C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/pied 
Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 28 articles
 
 Article 1/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     AVANT-PIED     
FEW VIII pes
AVANT-PIED, subst. masc.
[AND : avant1 ; DÉCT : avantpié ]

"(Partie de la) chaussure couvrant l'avant du pied" : ...les chausses destachees (...) et en avantpiez, bien entortillees soubz les genoulz (LA SALE, J.S. E., 1456, 413).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 2/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     AVANT-PIED     
FEW VIII pes
AVANT-PIED, subst. masc.
[T-L : avantpié ; GD : avantpied ; GDC : avantpied ; AND : avant1 ; DÉCT : avantpié ; FEW VIII, 303a : pes ; TLF III, 1059a : avant-pied]

"Empeigne" : ...quatre paires de chaussons à avan-pié (Comptes roi René A., t.3, 1480, 323).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 3/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     CHAUFFE-PIED     
FEW II-1 calefacere
CHAUFFE-PIED, subst. masc.
[GD : chaufepied ; FEW II-1, 80a : calefacere ; TLF V, 618a : chauffe-pied]

"Cheminée basse" : À plusieurs maçons qui ont habillé et mis à point les huisseries, chaussespiez [l. chauffespiez] et les cuysines du logeiz des Forges (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1478-1481, 358).

REM. Cet ex. est donné par GD II, 97a, avec la correction chauffespiez.
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 4/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     DEMI-PIED     
FEW VIII pes
DEMI-PIED, subst. masc.
[FEW VIII, 298b : pes]

MES. "Demi-pied, mesure de longueur valant environ 16 centimètres" : Remondin le va ferir de la lance ou cousté, tellement qu' il le porta a terre de l' autre lez du destrier, et demoura a Olivier bien demy pié du fer de la lance dedens le corps. (ARRAS, c.1392-1393, 63).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     HAUSSE-PIED     
FEW XXIV *altiare
HAUSSE-PIED, subst. masc.
[T-L : haucepié ; GD : haussepié ; FEW XXIV, 365a : *altiare ; TLF IX, 709b : hausse-pied]

ARM. "Instrument servant à tendre les grosses arbalètes avec le pied" : ...trente arbalestes prestes, trente baudrés, moitié de cuir et moitié de fil, six milliers de viretons en 12 cases et quatre milliers de carreaux a un pié, et deux haucepiés. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1342, 20).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 6/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     HAUSSE-PIED     
FEW XXIV *altiare
HAUSSEPIED, subst. masc.
[T-L : haucepié]

Haussepied d'arbalète. "Grosse arbalète que l'on bande en passant le pied dans un anneau" : ...apres solleil couchant, la Pucelle fut ferue d'un trait de haussepié d'arballestre par une cuisse. (CAGNY, Chron. M., 1436, 167).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 7/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED-DE-BOEUF     
*FEW VIII pes
PIED-DE-BOEUF, subst. masc.
[Ø]

REDEV. "Droit dû au seigneur" : ...pour les assises de pluseurs hommes et femmes demourans en laditte ville et ailleurs, lesquelz doivent au jour de feste saint Remy dix solz appellés piés de buef, et puent valoir lesdis hommes et femmes pour leur chief environ II sestiers de grain, fronment et aveinne, douze deniers et II poulles (Trés. Reth. L., t.3, 1441, 194).

REM. À rattacher à FEW VIII, 295 : pes.
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 8/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED-DE-CHÈVRE     
FEW VIII pes
PIED-DE-CHEVRE, subst. masc.
 

"Sorte de levier, pied-de-biche" : Item pour contreminer se besoing est puis, piés de chievres, marteaulx, hotes, pelles, loches, crocs de fer, eschelles (CHR. PIZ., Fais armes cheval., 1410, 53 r°).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 9/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED-DE-CHÈVRE     
FEW VIII pes
PIED-DE-CHEVRE, subst. masc.
[GDC : pied (pieddechevre) ; FEW VIII, 300b : pes]

"Levier servant à bander l'arbalète" : Autres parties payés par ledit Fraignot aux personnes cy apres nommees à cui elles estoient deues pour le fait des voictures des bombardes, pierres, pouldres de bombardes, piez de chievres et autres abillemens de guerre (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 838). Item, une trocoize de fer. (...) Item, ung pié de chèvre en fer. Item, une besse ou pale de bois ferrée au bout de fer. Item, 6 coignetz ou detrez à taillier du bois. Item, trois serpes ou goiz. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 328). ...lequel, tenant en une main son arbaleste bendée, et en l'autre main ung pié de chièvre, reboutoit ledit Sauvestre afin qu'il ne chargast lesdictes gerbes (Doc. Poitou G., t.11, 1474, 450).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 10/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
 
 

-

Autant vaut celui qui le pied va tenant comme celui qui la bête va par force écorchant. "Le complice d'un méfait est aussi coupable que celui qui le commet" : Certes ja soit ce que celle qui fait le pechié en doye porter son fait horrible et pesant, aussi fera celle qui l'aide et consent ou porte ou soustient, car autant fait cil, dist on en proverbe, qui tient le pié ["qui participe au mal"] comme cil qui escorche. (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 263). ORILLART. (...) Aussi t'avons nous bien aidié. CLAQUEDENT. Autant a cil qui tient le pié, Par raison, que cil qui escorche. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 341). Tantoz le ferai pendre comme laron puant, Car yl es [sic] bien laron, qui voir yra jugant, Qui le laron soustient en larechin faisant. On dist qu'otant vaut cieux qui le piet va tenant Comme cieux qui le bieste va par force escorchant. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 425).

 

Rem. Morawski 137 : Assez escorche qui pié tient, 207 : Autant gaaigne qui pié tient comme qui escorche ; Hassell 199, P153.

 

-

Celui qui a les pieds cuits ne peut aller sa voie/ne peut s'enfuir : Adont il frappa sus le malleureux de la lance, tellement qu'il le porta mort a terre. Et pour ce dist vray qui dist : "Aler ne s'en peut qui les piez a cuiz." (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 222). Atant ilz commanderent a leurs gens qu'ilz allassent devant a Deserte nomcier leur venue en ce soir, car ilz y arriveroyent ; mais non firent, car grandement leur meschey. et pour ce dit vray le proverbe que a grant paine puet fuir cellui qui a les piez cuis. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 167). Or aproche le jour, je le sai vraiement, Que j'averai des biens que j'ai fait paiement. Cieux qui a les piez cuiz, on le dist bien souvent, Ne poet aler se voie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 391).

 

Rem. Hassell, 200, P170 ; DI STEF. 685b, pied.

 

-

[Sentence] Celui est bien taillé d'aller du plus au moins qui veut mettre à ses pieds ce qu'il tient en ses mains. "Il risque d'être perdant celui qui veut mettre à ses pieds ce qu'il tient dans ses mains ; c'est risqué de jeter ce qu'on a" : [Fortune propose à Regnart de le mettre au haut de sa roue] Regnart oyant le grant bien que celle dame luy offroit, la remercya tresgrandement, "Mais que je monte", dist maistre Regnart, "dessus vostre roe, je n'y monteray point, car vous en avez fait cheoir les plus vaillans du monde, lesquelz seroient longs a raconter. Or il est en vous de m'en faire autant. Mais certes, je m'en garderay bien, car je ne tiens riens de vous. Et pource, une personne est bien malheureuse qui mect a ses piez ce qu'elle tient a ses mains". (Livre Regnart S.-H., c.1460, 150). Pour experimenter D'estre bien enseigniés, C'est bien fait d'augmenter Les meubles espargniés, Celluy est bien tailliés D'aler du plus au mains Qui veult mettre a ses piés Ce qu'il tient en ses mains. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 70).

 

Rem. Morawski 772 : Fols est ki ce qu'il tient gete a ses piés et 1343 ; Hassell 200, P171.

 

-

Ceux qui étendent plus leur pied que la couverture n'a de long, leur pied leur perd tout découvert : Et toutesfois, de telles gens es cours royalles, qui par vanité, par grandeur et par avarice estendent plus leur pié que la couverte n'a de long, leur pié leur pert tout descouvert, c'est assavoir parlant moralment, que leur memoyre, comme le son de la cloche quant le batail se repose est perie, tout ainsi leur puissance, legierement acquise et malfondee, est tantost oubliee et en un moment evanoye. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 330).

 

Rem. Morawski 2240 : Segon ton lit estent ton pié ; Hassell 199, P155.

 

-

Il est fou, celui qui jette à ses pieds ce qu'il tient à/en ses mains V. fou

 

-

Le chat retombe toujours sur ses pieds V. chat

 

-

Les maux viennent à cheval mais s'en vont à pied V. mal1

 

-

Qui recherche telle chose improbable chez quelq'un cinq pieds chez une vache quiert V. vache

 

.

Quérir cinq pieds en un mouton (avec la quinte evangile). "Chercher l'impossible" : Mais les lieutenans de nostre suer Sapience sont reputez en terre par les saiges du monde, de groz engins, ruddes et ydiotez, pource que ilz se treuvent a la sapience esprouvee et ne vont pas querrant nouvelles oppinions et ouvrage apparant, ne les cincq piez de mouton avec la quinte evangile. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 492). Vostre malice bien voit on Vous qui demandés a combatre, Chincq piés querés en ung mouton Sy sçavés qu'il n'en a que quatre. On voit bien grant orgueil abattre Faisant de sanc effusion : De grant plait grande confusion. (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 168).

 

-

Qui tel pied a tel soulier chausse : En viellesse qui voir retrait, Vieulx homs n'a plus cure de jus ; Il est tout mouillé et retrait Et s'a tout vendu son vert jus : Pour monter n'aller sus ne jus Ne rompera jamaiz sa chausse. Qui tel piet a tel souller chausse. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 150).

 

Rem. DI STEF. 685c, pied.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 11/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[DÉCT : pié ]

I. -

Loc. verb.

A. -

Mettre le pied. "Arriver, mettre les pieds" : ...il mist le pié en France (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 162).

B. -

Asseoir son pied. "S'installer" : ...le premier degré ou voulez asseoir vostre pié est orgueil, qui est tres basse et ville fosse. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 163).

II. -

Loc. adv.

A. -

À pied. "À pied" : Mais d'un costé ne d'autre ne l'aprochoit homme plus d'une toise excepté les sergens d'armes qui tout à pié environ lui aloient. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 72).

B. -

À pied sec. "À pied sec" : ...par la verge de Moyse la mer rouge fu devisée et passa la peuple à pié sec (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 127).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 12/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[DÉCT : pié ]

"Pied"

 

-

Haster son pied. "Aller plus vite, presser le pas" : Va t'en corant, aste ton pié ! Donne luy boere sans delay ! (Pass. Auv., 1477, 221).

 

-

[En signe d'humilité, d'imploration] Se jeter aux pieds de qqn : Desoubz la table, mon saulveur, Ad voz piés gecter je me vaiz. Helas, je vous donne mon cuer (Pass. Auv., 1477, 152).

 

-

[En signe d'hospitalité] Laver les pieds de qqn : D'uile ne m'as pas oint ma teste, Ne d'eau lavé mes piés fangeux ; Et elle de l'eau de ses yeulx Moult bien nectiés A doulcement lavé mes piés Et de ses doulx chaveulx nectiés, Et les a oint benignement. (Pass. Auv., 1477, 154).

 

-

[En signe de respect] Baiser mains et pieds à qqn : Au bon Jhesus farons honneur, Et luy bayserons mains et piés, Pour ce qu'il est nostre saulveur. (Pass. Auv., 1477, 256).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 13/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[DÉCT : pié ]

"Pied" : Item, tout aussi comme de l'ueil et de la main et du pié et de chascun membre particulier il est aucune operacion, semblabement convient il mectre que il soit aucune operacion de homme, senz celles des membres singuliers. (ORESME, E.A., c.1370, 120).

 

-

[Mesure de longueur] "Pied" : Mais commencier a la quantité du corps ou a la quantité du poys ne fait en ce difference, quar posé que un pié de ce corps poise une livre, se un autre pié de ce corps ne poise une livre, si en prengne l'en .II. piéz ou tant que il poise une livre et autant ou plus apres. (ORESME, C.M., c.1377, 108).

 

-

P. métaph. "Valeur monétaire stable" : ...et toutesfois ilz [les Postulas] sont de si bas aloy que mendre ne se pourroit trouver ; et, encores, qui pis vault, irréguliers (...), et n'y a aucune vraye assiète ou pied, sur quoy on se puist actendre. (ORESME, Monnoies W., c.1365, IV).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 14/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[T-L : pié ; GD : pied ; GDC : pied ; DÉCT : pié ; FEW VIII, 293a : pes]

A. -

"Pied (de l'homme)"

 

1.

[Les pieds considérés comme instruments de l'appui, de la station debout]

 

a)

[Loc. signifiant "debout, sur pieds"]

 

-

En pieds : Tu n'as point fait de mesprison Pour quoy doyves estre dampnés. Deslïéz le et le pannéz. Sus maintenant, en piedz te dresse ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 146). Mes seignieur, vous veéz bien trestous Que je ne puis [plus] estre en piés. Je suis velliart et debrisié. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 103).

