C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/sentir 
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 Article 1/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[]

A. -

Empl. trans.

 

-

Le panier sent toujours le hareng V. hareng

 

-

Qui sent son cul ortier, envis ("difficilement") se tient de fremier ("s'agiter")

 

-

Si on blesse le corps du fils, le coeur de la mère le sent V. mère

 

-

Toujours sent le mortier les aulx V. mortier

 

Rem. Cf. aussi Morawski : Tel samble[ent] estre bon par dehors qui sont mauvais par dedens.

B. -

Empl. pronom.

 

-

[Se sentir de qqc.]

 

.

De la maladie qui vient du chef se sentent tous les membres V. maladie

 

.

Si le pasteur laisse une de ses brebis rogneuse, toutes les autres s'en sentiront V. pasteur

 

-

[Se sentir + attribut]

 

.

Puis qu'on se sent féru on se doit revenger V. férir

 

.

Si tu te sens ripeux, si te gratte V. gratter

C. -

Empl. inrans. Plus brasse on la fange, et plus doit mal sentir V. fange
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[DÉCT : sentir ]

I. -

"Éprouver une sensation, ressentir" : Si sent tel douleur que bien cuide Ardoir (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 65).

II. -

"Éprouver un sentiment, avoir un avis"

A. -

[L'obj. est une complét. en que] "Avoir le sentiment que" : ...car il [Pâris] scet et sent Qu'a Troye l'amenra [Hélène] (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 63).

B. -

[L'obj. est un subst. accompagné d'un attribut ; équivaut à une complét. en que à verbe estre] "Être d'avis que" : Et, pour ce, veult qu'en cel affaire A leur bon vueil, en toutes sommes, Facent, car moult les sent preudommes. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 154).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[DÉCT : sentir ]

A. -

"Percevoir, éprouver une sensation, une impression"

 

1.

[Par l'intermédiaire des sens]

 

a)

[Une odeur] "Percevoir par l'odorat" : L'odeur que je sens est tresbonne ; Mes encore le corps vault mieulx. (Pass. Auv., 1477, 260).

 

b)

[Une sensation physique] : Que ce medicin est bon maistre ; Je ne sans plus nulle doleur. (Pass. Auv., 1477, 129).

 

c)

[Un phénomène psychique] Sentir + prop. inf. : Or suis je entre tous maulditz, Le plus mauldit qu'onques fut né. Je sens troubler mes esperitz, Veu que suis a mort delivré. (Pass. Auv., 1477, 207).

 

2.

[Par l'intermédiaire de l'intellect] "Avoir, prendre conscience de"

 

-

[Dans un cont. métaph., le suj. désignant une collection d'inanimés, les quatre éléments : air, terre, eau, feu] : Les elemens deussent perir, A neant venir, Sentent la mort de leur createur. (Pass. Auv., 1477, 247).

B. -

"Exhaler, répandre (une odeur)"

 

-

Sentir bon. V. bon2

 

-

Sentir mal. V. mal1

 

Rem. Dans ce sens, attest. antérieures à celles fournies par les dict. à ce jour (1530 et 1538 ds FEW XI, 468b, s.v. sentire).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe trans. et intrans.
[DÉCT : sentir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Percevoir qqc." : Et le touchement sent chaut et froit, etc. (ORESME, E.A.C., c.1370, 276).

 

-

Au passif : Et par consequant, infini ne puet mouvoir ou alterer infini en temps fini ne en temps infini, quar jamais ne seroit fait. Et donques se tot corps sensible ou qui puet estre senti par quelconque sens naturel a en soy vertu active ou passive ou touz les .II. (ORESME, C.M., c.1377, 124).

 

-

Sentir + prop. inf. "Être conscient du fait que" : Et ce dient Ptholomee et les autres aucteurs qui ont tractié des poies des choses, et le prouvent par ce que se un honme est bien en parfont en eaue, il ne la sent en rien peser sus soy aussi comme non fait celui qui est pres de la superfice de l'eaue. (ORESME, C.M., c.1377, 706).

 

-

Sentir que + complét. : Et le voiement n'est pas pour ce deceu, car il ne sent ou voit fors que mouvement est. (ORESME, C.M., c.1377, 536).

B. -

"Flairer qqc." : Et la cause pourquoi nous ne le oiions pas, ce n'est pas pour l'acoustumance, si comme aucuns disoient, mais est pour ce que nos sens ne sont pas bien disposéz a ce, aussi comme les chiens veneurs sentent et oudourent telles choses que nous ne povons sentir. (ORESME, C.M., c.1377, 472).

C. -

"Ressentir qqc." : ...car ceuls qui ont vertu sentent les passions et de [l. de ce se m. d'apr. ms. X, 33c] se meuvent aucunement, tant comme il convient et non autrement et selon toutes les circonstances qui y pueent et doivent estre mises par raison. (ORESME, E.A., c.1370, 153). Et de ceste delectacion ici le corps ne en sent ou sueffre aucune chose principalment, mais la pensee s'i delicte. (ORESME, E.A., c.1370, 220).

II. -

Empl. intrans. "Porter un jugement" : Car la malice opposite a vertu pervertist le jugement et fait mentir et sentir faulx vers les principes pratiques. (ORESME, E.A., c.1370, 357).

