C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/nature 
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 Article 1/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[ ]

A. -

[Ensemble de forces qui maintiennent l'ordre des choses et des êtres]

 

-

[Rapport entre coutume et nature]

 

.

Coutume enseigne à l'homme moult de choses, mais nature le trait toujours à ce où il est le plus enclin V. coutume

 

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Coutume est la seconde nature/une autre nature V. coutume

 

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Coutume rend maître et devient nature V. coutume

 

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Bien et justement vivre ne vient pas de nature V. vivre

 

.

Coutume vainc nature V. coutume

 

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À sa nature va toujours le loup traire V. loup

 

-

C'est nature de démesure que toujours revient à mesure V. démesure

 

-

Fou est qui met sa cure à avoir ce que lui vée ("interdit") nature V. fou

 

-

Il n'est rien qui par nature ne fine V. finer

 

-

La nature fait des yeux les messagers du coeur V. oeil

 

-

Nature fait le cerf/le chien tracer : Et puis qu'il ont mesprins et qu'il ont meserré, On ne leut doit tenir ne foy ne loyauté. Je lo que cil Englois soient tous hors bouté Et au duc de Berry nous soions acordé. Car un proverbe dit, par vraie autorité : Nature fait le cerf tracier ou bois ramé. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 441). Nature fait le chien tracer. (Doc. 1400-1500. In : E. Legris, Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 389).

 

Rem. Morawski 1326 : Nature fait le chien tracer ; Hassell 174, N4 ; DI STEF. 573c, nature.

 

-

Nature fait vieilles gens d'enfants et enfants vieilles gens deviennent : Le boef ne fu c'unne fois viel, Le mastin c'unne fois kaiiel, Pour quoy est l'omme enfan- deux fois ? Telle coustume n'est pas drois. Par jours, sepmainez, mois et ans Fait nature gens vieulx d'enfans Et vieuwez gens enfans deviennent Par les folies qu'ilz maintienent. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 77).

 

-

Nature ne peut mentir : [Le roi Charles vient de publier la déclaration de paix avec les Anglais ; celle-ci est approuvée par une partie de la population et critiquée par d'autres] ...qui murmuroient à l'encontre, et pour nulle cause, fors que pour le roy anglois qui trop avoit d'attente et d'autorité en ce royaume contre droiture, ce leur sembloit. Car, quelque division que courust entre les princes, faveur toutes-voies du pays où on est né et nature ne peuvent mentir. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 1).

 

Rem. Morawski 1327 : Nature ne puet mentir ; Hassell174, N5.

 

-

On doit une mort à la nature (la mort temporelle, p. oppos. à la mort éternelle) V. mort1

B. -

[Ce qui est propre à l'espèce humaine, ce qu'elle a d'inné (p. oppos. à nourriture qui vient de l'éducation)]

 

-

À tout mal notre nature est prête : Aprés santé vient mal en corps et teste ; Quant l'ung descend, tantost l'autre s'eslieve ; Povres sommes se Dieu ne nous relieve, Car a tout mal nostre nature est preste. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 1).

 

-

Amour dépasse nature et nourriture V. amour1

 

-

Bien et justement vivre ne vient pas de nature V. vivre

 

-

Il est difficile de changer sa nature : On dist que moult fort est de cangier sa nature. D'un det ay mainte fois rewardet la pointure ; Vint et un poins y treuve, quant au conter m'accure ; En pointure de dés gist moult grant aventure. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 3).

 

-

[À propos d'un aveugle] Il est moult dur de perdre ce que donne nature : S'il n'est bien patiens, il est en aventure ; Chou qu'il ot et ne voit, il fait souvent pointure. Chescuns en tout veir et chescune met cure, Dont est moult dur de peirdre xhou que donne nature. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 234).

 

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L'art d'engin humain ensuit la nature en ses oeuvres V. engin

 

-

Nature blessée de léger méprent ("agit mal") : [Dans un paragraphe intitulé Composicion] Membres bien assembléz signifient bon courage. Membre bien composéz donnent bonne esperance. Mesfaçon de corps contraint souvent a mal. Nature blecee de legier mesprent. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 123).

 

-

[Sentence] Nature donne franchise pour élire le mieux : Nature donne raison pour biens gouverner. Nature contredit a faire mal a personne d'autrui. Vivre mauvaisement est contraire a nature. Nature donne franchise pour eslire le mieulx. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 126).

 

-

(Il faut que) nature s'acquitte. "Il faut satisfaire aux exigences de la nature"

 

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[À propos de l'instinct sexuel] : Cil cuide bien faire de glace Chastel, qui une femme emmure Adfin que de son corps ne face Pechié, villanie, n'ordure. Sa ribauldise trop murmure Contre chasteté, double ou quitte Par mon ame, crez moy, j'en jure, Il fault que nature s'acquitte. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 212).

 

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[À propos de la nature envisagée comme puissance curative, l'expérience des médecins pouvant en favoriser l'action] : Se cestuy mal par folle nourriture M'est sourvenu, avoir doy pascience. Mais s'en moy vient par lealle Nature, Qui s'aquicte par vraye experience, Ceulx y doyvent emploier leur science, Qui conjoings sont a ycelle substance. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 104).