 

-

Es pieds : Ces gens dorment jusques a primme ! Il deussent estre ja ez piés. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 87).

 

-

Sur/sus (ses) pieds : Bien me soubstendray sus mes piés ; Mayne moy la ou tu vouldras (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 133). LE PARALETIQUE. Je me sencte bien consolé. Je me vuel lever sur mes piés (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 180). Seigneurs, faictes le sus piez traire ; Sy verra l'en s'yl ira point. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 182).

 

b)

Les pieds contre le mont. "La tête en bas, les pieds en haut" : Adont icy y a pause et doit on tirer la grosse bombarde la Bergere, et du trait doit cheoir tout le feste des Tourelles et ung grant quartier de la tour, et doit cheoir six Anglois les piez contre le mont a terre, mors du coup tiré de la Bergere du bouloart de la Belle Croix. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 245).

 

-

Les pieds dessus. V. dessus1

 

2.

[Les pieds considérés dans leurs mouvements]

 

a)

[Mouvements de locomotion]

 

-

[Les pieds comme instruments du déplacement, de la marche]

 

.

De pied. "À pied" : LE BOURREAU. De pié viendra. Je n'ay point trouvé de charrette. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 55). De pied iray et sans cheval. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 206).

 

.

Du pied. "À pied" : Ce villain est de douleur fade, Tant est, se croy, nice et fetard ; Et si fait tant du papelart Qu'i ne veult cheminer du pié S'il n'est hasté et bien torché Tousjours a chascun pas qu'il marche. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 713).

 

.

À pied. "À pied (ici, par déférence)" : LE DUC DE FLORENCE. Faire luy debvons reverance, Car moult nous aime, bien le sçay. Pour ce, briefmant je descendray, Et a pied l'yray saluer. Descendat de equo. LE ROY DE CARTAIGE. Il ne vous failloit remuer Pour ce faire, c'est grant oultraige. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 49).

 

.

À pied et à cheval. V. cheval

 

.

Mettre pied à terre. "Descendre de cheval" : Messeigneurs, faisons sans esloigne Que chacun mecte pie a terre, Et que aussi on pense et soigne Ses bagues cuillir et requerre, Et aussi de son logeis querre Jusques demain au point du jour (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 109). Mettons pied a terre nous tous. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 243).

 

.

Porter ses pieds qq. part. "Se diriger, se porter quelque part" : Ie me vouldroye bien amordre (...) A faire cecy nuict et iour Estre vostre religieux Et seruir Dieu en tout lieu Que ie pourroye mes piedz porter (Myst. st Martin K., a.1500, 239).

 

-

[P. réf. à l'allure, à la rapidité du déplacement]

 

.

Le/de bon pied. "D'un bon pas" : Or, alons doncques le bon piet Car il en a tres grant desir. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 41). Or cheminons donc de bon pié ; Que Dieu soit nostre conducteur ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 493).

 

.

Pied estant. "Sur le champ, tout de suite" : Pol, or me dictes pié estant Pour quoy vostre Dieu amez tant Que vous souffrez pour ly martire ? (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 146).

 

.

Au pied levé. "À l'improviste" : La chose se refroidira Encor ung petit pour le mieulx Et, tandiz, nous choisirons lieux Pour le su[r]prendre au pied levé. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 566).

 

.

Sus pieds. "Sur le champ, tout de suite" : Se de son fait avez doubtance, N'en soyés jamais estrivans : Il a pere et mere vivans. Envoyez les querre sus piedz Et, s'i sont bien interroguéz, Ilz diront vray, si ferons sens. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 454).

 

.

N'avoir pas les pieds pourris. "Agir avec rapidité" : Vous n'avez pas les piez pourriz, Vous avez bien tost fait vuydange. (Myst. ste Agathe B., c.1450-1500, 192).

 

-

[P. réf. aux circonstances du déplacement]

 

.

À pied sec : Parmy la Mer Rouge passatez A pied sec, oncques n'y moilastez Pied de vous cy com vous sçavéz. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 42).

 

.

Pied à pied. "En suivant quelqu'un" : Pié a pié je te conduyray, Car besoing as de mon conduit. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 16). Il seroit bon qu'alast devant Piet a piet avec no marchant, Afin que Jhesus l'enchanteur Ne nous face aulcun deshonneur. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 137). Sus ! dressez vous, ne targez plus, Car piet a pied venir vous fault ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 145).

 

.

Suivre qqn à pied levant. "Talonner" : LE BOURREAU. Sus, sus ! Tost mettons nous en voye. Fine Epice, trote devant. LE SERGENT (Icy viennent). Je vous suyvray a pied levant Et vous conduyray jusque au lieu. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 53).

 

b)

[Mouvements divers]

 

-

Tirer pied ou jambe. V. jambe

 

-

Ne bouger pied ne teste. "Rester parfaitement immobile" : Et la veue sy fort nous troubla Que, tandis qu'il yssit dehors, A terre cheusmes comme mors De paour de fouldre et de tempeste, Et n'eusse bougé pié ne teste, Qui m'eust donné cinq cens besans, Tant estoye matz et pesans Et tous mes compaignons aussy. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 883).

 

-

Faire la beneïçon au pied. "Se balancer au bout d'une corde (d'un pendu)" : Dieux vous gard, evesque des folz ! Faites le beniçon au piet. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 193).

 

3.

[Les pieds considérés comme extrémités inférieures du corps]

 

-

Armé de pied en cape : Et encor, suyvant voz editz, Sommes armer de pied en cappe. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 677).

 

-

Depuis la plante du pied jusqu'au chef. V. plante

 

4.

[P. réf. à des gestes ou attitudes ayant une valeur symbolique ou affective]

 

-

De pied ou de main. "D'une façon ou d'une autre" : Garde que de pied ne de main Ne peche plux contre ton Pere. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 160).

 

-

Se jeter aux pieds de qqn. V. jeter

 

-

Laver les pieds (des pauvres) : LAURENS. (...) Si vous pry a tous doulcement, Se vous voulez m'amour avoir, Que je puisse voz piedz laver Ou nom de Dieu et de sa mere, Ainsi comme le voulut faire Jesus, le roy de Paradis, A ses apostres et amys Le jour du jeudy absolut. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 202).

 

-

Mettre qqn sous le pied. "Écraser, vaincre, soumettre" : Car il voult homme devenir Et nos miseres soustenir, A celle fin que l'anemis, Qui homme avoit souz le pié mis, Sy fust par homme sourmonté Et sa mauvestié par bonté, Et mort par mort a mort livree (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 125).

 

-

Tenir qqc. sous les pieds. "Mépriser, ne pas tenir compte de" : Les glotons tel vie demennent Q ue de nul bien feyre n'ont cure. Il tignient c'est verité pure Reysom fermee soulx les piés. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 8).

 

-

Marcher un pied sur une terre. "Tenter d'envahir un pays" : LE ROY. (...) Ilz y mourront ou g'y mourray, S'ilz marchent un pié sur ma terre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 166).

 

5.

P. méton. "Homme, personne" : LE FILZ DE L'EMPEREUR. Mettez tout a l'espee fourbie, Quant vous serez en la partie De Gaule, je le vous command. TARQUIN. Treshault prince, je vous affie Que ja pie n'en lairron en vie, Tant que tout vous soit obeissant. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 153).

 

-

Ne pied ne queue. "Personne" : Noz gens ont eu fort afaire, Et des Anglois bien deffendue ; Mes, Dieu mercy, avons eue Victoire allencontre d'iceulx, Que reschappé, ne pié ne queue, Y n'en n'est pas ung tout seul d'eulx. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 439).

B. -

"Patte d'un animal" : Il ne me sçauroit enchanter, Remede y sçay pour contrester, Mais que chascun me veulle croire : Il nous convient ung peu de voirre Pourter en nostre compaignie Avec deux piez d'une arengnie, Ung peu de sel et ung crapault (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 133).

 

-

En attraper pied ou aile. V. aile "En avoir quelque chose, en tirer quelque avantage" : Soit par devant ou par derriere J'en attraperay pied ou elle. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 7).

 

.

En avoir/rapporter pied ou aile. V. aile

C. -

P. anal. "Partie inférieure d'un objet, d'un bâtiment, d'une plante" : LE BOURREAU. Ung oultrecuydé on espreuve Bien de leger a sa parolle. Tu n'a pas esté a l'escolle. Assez. Tiens le pied de l'eschelle. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 73). En eulx [les idoles] n'a force ne vertuz Ne plus qu'il a en ung festuz Quant il est par le pié copez. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 103).

 

-

Au pied de. "Au bas de" : Adonc s'en vont jusques au pié de l'estage de l'empereur (Myst. st Laur. S.W., 1499, 182).

 

-

Depuis le pied jusques à mont. "De bas en haut, entièrement" : Et baillez l'assault si estroit Depuis le pié jusques a mont, Se nul est qui se trouve au droit, L'envoyerez pescher aux poissons. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 171).

D. -

MES. "Unité de mesure de longueur (environ 32,4 cm)"

 

-

[Comme expr. d'une valeur minimale] : Ne qu'i n'ayent nulle baillyve En France, ne ung seul pié de terre, Ne que plus nul Anglois y vive, Mes s'en aillent en Engleterre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 474).

 

-

Aimer mieux estre à cent pieds sous terre. "Être rempli de honte" : J'aymeroie mieulx enrager Que je ne m'en peusse venger, Et estre a cent piez soubz terre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 459).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 15/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[DÉCT : pié ]

A. -

[Humains]

 

1.

"Partie du corps située à l'extrémité de la jambe" : Uns telz fers vous seront lassez, Sire, par les piez et les mains (Mir. marq. Gaudine, 1350, 169). E ! Dieux, ce ne sont pas les piez Cy de Berthe, bien les cognois (Mir. Berthe, c.1373, 215).

 

-

Pied battant. V. battre

 

-

Pied retournant. V. retourner

 

-

[P. oppos. à à cheval] À pied : Je verray la force des corps, Car le champ a pié se fera. Au jour d'uy verray qui sera Bon ou mauvays. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 164).

 

-

Aller à pied. "Aller en marchant" : Le bourrel tout a pié ira Devant, la charrette menant (Mir. marq. Gaudine, 1350, 162). LA DUCHESSE. (...) Et, pour Dieu, s'en va il a pié, Ou a cheval ? L'ABBÉ. A pié (...) S'en va, pour plus sentir grevance. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 35).

 

-

Aller nu-pieds : Je vueil qu'il y voit tout nu piez, Si que les plantes li cuisez (Mir. st Ign., 1366, 85).

 

-

Se dresser sur pied. "Se mettre debout" : Preudon, sur piez vous fault dressier (Mir. st J. Paulu, c.1372, 132).

 

-

Ester sur pied : Non fera l'en tant com je puisse Sur piez ester. (Mir. femme, 1368, 191).

 

-

Estre sur pied : PREMIER BOURGOYS. (...) Seez vous sur ceste herbe vert Decoste moy (...). SECOND BOURGOIS. Si feray je, sanz estre plus Sur piez huimais. (Mir. emp. Julien, 1351, 186). Croisie a terre me vueil mettre ; Ne puis de mesaise plus estre Sur pié que j'aye. (Mir. emper. Romme, 1369, 282).

 

-

Suivre qqn pied à pied. "Suivre qqn pas à pas" : C'est fait, maistre ; devant issiez, Nous vous suiverons pié a pié. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 13). Alez devant ; nous vous suivons Pié a pié, sire. (Mir. st Lor., 1380, 177).

 

-

Baiser les pieds de qqn : Frans homs, bien mercier vous doy (...). Certes, or vous vueil je baisier Et bouche et piez. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 169).

 

-

Se jeter aux pieds de qqn : Sire, qui secoru m'avez, A voz piez me doy bien jetter. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 169).

 

-

Mettre le pied qq. part : Guillaume (...) M'a de m'esveschié puis un po Chacié, n'y os mais le pié mettre (Mir. st Guill., c.1347, 15).

 

-

Ne voir ni pied ni main. "N'y voir goutte" : LE CHEVALIER. L'as tu en forte prison mis Jusqu'a demain ? LE VARLET. Sire, il ne voit ne pié ne main, Ou je mis l'ay. (Mir. femme roy Port., c.1342, 201).

 

2.

P. méton.

 

-

"Personne" : L'EMPEREUR. (...) Sur li, seigneurs ! mettons au bas Ceste chiennaille. YSABEL. N'en eschappera pié sanz faille. (Mir. fille roy, c.1379, 76).

 

-

"Emplacement des pieds" : Gobin amis, alez me querre En ma chambre un escrin bonne erre Qu'aux piez de mon lit trouverez (Mir. march. juif, c.1377, 203).

B. -

[Animaux] "Extrémité inférieure de la patte"

 

-

[Le suj. désigne une pers.] Aller à quatre pieds. "Marcher à quatre pattes" : Dès maintenant vueil conmencier Ce que jamais ne quier laissier, C'est aler men aval ce boys A quatre piez. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 117).