 

-

"Avoir une intuition" : Et toutevoies, aucune fois en tenant un faulz opinion l'en sent et est l'en aussi comme contraint a confesser aucune verité (ORESME, C.M., c.1377, 382).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[T-L : sentir ; GDC : sentir ; DÉCT : sentir ; FEW XI, 467a : sentire]

I. -

Empl. trans.

A. -

[D'un être animé]

 

1.

"Percevoir, éprouver, par l'intermédiaire des sens, une sensation physique qui renseigne sur l'état de l'organisme ou sur le milieu extérieur"

 

a)

[Par le toucher ou par sensation interne]

 

-

[Un corps matériel] : Il me fault clore la fenestre, Il pleut, j'ay santu une guoute. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 28).

 

.

[Constr. factitive] Faire sentir son espee à qqn. "Transpercer quelqu'un d'une épée" : Cil seroit bien outrecuidier Quil le roy deffïer vouldroit. Certes, mou'chier le conparroit, M'espee luy feroie santir. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 105).

 

-

[Une femme] "Avoir des relations charnelles avec" : Or sai ge bien, en bonne foy, Vous n'estes pas grosse de moy, Quil, pour celluy Dieu quil ne ment, Je n'oux oncques le hardiement J'ossasse vostre corps samtir. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 58).

 

-

[Un phénomène physique] : Je vous veulz compter les demainnes De ceulx d'enfert, quel doleur sante. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 147). Il ne sent poim de la challeur. Par dieu, c'est ung droit enchanteur Qui use de enchantemant ; Il c'est ousté le senctemant. Il ne sent ausi peu que pierre. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 240).

 

.

Sentir qqc. + attribut : Doulz Saint, je vous pry que ma voie Aie cy endroit emploïe Tant que ma jambe soit garie. Dieu a fait vertu bien pleniere : Ma jambe sanz toute legiere. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 36).

 

-

[Un mouvement] Sentir qqc. + inf. : Je sans l'arche aller sur les undez (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 28).

 

b)

[Par l'odorat] : Tenez, sentez a la narine : Se vous semblera, sans mentir, Ung paradis a le sentir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 801).

 

c)

[Par le goût] : Onc cy bonne eaul ne santy Par mon Dieu, comme ceste cy (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 38).

 

d)

[Par l'ouïe] "Entendre" : Il a esté pris au trapas, Car je l'ay bien senty crier. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 46).

 

2.

"Percevoir par l'intermédiaire de l'intellect"

 

a)

"Savoir, s'enquérir"

 

-

Sentir si + interr. indir. : Diables, il vous fault enveïr Ceulx que Dieu fist a sa sanblance. Serpent, de la aler t'avence Sentir s'on les peult decevoir. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 15).

 

b)

"Prendre conscience de" : Reçoy mon don si vray que tu le sens Offrir de cueur et, pour totalle somme, Present te faicts d'or, de mierre et d'encens, Toy demonstrant Dieu, roy et mortel homme. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 308).

 

3.

"Percevoir par l'intermédiaire de l'affectivité"

 

-

Sentir qqc. + attribut : J'ay sentu mon cueur en tel point Qu'on ne le sauroit concepvoir. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 929).

B. -

[D'une chose] "Exhaler, répandre (une odeur)" : Cest choux sante je ne say quoy, Tu as mise malvoise herbe. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 61). Mangue ! - Fort, il sant la merde ! Tresmeschant villain, craiche ! craiche ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 61).

II. -

Empl. pronom.

A. -

"Avoir conscience de l'état dans lequel on se trouve"

 

-

Se sentir + attribut : Les chevaliers qui l'ont trahy S'enfuient, ilz se sentent coulpables. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 184).

B. -

Se sentir de qqc. "Se ressentir de, continuer à éprouver les effets d'un mal physique" : [Nous] sommes flebles et mates Tant du vent et de la tourmente Et de la peine de la mer ; Il n'est celuy qu'il ne s'en sente. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 110).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[DÉCT : sentir ]

"Sentir"

A. -

Empl. trans.

 

1.

"Saisir par les sens, percevoir" : Seigneurs, a ce que voy et sens, Combatre nous convient sanz faille. (Mir. Clov., c.1381, 262).

 

-

[Suivi d'une prop. introd. par que] : Ore pour ce que voi et sens A voz maintiens que vous m'amez... (Mir. nonne, 1345, 320).

 

-

[Suivi d'une prop. inf.] : DEUXIESME SERGENT. (...) Vez la, ne le puis plus tenir. Ma main sens morte devenir : Perdue l'ay. PREMIER SERGENT. Après toy n'ay pas long delay. Les moies deus sens si mal estre Qu'i me semble que goute flestre Les me menjusse. (Mir. st Panth., 1364, 353).

 

-

Part. prés. en empl. adj. "Doué de sensation" : SUER MARIE. Sire, nous prenons sur noz testes Qu'elle [l'abbesse] est grosse d'enfant sentant. (Mir. abbeesse, 1340, 79).

 

-

En partic. "Avoir la sensation d'(une odeur)" : Onques mais je ne senti chose Si bon flairant, ne lis ne rose, Ny autre espice. (Mir. ev. N.D., c.1348, 82).

 

2.

"Avoir conscience de qqc., discerner, deviner qqc."