 

-

Nécessité surmonte nature V. nécessité

 

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Nourrisson vainc nature V. nourrisson

 

-

Nourriture passe nature V. nourriture

 

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On ne peut briser la nature du vilain V. vilain

 

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Plus trait (bonne) nature que chevaux et poulains/que cent boeufs : Bauduins de Sebourc fist ses fères germains Courtoisie et honneur ; car de coer fu chertains, Et nature li donne, que ses coerz fu atains D'amer les damoisiaus, à cui pas n'est lointains. Plus trait bonne nature que chevaus, ne poullains. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 258). [Autre ex. t.2, 98] Ilh est I proverbe qui dist : Nature trait plus que cent buef ; et ensi fist-il chi ["en est-il en l'occurrence"], quant at enameit I enfant qu'ilh ne conoiste ne li enfe luy, et si sont peire et filh. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.3, a.1400, 167). Pour che dist on, c'es voirs, ce puet on tiesmoignier : Plus que ne font .C. buez fort et grant et plenier Tret pooir de Nature. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 540). [Dans le poème intitulé Le voiage de Napples , Molinet raconte les conquêtes de Charles Quint]Et quand il voit ennemis rembarés, Clos et barrés, bois et champs raverdis, En visitant, comme l'on fait cy prés, Rosiers, cyprés, gardinaiges et prés Tirans parés ubg petit paradis, Lors fort furnis de gens d'armes hardis, Ensemble unis, rapassent montz et vaux : Plus trait Nature aux champs que cent chevaux. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 281).

 

Rem. Morawski 1655 : Plus trait nature que cent beufs ; Hassell 174, N4-7.

 

-

Toutes choses retraient à Bonne Nature : Or est ainsi que toutes choses retraient a Bonne Nature, et des pieça le me fist mon cueur sentir et savoir des icelle heure que j'espargnay Yvon en deux ou trois batailles, quant bien l'eusse occiz a mon plaisir ; mais je ne le voulluz faire ne consentir : ne le voulloit ma voullenté, de quoy je doy sur toutes riens Dieu gracier. [Le narrateur est le fils d'Yvon, qu'il a épargné, sans savoir que c'était son père, grâce à Bonne Nature] (Mabrien V., 1462, 194).
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[DÉCT : nature ]

"Ensemble des propriétés qui définissent un être ou une chose" : ...ilz [l'eau et le feu] sont de descordant nature, Et l'en ne pourroit a paix traire Chose l'une a l'autre contraire. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 18). La Saincte Escripture dit que c'est estre privee a tousjours sans fin de la vision de Dieu, en tenebres espouentables en la compagnie des horribles deables, anemis de nature humaine (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 21). ...nature de femme est plus paoureuse et aussi de plus doulce condicion (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 35). ...pour mieulx cognoistre la qualité ou nature de ceste fausse envie, est a aviser de quel chose ne a quel cause elle naist et vient. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 134).

 

-

En partic. Par nature. "Du fait de ses propriétés, par nature" : Et quoy que toute personne mortelle soit par nature encline a pechié, se gardera a son pouoir par especial de pechié mortel (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 29). Et ad ce doivent aviser principaulment les dames, car les hommes sont par nature plus courageux et plus chaulx, et le grant desir que ilz ont d'eulx vengier ne leur laisse aviser les perilz ne les maulx qui avenir en peuent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 35).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[DÉCT : nature ]

A. -

"Ensemble des qualités, des propriétés qui définissent un être, un phénomène ou une chose concrète"

 

-

[À propos d'une pers.] : O Adonaÿ, quel tempeste Et quel meschief vient de luxure ! Le plus saige en devient beste, Layssent raisonnable nature. (Pass. Auv., 1477, 110).

 

.

THÉOL. Nature divine/humaine (de Jésus-Christ) : Amés vertus et le filz de Dieu, Que a pris humaine nature Pour la tourner en son hault lieu. (Pass. Auv., 1477, 125). Telle puissance oncques n'eust Diable d'enfer ne aultre creature. C'est certes divine nature, Laquelle est en ce bon prophete. Guarison m'a donné parfaicte. (Pass. Auv., 1477, 163).

 

-

[À propos de l'ensemble des êtres humains] : Du monde la nature est telle ; Traÿson y est et cautelle, Qui sans celle Vont a cheval par tout paÿs. (Pass. Auv., 1477, 111).

 

-

"Ensemble des éléments innés d'un individu"

 

.

De nature. "De naissance" : Helas, que vous advés les yeulx Las et piteux, Moult fort lipeux ; - vous ne l'advés pas de nature. (Pass. Auv., 1477, 255).

B. -

"Ensemble de l'univers, en tant qu'il est le lieu, la source et le résultat de phénomènes matériels"

 

-

Par nature. "Conformément aux lois de la nature (et non miraculeusement)" : Eclisse ce fait par nature, Et au soleilh et a la lune ; Tramble-terre pareilhement Ce fait par la force du vant, Que dessoubz terre s'est inclus (Pass. Auv., 1477, 274).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[DÉCT : nature ]

A. -

"Ensemble des tendances naturelles"

 

1.