C. -

"Unité de longueur" : ...en Espaigne voir ne tendra, Jour que je vive, pié de terre. (Mir. Oton, c.1370, 336).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 16/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[DÉCT : pié ; FEW VIII, 293b, 297b : pes]

I. -

GÉOM. "Pointe (du compas)" : Encores soit divisé .a.b. en deux porcions egales et illec soit fait ung point, et sus cellui point soit mys l'ung des pyez du compas, et l'aultres sus .c., puys soit levé le compas et soit mys sus .a. l'ung des pyez... (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 286).

 

-

Pied immobile : Ores sus .h. soit mys le pyé immobile du compas, et l'aultre soit tant ouvert qu'il puisse faire deux pointz sus les deux lignes orthogonales... (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 290).

 

-

Pied mobile : Puis soit mys le pyé immobile du compas sus .a., et soit ouvert l'aultre pyé mobile jusques a.c., ou plus ou moins, a ton plaisir... (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 385).

II. -

Le grant pied. "La jambe" : Le grant pié ou la grande jambe dure depuis la joincture de scia jusques aux dernieres parties des arteilz. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.8). Une partie du grant pié ou de la grande jambe est dicte coxa, l'autre est dicte parva tibia, l'autre est dicte pes parvus mais la grecque translacion appelle crus ce que l'arabicque translacion appelle coxe et jambe ce qui est appellé cuisse. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.8).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 17/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[T-L : pié ; DÉCT : pié ; FEW VIII, 293-299 : pes]

A. -

"Extrémité inférieure du corps humain" : Aucuns magnifierent en saint Pierre l'onneur qui luy est fait par le monde es eglises et ailleurs par seigneurs et princes, tant soyent excellens, jusques a baisier non pas ses piés seulement mais ses os, sa robe et sa chayne. (GERS., P. Paul, a.1394, 487). Se tu ne congnois la dignite de la condicion humaine tu ne peulx sauoir comme Dieu a mis soubz tes piez toute gloire mondaine et les creatures qui sont soubz toy. (CIB., p.1451, 197). Encores la benoitte trinité reluist ez creatures, comme le piet est representé par son pas. (Somme abr., c.1477-1481, 125). ...icelui roy Daire ayant une greve doleance en l'un des piez, où nul medicin ne povoit donner remede, pour la grande experience dudict Democedes fut ventillé au roy et fut envoyé querir (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 52 v°).

 

-

[D'un soldat] À pied. "Qui combat à pied" : ...entre lesquelz prenostica l'occision de cinq mille Romains à pié et trois cens à cheval d'une part, et de IXc et IIIIxx à l'autre, le VIIIe jour de novembre, l'an XIIe du regne de Neron. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 v°).

 

-

À pied sec : ...c'est assavoir cellui qui produit et mande les vens de son treson, selon le dit du prophete David, qui a pie sec feit saint Pierre aler sus les ondes de la mer, en ladicte nef francoyse par la deffaulte et negligence des patrons et seigneurs et jour et nuyt est offendu (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 592). ...un quidam qui se dist estre nouvel Moïse, qui fist devant aucuns plusieurs merveilles et signacles, leur promettant les mener en la terre de promission et les faire passer à pié seq la mer et les tira et mena jusques en l'isle de Crete où il en fist noyer plus de cinquante mil. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 91 r°).

 

.

Au fig. "(Faire qqc.) sans effort, sans risque" : Quel merveille ! car pour ce que ou dit estang avoit pou de eauue, c'est de resistence, les ennemis ont acoustume de peschier a pie sec et de prendre les groz poissons. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 364).

 

-

[P. réf. à Ex. XXI, 24 ; châtiment qui consiste à rendre la pareille] Pied pour pied : Lors fu la royne Misericorde assise en la haute table devant et par dessus Justice la riguoreuse, qui avoit acoustumé a dire ou Viel Testament, "Oeuil pour oeuil, pié pour pié et dent pour dent". (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 97).

 

-

Estre/soi lever en pieds. "Être, se mettre debout" : A la senestre de Verite la royne, voyre ung pou plus bas que les troys dames et assez pres du Blanc Sanglier couronne estoient en piez plusieurs grans Sangliers, noirs et hericez, qui jadis furent filz du puissant et noir Sangler, qui tant de foys par la divine permission rompy les hayes des belles vignes du grant champ a fleurs de lis dorees. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 395). Quant Verite la royne ot ainsi repris et chastie la chevalerie d'Angleterre, dame Allegresse se lieva en piez et dist ainsi, "Ma treshonnoree dame et ma tresamee suer, entre les generacions de ce monde, et par espicial entre les Crestiens, je me plains plus de ceste generacion occidentale..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 398-399).

 

-

[P. réf. à Jean XIII, 10] Laver ses pieds : La tierce collation du Saint Esperit fu faite aux apostles devant la passion, quant ilz furent baptisiéz. Car leur baptesme est demonstré par celles paroles de nostre Seigneur, quant il dist : "Qui est lavé, riens ne lui est besoing si non qu'il lave ses piez." (Somme abr., c.1477-1481, 120).

 

-

Au propre et au fig. Lier pieds et mains/poings. "Faire prisonnier" : Et j'ai tout ceo si lessee affaire par cele peresce qe me lie si pieez et mayns, qe jeo ne puisse faire mon bien, mon sen, ne mon preu (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 79). Mez Fabricius ne luy voult rien donner ne promettre, mez le fist lier piés et poins, et l'envoïa a Pyre, et luy signifia toute la mauvetié de son physicien (Songe verg. S., t.2, 1378, 269).

 

-

Au fig.

 

.

Passer sur le pied de qqn. "Faire une vacherie" (DI STEF.) : Et se par adventure, comme souvent advint, aucun tyrant, ou aultre quel qu'il soit, de ma haulte justice criminelle et du patrimonie de Jesuscrist, m'empeschera et sur le pie me passera ou m'en fera meslee, je lui feray guerre ouverte (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 322).

 

Rem. Cf. aussi G. Roques, Trav. Ling. Philol. 31, 1993, 388.

 

.

Remettre qqn sur les pieds. "Le rétablir, le réhabiliter" : ...le trahitre ou homicide par force d'argent sera purgie et repute par preudomme, voire par le baillif, viconte ou prevost, qui scet bien le contrayre, et sera remis sus les piez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 472).

 

Rem. Cf. FEW VIII, 296a : «remettre sur pied "rétablir dans ses affaires" (seit 1668, Molière)».

B. -

Au fig. "Ce qui permet d'avancer, de progresser" : Car puis que la saincte Ame, qui va a Dieu, aura mis ung de ses piez, le pié de l'entendement, en la voye de Dieu en creant qu'il est comme raison enluminée de vraye foy crestienne lui a tesmoingnié, tout bon et tout amoureux et tout desirable (...), lors elle avance l'autre pié de affection par devocion amoureuse (GERS., Trin., 1402, 171).

 

-

(Faire qqc.) sus pied. "Aussitôt" : ...le premier president, (...) donra son arrest encontre le pauvre homme, qui au commaincement avoit juste cause, et toutesfoiz le ver de conscience ou cuer du president et des assistens ne devroit pas dormir en compassion considerant que le bon homme, qui avoit juste cause se elle eust este sus piez delivree, est condempne par importunite de long procez et mis a pauvrete (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 476).

 

-

Estendre plus son pied que la couverte a de long. "Mener un train de vie supérieur à son rang social" : Et toutesfois, de telles gens es cours royalles, qui par vanite, par grandeur et par avarice estendent plus leur pie que la couverte n'a de long, leur pie leur pert tout descouvert, c'est assavoir parlant moralment, que leur memoyre, comme le son de la cloche quant le batail se repose est perie, tout ainsi leur puissance, legierement acquise et malfondee, est tantost oubliee et en un moment evanoye. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 330).

 

-

Demeurer sus ses pieds. "Garder les acquis" : ...la pratique que les nouveaux trouveront, pour demourer tousjours sus leurs piez et non perdre leur double provende et les grasses distribucions, desquelles sont edifiees et acquises les grandes maisons et belles possessions. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 357).

 

-

Ficher son pied qq. part. "Se fixer qq. part, s'y implanter" : ...ceste Chevalerie sera neccessaire pour aler devant les rois comme noble et poissant fourriere en la terre d'oultre mer et la fichier son pie et prendre terre vaillaument, en attendant les rois qui vendront au saint passage. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 49).

 

-

Fouler des droits/des lois sous les pieds. "Les bafouer, les mépriser" : Et que pis est, lez biens que, ja, justement nous tenons et avons acquis, se nous ne lez vous distribuons, vous lez nous ostés et par force lez ravissiés ; vous foulez noz drois soubz lez piés, noz libertés vous enfraingnés. (Songe verg. S., t.1, 1378, 14).

C. -

P. anal. "Patte d'un animal" : Cestui predist la venue d'aucuns montres, comme ung veau à trois testes, ung poussin à IIII piez (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 r°).

 

-

P. méton. Pied pelu. "Ensemble des petits animaux à fourrure (chat sauvage, lapin, lièvre, renard)" : Messire Guillaume Herouart, curé de Canteleu, a en la forest de Roumare, à cause du presbitaire de sa dicte cure, (...) sa cache à pié pelu en ladicte forest entre deux soleux. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 66-67). Son franc pasnage et pasturages pour toutes ses bestes, avec le melleur porc du porcage, quant il eschiet pasnage. Sa chace au pié pelu, c'est assavoir au lievre, au connin, au regnart et au chat sauvage. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 138).

 

-

Beste à pied clos. "Animal à ongles rétractés, tel que lièvre, renard, blaireau, etc." : Item, que ilz ont la chasse à toute beste à pié clos et la prendre à chiens courans, levriers et terriers, et fouir les goupils et autres bestes en terre. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 10).

 

Rem. Cf. DU CANGE IX, 305b, s.v. pié et I, 255a, s.v. animalia.

 

-

Perdre ou pied ou aile. "Perdre une partie importante de ses biens" : "Or retournons", dist la chambriere Hardiesse, "au second besant empirant la precieuse forge de ma maistresse, le quel besant a son cours en parlement comme une loy divine, c'est assavoir des commissaires des causes, des syndiques et reformateurs plusieurs, par lesquelx tous ceulx qui ont affaire a eulx se tiennent pour salvez et ja n'en eschapperont sans perdre ou pie ou helle, en vendant et leur vin et leur blef..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 501-502).

 

-

Quérir les cinq pieds de mouton. "Chercher une chose impossible à trouver" : Mais les lieutenans de nostre suer Sapience sont reputez en terre par les saiges du monde, de groz engins, ruddes et ydiotez, pource que ilz se treuvent a la sapience esprouvee et ne vont pas querrant nouvelles oppinions et ouvrage apparant, ne les cincq piez de mouton avec la quinte evangile. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 492).

 

Rem. FEW VIII, 296b ; cf. aussi G. Roques, Trav. Ling. Philol. 31, 1993, 393 ; DI STEF., 684a, s.v. pied.

D. -

P. métaph. "Partie qui prend appui sur le sol"

 

1.

[À propos d'une montagne] : Cestui fonda une cité nomée Aclydem, assize au pié du mont Olympus, jouxte Macedone, et y ordonna les jeux que ce faisoit de V ans en V ans que l'on appella Olympiades (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 v°).

 

2.

EAUX ET FORÊTS. [D'un arbre] (Avoir, couper, prendre) par pied. "(Prendre l'arbre) en entier en le coupant à la base" : ...et par semblable ilz ont droit de aller en iceulx bois au faucillon pour coupper des branches seches, pour paier chacune XVne es dis exploiz II s.t., le tout sanz rien coupper par pié. Item, ilz puent aller en iceulx bois et en prendre et coupper par pié ou aultrement, sanz scye et sans y aller par nuit ne aux jours festés et deffendus ne en tout boiz de deffens (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 32). Et avec ce ont lesdiz habitans en icelle haulte forest chesne vert par pié pour dix solz la charettée (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 315).

 

-

Couper près pied. "Couper à la base" : Les gens et habitans de Gallezfontainez et de Conteville ont acoustumé prendre en ladicte forest le mort boiz à couper préz pié pour ardoir et pour clore (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 197).

 

3.

[Outil] Pied du compas. "Branche du compas" : Puis aprez mect l'un pié de ton compas au meilleu de la table et estend ledit compas pres du bort de ladite table comme par l'espace d'ung poys ou de demy, et selon celle grandeur fay le cercle de capricornus (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 95-97).

E. -

[Mesure]

 

1.

"Mesure de longueur (généralement d'environ 0,32 mètres)" : Item, toutez les branchez qu'ilz pourront coupper de terre à une hache de IIII piés et demi de manche (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 335). ...car lui seul porta un boeuf tout vif sur ses espaulles l'espace d'une stade, qui contient cent XXV pas et chacun pas V piez et chacun pié IIII palmes et chacune palme IIII doiz de main commune (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°). Fist ung fossé de dix piez de perfont et XVm pas de circuit, en la durée de trois lieux (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

 

-

Pied marchand. "Double pas (?)" : Et est assavoir que qui vouldroit promptement mesurer la dessusdite circuite de la terre, il fauldroit mesurer l'espace qui respond a plusieurs degrez ensemble si comme a 10, 20, 30, et ledit espace ramener a certaines mesures uisitées si comme a lieues francoyses mesurées par toyses, des piez marchans ou autres mesures uisitées, car en divers pays les lieus et les mesures sont diverses. (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 121).