 

-

[Suivi d'une prop. compl.] : En mon seant me vueil lever : Je sens bien trop me suis tenuz Gisant. (Mir. st Sev., 1362, 208).

 

-

[Avec obj. et attribut de l'obj.] : De nous ne vient fors que pechié ; Et j'en sens mon cuer empeschié D'un dont je vueil qu'il soit curé. (Mir. mère pape, c.1355, 353).

 

3.

"Ressentir, éprouver" : Alez ci devant moy chantant Que son cuer soit joie sentant En vous oir. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 151).

B. -

Empl. intrans. "Répandre une odeur"

 

-

[Suivi d'un adv. en empl. adj.] : Par m'ame, oil. Diex ! qu'il sent bon ! Onques mais je ne senti chose Si bon flairant (Mir. ev. N.D., c.1348, 81). Vez en ci une [nappe] belle et blanche Qui sent souef conme permanche (Mir. Amis, c.1365, 53).

C. -

Empl. pronom.

 

-

[Suivi d'un attribut] "Avoir l'impression d'être dans tel état" : Je croy ne vivray longuement, Car malade me sens forment. (Mir. st Guill., c.1347, 49). Nanil, biau filz, trop me senz voir De mal ataint. (Mir. st Guill., c.1347, 49).

 

-

[Suivi d'un compl. introd. par de] "Éprouver qqc." : Mére de Dieu, (...) De ta bonté tresexcellente Est il nulz homs qui ne se sente ? Nanil voir, se puis je bien dire. (Mir. prev., 1352, 266).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[DÉCT : sentir ; FEW XI, 467a : sentire]

MÉD. "Ressentir, avoir une sensation" : Quiconques a douleur en aucune partie du corps [et] ne la sent, icelle gent leur vertu sensitive est malade. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 58).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[DÉCT : sentir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

Sentir qqc.

 

1.

"En respirer l'odeur" : Puis nous avons les roses et boutons Qu'en noz maisons pour sentir [nous] boutons : La lavende, marjolayne, muguet, Semblablement le lis et le mirguet, Le doulx aspic et redolant cyprés Dont la santeur suyt les gens de si prés Que bien souvant le cueur s'en resjoÿst (LA VIGNE, S.M., 1496, 332).

 

2.

"Percevoir" : DIEU [à saint Martin]. (...) En paradis je m'en suis revestu Et ne m'en suis depuis lors devestu, Pour toy donner plainement a entendre, Par le grant bien que j'ay de toy sentu, Mon membre s'est de tous maulx absentu, Quant dessus luy cecy volus estandre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 210).

B. -

Sentir qqn + inf. "Prendre conscience (que)" : Certes quant ilz t'ont sentu approcher, quelque oultrageux ne terribles qu'ilz fussent, fouyr leur a mieulx valu que une mauvaise attente. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 299).

II. -

Empl. pronom.

A. -

Se sentir de qqc. "S'en ressentir, en être affecté" : LE NEPVEU. Hellas, ma cousine, m'amye, Du mal ne se sentoit hÿer, Car je fus une heure et demye Avecques luy m'esbanoyer. (LA VIGNE, S.M., 1496, 489).

B. -

Empl. pronom. réciproque. "S'entendre" : ...aprés grans collocussions Du roy au duc saigement ordonnees Et grans raisons l'un a l'autre donnees, De leurs certaines ymaginacions Touchant le fait des simulacions ; Dont tost aprés les approbacions Furent congneues, car tous deux se sentirent, L'un par la mort, l'autre en vexacions Fut estoqué ; mais de telz actions Parler ne veulx : amys se departirent. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 163).

 

Rem. Le sens est douteux ; l'éd. donne : «se détester». Peut-être faut-il lire s'a[s]sentirent ?

III. -

Empl. intrans. "Dégager une odeur" : LE LADRE. (...) Langueur, rigueur me tient soubz las De douleur et extreme raige, Fort sentant mon muguelïas ; Pourry suis pour tout ralÿas, Dont souvant je me descouraige. (LA VIGNE, S.M., 1496, 464).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 9/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[DÉCT : sentir ]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

"Déceler la présence de qqn grâce à son odeur" : ...et, s'il est venu de loingz, soit avant pourveu que ses gens et chevaulx soient raffreschis en parc, que ne puissent estre sentiz. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 243).

B. -

Au fig. "Reconnaître intuitivement une évidence" : ...vous sentez le tort, et il est ainssy ! (LA SALE, J.S. E., 1456, 416).

II. -

Empl. trans. indir. "Éprouver" : Le petit Saintré qui encores, comme dit est, n'avoit senti ne gousté des amoreux desirs nullement (LA SALE, J.S., 1456, 8).

III. -

Empl. pronom. Soi sentir de

A. -

"Se ressentir de" : ...[vous] me donnastes deux saulz de trousse, dont encores je m'en sens (LA SALE, J.S. E., 1456, 431).

B. -

Au fig. "Ressentir, prendre sa part de" : Et, car il me semble que sa tresbelle dame aucunement se doit sentir de l'onneur qu'il a ce jour acquis, et pour ce vous prie que de par moy ce petit affiquet vous lui bailliés (LA SALE, J.S., 1456, 132).