"Nature (en tant qu'entité)" : Les loys qui sont voluntaires doivent ensuir nature laquelle encline voulenté bien ordenee a maittre loys telles ou telles. (ORESME, C.M., c.1377, 50). ...ce est signe que trinité est es natures des choses et est es creatures, et que nature nous enseingne a Dieu louer selonc cest nombre. (ORESME, C.M., c.1377, 50).

 

-

P. personnif. : Mais se nature cognoissoit l'un avant que l'autre, elle cognoistroit premierement les causes que les effecs. (ORESME, E.A.C., c.1370, 110).

 

2.

"Ensemble des lois naturelles" : Et n'est pas a entendre que toute magnitude ou tout continu soit divisible en la premiere maniere, quar ce est impossible par nature que deviser le ciel aussi comme l'en devise une busche en separant une partie de l'autre. (ORESME, C.M., c.1377, 44).

 

-

[À propos de l'homme] : ...pour ce que nostre nature n'est pas une chose simple, mais elle est composee d'une chose et avecques ce d'une autre chose qui est corrumpable. (ORESME, E.A., c.1370, 410).

 

-

[P. réf. à la cause première]

 

.

De nature : Et par ce appert il que neis une des vertuz morales n'est en nous de nature ou par nature. (ORESME, E.A., c.1370, 146).

 

.

Par nature : Et par ce appert il que neis une des vertuz morales n'est en nous de nature ou par nature. (ORESME, E.A., c.1370, 146).

 

.

Selon nature : Et je di que les simples [corps] sont ceulz quelconques qui ont principe ou cause de mouvement en eulz selonc nature, si comme sont le feu et la terre, et corps de leur espece et ceulz qui sont prochains de eulz. (ORESME, C.M., c.1377, 62).

 

.

Contre nature : Un [mouvement] est naturel, si comme du feu droit en haut ; l'autre est pur violent contre nature, si comme du feu droit en bas ; l'autre est ne selonc nature ne contre nature, mais hors nature, si comme se le feu en son lieu ou en son espere estoit selonc partie meu en travers. (ORESME, C.M., c.1377, 72).

B. -

"Ensemble de propriétés"

 

1.

"Ensemble des propriétés (d'une chose)" : Mais des autres corps simples, c'est a savoir des ellemens, il n'est pas possible que quelconque ellement qui est meu en haut ne quelconque qui est meu en bas vers le milieu soit hors de ce monde, ne quelconque chose semblable, quar telz corps ne seroient pas la dehors selonc nature pour ce qu'il ont autres lieus propres a leur nature. (ORESME, C.M., c.1377, 158).

 

2.

"Composition (de qqc.)" : Et par ce appert que susposé que nul ne veist le ciel, nientmoins rayson naturele enseingne que aucun corps simple est de autre nature que les .IIII. elemens et qui est mouvable circulairement. (ORESME, C.M., c.1377, 68).

 

-

Selon nature. "Par définition" : Et est assavoir que rue semble meisment selon nature estre la voisineté de maisons de ceulz que l'en dit estre nourris d'un lait et qui sunt enfans de uns parens et les enfans de leur enfans. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 47).

 

-

Nature humaine : ...car ja soit ce que en chascun art ait une propre fin, toutesvoies, pour cause de l'unité de nature humaine, il est une fin commune et derreniere a laquelle chascun homme tent et la doit desirer par raison. C'est bien vivre en felicité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 117).

 

3.

"Sorte" : Et donques se les mouvemens sont d'une nature partout, il convient par neccessité que les elemens soient d'une nature partout. (ORESME, C.M., c.1377, 132).

 

4.

"Caractère, tempérament" : Ce dit il pour aucuns qui sont de si perverse nature, ou perverse acoustumance, que il ne pensent en rien de felicité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 108).

C. -

"Univers" : Item, Dieu, qui est par sus nature, puet creer aucune chose de noient et la reduire en autre en noient. (ORESME, C.M., c.1377, 250).

 

-

"Ensemble des phénomènes naturels" : Et pour ce, je conclu et di que ceste consequence ou condicionelle : se generacion est, pluseurs mouvemens celestielz sont, n'est pas simplement neccessaire, mais elle est vraie seulement en tant que se generacion est de telle maniere comme elle est ici-bas selon le cours de nature, il convient selon l'ordenance de nature que pluseurs mouvemens soient ou ciel. (ORESME, C.M., c.1377, 376).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[T-L : nature ; GD : nature ; GDC : nature ; DÉCT : nature ; FEW VII, 45b : natura]

A. -

"Ensemble des forces, parfois personnifiées, qui semblent maintenir l'ordre des choses et des êtres au sein de l'univers"

 

-

Payer le treü de nature. V. treü "Mourir"

B. -

"Ensemble des caractères qui définissent l'être humain"

 

-

Assumer la nature humaine. V. assumer

 

-

Nature de mere. "Ensemble des dispositions affectives propres à une mère" : MARIE. Helas ! Joseph, je sçay de vray Que Dieu et homme l'enfantay, Je sçay bien qu'il a le pooir De faire tout a son voloir, Mais neantmoins nature de mere Me met en doleur moult amere (...) Jusqu'a ce que trouvé l'aray Jamais joyeuse ne seray. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 70).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[DÉCT : nature ]

"Nature"

A. -

[La nature d'une pers., d'une chose]

 

1.