 

2.

"Mesure de quelques syllabes formant une unité rythmique" : Les piez donc font les mettres telz qu'ilz sont aussy que les sillabes, selon ce qu'elles sont longues ou briefves, font les piez dessus diz. Et c'est aussy que nous veons que les sillabes en gramaire font les diccions de diverses manieres selon ce qu'elles sont diversement aussy de lettres composees, et les diccions jointes et ensamble ordonnees deuement font la parole ou l'oroison parfaite ou de bonne sentence. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 71). Et ces piez dessus diz sont ainsy appellez par aventure a la similitude des bestes qui ont piez. Car ainsy que les piez des bestes qui se meuvent vont ordonneement, aussy les piez des mettres s'entresuivent et vont l'un aprés l'autre par ordre convenable tres ordonneement et tres regulierement. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 71). Et pourroit on dire que ces parties comparees ainsy ensamble dont la ryme de .XIJ. est composee et les autres aussy sont semblables aux piez qui vont l'un aprés l'autre es mettres dessus diz. Toutesfois, la meilleur maniere de prononcier ceste ryme, c'est de faire sa pause dessus six et de finer sur .XIJ., et en celle de dix de faire pause sur .IIIJ. et de finer sur .X. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 75).

 

Rem. FEW VIII, 299a : «seit Montaigne».
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 18/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[DÉCT : pié ]

A. -

"Organe de la marche" : Pause de menestriers. I[l] retourne. Puis doit crier ung homme desmonyacle enferré par les piedz et [par les] mains. (LA VIGNE, S.M., 1496, 456).

 

-

À pied. "Qui se déplace à pied" : Item, il fut ordonné avant que partir du dict camp, que tous les bagaiges, coffres, bahus, vivres de gens, de chevaulx, vivandiers et autres gens non armez tant a pied comme a cheval, yroient par oultre les greves a main gauche. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 283).

 

-

À beau pied. "À pied" : Sur grans chevaulx leurs payges les suyvoyent Et a beau pied, laquais de point en point Qui de drap d'or et de velours avoyent Le grant sayon, ou du moins le pourpoint, Possible n'est de voir gens mieulx en point (LA VIGNE, V.N., p.1495, 215).

 

-

Gens de pied. "Fantassins" : Et est assavoir que comment qu'il en allast, il ne demoura guieres de gens de pied que tous ne fussent mors ou blessez, s'ilz n'avoient plustost arpenté que ceulx qui les chassoyent de trop pres. Et mesmement aussi ceulx de cheval, ausquels la meilleure piece et la plus certaine de tout leur harnoys qu'ilz portoyent estoyt la poincte de leurs esperons. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 292).

 

-

Pied à pied. "Immédiatement après, à la suite" : Quant les archiers en leurs pompes haultaines Furent passez trois a trois, quatre a quatre, Pied a pied vindrent leurs nobles capitaynes Qui ne sont pas gens pour cropir en l'astre, Comme Cresol et Claude de la Chastre Avec son filz dit monsieur Quoquebourne En ordonnance chevaleureuse et bonne (LA VIGNE, V.N., p.1495, 214).

 

-

Avoir les pieds fendus. "Être stupide comme une bête" : L'EMPEREUR. (...) Veult on avoir mon ceptre et ma calote ? Ha, ha, voire ! Suis je une marïote Ou une beste ? Ai ge les piedz fendus ? Tousjours au fol baille on la marote Et a la fin sont les guerdons rendus. (LA VIGNE, S.M., 1496, 240).

 

Rem. Cf. DI STEF., 679a : «Avoir les piedz fenduz, être une bête».

 

-

Ne pas avoir le sens au bout du pied. "Ne pas être lent à la détente" : Et pour iceulx promps canoniers subtilz Qui n'avoient pas au bout du pié le sens, Patrons, pillotes, contremaistres puissans, Voilles a force, guydons et estendars, Adventuriers et oultrageux soubdars Tant la qu'ailleurs pour estre brigans dignes, Fourniz d'arnoys et riches brigandines. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136).

 

-

Y perdre le pied. "Y laisser des plumes, être déconfit" : DUC DE FALAIZE. (...) Regardez, est il droit, Bien pris, bien mys, de gracïeuse taille ! PRINCE D'ANTHIOCHE. Mouche ne sçay qui le pied n'y perdroit Si une fois se trouvoit en bataille. DUC DE FALAIZE. A, si quelc'un devant luy s'entretaille Pour luy cuyder faire quelque finesse, Je me foys fort, soit d'estoc ou de taille, Que le deable luy chantera bien messe. (LA VIGNE, S.M., 1496, 176).

 

Rem. L'éd. donne, s.v. mouche, l'expr. faire perdre les pieds aux mouches "passer son temps à des niaiseries" (cf. HUG. V, 354) ; toutefois, le sens ne paraît pas très convaincant en cont. Suivant DI STEF., 683a («Perdre les piez, devenir fou») et 563c («Mouche, homme habile et rusé»), on peut proposer de comprendre une loc. ne savoir mouche qui le pied n'y perdrait comme "ne connaître personne d'assez habile pour ne pas y perdre l'esprit, pour ne pas y être battu à plate couture".

 

-

Tenir pied à boule de qqc. "Le maintenir fermement" : Et peult bien estre que quelc'un au fourraige Se transportoit avecques quelque paige, Fust pour chasser ou pour piller la poulle, Ce neantmoins q'on tenoit pied a boulle D'ordre, de droit au sceu des ordonnez (LA VIGNE, V.N., p.1495, 143).

 

Rem. Cf. DI STEF., 685a : «Tenir pié a boulle, (...) être assidu, persévérer».

 

-

Tenir pied ferme. "Résister, ne pas céder la place" : A Bressaigne depuis le vendredi En decembre des jours dixneufvïesme, Le roy se tint jusques au mecredi De ce dit moys, conté XXXI, Sans reculler, tousjours tenant pied ferme ; Mais ad ce jour qu'il convint desmarcher Avec son ost, luy en personne mesme, Il s'en alla dedens Romme coucher. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 230).

 

-

Tenir pied fort et ferme. "Résister fermement" : Le roy fut donc en l'enclos de Florence Avec les siens tenant pied fort et ferme Pour demonstrer sa haultayne puissance Des le lundy compté dixseptïesme De novembre, jusqu'au vingthuitiesme. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 221).

B. -

"Mesure de longueur (environ le tiers d'un mètre)" : Dessouz le col l'arbaleste bendee Qui n'estoit pas de foiblesse fardee, Mais par raison grosse, puissante et forte, Et le garrot ou la vire fondee Pour trespercer ung demy pied de porte. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 213).

C. -

P. métaph. "Bas, base"

 

-

Au pied/aux pieds de qqc. "Juste en bas de qqc." : Et aprés disner, le roy alla coucher droit au pied des Arpes. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 277). Le dict lundi, de juing .XXIX., Pour mettre gens et de brief en besongne, Il se parqua sur le soir fort et ferme Tout droit aux pieds des Arpes de Boulongne (LA VIGNE, V.N., p.1495, 277).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 19/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[DÉCT : pié ]

I. -

"Pied, partie terminale du membre inférieur" : ...se l'empereur eust tant soit peu tardé de les faire prendre et departir que vraiement ilz estoient au dessoubz, car l'un estoit fort blessié ou pyé tout outre, qui ne pouoit plus, et les autres deux avoient ja perdu du sang tant qu'ilz estoient presques pasmez (LA SALE, J.S., 1456, 269).

II. -

P. méton. "Unité de mesure correspondant approximativement à la longueur d'un pied d'homme" : Et quant tous deux furent venus, le roy incontinant fist mesurer leurs lances, qui devoient estre, dez la pointe jusqu'a l'arrest, de XIIJ piez de long. (LA SALE, J.S., 1456, 114).

III. -

P. métaph. Pieds du lit. "Extrémité du lit opposée à la tête" : Madame, assise sur les piés du petit lit, le fist entre elle et ses femmes venir, et lors print la foy de lui de ly dire de toutes ses demandes la verité. (LA SALE, J.S., 1456, 7). Et quant elle fut en sa chambre, assise sur les piez du petit lit, dist a tous ses escuiers et autres qu'ilz s'en alassent hors. (LA SALE, J.S., 1456, 12).

IV. -

P. métaph. HÉRALD. "Partie inférieure d'une croisette" : Le premier jour de la IIJe sepmaine vint le conte de Hostindon en tresbel estat, qui aussi fist mectre sa banniere, qui estoit d'azur semee de croisectes d'or recroisectees aux longs piés, au chief d'or, et crioit "Saint George ! Hostindon !" (LA SALE, J.S., 1456, 178).

V. -

Loc.

 

-

Armes de pied. "Combat livré à pied, et non à cheval" : Alors le seigneur de Loissellench dist : "Vous voiez mielz que moy mon honneur et ma honte : je les remetz en vos mains." Alors ilz dirent que sur eulz ilz le prenoient, pour le tresgrant dengier ou ils le veoient, le confortant que aux armes de pyé il se pourroit bien recouvrer (LA SALE, J.S., 1456, 158).

 

-

Homme de pied. "Soldat qui combat à pied" : Lors esleut tous les plus durs et les plus fors hommes de piet jusques a VI mille et pluiseurs hommes de cheval (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 42).

 

-

Gens de pied. "Soldats qui combattent à pied" : ...et fut ordonné que ses tribuns receussent les aultres tribuns, les centurions les aultres centurions, et les gens de piet ceulz de piet, et ceulz de cheval (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 43).

 

-

Lance à pied. "Lance destinée au combat à pied" : Desquelles lances a cheval et a pié, toutes garnies, aussi des autres bastons dessusdiz, il sera tenus et veult que en la lice li [l. il] en donra le choys. (LA SALE, J.S., 1456, 145).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 20/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[T-L : pié ; GD : pied ; GDC : pied ; DÉCT : pié ; FEW VIII, 293a : pes ; TLF XIII, 330b : pied]

Loc. [Indique qu'une pers. a des entraves aux pieds et aux mains] Pieds et poings liés : ...se Edouart [d'Angleterre] eust eu vaillant corage de roy, tel que noble et vaillant prince doit avoir, il eust envoyé messire Robert d'Artois [cherchant à soulever le roi d'Angleterre contre le roi de France] piez et pointz liez au roy [de France] Phelippe pour en faire justice telle qu'il appartenoit par raison, veu que le dit Edouart estoit homme lige du roy (JUV. URS., T. crest., c.1446, 35).
 

Lexique partiel de Juvenal des Ursins Martine Moulin

 Article 21/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIET, subst. masc.
[DÉCT : pié ]

A. -

"Pied"

 

1.

[Chez l'homme] : Sans nul mestret Avoit le corps par mesure pourtret, Gent, joint, joli, juene, gentil, grasset, Lonc, droit, faitis, cointe, apert et graillet. Trés bien tailliez Hanches, cuisses, jambes ot, et les piez Votis, grossez, bien et bel enjointiez, Par maistrise mignotement chauciez. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 71). Premiers, s'orine resgarderent, Et puis après si la tasterent ; Li uns après l'autre tastoient Partout ou taster la devoient, Les piez, le pous, et puis les temples ; Et puis si moustroient exemples Des cures qu'il avoient faites En pluseurs lieus et bien parfaites. (MACH., J. R. Nav., 1349, 202). ...messire Jehans Sovain Y fu bleciés par mi le pié D'une sajette ou d'un espié. (MACH., P. Alex., p.1369, 147). Li [au corps du roi assassiné] avoient mis unes chausses Rouges, reses, viez et usées ; Et s'estoient toutes troées ; Et uns viez solers emboez Qui tous IJ. estoient troez, Si que l'un des piez li paroit Telement qu'à tous apparoit ; Et un viez chaperon de pers Qui estoit tous mengiez de vers, Ort et vil, et puant, et sale Avoit, mors gisans en la sale. (MACH., P. Alex., p.1369, 272). Maudis de Dieu, de tous sains condampnés, De la clarté des estoiles bannis Puist estre li mois de Mars Et de mal feu d'enfer brulés et ars, Li et si jours et sa puissance toute, Quant il m'a fait avoir en piet la goute. (MACH., L. dames, 1377, 222).

 

-

P. méton. : Et si leur fist sans detrier Les piez et les jambes lier Et eaus geter dedens le fu Qui fu tels qu'onques tels ne fu, Car pluseurs Caldez qui la furent De la flame dou feu moururent. (MACH., C. ami, 1357, 22). Li roys commanda qu'on l'enserre, Et qu'on le mette estroitement Uns fers en ses piez, telement Et si pesans qu'il ne s'en vole, Car mettre le vuet en géole, Ou apenre un autre mestier, Dont cure n'avoit, ne mestier. (MACH., P. Alex., p.1369, 258).