IV. -

Empl. trans. ou pronom. [Constr. incertaine] (Soi) sentir + inf. "Éprouver intérieurement que" : "Hélas ! ma dame," dist le seigneur de Saintré, "et pour quoy dictes vous cecy ?" - "Je le dy car vous sentez avoir tort et il est ainsin." (LA SALE, J.S., 1456, 282).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 10/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[DÉCT : sentir ]

"Sentir"

A. -

"Avoir une sensation"

 

-

[A1 animé] sent [A2 concret] : …qant il sentirent ces saietes qui lor perchierent bras et poitrines, et lors ceoient sus lors visages et de plus lonc que il ne pooient traire, se conmenchierent a esbahir et furent tantos desconfi. (FROISS., Chron. D., p.1400, 728).

B. -

"Ressentir"

 

-

[A1 humain] se sent de [A2 abstrait] "Il s'en ressent" : Le roy d'Espaigne passa ces nouvelles et passer luy convint, car trop luy eust cousté se il le voulsist avoir amendé, mais il n'en sceult pas meilleur gré aux cappitaines et leur remonstra ; en quoy, je vous diray. Au partir, quant ilz prindrent congié du roy pour retourner en France, se il fust bien de eulx, si comme on puet bien supposer, il les eust plus larguement paiez qu'il ne fist et bien s'en sentirent ; (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 131).

C. -

"Comprendre, savoir de manière plus ou moins affective et intuitive"

 

-

[A1 humain] sent que [A2 phrase à l'ind.] : Li rois, ..., comsideroit bien toutes ces coses, et sentoit aussi que on li disoit verité (FROISS., Chron. D., p.1400, 820). Messire Jehan, vous devez bien savoir et sentir que les Franchois prendront sur vous et sur noz gens, ou cas que ilz nous voyent dangier, tout l'avantaige comme ilz pourront. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 115). Li contes de Montfort, ... entendi et senti de costé, par ses amis lesquels il avoit en France, ..., que mesires Carles de Blois se nonmoit et escripsoit dus de Bretagne, (FROISS., Chron. D., p.1400, 477). Qant li rois vei les chevaliers venus, il senti tantos que il aportoient nouvelles ; (FROISS., Chron. D., p.1400, 223).

 

-

[Renforcé par] bien : Qant les honmes de Auberoce veirent les Englois venus devant euls, si les doubterent grandement, pour tant que, en venant jusques a la, il avoient conquis par force ausi forte ville que la lour estoit. Et sentoient bien que de lor signour il n'averoient nul confort, (FROISS., Chron. D., p.1400, 612). Je sent bien et congnois que aler m'en convient en la conmune voie, ensi que li aultre vont. Je vous laisse ma fenme la roine enchainte. (FROISS., Chron. D., p.1400, 174).

 

-

[A1 humain] sent que [A2 phrase au subj.] . : Il pria que on vosist donner a sentir au roi d'Engleterre que il envoiast honme notable parler a lui, car il voloit entrer en trettié. (FROISS., Chron. D., p.1400, 835).

 

-

[A1 humain] sent [A2 interrogtive indirecte] : Au son des tronpetes dou roi, se armerent et apparillierent tous signeurs et toutes aultres gens ; et tant en i avoit grant fuisson, que il missent plus de demi jour a widier hors d'Abeville. Et devés sçavoir que onques nobles gens, qui deuissent sentir et comsiderer que c'est de tels coses ne se ordonnerent pis, ne issirent de bonne ville ne ne missent sus les camps, que les François fissent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 721). ...qant li rois d'Engleterre vei que point il ne venroit a son entente..., il eut consel que il ... s'en iroit a tout .Vc. armeures de fier ... veoir ses gens devant la chité de Rennes, et sentir d'autre part se riens il poroit conquerre, car trop li anoioit a estre longement sus une place et riens faire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 582).

 

-

[A1 humain] sent à [A2 inf.] : Vous dirés ensi a nostre fil d'Engleterre, de par nous, et a son consel, que tout le bon droit que ils sent a avoir en l'iretage et couronne de France, il le demande et calenge. (FROISS., Chron. D., p.1400, 250).

 

-

[A1 humain] sent [A2 nom abstrait] : …les dames, qui sentoient la venue des Englois, estoient retraites en la forte ville de Ribeumont (FROISS., Chron. D., p.1400, 325). Li rois d'Engleterre entendoit bien as paroles messire Godefroi de Harcourt et les sentoit et concevoit assés, (FROISS., Chron. D., p.1400, 674).

 

2. -

[A1 humain] sent [A2] [A3, qualificatif] : Li gentils chevaliers estoit en prison en Chastellet et non a sa plaisance, car il sentoit le roi de France durement creuls et hauster, et son consel desraisonnable (FROISS., Chron. D., p.1400, 757). Et la estoit la bonne roine d'Engleterre, la tres vaillans dame, de quoi tout estoient plus rencoragiet assés, de ce que il le sentoient avoecques euls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 775). Et le duc de Bourgoingne et autant bien les aultres nobles et haulx barrons de France et du conseil du roy sentoient le duc de Bretaigne en grant different contre le royaulme (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 230).