"Ensemble des caractères fondamentaux propres à une personne ou à une chose" : C'est maladie non curable De sa nature. (Mir. emper. Romme, 1369, 297). La narde est une petite herbe et basse et de chaude nature (Mir. st J. Paulu, c.1372, 94). L'ange n'est pas a Marie venu pour li par le devin de decepcion decevoir (...), mais pour la coupulacion de pure condicion entre nature divine et nature humaine demonstrer et faire savoir (Mir. fille roy, c.1379, 7).

 

2.

[À propos des liens familiaux] "Principe normatif découlant de l'essence humaine" : Vostre amie sui je, sanz doubte, Et par nature et par lignage, Quant seigneur m'est par mariage Vostre nepveu. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 132). Je voy que de mon propre pére Je sui condampnée a ardoir ; Celui qui plus deust avoir Par nature de moy pitié M'a en si grant ennemistié Qu'il conmande que je soie arse, Con fusse une murtriére garse. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 18).

 

3.

"Ensemble des penchants, des instincts d'une personne" : Sire, ce sera grant foleur De vous mettre en doleur si dure. Je say bien qu'il fault que nature S'aquite, mais se m'en creez, Si grant dueil mie ne ferez Qu'en vailliez pis. (Mir. prev., 1352, 244). Sire, entendez. Ce vous enorte Nature pour soy acquitter Faire dueil pour lui [Theodore] sanz doubter ; Raison si vous dit du contraire Et que grant joie devez faire (Mir. Theod., 1357, 127).

 

-

En partic. "Instinct sexuel"

 

.

P. personnif. : JEHAN. (...) En mon lit dormir pas n'yray Puis qu'i a femme. L'ENNEMI. Est nature en vous si grant dame ? (...) Mais tant vous dy je, folz serez Se pour doubte de tel delit Vous ne gisez en vostre lit, Puis qu'avez de repos besoing (Mir. st J. Paulu, c.1372, 113).

 

.

Fait de nature : ...la cité (...) Ou Amours voult un saint temple sacrer Pour espouser no vierge suer piteuse, Qu'il fist joindre par euvre vertueuse A son doulx filz sanz le fait de nature. (Mir. Theod., 1357, 129).

 

.

Oeuvre de nature : Dieu scet qu'a mon corps n'a touchié Au moins pour euvre de nature, Ne li ne autre creature, Ne ne fist onques vraiement Que mon chier seigneur seulement. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 138).

B. -

[Ensemble de la réalité matérielle]

 

1.

"Force agissante qui anime le monde" : Mais mére et vierge fui par une Voie qui fu dessus nature, En tant que de ta creature Tu daignas nestre en humain corps (Mir. ev. arced., c.1341, 133). Dieu c'est fait homs dessous nature Pour ce que soient l'escripture Et tuit li prophéte acompli (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 217). Vierge mére dessus nature, Vez me cy prest. (Mir. parr., 1356, 56).

 

-

P. personnif. : Et vierge fu après l'enfantement, Dont nature s'en esbahy conment En vierge fu un itel fait assis (Mir. ev. arced., c.1341, 144). Car de pur sanc en l'arche presaintie Homme devint sanz diminucion De deité, par si noble accion Qu'en ce fait fu virginité gardée, Et nature n'y fu point appellée, Car du secret mesler ne se pouoit Par la vertu d'amours qui y ouvroit. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 245).

 

2.

"Monde" : Sire Eufemian, li roys Des cieulx, de terre et de nature, Qui crea toute creature, Vous esleesse. (Mir. st Alexis, 1382, 335).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[DÉCT : nature ; FEW VII, 46a : natura]

I. -

ASTR. "Nature : ensemble des qualités et des propriétés attribuées à une planète ou à un signe du zodiaque" : Les estoilles qui sont ens u [l. le] couperon desure dou Mouton sont de le nature Saturne et Mars (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 62). ...li astronomiiens si prent le nature des planettes en lor propreté et le singneur du signe de cescun d'iceus et de l'exaltacion et de le triplicité, et les lieus des angles et des desous angles et des maisons caians... (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 88).

II. -

ARITHM. "Nature" : Quant les deux parties sont semblables si elles sont egales en nombre comme .121. et .121. ou .151. et .151. etc., cest signe que tous nombres sont de la nature et propriété a cellui que lon quiert (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 743).

III. -

MÉD. "Nature"

A. -

"Force naturelle" : ...les compressions ne doivent pas estre faictes jusques au derrenier, car elles sont decepvables, mais selon ce que la nature pourra soustenir. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 53).