 

-

Aus piez de qqn : Si se couchoit moult doucement Aus piez la dame, et humblement Resgardoit son trés dous viaire. Mais qui oïst les bestes braire Et la noise qu'elles faisoient, Quant einsi le lion vëoient, C'estoit hideur a escouter (MACH., D. Lyon, 1342, 181). Et je par dedens mon corage Avoie un mervilleus talent, De cuer hastif et de corps lent ; Car mes corps ne s'osoit crosler, Et se mes cuers peüst voler, Jusques a ses piez s'en volast, Et, s'il vosist, se l'afolast, Que ja ne s'en querist deffendre, Et le deüst on par mi fendre, Tant amoureusement l'amoie. (MACH., D. Aler., a.1349, 271). Et toutevoies une dame, Cui Amours gart de tout diffame, Ne tint ses parlers fors qu'a truffe, Et se li donna tele buffe Que jus a ses piez l'abati. (MACH., D. Aler., a.1349, 321).

 

-

Dès le piet jusqu'en chief : Car einsi com la fueille en tramble Contre le vent fremist et tramble, Leur trambloit li corps et les james En la presence de leurs dames, Voire, dès le piet jusqu'en chief, Tant avoient il de meschief (MACH., D. Lyon, 1342, 196).

 

-

Estre tous drois sur ses piez : Lors, par une vois, respondirent (...) Que volentiers le serviroient Et son commandement feroient, Pour mettre le corps et la vie, Et qu'il avoient grant envie D'aler contre les mescreans, Qui pas ne sont en Dieu creans. Et li pueples qui là estoit, Qui tous drois sur ses piez estoit, Respondi à X. mille vois : "Alons, alons ; g'i vois, g'i vois." (MACH., P. Alex., p.1369, 55).

 

-

Tenir le piet en l'estrier : Li roys seoit sus son destrier, Et tenoit le piet en l'estrier, Fort et ferme et seürement. Là se combat si durement D'une hache bien enferrée Que riens à ses cops n'a durée. (MACH., P. Alex., p.1369, 94).

 

-

[P. oppos. à gens de cheval] Gens de piet. "Troupes à pied, infanterie" : De gent de piet et de cheval Furent plein li mont et li val, Quant il firent leur monstre faire. Car, si com j'ay oy retraire, Si grant planté en y avoit, Que home nombrer ne le saroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 55). Toutes gens de piet demourerent En Chypre, et le païs garderent, Car honte est de perdre sa terre, Pour aler une autre conquerre ; Et se fait cils biaus vasselage, Qui bien deffent son heritage. (MACH., P. Alex., p.1369, 59).

 

-

En piez. "Debout" : L'empereur, qui sages estoit, Devant le roy en piez estoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 37).

 

.

Soi lever/soi drecier en piez : Et la dame qui resgardoit Devers l'uis et ne s'en gardoit, Le vit et congnut a l'entrée ; Se s'est tantost en piez levée ; S'ala a l'encontre de lui, Et se n'i atendi nelui. (MACH., J. R. Nav., 1349, 187). Adont s'est Foy en piez drecie Comme sage et bien adrecie De droit, de coustume et d'usage (MACH., J. R. Nav., 1349, 216).

 

-

[P. oppos. à à cheval] À piet. "À pied" : Si que je vueil entroublier le mal De tristece, car il me siet trop mal. A piet s'en va, mais il vint a cheval, Dont trop me poise (MACH., F. am., c.1361, 175). Vous pouvez oïr leurs tabours : Qui ne les oit, il est bien sours. Et jà sont descendus aval Pluseurs à piet et à cheval ; Et li autre gardent le pas Pour ytant qu'il ne vuelent pas Que nuls puisse monter amont. (MACH., P. Alex., p.1369, 151).

 

.

Tout à piet : Quant li cheval furent à terre Et trestoute sa gent, grant erre Les menerent devers le roy, Qu'il trouverent en grant conroy, Tout à piet, dessous sa baniere, Qui n'estoit mie tout entiere, Eins y avoit plus de C. tros De sajettes et de garros. (MACH., P. Alex., p.1369, 79).

 

.

Aler à piet : D'autre conseil user nous faut ; Lassé sommes et il fait chaut, Si ne porrons aler à pié. Prenons chascuns lance ou espié, Et leur courons sus vitement Tous ensemble et serréement. (MACH., P. Alex., p.1369, 215).

 

-

Estre à piet sans lance. "Sans cheval" : Sire, il est voirs comme evangile Que li contes de Tanquarville M'envoia une haguenée Sans selle, à bride renouée, D'un piet et d'un oueil desferrée, Qui est de tous poins aveuglée ; Si que je sui à piet sans lance. Et volentiers iroie en France, Car moult desir que je vous voie. Mais deffendu m'i ont la voie Li pilleur, li vens et la pluie Et li yvers qui moult m'anuie, Et especiaument la goute Et mes chevaus qui ne voit goute. (MACH., Compl., 1340-1377, 262).

 

Rem. Estre à piet et sans lance. "À pied, ruiné et sans ressources" (DI STEF.).

 

-

Piet à piet avec. "Près de (l'autre)" : Mais pour ce ne laissay je pas Que n'alasse plus que le pas Piet a piet avec le lion, Car toute estoit m'entention A savoir ce qu'il voloit faire. (MACH., D. Lyon, 1342, 172).

 

-

Loc. : [Envie] Partout se met ; partout se fiche ; Partout vuet estre ; partout rampe ; Elle n'a pas eu pié la crampe, Eins est vigueureuse et aperte, Nom pas a pourfit, mais a perte. (MACH., D. Lyon, 1342, 225). Tantost li grant et li meneur Respondirent que il iroient Volentiers, et que prest estoient Pour aler où le roy vorra, Et que ja piet n'en demorra. Li roys les mercia forment, Puis fist crier isnellement, Que le landemain partiroit (MACH., P. Alex., p.1369, 59).

 

-

Ne remuer ne piet ne main ne bouche : Dedens la chambre ou Dieus de sommeil couche Avoit un lit trop riche et une couche. La dedens gist, aussi comme une souche, De tel maintien Que ses mentons a sa poitrine touche, N'il ne remuet ne piet ne main ne bouche (MACH., F. am., c.1361, 164).

 

-

Ne touchier qqn de piet ne de main ne de bouche : Et s'il y a femme qui gise, Soit tantost ton enseigne mise Seur le sommet de sa maison, Et en ce garde si raison Qu'il n'i ait homme qui la touche De piet ne de main ne de bouche. Einsi le faisoit, dont j'en ri, Li bons fils l'empereur Hanri, Qu'en son ost n'estoit si hardis Qu'en ce ne fust acouardis Et que la teste ne perdist, S'a femme efforcier s'aërdist. (MACH., C. ami, 1357, 121).

 

-

Ne de plein piet ne demi. "Nullement" : N'oncques n'ot cuer esperdu, Ne de plein pié ne demi Ne guenchi, Ains parti Au parti Qu'au tieü Qu'orent eü Si que bien ot perceü, Et comment son corps offri Sans detri Et sans si Et einsi L'a on ami congneü. (MACH., Lays, 1377, 475).

 

2.

[Chez l'animal]

 

-

[Animal quadrupède] : Sire, il est voirs comme evangile Que li contes de Tanquarville M'envoia une haguenée Sans selle, à bride renouée, D'un piet et d'un oueil desferrée, Qui est de tous poins aveuglée ; Si que je sui à piet sans lance. (MACH., Compl., 1340-1377, 262). Je soushaide que tels gens fussent En païs ou il ne sceüsse Chemin, ne voie, ne sentier (...) Et que leur cheval encloé Fussent tuit d'un piet ou de deus (MACH., D. Lyon, 1342, 204). Il nous couvint sëoir aussi, Qu'elle le commenda einsi. Mais si tost qu'elle fu assise, Li lions qui moult l'aimme et prise Sus ses quatre piés se coucha, Et la dame li atoucha De sa belle main sus la teste. (MACH., D. Lyon, 1342, 223).

 

-

[Oiseau] : La conquiert honneur en volant, En tous bons endrois assevie, Voire, se li autre partie, Piez, bec et tuit li remenant, Sont disposé a l'avenant. (MACH., D. Aler., a.1349, 352). Je qui la senti [une verdiere] resvillier, La repris amiablement Et li loiay moult belement L'un des piez d'un filet de soie. (MACH., D. Aler., a.1349, 394).

 

.

Soi drecier sus ses piez : Et s'il ne puet si tost voler, Pour ce qu'il a souffert assez, Par quoy il puet estre lassez, Il se puet sus ses piez drecier Et ses plumettes adrecier Lés l'esprevier privéement. (MACH., D. Aler., a.1349, 285).

 

3.

[P. anal. de fonction] "Partie d'une chose qui repose sur le sol, qui est en contact avec le sol"

 

-

Au piet de : Li roy fu au piet de la tour Et sa gent li furent entour, Tuit prest de faire leur devoir (MACH., P. Alex., p.1369, 98). ...tantost leur coururent seure Si fierement, qu'en petit d'eure La place qui estoit perdue Leur fu tout quittement rendue, Et les mirent, qui que s'en pleingne, Jusques au piet de la montaingne Et si près que li Sarrazin Qui leur estoient dur voisin Pooient geter pleinnement Sur eaus, sans nul empeschement. (MACH., P. Alex., p.1369, 152). La fu mort, droit au piet du mont, Messires Philippes d'Omont ; Dont ce fu pitez et damages, Car grans estoit ses vasselages. (MACH., P. Alex., p.1369, 155). Au piet dou chastel descendirent Et en bel arroy se meïrent, Et puis il monterent amont. Là de gens avoit si grant mont Que ne le saroie nombrer, Tant bien m'en sceüsse encombrer. (MACH., P. Alex., p.1369, 195).

B. -

"Pied, unité de mesure" : Ne te laisse desheriter Pour riens qu'on te puist enditer, Car par ma foy, mieus ameroie, S'empereres ou rois estoie, Despendre tout en bonne guerre, Qu'on me tollist un piet de terre, Car tout prince desherité Vit a honte et a grant vilté. (MACH., C. ami, 1357, 126). A senestre ha un aviron Lonc de cent piez ou environ Et gros a l'avenant sans faille Dont il [Polyphème] retourne son aumaille. (MACH., Voir, 1364, 622). C'est la maniere, c'est la guise Comment Alixandre fu prise Dou second assaut, sans retraire ; Qu'onques pour lancier ne pour traire N'i ot celui qui se treïst Arrier, ne qui se retreïst Vingt piez de terre ; et se vous di Que ce fu en un venredi ; Et fu, pour ce que je ne mente, L'an mil CCCV. et sexante, Landemain de la St. Denis, Einsois que li jours fust fenis. (MACH., P. Alex., p.1369, 95).

 

-

Loc. : S'un piet en vuet, il en a une toise. (MACH., F. am., c.1361, 176).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 22/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[T-L : pié ; GD : pied ; GDC : pied ; DÉCT : pié ; FEW VIII, 293b : pes ; TLF XIII, 330b : pied]

A. -

"Partie terminale du membre inférieur, pied"

 

1.

Au propre : Une damoiselle sote, Ce sembloit, qui une pelote Portoit et com coulon duvee Estoit es piés et emplumee. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 11786). [le texte est accompagné d'une miniature qui représente la demoiselle] Les dis anges emmenoient Trois esperis qui avoient Couronnes d'or dessus leur chief [éd. chief[s]], Et estoient jucques aus pies Vestus de pourpre rougoiant (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 9670).

 

a)

[Le pied en tant que soutien du corps] Avoir bons pieds./avoir mauvais pieds. "Être solide sur ses pieds" : N'est pas merveilles, se bastons Ou potences queroit uns homs Mal jambu ou a mauvais pies Ou qui es jambes est froissies ; Mes qui a les jambes sainnes Et bons pies pour asses paines Soustenir, se quiert potence Pour soy soustenir, lasch' en ce Sera dit, car mieux vault asses Naturel membre qu'empruntes. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 8178).

 

b)

[Le pied en tant qu'organe doué de mobilité]

 

-

Aller à pied : Il moustrent que biaus palefrois Volentiers chevauche à la fois, Qu'aler à pié ne daigneroie, Se delez moy cheval n'avoie. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7891).

 

.

Aller à quatre pieds. "Se déplacer en prenant la position d'un animal, pieds et mains au sol" : Sur terre aloit [Trahison] à .IIII. piez Comme serpent (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 8200).

 

.

Au fig. Avoir pieds de plomb. "Avancer, agir doucement ou plus lentement, avec prudence et réflexion" : Miex vaut .I. sage à piés pesans Que quatre folz à piez volans. Et pour ce pieça Sainte Eglise Ordena que ne fust mise Personne pour li gouverner Qui n'eust piez de plonc pour aler, Si ques de ce je sui privee, Tant com serai ainsi duvee. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 11832). Or te di je que voirement Piez ai de plonc et belement Voiz, mes loing petit et petit Va on bien ; pieça il fu dit. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 13186).

 

.