 

-

[A1 humain] se sent [A3, qualificatif] : …il ne se sentoient pas pourveu assés de gens d'armes, (FROISS., Chron. D., p.1400, 313). ...et fu li dons demandés en remunerant les services que fais li avoit. Messires Carles ... li otria sa demande legierement, car il se sentoit moult tenus a lui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 550). Quant les nouvelles furent venues ad ce archevesque d'Yorth, il se doubta, car point ne se sentoit bien en la grace ne amour des oncles du roy, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 81). Ceulx qui se sentoient entechié de maladie et foible de corps, et qui desiroient à renouveler l'air, sy departirent du plus tost qu'ilz peurent (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 109).

 

-

[A1 humain] sent [A2] [A3, complément de lieu] : ... il sentoient la contesse a Brest, (FROISS., Chron. D., p.1400, 518). Et cevauçoient ensi, par ordenance que il avoient fait ou pais de Vexin et de Vismeu, et ne se esfreoient de riens, puisque il sentoient la riviere de Sonme deriere euls. (FROISS., Chron. D., p.1400, 713).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 11/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[T-L : sentir ; GDC : sentir ; DÉCT : sentir ; FEW XI, 467a : sentire ; TLF XV, 342b : sentir]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Le suj. désigne une pers.]

 

1.

"Percevoir par les sens"

 

a)

"Éprouver [une sensation physique]" : RAISON À MOÏSE. Tes cornes sont de limeçon Qui se mucent pour .I. festu, Tout aussitost com l'ont sentu. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 758). Mes point ne me laissa l'ardeur [de l'enfer] Que je sentoie et la chaleur (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 3800).

 

b)

"Chercher à percevoir l'odeur de" : En tout le monde n'a jouel Qui a tous doie estre si bel Pour eux jouer et soulacier Com li [la pomme] et pour eux elleecier [ms. allectier], Li sentir et li hodourer Et sa doulceur souvent gouster (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 6687).

 

Rem. Cf. FEW XI, 468b : « (seit 1530, Palsgr 722) ».

 

2.

[Par l'intermédiaire de l'affectivité] "Ressentir, éprouver [un sentiment]" : ...Dieu ot miseracion D'eux [les damnés] par abbreviacion De leurs paines et leurs tourmens, Et leur fist tex alligemens Que jusques a sa venue Nulle paine d'eux sentue Ne seroit fors que l'absence De sa vëue et carence. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 3770).

 

Rem. Part. avec -u normand à la place de l’i désinentiel français (cf. Moisy, Dictionnaire du patois normand, Caen, Delesques, 1887 [1969], p. XC).. Pour le sens, cf. FEW XI, 468b.

B. -

[Le suj. désigne une chose.] "Exhaler une odeur"

 

Rem. Cf. FEW XI, 470b.

 

-

Sentir sac à cumin. V. sac

II. -

Empl. pronom.

A. -

Se sentir + adj. "Avoir le sentiment d'être" : Mont me sent obligié a toi (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 11235).

B. -

Se sentir de qqc. "Se ressentir de, continuer à éprouver les effets de qqc." : Onques ne s'en tourna vers li Ne de son tast ne se senti. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 4232). Se lonctemps j'ai esté beste, À ce, Virge, je m'arreste Que de ta grace me sente. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 10961).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 12/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[DÉCT : sentir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

Empl. trans. dir.

 

1.

Sentir qqc.

 

a)

"Avoir une perception sensorielle de cette chose" : ...elle vouldra, moy la venu, sentir et taster la lance dont j'entens fournir mes armes [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 107). ...il advint au dit Thomas une adventure, car il sentit soubz sa cuisse le dyamant que le dit Jehan Stotton y avoit laissé [dans le lit] (C.N.N., c.1456-1467, 391). ...il sembloit mieulx hors de son sens que aultrement, tant sentoit grand doleur. (C.N.N., c.1456-1467, 535).

 

b)

"Avoir une intuition, le sentiment de qqc." : L'amoureux malade, sentent l'heure tresdesirée, se met au chemin devers l'ostel a la merciere (C.N.N., c.1456-1467, 50). ...le pouvre patient (...) oublyoit la moitié de son mal quand il sentoit la presence de sa dame. (C.N.N., c.1456-1467, 503).

 

2.

Sentir qqn. + adj. "Percevoir cette personne comme telle, être sensible à ce qu'elle est" : La fille, voyant et sentant celuy dont elle se doubtoit emprisonné, poursuyvoit roiddement le prevost qu'il luy feist justice (C.N.N., c.1456-1467, 159). Et elle, sentant son mary desja vieil et ancien, et ayant la promesse desusdicte, se reputoit desja comme sa femme. [Elle a un amant] (C.N.N., c.1456-1467, 415).

 

3.

Sentir qqc. + adj. "Percevoir cette chose comme telle" : ...au taster qu'il fist hurta sa main d'aventure a son tetin, qu'il sentit tresdur et poignant (C.N.N., c.1456-1467, 250).

 

4.

Sentir qqn + adv. ou compl. circ. : ...madamoiselle le sentent tout la dessus, fait ung sault jusques a l'huys [Le retour du mari la surprend en compagnie de son amant] (C.N.N., c.1456-1467, 243). ...ceste dame sentent son serviteur le chevalier dessusdit en son hostel, devers lequel elle ne povoit aller (...) s'advisa de luy mander par la damoiselle qu'il eust encores ung peu de pacience (C.N.N., c.1456-1467, 268).

 

5.