B. -

"Constitution, tempérament" : Les hommes cras de leur nature meurent plus tost selon nature que les autres qui sont plus gresles. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 63). Et se Aristote dit qu'elles n'ont point de sperme, c'est a entendre par comparacion aux hommes, car sperme de femme est indigest et aquatique, sperme d'omme est glanduleux et blanc, mais sperme de femme est trop loing de ceste nature (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 8).

C. -

"Ordre naturel" : Les hommes cras de leur nature meurent plus tost selon nature que les autres qui sont plus gresles. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 63). ...le medecin est ministre de nature il doit proceder petit a petit car c'est le plus certain. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 64).

D. -

Par nature. "Par le processus naturel, opposé à l'art, souvent dans le contexte de la purgation" : Es turbacions qui par nature sont faictes par le ventre, [et] es vomites qui ainsi sont fais, se les choses sont evacuees comme elles doivent, elles conferent et font bien au corps (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 53).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[T-L : nature ; DÉCT : nature ; FEW VII, 45b-47a : natura]

A. -

[À propos du monde physique]

 

1.

"Principe actif inhérent au monde créé (souvent personnifié)" : L'autre tierce maniere de nature, c'est nature total qui comprent tout le monde et tout quanqu'il contient universelment, et de ceste nature universele entend l'acteur quant il faint que Nature s'apparu devant ly et quant il parle aussi de sa poissance. Pour ceste cause aussi dit l'acteur que Nature est royne du monde et que elle fait mouvoir le ciel et les estoilles, et transmuer aussi les elemens en moult de diverses manieres, en la vertu de Dieu qui le regle et adresse. Et pour ce dit aussi uns philosophe que le euvre des estoilles est le euvre de Dieu, et que come vicaires et lieutenans de Dieu, elles euvrent et font toutes les choses qui aviennent en terre par nature, c'est a dire en cest monde elementaire cy dessoubz, lequel pour ceste cause l'acteur dont nous parlons appelle la forge de Nature. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 26). La seconde consideracion est que, selon le dit de Aristote, nature fait la phisonomie des princes dignes telle que elle esmeut les regardans a creme[u]r et reverence (...) La tierce consideracion est : es oeuvres de nature nous veons que le baselique par son regart seulement occit ung homme. Pourquoy ne pourroit nostre Dame par son regart estaindre mauvais et charnel mouvement et esmouvoir a chasteté (GERS., Concept., 1401, 425). Nature, en ce propoz, est une vertu ou puissance que Dieux a créé ès créatures, et mesmement ès corps célestiaulx, par laquelle une créature fait engendrer ou corrompre ou autrement transmuer l'autre. (LA HAYE, P. peste, 1426, 215). Quintement, les creatures clament que Dieu est. Toutes choses selon leur maniere de parler dient : "Il nous a fait et n'avons pas fait nous mesmes." Car il est Dieu, la voix de nature, par quoy toutes choses sont belles, le tesmoingne disant qu'il est tres bel. (Somme abr., c.1477-1481, 101).

 

-

(Cours/loi/ordre de) nature. "Ce principe régi et ordonné par des lois" : Et très grant passibilité D'umaine et foible créature, Laquele, par loy de Nature, Prent son estre touchant le corps Des élémens qui sont destors En aucunes leurs qualitez (LA HAYE, P. peste, 1426, 64). Item affinité est contraite non mie seulement par matrimoniale copule. Mais aussi par copule charnele, qui est fornicaire, garde ordre de nature, car aultrement n'y auroit affinité. Car il fault avant que affinité soit contraite qu'il y aist habitation charnele. (Sacr. mar., c.1477-1481, 76). ...les choses qui se font selon le pareil cours et ordre de nature, mais pas toutevoies selon le commencement original de nature, come en la mutation des verges en serpens. Car ce eust peu estre fait selon l'ordre de nature par long pourrissement, car celles verges avoient en elles les raisons des semences pour produire serpens, toutevoies pour ce que l'operation de nature n'y fut a ce faire, ce fu miracle. (Somme abr., c.1477-1481, 162). A dire que aucune chose soit miracle, quatre choses sont requises. Premierement qu'elle soit de Dieu. Secondement qu'elle previengne nature contre l'ordre de laquelle se fait. Tiercement qu'elle soit evidente. Quartement qu'elle soit pour le fortefiement de la foy. Et pour tant, se l'un de ces quatre poins deffault, c'est merveille, non miracle. Notez que aucunes choses sont par dessus nature, aucunes contre nature, aucunes sans le cours de nature ou sans nature. (Somme abr., c.1477-1481, 162).

 

-

Nature naturante. V. naturant

 

-

Prov. Coutume vainc nature. V. coutume

 

-

Droit de nature. "Ensemble des règles non écrites qui régissent les rapports humains" : [C'est Nature qui parle] Je adjouste a ce, que mon droit, le droit de nature, est que le filz doit honnourer sa mere comme toudiz en mon escole l'ont presché mes disciples : philosophes et poetes. (GERS., Concept., 1401, 399).

 

2.