Arrester qqn par pied ou par teste. "Retenir qqn captif d'une façon ou d'une autre" : Nul n'en istra que il n'arreste, Se il puet, par pié ou par teste. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 11720).

 

-

Mettre le pied en un lieu. "Entrer en" : GRÂCE DIEU AU PÈLERIN. Si te di je quë en l'estre De Jerusalem n'enterras Sans moi ne le pié n'i metras (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 356).

 

-

Pied à pied. "Pas à pas" : « Comment, dis je, dame tressage, M'avez vous par deça laissié Qui cuidoie que pié à pié Avec moi touzjours venissiez Et nul temps ne me lessissiez ? » (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7002). Les vielles aussi pié à pié I vindrent dont ne fu pas lié. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 13413).

 

Rem. Cf. FEW VIII, 295b : « Mfr. nfr. pied à pied "pas à pas" (seit 1382) ».

 

-

Remuer les pieds. "Marcher" : Et mains autres qui remuoient Les piés et volentiers aloient Par Penitance es grans voiages Et es lointains pelerinages. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 12262).

 

-

Se relever sus ses pieds : À li [au bâton de pèlerin] m'ahers, cuer me revint. À .II. mains l'empoignai et pris Et m'i apuiay et tant fis Que, si com si me relevai Sur mes piez et me redreçai (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7300).

 

-

Saillir (un obstacle) pieds joints. "Franchir (un obstacle) à pieds joints" : J'ai non Jeunece la legiere, La giberresse, la coursiere, La sauterelle, la saillant Qui tout dangier ne prise .I. gant. Je vois, je vieng, je vois, je vole, Je espringale, je carole, Je trepe et queur et dance et bale En alant à la huitefale, Je luite et sail fossez piez joins (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 11811).

 

-

En partic. [P. oppos. à à cheval] À pied. "En se déplaçant à pied" : Tu es entré en leur païs, Nul n'i entre qui assallis Ne soit d'elles et guerroié, Soit à cheval ou soit à pié. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 7388).

 

-

Gent de pied. V. gent.

 

c)

[Le pied en tant qu'instrument d'une action violente, d'une lutte] Defouler aux pieds. V. défouler

 

2.

Loc. fig. Trouver son maistre à son pied. "Trouver un maître à son image" : Ha, faus Judas, qu'as tu pensé ? As tu si a ton pié trouvé Ton maistre que demandé as Combien de li avoir pourras ? (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 7686).

 

Rem. À comparer à FEW VIII, 296b : « Mfr. trouver chaussure à son pied "trouver ce qui convient" (seit Nic 1606, Prov2) ».

B. -

P. anal. [D'un végétal] : ...et me trouvai U gardin dont devant dit ai [,] Acouté dessouz le pommier Dont le pié m'estoit orellier (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 11204).

 

Rem. Cf. FEW VIII, 297a.

 

-

(Bois) sur pied. "(Bois) dont les arbres n'ont pas été abattus" : Jadis les bosqueillons vendoient Leur bos sur le pié et disoient : ... (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 9656).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 23/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[DÉCT : pié ]

A. -

Au propre

 

1.

"Pied (d'une personne, d'un animal)" : Si le prindrent par teste, par piez et par jambes, et tout en air le sourdirent (C.N.N., c.1456-1467, 63).

 

-

Mettre pied à terre. "Descendre de monture" : Tantost qu'il eut mis pié a terre (...), son hostesse luy vint au devant (C.N.N., c.1456-1467, 431).

 

-

Mettre le pied (qq. part). "Aller (en un lieu)" : Et lors luy fist jurer que jamais en eglise pié ne mettroit (C.N.N., c.1456-1467, 59).

 

-

Pied à pied. "Pas à pas" : ...il obeyt comme il devoit, car il suyvit pié a pié la meschine qui le vint querre. (C.N.N., c.1456-1467, 320).

 

-

[À propos d'un cheval] : ...son cheval, qui venoit de toute sa force, faillit de quatre piez et tumbe (C.N.N., c.1456-1467, 332).

 

-

[À propos d'un animal] Estre sur du pied. "Avoir le pied sûr" : ...prenez ma mule. Elle est tresbelle et si va bien et doulx, et est aussi seure du pié que je n'en trouvay oncques point. (C.N.N., c.1456-1467, 312).

 

-

[Agacerie amoureuse] Le jeu des pieds : ...il prestoit ses yeulx a l'ostesse, sans espargner par dessoubs la table le gracieux jeu des piez (C.N.N., c.1456-1467, 219).

 

-

Se lever en/sur pieds. "Se dresser (quelle que soit la position préalable)" : ...si perceut d'adventure que le chevalier (...) se lieve en piez [La journée, lors d'une réception] (C.N.N., c.1456-1467, 254). Quand l'autre entendit la plainte de sa mere et l'inhumanité de son filz, il se leva sur piez tres courroussié [La nuit, il est au lit] (C.N.N., c.1456-1467, 325).

 

-

Saillir en pieds. "Bondir" : ...nostre clerc (...) saillit en piez, assault sa maistresse et la reboute en sus de luy (C.N.N., c.1456-1467, 151).

 

-

Se mettre sur pieds. "Se lever (d'une position allongée)" : A quelque meschef que se fut, se mist sur piez, cuidant parmarcher sur son houseau et par ce l'oster de sa jambe (C.N.N., c.1456-1467, 158).

 

.

[Empl. conjoint avec se lever] : ...tantost qu'il eut rompu deux lances, elle se leve et se mist sur ses piez. (C.N.N., c.1456-1467, 517).

 

-

Estre mis sur pieds. "Être debout" : ...la bonne femme fut vistement mise sur piez, et en pou d'heure habillée et lassée de sa cotte simple (C.N.N., c.1456-1467, 27).

 

.

Estre remis sur pieds : A chef de piece, il print courage, et, o l'ayde de sa femme, la Dieu mercy, il fut remis sur piez. (C.N.N., c.1456-1467, 52).

 

-

Tenir sur pieds. "Rester debout" : Ma foy, dit elle, il m'est prins ung tel mal de teste que je ne saroye tenir sur piez (C.N.N., c.1456-1467, 242).

 

-

Estre rade du pied. "Avoir le pied leste" : Le filz, oye ceste menace, si sault sus, et s'en picque par derriere et se sauve. Son pere le suyt, mais c'est pour neant : il n'estoit pas si radde du pyé comme luy. (C.N.N., c.1456-1467, 325).

 

-

En partic. [Geste ou image chargé d'une connotation]

 

.

Se jeter aux pieds de qqn. "Chercher à obtenir une faveur de qqn" : ...la bonne pucelle se gecta aux piez du ribaulx, en luy faisant pluseurs piteuses remonstrances, luy priant qu'il eust pitié d'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 552).

 

.

Saillir les pieds devant. "Avoir été tué" : Par la mort bieu, beau pere, vous ne saulterez a jamais d'icy sinon les piez devant, se vous ne confessez verité. (C.N.N., c.1456-1467, 220).

 

.

Tenir Dieu par les pieds. "Être au septième ciel" : La veille, de joye esprise, cuidant Dieu tenir par les piez, [se] leve de haulte heure (C.N.N., c.1456-1467, 101).

 

2.

P. ext. [À propos d'un objet] "Le bas" : ...il trouva une petite mulette au pié des degrez du chasteau (C.N.N., c.1456-1467, 208).

B. -

Au fig.

 

-

De pied coi. "En toute sérénité, avec le plus calme" : ...et elle (...) ne fist que ung sault jusques a la chambre de celuy qui l'attendoit de pié coy. (C.N.N., c.1456-1467, 250).

 

-

Estre soulier au pied de qqn. "Lui convenir parfaitement" : Il luy compta son cas tout du long, comme il a prié une telle, la response et le refus qu'elle fist, doubtant qu'il ne soit pas bien solier a son pié (C.N.N., c.1456-1467, 107). ...il estoit de plus haulte estoffe et trop mieulx soulier a son pié que le premier venu. (C.N.N., c.1456-1467, 228).

 

-

Estre sur pieds. "Être vivant" : ...ilz ne sont mors tous deux que de chaulde maladie ; et si je les eusse aussi bien roncynez quand ilz furent malades que j'ay fait ma femme, ilz fussent maintenant sur piez. (C.N.N., c.1456-1467, 138).

 

-

Estre mis sur pieds

 

.

[D'une pers.] "Être prêt à l'action" : ...prestes furent et sur piez mises, et leur pou de mesnage mis a point (C.N.N., c.1456-1467, 99).

 

.

[D'une chose] "Être mené à bon terme" : ...[j']ose et presume ce present petit oeuvre, a vostre requeste et advertissement mis en terme et sur piez, vous presenter et offrir [Décidace du recueil] (C.N.N., c.1456-1467, 22).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 24/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[T-L : pié ; GD : pied ; GDC : pied ; DÉCT : pié ; FEW VIII, 293a : pes ; TLF XIII, 330b : pied]

A. -

"Partie inférieure de la jambe" : Item, une houppelande de gris drap de Monstreviller, doublé de pers, et longue jusques aus piez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 15). ...il [le juif] seroit penduz par les piez, et à ses deux costez à chascun un grant chien pendu par les piez samblablement comme lui. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 52).

 

-

Nus pieds : ...lequel estoit en habit d'ermite, et here vestue, nuz piez, grande barbe et grelles cheveux, tenant un bourdon ferré (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 471).

 

-

Homme de pied. "Fantassin" : ...et ainsi comme ilz furent alez ensemble environ demie lieue, aconceurent un homme de pié qui aloit le chemin devant eulx (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 134).

 

-

(Aller) à pied : ...et si n'avoit denier ne maille, et aloit à piet en guyse de varlet ou de garçon. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 386). ...et ala, il qui parle, à pié l'espace de deux lieues ou environ avant ce que ledit de Moustereuil lui ramenast son cheval (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 518). ...et autres plusieurs sergens, tant à cheval comme à pié (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 520).

 

-

Desbattre les pieds et mains. "Se débattre des pieds et des mains" : ...elle qui parle se demenoit et debatoit les piez et mains, afin que ycellui Oudot qui se efforçoit de la charnelment congnoistre ne la congneus (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 510).

 

-

Mettre pied à terre. "Descendre de cheval" : ...il avoit mis pié à terre sur ledit chemin, pour paour de certaines gens armez que il avoit veuz en un bois. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 539).

B. -

"Patte, sabot (des animaux)" : ...d'unes tenailles à esrachier cloux de piez de chevaux, qu'il trouva d'aventure, esracha les cloux à quoy la ferreure dudit petit coffret estoit atachiée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 226). ...et, ce fait, mist un gant en l'une de ses mains, et un chascun desdiz botereaulx print par le pié, et iceulx, chascun à par soy, mist en un pot de terre neuf (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 330).

C. -

"Base ou support de certains objets" : ...en la bourse de la dame dudit hostel, qu'il trouva sur un coffre au pié du lit d'iceulx, print dix soulz en petiz blans. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 495). Lequel homme (...) se leva de son lit, et aus piez print en drapelet certains gros tournois jusques à la somme de deux frans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 267). ...onze tasses d'argent pesant chascune un marc et plus, esmaillées au fons, et à un chapiau de marguerites à pié (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 401).

D. -

MES. "Mesure de longueur de douze pouces" : ...prinsonnier detenuz oudit Chastellet, pour souspeçon qu'il n'oit mal prins et emblé une houpelande de drap gris longue et sengle, une autre houpelande de pers cler sengle, longues jusques environ les genoulx, avecques environ pié et demi de roigneures de ladicte houpelande de pers sengle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 120).

 

-

Demi pied : ...un sachet de cuir gros d'environ plain poing, et long de demi-pié ou environ (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 82).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 25/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[T-L : pié ; DÉCT : pié]

A. -

"Pied, partie du corps humain"

 

-

À nus pieds. "Non chaussé" : Et en ce mesmes temps fut pris par justice a Lille et mené a Tournay ung herese (...). Estoit lait et de vil abit. Alloit deschaulz et a nuz piéz (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 226).

 

-

Depuis la teste jusques aux pieds. V. teste

 

-

Mettre pied en terre. "Débarquer" : ...et ne vouldrent lesdiz Bretons par argu prins contre les François mettre oncques pié en terre, mes (...) retournerent en la haute mer [au cours d'une expédition d'aide à la reine d'Angleterre] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 293).

 

-

Sourdre en pieds. "Se lever, se mettre debout" : Et tantost aprés ceste responce faite, sourdy en piéz le procureur du roy, et commença a faire plusieurs grans plaintes et doleances a l'encontre du duc leur maistre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 127).

B. -

ART MILIT. Homme de pied. "Soldat faisant campagne à pied" : Entour cestui temps le roy de Phez (...) vint assegier icelle cité a grant multitude et puissance de gens, entre lesquelz avoit XVm hommes a cheval et IIIIxx mille de pié (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 76).