Sentir que

 

a)

"Constater concrètement que" : Mais (...) je suis seure que si tost qu'il sentira que je seray hors de l'ostel il s'en ira a la taverne (C.N.N., c.1456-1467, 527).

 

b)

"Avoir le sentiment que" : Monseigneur (...) sentant aussi que assez longue espace a laissié son hostel et sa femme, que moult la regrecte et desire (...) dispose son partement (C.N.N., c.1456-1467, 110). ...par ce compte avez oy que les trois advis que le bon pere bailla a son filz ne sont pas a oublier. Si les retienne chacun pour autant qu'il sentira qu'il luy peut toucher. (C.N.N., c.1456-1467, 337).

 

6.

Sentir + prop. inf. : ...il print regle et coustume de la venir visiter a toutes les foiz qu'il sentoit le mary estre absent (C.N.N., c.1456-1467, 441).

 

7.

Sentir + interr. indir. : ...el est contente qu'il entre vers elle, mais qu'elle sente et sache premier de quelles lances il vouldra jouster encontre son escu. (C.N.N., c.1456-1467, 107).

B. -

Empl. trans. indir. Sentir de qqc. : ...mon plus grant regret si est qu'il fault que je meure avant que savoir et sentir des biens de ce monde. (C.N.N., c.1456-1467, 347). ...disent les maistres qu'elle eschappa de mort a cause d'avoir senty des biens de ce monde. (C.N.N., c.1456-1467, 351).

II. -

Empl. intrans.

A. -

"Exhaler une odeur" : ...le banda et envelopa de draps linges, et le dora d'aucun oignement tresfort sentent (C.N.N., c.1456-1467, 535).

B. -

"Éprouver une sensation" : ...il me semble si je peusse quelque pou sentir avant ma mort, ma fin en seroit plus aisée et plus legiere a passer (C.N.N., c.1456-1467, 348).

 

-

[Possibilité d'haplologie] : ...vint descendre ses parolles a parler de sa maladie, qui estoit mortelle et incurable, comme elle bien sentoit et cognoissoit (C.N.N., c.1456-1467, 141).

 

-

[Empl. abs. ou compl. sous-entendu ?] : Sa femme, l'oyant en ce point, saillit avant, monstrant plus de semblant d'effroy qu'elle ne sentoit beaucop, et le print aux braz (C.N.N., c.1456-1467, 438).

III. -

Empl. pronom. Soi sentir

 

-

Soi sentir + adj./compl. circ. "Avoir le sentiment d'être" : ...ne l'eu pas si tost avalée[de la neige] que ne me sentisse en trestout tel estat que je me suis trouvée quand mes aultres enfans ay porté (C.N.N., c.1456-1467, 128). ...elle se sentoit la plus forte en la place. (C.N.N., c.1456-1467, 244). ...une belle fille, gente et jeune, se sentit ferue de la maladie (C.N.N., c.1456-1467, 347).

 

-

Soi sentir + inf. : Entre les cas ou il se sentoit l'avoir courroussée, luy declara comment il estoit bien recors qu'il l'avoit troublée (C.N.N., c.1456-1467, 515).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 13/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[T-L : sentir ; GDC : sentir ; DÉCT : sentir ; FEW XI, 467a : sentire ; TLF XV, 342b : sentir]

I. -

Empl. trans. "Percevoir par les sens" : ...quant icelle Gilete vouloit que ledit de Ruilly, qui avoit esté son ami, empirast de la maladie que il avoit et sentoit, elle prenoit iceulx voult de cire et crapoux (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 293). ...ce que elles cuidoient avoir sentu et que elles disoient estre enfant, estoient mauvaises humeurs acumulées ensamble en son corps, par quoy elle estoit ainsi ronde (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 297).

 

-

Sentir que + ind. : ...comme elle ot dormi son premier somme, senti que l'en la bouta du genouil, et, en soy esveillant, oy et entendi que c'estoit ledit Thevenin (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 57).

II. -

Empl. pronom. "Se reconnaître" : ...et lors li dist ledit visconte que s'il se sentoit proudome, il faisoit folie de prendre francise de l'eglise, et qu'il alast hors et parlast à luy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 382).

III. -

Part. prés. en empl. adj. Enfant sentant. "Enfant que l'on sent bouger (en cours de grossesse)" : ...elles, à grant diligence, ont veue et visitée Jehanne La Cordiere, prisonniere detenue en Chastellet, et tiennent et croyent fermement et en leurs consciences que icelle prisonniere est grosse d'enfant sentant de cinq mois ou environ. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 297).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 14/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[T-L : sentir ; GDC : sentir ; DÉCT : sentir ; FEW XI, 467, 468a, 471a : sentire ; TLF XV, 342b : sentir]

I. -

Empl. trans.

A. -

[D'une pers.] "Se rendre compte de qqc., reconnaître qqc." : ...s'aucuns bourjois ou bourjoise, ou aucuns enfés de bourjois estoit sievis de le justice à veue d'eschevins et li justice li met sus cas criminel, li dite justice doit faire sentir le cas, ou renommée ou presumption vehemente, dedens trois jours (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 85).

 

-

Empl. abs. : ...s'aucune persone sacle, par yre faite, espée, ou coutel ou arme esmolue sour autrui et li justice le fait sentir, jugiés doit estre a soissante lb. au pourfit du seigneur (Hist. dr. munic. E., t.2, 1334, 83).