"Éléments constitutifs des choses du monde physique, en particulier du monde animal, végétal ou minéral"

 

a)

"Qualité en tant que résultat de la combinaison des éléments" : L'autre nature seconde est nature particuliere qui comprent les quatre elemens et toutes les choses aussi qui en sont composees ; et ceste nature aussi est appellee d'aucuns nature naturee, pour ce que cilz bas monde cy dessoubz est effects du hault monde et se despend de sa vertu du tout. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 26). Dont le très savant Aristote Escrit à cler, sans mettre note, En un livret qu'il voulut faire De la nature élémentaire (LA HAYE, P. peste, 1426, 26). Que Jupiter avecques Mars, Par leurs désordonnez regars Et mesmement quant ilz sont joins En aucun des signes ou poins Du Zodiaque et par droiture, Soit de chaulde et moiste nature, Fait avenir et apparoir Grant pestillence et mal en l'air (LA HAYE, P. peste, 1426, 27). Car Saturnus, je vous asseure, Trop froit et sec de sa nature, Pour tant nuisant à toute vie Et forment plain de villanie, Comme esméu de mau courage, Détesta moult Humain Lignage (LA HAYE, P. peste, 1426, 35). Est air infect empoisonné Pour ce qu'il est mixtionné Avec fumées venimeuses Et par autre fait vicieuses En leurs qualitez et nature (LA HAYE, P. peste, 1426, 47). Et la terre par sa droiture Est de froide et sèche nature (LA HAYE, P. peste, 1426, 64). Secondement fault varier Par bon art et rectifier L'air corrompu en sa nature (LA HAYE, P. peste, 1426, 74). De la nature des cieulz et des corps souverains ou de deseure. (...) De la nature des estoilles en commun. (...) Cy parle des planettes en especial, chascune selon sa nature. (...) De la nature des quatre elemens. (Somme abr., c.1477-1481, 88). Cestui trouva la nature de l'eleborre blanc et noir et de plusieurs autres herbes et gommes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 v°). Cestui perquist et ensercha studieusement les natures et proprietez d'aucunes estoilles, desquelles estoit escript moult bresvement, et fut finablement moult profond astrologien. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 v°). Cestui fut illustre medicin et très cler astrologien et sceut la nature occulte de plusieurs herbes, et fut lui qui premier inventa le degré et qualité de l'elebore en ses deux espesses, au moïen de quoy il fist subitement desenfler les filles du roy Proctis, qui, par enchentement ou autrement, avoient esté malefficiées. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 24 v°).

 

-

Nature élémentaire. "La nature créée, composée des quatre éléments" (synon. naturenaturée) : Dont le très savant Aristote Escrit à cler, sans mettre note, En un livret qu'il voulut faire De la nature élémentaire (LA HAYE, P. peste, 1426, 26).

 

-

Nature naturée. V. naturé

 

b)

ASTR. Quinte nature. "Éther, en tant que cinquième élément de la physique ancienne" (synon. quinteessence) : La seconde partie du grant monde comprent le ciel et les estoilles, laquelle Aristote appelle la quinte essence ou la quinte nature pour ce qu'elle est d'autre condicion que les quatre elemens devant touchiez ne sont. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 5-6).

 

c)

"Substance" : Et la matière du tonnoirre Souventesfoiz se tourne en pierre De dure nature ou substance (LA HAYE, P. peste, 1426, 7). Mais pour mieulz entendre, il convient noter que "ymage" veritablement se dit et raporte a ce, dont elle porte la similitude et samblance, et pour poursieuvir ou ensieuvir ce pour quoy est faite. Et ce se puet faire et advenir par deux manieres. L'une au regard de la nature specifiee et du signe du specifiement, et par ceste maniere l'ymage de l'homme est en son filz, lequel ensieut par ressamblance de forme et figure humaine son pere, et ceste est parfaicte ymage. Secondement se doit entendre quant au signe seulement et non pas a la verité de nature, comme nous disons que une statue, c'est a dire une ymage painte en une paroit ou entretaillié de pierre ou de boiz, est l'ymage d'aucun homme, et tele ymage est apellee ymage imparfaitement. Selon la premiere maniere, le Filz est ymage du Pere, car il participe et communique en nature avec son Pere. (Somme abr., c.1477-1481, 111).

 

-

[Dans un cont. alchimique] : Cestui aussi s'entremist de alkemie et de composer divers metaulx ou transformer de nature en autre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 r°).

 

d)

"Ensemble des choses perçues physiquement" : Item ce se demonstre par exemple en nature. Car la clarté du soleil, combien qu'elle vient et procede du soleil, toutevoies se le soleil estoit eternel sans commencement et fin, se seroit sa clarté coeternele, c'est a dire qu'elle seroit eternele du soleil dont elle procede. (Somme abr., c.1477-1481, 128).

B. -

[À propos d'un être animé]

 

1.