C. -

Loc. fig. Parler à pied et à cheval. "Parler humblement et en haussant le ton" (Éd.) : Lesquelz trois poins bien peséz et percogitéz, et sachant qu'au monde n'en avoit nulz aultres, [le duc de Bourgogne] dressa son ambassade comme j'ay dit, et leur donnant voye de parler a pié et a cheval (...), delibera en ly que... (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 298).
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 26/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[T-L : pié ; GD : pied ; GDC : pied ; DÉCT : pié ; FEW VIII, 293, 297b, 298b, 299a : pes ; TLF XIII, 330b : pied]

A. -

Au propre

 

1.

[À propos d'une pers.]

 

a)

DR. [Peine infligée à un condamné] Couper le pied : Si fu juigez (...) à estre mis ou pilori et puis avoir coppé le pié ou le poing senestre (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1345, 173).

 

b)

Loc.

 

-

Verbe indiquant un déplacement + à/de (son) pied. "En marchant" : ...ledit Pinel fut emmené en son hostel, à son pié, à l'aide de ses voisins. (Ch. VI, D., t.2, 1408, 211). Et de fait s'en vint de pié droit audit lieu d'Aveny. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1428, 79). Et le redressèrent et lui redressé s'en alla d'illecques jusques audit lieu d'Arnac, de son pié, distant dudit lieu de Latières d'un quart de lieue ou environ (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 607). En obtemperant auquel commandement de sondit maistre, il alla à pié dudit païs de Xantonge ondit païs de Poictou (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 611).

 

-

[D'un homme à cheval] Se mettre à pied. "Se mettre debout sur le sol" : Et se voyant par ledit suppliant, qui est homme noble, ainsi dementy, villipendé et oultragé par ledit des Monceaux, homme rural, pour demander le sien, fut fort esmeu et courroucé, et desplaisant desdictes parolles, descendit de dessus son cheval et se mist à pié. (Doc. Poitou G., t.12, 1480, 343).

 

c)

P. méton. DR. En tiers pied. "En troisième position" : Quant applegement est fait entre aucunes parties, ung tiers pretendant avoir droit es choses se peut venir contreapleger au sergent ou juge en tiers pié (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 297). Messire Robert Morin chevalier s'applege en tiers pié (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 366). Si applegement et contreapplegement pend entre parties à cause d'aucune chose, ung tiers pendant le procès qui advoue droit en la chose en quelque estat qu'elle soit ne combien de temps qu'il ait duré, se peut en jugement appleger en tiers pié à deffendre que la saisine ne soit adjugée à l'un ne à l'autre, mais à lui. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 289).

 

2.

[À propos d'un animal]

 

a)

Pied fourché. "Bétail au pied fendu" : ...sera levé l'imposition du gros du pié fourchié, c'est assavoir pour chascun beuf, trois solz tournois, pour vache, deux solz (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1465, 429).

 

b)

"Pied d'animal préparé en cuisine" : En oreilles, pieds et groins de pourceaux, et ung gigot farcy d'aulx, que le roy donna au Bailly (Comptes roi René A., t.3, 1476, 303).

B. -

P. anal.

 

1.

"Partie d'un objet servant de support" : Pour faire et forger le tuyau du pié de la couppe St Louys, et le reburnir tout de nouvel ; pour croissance d'or de touche, 6 esterllins, rendu à Symon des Landes environ Pasques ; pour déchè et façon, 48s. p. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 125). ...six cent vingt trois livres de fer (...) pour faire deux paelles, un rouable, un eschaudouer et les piés des contreroustiers pour la Cuisine du Roy (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1389, 254). ...ont lesdits personnaiges, les mains joinctes et à genoulx sur ung coussin fait en manière de drap d'or mis et assiz sur ung hault pié, garny dessus et dessoubz de grosses moulures fort eslevées (Comptes Lille L., t.1, 1477, 508). ...pour la façon de la couppe de voirre que je garnie d'argent doré, qui a les patenostres taillées tout autour du pié, et dessus le pingnon de la couverte de ladite couppe, je fait ung ver mur, esmaillé de sa couleur (Comptes roi René A., t.1, 1477, 325).

 

2.

"Partie par laquelle une construction repose sur le sol" : ...avecques ce fault repenre le cou du piller par dessoubz qui est soubz le bort de la riviere et refaire le piet droit de l'arche de celuy costé du piller tout de mortier, de caulx et de sablon (Industr. Paris F., 1393, 346). ...la repparacion d'une goutière de dessus le siège de monseigneur l'Official et d'une goutière de dessus le pié du degré du palaiz et pour le conduit de la cuisine, que pour employer a atacher les graffez mises sur le mur du portail aux Boursiers (Comptes Archev. Rouen J., 1438-1439, 185).

 

3.

MOULINS. "Soubassement d'un moulin" : ...sur la riviere de Vanze, en laquelle souloit avoir deux molins, l'un a pix et l'autre a choisel, lesquelz sont fondus et ruynez et par ce ne rendent riens (...) ; item, le tier d'une place assise on ban et terroir dudit Pierepont sur la riviere de Vanze, en laquelle soloit avoir deux molins, c'est assavoir ung a pict et l'autre a choisel (Trés. Reth. L., t.3, 1441, 206).

 

Rem. 1. Probablement mauvaise lecture pour pié/piet. 2. Cf. Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 794.

C. -

MES.

 

1.

"Unité de longueur" : ...premierement a esté marchandé en tasche audit Jehan Rose de mectre et asseoir ou grant pont de la Lijs estant derriere l'ostel de Gilles Pipe 14 sommiers et vint huit pillos (...) et les nouveaux pillos fichier et frapper ens, chacun 12 piez de parfont, et les lier aussi chacun de quatre bons liens en maniere de braquons (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 637). ...mettra [Jehan Rose, charpentier] sur ou soubz chacun debout de ladicte asse deux baulx sur les filieres au moylong de 8 piez de long et 10 paulx d'espés en la quarure, et sur lesdiz baulx au debout de ladicte asse mettra 2 blox, chacun 5 piez de long et 20 poch d'espés, où les pannelettes sont mis et ladicte asse se tourne, et aussi doit refaire la parroit de nouvel contre la roe de l'eaue (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 647). ...a Thomas Rave pour la vendue et livrée de LXV piés de gouttière de boys (...) pour VI mines de caulx (...) pour IIII canlattes (...) et pour IIII bennelées de sablon (...) pour l'aportage des choses dessusd. (Comptes Archev. Rouen J., 1437-1438, 170). A Michel Trouvé pour avoir refait six penneaulx de verre en la chappelle et replombé de neuf, avoir refait trois penneaulx en la chambre des comptes et mis III piés et demi de verre et avoir refait les lozenges d'un cassis en la salle (Comptes Archev. Rouen J., 1455-1456, 298). ...à Florent de Hemon, voitrier, demourant à Paris, la somme de 11 l. 8 s. 8 d. p., qui deue luy estoit par ladicte ville pour 98 pieds de verre mis en oeuvre ès fenestres de l'auditoire de Mesdits Seigneurs (Comptes Paris M., t.2, 1473-1474, 363).

 

2.

"Unité de surperficie" : ...chinc piés de terre estans et assis a Fay lez Saint Félis, au pris de la vergue, a compter vint chinc piés pour la vergue (Cartul. Beauv. L., 1368, 652). ...il avoit prins a cens ou seurcens annuel et perpetuel de nostredit très redoubté seigneur vint quatre piedz de terre commençant au bout du jardin ou courtil audit Pierrart appartenant et venant directement aux cloyers estans devant (Trés. Reth. L., t.3, 1449, 286).

 

3.

"Mesure établie pour les écritures des clercs en chancellerie" : Et grossera le commissaire, là où mieulx lui plaira, à ses despens, la dite enqueste. Et sera paié de la grosse d'icelle par ceste maniere : c'est assavoir d'un chascun pié d'escripture du long escript, sanz fraude, 1 gros et demi. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 172). ...de toutes escriptures qui se feront es dites cours, c'est assavoir de faiz ou de raisons baillées en court, de la coppie d'icelles, de copie de tesmoins ou d'autres escriptures, les clers se paieront au pié, c'est assavoir pour un chascun pié de long et de large sanz fraude escript 1 gros et demi (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 173).

D. -

MONN. "Type, étalon en matière monétaire" : ...ès Monnoies de Paris, de Tours et d'Angers on ouvroit sur autre pié de monnoie et donnoit on en ycelles plus en chascun marc d'argent aus marchanz que on ne faisoit en la dite Monnoie de Poitiers (Doc. Poitou G., t.3, 1360, 281). ...sanz sur ce estre tenu de paier ou donner quelque chose à la garde, assaieur, tailleur ou quelque autre officier ou serviteur de ladicte Monnoye, pourveu que se ledit pié de monnoye se muoit dedens ledit terme de trois ans ledit Buridan seroit lors tenu de baillier caucion et de rappleger lesdictes monnoyes et paier les officiers d'icelles comme il appartiendra (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 193). ...la monnoye d'Auxonne, que monseigneur le duc leur avoit accordé forgier et monnoyer en icelle à leurs frais et despens avec toutes matieres neccessaires pour faire ledit ouvraige de monnoye dau telz pié, poix et aloy que l'en ouvroit lors en ladicte monnoye (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 801). ...en deffendant icelles monnaies en en faisant ung nouveau pié sans aucunement toucher a celui de présent. (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1464, 425).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 27/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[DÉCT : pié ]

I. -

ANAT.

A. -

"Partie inférieure de la jambe de l'homme" : ...et tant que plusieurs furent navrez tant des gens du Roy que des diz freres, et en eut IJ en peril de mort, comme l'en disoit, et un armeurier navré d'un piet (BAYE, I, 1400-1410, 11). ...Forget (...) avoit esté (...) trouvé pendu ou chemin en revenant, et avoient esté trouvées les lettres royaulx dessirées soubz les piez dudit pendu. (BAYE, I, 1400-1410, 284).

 

-

Loc. adv. À/de pied. "À pied" : Et alerent au devant desdis duc et conte et de leurs femmes jusques au champ de Lendit les gens du Conseil du Roy et autres officiers, bourgois, manans et habitans de la ville de Paris en grant nombre à pié et à cheval. (FAUQ., II, 1421-1430, 143). ...chascun college et corps, le mieulz acompagnié de ses suppostz, habilliez le plus honnestement qu'ilz pourront, yront de pié au devant desdiz segneur et dame (FAUQ., III, 1431-1435, 142).

 

.

[À pied désigne parfois l'attitude du guerrier franc représenté sur les pièces de monnaies auxquelles il a donné son nom] : Cedit jour, maistre J. de La Marche, conseiller du Roy nostre Sire, a receu en depost, de par la Court, par Pierre Bertier les sommes qui s'ensuient, c'est assavoir VIIJc pieces d'or en frans à pié et à cheval (BAYE, II, 1411-1417, 16). ...ledit evesque avoit laissié en la garde desdis religieux trois cens pieces d'or frans à pié, pesans quatre mars cinq onces (FAUQ., II, 1421-1430, 276).

 

-

Nu-pieds : ...tous lesdiz channoines et chappellains estans nuz piez en alant à S. Germain l'Aucerroiz, et en revenant à ladicte saincte chappelle (BAYE, II, 1411-1417, 21).

 

-

Tenir pied à qqn. "Résister à qqn" : ...après ce [les Angloys] vindrent devers Paris pour gaigner le remenant de France, et nul ne les contredisoit que ceulx des bonnes villes qui leur tenoient ung pou de pié (Journal bourgeois Paris T., 1419, 120).

B. -

"Patte (d'un animal)" : Ce mois, en ung des hostelz de me J. Porcher, conseillier du Roy, nasqui ung veau ayant VIIJ piés et une teste. (FAUQ., II, 1421-1430, 311).

II. -

"Support, pilier (d'un pont)" : ...par les heurs continuelx des glaces contre les pez de boiz qui soustenoient le Petiz Pont (BAYE, I, 1400-1410, 213).

III. -

"Unité de mesure de longueur égale à douze pouces (0,324 m)" : ...les sieges et bancs et porches de la Chambre du Parlement estoient vielx, derompus, et moult malhonestes, et aussy malaisez et trop bas d'environ pleinne paume ou demi piet (BAYE, I, 1400-1410, 155).

IV. -

"Type, empreinte distinctive (de monnaie)" : ...et ne dot le Roy muer pié ne pris en ses monnoies de Paris ne d'ailleurs, que pareillement ne fust fait esdictes monnoies de Tournay et Saint-Quentin. (FAUQ., II, 1421-1430, 63).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 28/28 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide
     PIED     
FEW VIII pes
PIED, subst. masc.
[T-L : pié ; GD : pied ; GDC : pied ; DÉCT : pié ; FEW VIII, 293a : pes]

A. -

"Pied (de l'homme)"

 

1.

[Considéré dans son apparence extérieure, les sensations qui l'affectent] : Et lors [Mélusine] se mue en une serpente grant et grosse et longue de la longueur de XV. piez. Et sachiez que la pierre sur quoy elle passa a la fenestre y est encores, et y est la fourme du pié toute escripte. (ARRAS, c.1392-1393, 260). Lors se transfigura en guise de serpente comme devant, et s'en ala debatant de sa queue autour du lit et sur leurs piez, sans nul mal faire, et puis dist qu'elle se party, et la perdy si soubdainement qu'il ne scot oncques par ou. (ARRAS, c.1392-1393, 309).