B. -

[D'une chose] "Avoir le caractère de ; dénoter, indiquer qqc." : Et sentoient lesdictes lettres aucunement menaces (Ch. VI, D., t.2, 1418, 67).

II. -

Empl. intrans. "Éprouver une sensation physique, souffrir" : ...en la dicte prison a esté et est le dit suppliant si blecié des fers qu'il a euz en une jambe qu'il ne sera de toute sa vie qui ne sente. (Doc. Poitou G., t.4, 1372, 115).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 15/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[DÉCT : sentir ]

I. -

Empl. trans.

A. -

Empl. trans. dir.

 

1.

[Le suj. désigne une pers.] "Percevoir par l'esprit, comprendre"

 

-

[Suivi d'une prop. compl. introd. par que] : ...et s'il sembloit expedient, que le roy de Sicile seul assemblast premierement devers nosdis seigneurs audit lieu de Mante, l'en a assez senti que par ce ne demourra pas si grant bien. (BAYE, II, 1411-1417, 120).

 

-

[Suivi d'une prop. interr. indir.] : Or povez sentir en quel estat estoient povres gens qui n'avoient ne pain, ne vin, n'argent, ne busche, et qui avoient povre mestier et foison d'enfans. (BAYE, I, 1400-1410, 213).

 

2.

[Le suj. désigne une chose] Sentir opposition. "Présenter les apparences de la contestation" : Sur quoy la Court l'a requiz qu'il venist et seist entre les seigneurs de ceans, veue la response par lui faicte qui n'estoit pas bien raisonnable, maiz sentoit opposition (BAYE, I, 1400-1410, 193).

B. -

Empl. trans. indir. Sentir de qqc. "Se rendre compte, s'apercevoir de qqc., connaître qqc." : ...aucuns de messeigneurs de ceans iroient devers le chancellier de Bourgoigne, les autres devers le chancellier de Guienne, les autres devers le Roy Loiz, autres devers monseigneur le Dauphin, autres devers le prevost de Paris, pour sentir de l'entention de nosseigneurs de France (BAYE, II, 1411-1417, 45).

II. -

Empl. pronom.

A. -

Soi sentir + attribut. "Avoir l'impression, le sentiment d'être" : ...combien que je me sentoie ancores sain et entier, et n'estoie ne rompu ne froissié, mais seulement ploié (BAYE, II, 1411-1417, 273).

B. -

Soi sentir de qqc. "Se ressentir de qqc., éprouver les effets, les conséquences (physiques ou psychiques) de qqc." : ...à peinne puet l'en trouver povre ne riche, et par especial à Paris, qui ne se sente de ceste maladie (BAYE, I, 1400-1410, 89). Les quelles choses representent aux enfans, qui aprés viennent, les maulx et griefs que les ennemis de la contree firent a leurs predecesseurs, dont ilz se sentent (Bouciquaut L., 1406-1409, 210). ...et avec ce faisoit paier si grans amendes et si pesantes que tous ceulx qui venoient entre ses mains s'en sentoient toutes leurs vies (Journal bourgeois Paris T., 1421, 159).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 16/16 
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     SENTIR     
FEW XI sentire
SENTIR, verbe
[T-L : sentir ; GDC : sentir ; DÉCT : sentir ; FEW XI, 467a : sentire]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Par l'intermédiaire des sens] "Percevoir, éprouver une sensation physique"

 

-

Sentir qqc. : Et Gieffroy le fiert de l'espee sur l'espaule, car il ne pot actaindre sur la teste, et lui trenche les mailles du jaserant, et lui entra bien plaine paulme en la char. (...) Quant le jayant sent le coup, si lui escrie : Maudit soit le bras qui de tel vertu scet ferir. (ARRAS, c.1392-1393, 264). La peussiez oïr et veoir grant pitié, car, si tost que les moines sentirent le feu, ilz commencierent a faire piteux criz et tres amers et doulereux plains (ARRAS, c.1392-1393, 251). Et quant Remondin, qui bien savoit le contraire, l'ouy, si fu moult doulens, et lui debaty tant les temples du poing atout le gantelet, qu'il fu si estourdiz qu'il ne veoit, ne ouoit, ne entendoit, ne ne sentoit chose que on lui feist. (ARRAS, c.1392-1393, 64). Et cil leur respond : Un pou sui je bleciez, mais bataille n'ay je pas eue, mais j'ay trop bien esté batuz, et si ne scay de qui, car je n'y vy oncques personne, mais j'ay moult bien sentu les horions. (ARRAS, c.1392-1393, 306). Quant Melusigne ouy ce mot, si ot tel doulour ou cuer qu'elle chey pasmee. Et fu bien demy heure qu'elle ne rendy ne que on ne senty en elle poux ne alaine. (ARRAS, c.1392-1393, 256).

 

-

Sentir qqc./qqn + inf. : Et quant Gieffroy sent le cheval fondre soubz lui, si sault jus appertement, et s'en vient vers le jayant, l'espee traicte, et le joyant lui vint, la faulx empoignie. (ARRAS, c.1392-1393, 246). Et lors senty descendre sur lui, aussi dru que pluie chiet du ciel, coups et horions d'un costé et d'autre, et fu moult defroissiez de coupz orbes... (ARRAS, c.1392-1393, 306).