"Essence, attributs propres à un être" : Le second remede ou consideration est penser a la povreté de ses propres subgietz et freres, quant a nature, et seigneurs souvent, quant a bonté de grace. Comme disoit un empereur de Romme qu'il vouloit estre tel a ses subgietz comme il vouloit que un seigneur luy feust, s'il estoit subgiet. (GERS., Annonc., a.1400, 238). Vous avez l'example du riche qui refusa une miette de pain, et on lui reffusa une goutte de eaue. Nature de noble et royal cuer est d'avoir compassion des afflictz (GERS., Annonc., a.1400, 238). Et pour ce en congnoissant ton ame, tu medites a congnoistre les anges qui sont de nature intellectuelle comme ton ame et plus parfais que ton ame. (CIB., p.1451, 186). Et combien que ceste matiere soit theologicale qui vouldroit enquerir de la maniere si dois tu sauoir que nature angelique quelle quelle soit a puissance sur lymaginatiue pour ce quelle est aucunement corporelle. (CIB., p.1451, 214). Se on doubte se le Dieu est ou dyable, il est a scavoir que aucuns noms sont lesquelz emportent et signifient natures selon que les natures sont et en telles Dieu est. Les aultres noms sont par lesquelz sont entendues les difformités, les defaitures, qui sont ez natures, come ce nom deable. (Somme abr., c.1477-1481, 139). Pour tant dist ung philosophe apellé Mercucius : en la nature qui surmonte les natures celestiennes est unité. Es natures celestiennes est alterité, une maniere de diversité. Es natures et choses qui sont dessoubz les celestes est pluralité. (Somme abr., c.1477-1481, 147). Comme dist Saint Leon pape : a la simple nature de la divinité riens ne puet estre adjousté ne diminué, car toudiz est ce qu'elle est. Ce qui est propre a aucune chose, cellui est estre perdurable, auquel une mesmes chose est vivre et entendre. Toutevoies combien qu'en nature et essence est simple, toutevoies en dons il est moult et pluseurs. (Somme abr., c.1477-1481, 147).

 

-

Nature humaine : Tu trouueras en toy matiere et cause dumilite quant tu penseras la fragilite de nature humaine. Tu trouueras matiere de magnanimite quant tu penseras la dignite de humaine nature. (CIB., p.1451, 196).

 

-

[À propos de Dieu] De nature. "Dans sa chair (?)" : ...disant et publiant celui jour haultement ou qu'il failloit que le Dieu de nature souffrist, ou que toute la machine du monde se disolvist. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 79 r°).

 

Rem. Cf. l'expr. mourir naturellement "subir la peine capitale".

 

2.

"Disposition, tendance que l'être apporte en naissant"

 

-

En partic. (Droite) nature. "Disposition inhérente à l'espèce" : Ce qui fait le lyon fort et hardy, c'est sa nature, et ce qui fait le lievre au contraire couart et paoureux, et prest de tost et legierement courre, c'est aussi sa nature. Ce qui nous fait aussi aler et parler et sentir et entendre, et aussi faire les autres operacions natureles qui deues nous sont, c'est nostre droitte nature ; et ainsi peut on dire de toutes autres choses natureles du monde. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 26).

 

-

De nature. "De naissance" : ...pas(t) chascune humaine creature disposee souffisamment pour veoir icy Dieu en telle maniere : les aucuns pour l'empeschement du corps qui oste l'usaige de raison, soit a cause de aage comme es enfans, soit a cause de maladie comme es demoniaques et hors du sens, et soit par mauvaise complexion comme es folz de nature (GERS., Trin., 1402, 153). De l'artation et indisposition qui est en la femme, par quoy elles ne sont convenables a amplexemens viriles, il fault tenir, jassoit que ce viengne de nature, se on leur puet aidier et subvenir par benefice de medecine, il n'empesche pas le mariage. (Sacr. mar., c.1477-1481, 76).

 

-

[En tant que modèle moral] Péché contre nature : La .Ve. [fille de luxure] est la pire, si est le pechié contre nature, qui tant desplait a Dieu et est de si grant ordure que selonc ce qu'il se dit, pour le seul parler l'air en pourrit. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 292).

 

3.

"Vitalité"

 

-

Faute de nature. "Manque de vitalité" : Cestui, comme avoit de constance pour son maistre en lui faisant la revolucion de sa nativité, congnoissant faulte de nature et de challeur naturelle, pour la grande aage qu'il avoit, se aida de la signifficacion des estoilles fixes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 r°).

C. -

"Organes de la génération" : Perdris est vng oysel qui souuent est quis d'oyseaulx de praye pour la bonté de sa char mais est mont luxurieux que pour la challeur de sa luxure s'emtrebatent dessus leurs femelles et en oublient la connoissance de leur nature en telle maniere que les masles gisent ensemble cuidant estre auec leurs femelles. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 484).

 

-

Accomplir sa nature. "S'accoupler" : Le bouc est vne beste iolye qui tous iours desire luxure et d'acomplir sa nature selon ce que dit Ysodore en son XIIme. liure (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 472).

 

-

P. ext. "Ventre" (Éd.) : Et quant ilz sont bien iennes [les jeunes dauphins] il les acueillent dedens leur gorge pour mieulx garder et viuent bien XXX. ans selon ce que les mariniers dient et a sa bouche en bas plus pres de sa nature que n'ont aultres poissons (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 493).