 

-

Prendre qqn par les deux pieds : Et quant Remondin, qui bien savoit le contraire, l'ouy, si fu moult doulens, et lui debaty tant les temples du poing atout le gantelet, qu'il fu si estourdiz qu'il ne veoit, ne ouoit, ne entendoit, ne se sentoit chose que on lui feist. Et lors se lieve Remondin, et le prist par les deux piez, et le traine jusques aux lices, et puis le boute hors, et retourne, et vint devant l'eschaffault du roy, la visiere levee, en lui disant : Sire, ay je fait mon devoir ? (ARRAS, c.1392-1393, 64).

 

2.

[Considéré comme organe doué de mobilité]

 

a)

[Instrument de l'appui, du contact avec le sol, de la station debout]

 

-

Se dresser en pieds. V. dresser

 

-

Se redresser en pieds. V. redresser

 

-

[D'un malade] Estre sur pieds. "Être en bonne santé" : Or vous commande je a tous et a toutes que vous laissiez ce dueil ester, et tendez et appareilliez ceste sale, et menez joye ; et faictes appareillier la messe ; et après le service faictes drecier les tables, et après disner faictes cy, devant moy present, la feste comme se je feusse sur piez, car sachiez que ce me allegera moult mon mal. (ARRAS, c.1392-1393, 121).

 

-

[D'un cavalier]

 

.

Mettre pied à terre : Mais ly porcs ne doubtoit riens, mais rendoit estal tel qu'il n'y ot si hardy chien qui l'osast actendre, ne sy hardy veneur qui l'osast enferrer. Lors vindrent chevaliers et escuiers, mais il n'y ot si hardy qui osast mettre pié a terre pour l'enferrer. (ARRAS, c.1392-1393, 18).

 

.

Descendre à pied : En ce party se combatirent grant espace de temps, et s'entredonnerent moult de grans et horribles coups. Et en la fin Remondin descendy a pié, et print sa lance qui gesoit par terre, et en vint le grant pas vers son ennemy, lequel se destournoit de lui, et le faisoit aler après lui parmy le champ, car il avoit si bien cheval a main qu'a fin souhait. (ARRAS, c.1392-1393, 63). Mais Gieffroy estoit a l'entree du pas, qui moult asprement leur deffent le passage. Et sachiez qu'il n'y ot si hardy qu'il ne feist reculer, car il y ot deux de ses chevaliers qui estoient descenduz a pié, les lances es poins, qui se tenoient ou cavain coste a coste de Gieffroy, et donnoient aux gens de Glaude de grans poux de lances, et en y ot pluseurs de mors. (ARRAS, c.1392-1393, 202).

 

-

Aux pieds de qqn : Et lors trouva ou millieu une des plus riches tombes, d'or et de pierres precieuses, qu'il cuidast jamais avoir veue. Et par dessus avoit la figure d'un chevalier, grant a merveilles, qui avoit une riche couronne d'or ou chief, ou il ot grant foison de bonnes pierres. Et a ses piez avoit en estant une royne d'albastre, couronnee richement (ARRAS, c.1392-1393, 265).

 

b)

[Instrument de la marche, du déplacement]

 

-

Venir à pied : La duchesse Crestienne fu moult lie quant elle scot la venue du duc Anthoine, son mary, et yssy de la ville a belle compaignie de dames et de damoiselles et de nobles du pays. Et toute la bourgoisie venoit a pié contre lui, et le clergié a croix et a gonfanons et a eaue benoite ; et l'encontrerent a demie lieue de la ville. (ARRAS, c.1392-1393, 194).

 

-

Mettre le pied qq. part. "Mettre un pied qq. part" : Et les arbalestriers traient si fort qu'il n'y ot si hardy Sarrasin qui osast mettre le pié sur le pont. Mais font venir leurs archiers, et la commence l'escarmouche a renforcier. (ARRAS, c.1392-1393, 101).

 

-

Le pied lui faut. "Il fait un faux pas" : Et le conte avise une fenestre qui yssoit sur le toit, et monte sus, et Gieffroy le suit, l'espee traicte, et le cuide ferir. Mais le conte, qui moult doubta la mort, cuida saillir en une petite garite qui estoit prez. Et le pié lui failly, et tumba tout contreval le rochier, et fu tous desroez et mort avant qu'il venist aval. (ARRAS, c.1392-1393, 268).

 

-

Les pieds devant. "Les pieds en avant" : Par foy, dist Gieffroy, le jayant est plus grant et plus groz que je ne suiz ; et si est par cy entrez [le pertuis], aussi ferai je, comment qu'il en adviengne. Lors laisse la lance couler aval, et tint le fer en la main, et entre les piez devant ou pertuis, et se laisse couler aval la lance. (ARRAS, c.1392-1393, 265).

 

-

Brigand de pied. "Soldat à pied, fantassin " : Et furent par nombre bien quatre mille et Vc. hommes d'armes, et bien XXVc., que arbalestriers, que bons brigans de pié. (ARRAS, c.1392-1393, 104).

 

-

[P. oppos. à de cheval] De pied. "À pied" : Et faisoit le roy Uriien si grant semblant qu'il donnoit a ses gens si grant cuer que avecques lui et a son emprise, ilz eussent bien osé combattre de X mille que ilz estoient, que de pié, que de cheval, cent mille payens. (ARRAS, c.1392-1393, 128).

 

c)

[Instrument d'une action (principalement, d'une action violente, d'une lutte)]

 

-

Ferir du pied. "Frapper du pied" : L'ystoire dit que Gieffroy fu moult doulent quant il vit que le jayant fut entrez en la chambre et qu'il ot l'uis tiré après lui. Lors s'en vint courant a l'uis de grant randon, et y fiert du pié si raidement qu'il le fait voler enmy la chambre. (ARRAS, c.1392-1393, 266).

 

-

Hausser le pied. V. hausser

 

-

À un coup de pied. "D'un coup de pied" : Comment Gieffroy brise et desrompt a un coup de pié l'uis de la chambre ou le jayant estoit, et comment il l'occist. (ARRAS, c.1392-1393, 266).

 

-

Sous la plante du pied : Et quant le conte le vit venir [le sanglier], si regarde lez soy, et vit un espie, et boute l'espie ou feurre, et print l'espie, et le met soubz la plante du pié et l'abaisse. (ARRAS, c.1392-1393, 22).

 

3.

[Instrument d'une action symbolique]

 

-

[En signe de respect] Baiser le pied de qqn : Or alez au Saint Esperit, dist le Pere Saint, et tout ce que vous ferez en bonne devocion je le vous charge en lieu de penitence. Et Remond l'encline et lui baisa le pié, et le pape lui donne la beneïcon. (ARRAS, c.1392-1393, 271).

 

4.

P. méton. [Désigne la personne elle-même] : ...et Gieffroy et ses gens mectent tout a l'espee et delivrent toute la ville des Sarrasins, que mal soit du pié qui y demourast qui ne feust mort, si non ceulx qui s'en vont fuiant. (ARRAS, c.1392-1393, 225).

 

-

[Dans une phrase négative] : Cy povons a un seul coup avoir tout le lignaige, et cellui qui telle honte nous a faicte. Et cilz lui respondent que ja pié n'en eschappera que tout ne soit mort. (ARRAS, c.1392-1393, 70). Et manda que chascun se tenist en sa forteresse et leur laissast on prendre terre paisiblement, excepté que on gardast bien que ilz ne se laissassent surprendre et que les Sarrasins ne preinssent nulles de leurs forteresses ; car, a l'aide de Dieu, il n'en passera jamais pié de la la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 132). Et en ce terme les fist le soudant de Damas deslogier de nuit, et vindrent logier en la praierie soubz Damas, pour les crestiens traire plus avant ou pays, car il avoit entencion que jamais pié n'en eschappast. (ARRAS, c.1392-1393, 222). Mais sitost que le soudant appercoit le secours, si broche le cheval des esperons et s'en va vers l'ost, et laisse ses gens en celle adventure, qui fut telle que onques puis n'en vit pié en vie, car tantost furent occiz. (ARRAS, c.1392-1393, 233).

 

.

Ne voir pied de qqn. "Ne pas le voir" : Et lors senty descendre sur lui, aussi dru que pluie chiet du ciel, coups et horions d'un costé et d'autre, et fu moult defroissiez de coupz orbes, et puis fu tirez moult vilainement hors de la forteresse, et traynez tout hors de la barriere, et la fu laissiez. Et sachiez qu'il ne pot oncques veoir pié de ceulx qui ainsi le servoient. (ARRAS, c.1392-1393, 306).

B. -

"Pied (d'un cheval)" : Et au passer le hurte de l'espaule telement qu'il vola du cheval a terre. Et la presse commenca si grant qu'il fu tous deffoulez des piez des chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 72).

 

-

Armé jusqu'en l'ongle du pied. V. ongle

 

-

Ressaillir en pieds. "Se remettre sur ses jambes" : Les deux l'enferrent sur le comble de l'escu, et ly autre en la couppe du bacinet, et tant rudement le fierent qu'ilz portent lui et le cheval par terre, et passerent oultre. Mais il point le cheval de l'esperon, qui fu fort et viste, et le cheval se remet sur ses genoulx, et ressault en piez legierement, que oncques n'en perdy estrier ne espee de la main. (ARRAS, c.1392-1393, 72).

C. -

P. anal.

 

1.

"Partie la plus basse de qqc."

 

-

Au pied de + subst. : Alez vous ent a l'ost et faictes armer noz gens sans effroy et les faictes partir des logeiz en ordonnance, et les faictes venir au pié de ceste montaigne. (ARRAS, c.1392-1393, 136). Et lors vindrent au chastel et descendent devant la sale. Crestienne la pucelle, moult bien acompaignie de dames et de damoiselles, de chevaliers, d'escuyers, leur est venue a l'encontre au pié du degré, et les honnoura et receupt moult humblement et les prist ambedeux par les mains et se mist entre eulx deux. (ARRAS, c.1392-1393, 166). Et quant ceulx l'entendent, si gettent tous ensemble un cry hault et grant, et se prindrent a deffendre par tele maniere que mal soit du Sarrazin qui osast demourer ou pié du mur. Et demoura ou fons des fossez grant foison de payens mors et affolez. (ARRAS, c.1392-1393, 183). Ainsi demoura Remond en l'abbaye, et le lendemain, la messe ouye, fu convoiez au pié de la falize qui joint aux chambres de leans. (ARRAS, c.1392-1393, 273).

 

-

Aux pieds de qqc. : Et aux piez de la tombe mist une ymage d'albastre de son hault et de sa figure, si bel et si riche que plus ne povoit, et tenoit la dicte ymage un tablel d'or ou toute l'aventure dessusdicte estoit escripte. (ARRAS, c.1392-1393, 14).

 

2.

TECHNOL. Pied de chevre. "Pied-de-chèvre, sorte de levier de fer à bout recourbé servant à déplacer des pierres" : Qui lors veist Sarrasins saillir es fossés, et portent pics, houyaux, eschielles, piez de chievre. (ARRAS, c.1392-1393, 110).

D. -

MES. "Unité de mesure linéaire valant environ 32 centimètres" : Le jayant fault, et le coup chiet a terre par telle vertu que la teste de la mace entra plus d'un pié en terre. (ARRAS, c.1392-1393, 247). Lors entoise le levier et cuide ferir de toute sa force sur la teste de Gieffroy, et il guenchist, car sachiez, s'il l'eust attaint a coup, a ce que le levier entra, au chair, bien un grant pié en terre. (ARRAS, c.1392-1393, 264).

 

-

[Avec mention d'une dimension]

 

.

N pieds d'espais/ de haut/ de large/ de long/ de rond : Et fist bastir entre le bourc et le chastel une forte tour, grosse, de tieules sarrasinoises, a fort cyment. Et estoient bien ly mur de la tour de XVJ. a XX. piez d'espez. (ARRAS, c.1392-1393, 67). ..et [Remondin] regarde dedens, et voit Melusigne qui estoit en une grant cuve de marbre, ou il avoit degrez jusques au fons. Et estoit bien la grandeur de la cuve de XV. piez de roont tout autour en esquarrie, et y ot alees tout autour de bien V. piez de large. (ARRAS, c.1392-1393, 241). Et quant ceulx apperceurent le corps du jayant d'un costé et la teste d'autre, si furent tous esbahiz de sa grandeur, car il avoit XV. piez de long. (ARRAS, c.1392-1393, 247). Et pour lors regnoit en Hollande un jayant qui avoit a nom Grimaut, et estoit ly plus crueulx que on eust oncques mais veu. Et sachiez qu'il avoit XVIJ. piez de hault. (ARRAS, c.1392-1393, 249).

 

.

De la longueur de n pieds : Et lors [Mélusine] se mue en une serpente grant et grosse et longue de la longueur de XV. piez. (ARRAS, c.1392-1393, 260).

 

-

Demi-pied. V. demi-pied
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 Retour à la page précédente 
Fermer la fenêtre