 

-

Sentir que + complét. : Uriien (...) sentoit que son cheval aloit par terre... (ARRAS, c.1392-1393, 138).

B. -

[Par l'intermédiaire de l'affectivité] "Éprouver, ressentir (une douleur morale)" : Et sachiez que je sens ou cuer plus de doulour de nostre departie Cm. foiz que vous ne faictes... (ARRAS, c.1392-1393, 258). Et le roy, qui tost senty la destrece de la mort, ne se pot plus tenir sur le destrier, mais chey a terre a la renverse tout mort. (ARRAS, c.1392-1393, 180).

C. -

[Par l'intermédiaire de l'intellect] "Prendre conscience de, comprendre"

 

-

Sentir qqc. : Et les haulx princes veoient plus cler en leurs affaires par les sciences qui lors estoient aprinses en temps deu, que s'ilz feussent innocent des sciences, et sentoient en brief le vif des conseulx que on leur monstroit. (ARRAS, c.1392-1393, 17). Et se j'ay adjousté chose en ceste hystoire qui semble a aucuns increable, si le me veullent pardonner, car, selon ce que j'ay trouvé et peu sentir des anciens autteurs, tant de Gervaise comme d'autres anciens autteurs et philosophes, je repute ceste histoire et la cronique a estre vraye, et les choses faees. (ARRAS, c.1392-1393, 310).

 

.

"Prendre connaissance de" : Dont quant ilz orent sentu la teneur des lettres, ilz furent moult joyans, et louerent Jhesucrist de l'onneur et de la bonne aventure qu'Il donnoit par sa saintte grace a leurs enfans... (ARRAS, c.1392-1393, 145).

 

.

Selon ce qu'il sent son aisement. "Selon ses possibilités" : Et, se vous veez un bon homme d'armes qui soit povres et en petit estat de vesture ou de monteure, donnez lui du vostre selon ce que vous sentirez vostre aisement et selon ce qu'il sera de value. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

.

Faire sentir qqc. : Mais il jure Dieu, puis qu'il est si près d'eulx, qu'il leur fera sentir sa venue. (ARRAS, c.1392-1393, 228).

 

-

Sentir qqn/qqc. + attrib. : Et pour ce je vous prie que, s'il a en ceste place homme qui ne sente son cuer ferme pour actendre l'adventure qu'il plaira a Jhesucrist de nous envoier, qu'il se traye a part, car par un seul couart failly est aucunesfoiz une besoingne perdue. (ARRAS, c.1392-1393, 108). ... il le sentoit de si grant cuer qu'il ne lairoit point qu'il n'y alast [combattre un géant]. (ARRAS, c.1392-1393, 239).

 

-

Sentir que + complét. : Et d'autre part, je sens et congnois que vous, qui estes mes hommes, qui veez plus cler en mes besoingnes que je ne fais, ne me conseilleriez chose qui ne feust mon prouffit et mon honneur (ARRAS, c.1392-1393, 170). Gieffroy sent bien qu'il a droit. Si lui a respondu : Beau sire, nous ferons a vostre conseil a ceste foiz. (ARRAS, c.1392-1393, 233). Mais il fu moult doulent de la perte de sa mere et de la douleur de son pere. Et senty que la premiere racine de ceste grief mesaventure mouvoit par le conte de Forest, son oncle, et jura la Trinité qu'il le comparroit. (ARRAS, c.1392-1393, 268).

 

.

Faire sentir à qqn que. "Faire comprendre à qqn que" : Par foy, dist le roy, cest homme me devoit Dieux pour rescourre mon pays des felons Sarrazins, et pour saincte crestienté soustenir et essaucier. Et, par Dieu, je feray demain sentir au soudant que le secours m'est près et que je ne le doubte gueres. (ARRAS, c.1392-1393, 103).

 

.

Sentir + interr. indir. : Et le landemain, par matin, vint a Saint Pierre, et la trouva le pape Benedic, qui pour lors regnoit, et se tira par devers lui. Et cil lui fist moult humble recueillete quant il ot senty qui il estoit. (ARRAS, c.1392-1393, 270).

II. -

Empl. pronom.

A. -

Empl. pronom. réfl. dir. "Avoir conscience de l'état physique ou moral dans lequel on se trouve"

 

-

Se sentir + attrib. : Et cil, qui fu moult joyeux, lui dist : Par ma foy, m'amie et ma dame, je me sens tous assouagiez de vostre venue. (ARRAS, c.1392-1393, 244). Quant le gallaffre se sent ainsi souspris, si se part de la bataille, lui Xe, le plus coyement qu'il puet, et s'en vint a la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 138). Je ne lui sauray ja mal gré de cela, car puis qu'il se sent puissant de lui mesmes, et il est hardiz et emprent hardiement, ce n'est que bien, car chose hardiement entreprise et ensuye est a moitié faicte. (ARRAS, c.1392-1393, 283). ... je me sentoye (...) en tel point que en moy n'avoit point d'esperance de vie. (ARRAS, c.1392-1393, 141).

B. -

Empl. pronom. réfl. indir. "Ressentir en soi (une sensation physique)" : ... le roy se bouta ou lit soubdainement, et dist qu'il ne se sentoit nul mal. (ARRAS, c.1392-1393, 119).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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