ou moraux susceptibles de satisfaire les besoins, les apisrations d'un individu" : Et lors qu'il [Dieu] verra noz bonnes voullentez, il penssera sy bien de nous que serons trestous riches de souffissance. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 5).

II. -

"Modestie, modération" : "...Vous estes assez bien vestue (...) Je vous prye, m'amie et ma compaigne, que souffisance soit nostre parement". (LA SALE, Sale D., 1451, 127).
 

A. -

"Satisfaction, contentement" : Et se tu gis en mendience, Tu n'avras mie pacience, Eins sera la main en balance D'estre larnesse. Si ne pris riens telle puissance Ou pais, seürté, souffissance N'a, fors doleur et meschëance, Pleur et destresse. (MACH., R. Fort., c.1341, 38). Je t'ay pluseurs fois oy dire Que tu ne vosisses eslire Autre bien n'autre souffissance, Fors que de sa douce sanlance Souvenirs et douce Pensée Fussent en toy sans dessevrée, Et que cil dui te garissoient De tous les maus qui te venoient. (MACH., R. Fort., c.1341, 59).

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Ne pas avoir souffisance de. "Ne pas être satisfait de" : Et qui vorroit plus souhaidier, Je n'os cuidier Si fol cuidier Que cils aimme de cuer entier Qui de tels biens n'a souffisance ; Car qui plus quiert, il vuet trichier, S'Amours tant chier L'a que fichier Deingne par l'ueil de son archier En son cuer d'eaus la congnoissance. (MACH., R. Fort., c.1341, 17).

B. -

"Suffisance, ce qui suffit, quantité suffisante" : Dont cils qui vit de si douce pasture Vie d'onneur puet bien et doit mener, Car de tous biens a a comble mesure, Plus qu'autres cuers ne saroit desirer, Ne d'autre merci rouver N'a desir, cuer, ne bëance, Pour ce qu'il a souffissance ; Et je ne say nommer ci Nulle autre merci. (MACH., R. Fort., c.1341, 72). Or tien dont son pooir si vil Qu'aies de toy la signourie. Garde que Raisons te maistrie Et qu'aies en toy pacience Et la vertu de souffissance, Car bonneürtez vraiement Vient de souffrir pacienment, N'il n'est homme, a mon essient, Que quant il est impacient, Qui ne vosist avoir fait change De son estat a un estrange. (MACH., R. Fort., c.1341, 91). Cils qui plus en a, plus li faut. Dont ont li roy plus grant deffaut Que n'ont la povre gent menue, D'or, d'argent et de joiaus nue, Et par deffaut de souffissance, Car en leur cuer se boute et lance Un ardant rain de convoitise Qui si les ambrase et atise Qu'il les art jusques es entrailles (MACH., R. Fort., c.1341, 101).

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P. personnif. : Encor te pri je trop de cuer Que tu n'oublies a nul fuer Les deus precieuses vertus Que je t'ay nommé ci dessus : L'une est Souffissance la belle, L'autre est Pacience, s'encelle. (MACH., R. Fort., c.1341, 102). Mais li juges qui sagement Voloit faire son jugement Tantost leur imposa silence, Fors seulement a Souffissance Et a Doubtance de meffaire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 246).

C. -

"Abondance" : C'est puissance en mendicité ; C'est repos en adversité ; C'est famine en cuer saoulé ; C'est joie ireuse. C'est souffrance la rigoreuse ; C'est souffissance couvoiteuse ; C'est pais dolente et rioteuse ; C'est vanité ; C'est pacience dongereuse ; C'est diligence paresseuse (MACH., R. Fort., c.1341, 42).
 

"Satisfaction"

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[A1 humain] a sa suffisance de [A2] "[A2] lui suffit, il a ce qu'il voulait" : Et vueil bien que chascun sache que jamais la mer en Engleterre ne repasseray, tant que je auray ma plaine souffisance du royaume de Castille, ou je demorray en la paine (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 311).

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[A2] est à la suffisance de [A1 humain] : ... se intencion estoit tèle que il voloit passer oultre et entrer ou royaume de France, sans jamais rapasser jusques adonc que il aroit fin de guerre, ou pays à se souffissance et à se grant honneur, ou il morroit en le painne (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 198).
 

"Modération, sagesse" : ...le dit exposant nous eust esté tesmoingné par noz amez et feaulx conseillers (...) estre le meilleur ouvrier qu'ilz sceussent en nostre royaume pour le dit fait et, pour cause de ce qu'il ne prenoit ou avoit aucuns gaiges, considerans sa souffisance, eussions ordonné que il venist par deça afin qu'il eust gaiges tauxez et assignez (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1390, 201).
 

"Capacité, aptitude" : ...le Roy, acerteinné de la suffisance et bien desdiz IJ contendans, a volu que Chastelmorant soit bailli (BAYE, II, 1411-1417, 9). Ce jour, ont esté commiz maistres G. de Villiers et M. du Boz à soy informer de l'insuffisance de messire Simon de Dreux, bailly à present de Chartres, et de la suffisance de Giles d'Eschanviller. (BAYE, II, 1411-1417, 271). Ce jour, après ce qu'il est apparu à la Court de l'ydoneité et souffisance de maistre Gravier Aubry, ycelle Court a admis ledit Aubry à l'office de greffier ou clerc des Requestes du Palais (FAUQ., II, 1421-1430, 263).

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Estre en suffisance d'un office. "Exercer un office avec compétence, avec les qualités requises" : ...et leur fut commendé (...) que plus ne se feissent ou souffrissent appeller maistres, s'ilz n'estoient graduez en science ou ancienz d'aage et en office, et aussy en suffisance de l'office (BAYE, I, 1400-1410, 88).