D. -

[À propos d'une chose abstr.] "Caractère, particularité" : Entre tous les aultres empeschemens impossibilité de habiter charnelement obtient tres grant lieu, car de sa nature et de la constitution de l'eglise il empesche mariage, comme il soit ainsi que tout mariage soit a cause de lignie estre procreé ou cause de incontinence et impossibilité de cohabiter oste l'une et l'aultre cause. (Sacr. mar., c.1477-1481, 76). Qualité et quantité sont de la nature de substance, comme equalité et similitude sont apellees relations, mais substance est comme aux trois personnes. Et la nature des relatifz est d'estre ensemble. (Somme abr., c.1477-1481, 128). Ne par participes puet on declarier Dieu, car ilz sieuvent la nature des noms et des verbes, ne par aultres parties d'orison qui pas sont subjectives ne predicables, c'est a dire qui ne puet estre subject ou predicat. (Somme abr., c.1477-1481, 156).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 9/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[DÉCT : nature ]

"Monde, ensemble de ce qui existe" : De retourner plus ne tardez, Car nous aurons bonne adventure De tout cela que pretendez, S'il plaist au hault Dieu de nature. (LA VIGNE, S.M., 1496, 506).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 10/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[DÉCT : nature ]

I. -

"Réalité matérielle, ordre des choses considéré comme indépendant des hommes"

 

-

En partic. "Caractéristique de l'individu, qui lui a été imposée dès sa naissance" : [Allusion probable au fait qu'il s'agit d'une femme] De celle ne fault point parler, car combien qu'elle s'esforçoit, sa nature et la tresgrief passion qu'elle avoit en regardant Saintré, a bien peu que ne se panma (LA SALE, J.S., 1456, 203).

II. -

"Personnification, allégorie de cette réalité" : Dieu et nature vous ont ils donné telle puissance que de prendre et mectre en voz las cuers de papes, d'empereurs, d'empereris (LA SALE, J.S., 1456, 300).

III. -

"Volupté, sensualité : appétits qui, dans l'homme, s'opposent à la vie spirituelle" : Lequel Guilleme fut ingenieulx et moult serf a nature. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 167).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 11/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[DÉCT : nature ]
 

-

la nature de A1 humain : ses dispositions naturelles, ses traits de caractère : "On ne doit point avoir fiance trop grande en tels gens. Or regardés de la nature des malandrins de ce païs : pour seullement complaire à vous et avoir vostre bienfait, il voelt trahir ceulx à qui il livra une fois la roïne de Napples et son mari à Charle de la Pais". (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 177). Or vous voel un petit deviser la maniere et la nature des Escoçois et conment il sevent guerriier. Li Escot sont dur et hardit et fort travillant en armes et en guerres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 125). La nature des Englés est telle que tousjours il se crienment a estre decheu et repliquent tant apriés une cose que mervelles (FROISS., Chron. D., p.1400, 189). Et trop fort se disferent en Engleterre les natures et conditions des nobles aux honmes mestis et vilains, car li gentilhonme sont de noble et loiale condition, et li conmuns peuples est de fele, perilleuse, orguilleuse et desloiale condition. (FROISS., Chron. D., p.1400, 42).

 

-

ses habitudes, son mode de vie : ...ilz trouvoient petit de bonnes eaues ne de fresches pour temprer leurs vins ne eulx raffresquir. Ilz estoient arrivé tout au contraire de leur nature, car Anglois en leur pays sont nourryz doulcement et moistement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 85).

 

-

A1 humain est, de (sa) nature, dans telles ou telles dispositions : ...le jone fille de Baivière (...) de sa nature (...) estoit propre et pourveue de sens et de doctrine (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 228). ...auquns prelas et barons d'Escoce sont de nature, et ont esté tousjours plus enclin a estre François que Englois (FROISS., Chron. D., p.1400, 236).

 

-

par/de nature : Par nature cil d'Evrues ont toutdis plus amé le roy de Navare que le roy de France. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 87). ...de nature et de volenté il estoient trop plus françois qu'englès (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 125). ...et cil medecin le confortoient et resjoïssoient mout souvent, et li dissoient, parmi les bonnes recceptes que il avoient, il le feroient tant vivre par nature que bien deveroit souffire. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 281).

 

-

la nature humaine : ...nature humainne s'enclinoit que del aler ou voiage (FROISS., Chron. D., p.1400, 895).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[T-L : nature ; GD : nature ; GDC : nature ; DÉCT : nature ; FEW VII, 45b : natura ; TLF XII, 14a : nature]

MUS. "Ensemble de notes naturelles de la gamme ordinaire" : Et est voir que mont embeli Est de muances ce chant ci, Quar de be quarre et de be mol Et de nature prent son vol Pour donner entrelacement D'un en autre com l'art l'aprent. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 1643).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 13/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[DÉCT : nature ]

A. -

[Au sens philos.] "Principe créateur de l'univers (Dieu)" : ...entre aultres damoiselles, chambrieres et servantes de son hostel, celle ou nature avoit mis son entente de la faire tresbelle, meschine estoit (C.N.N., c.1456-1467, 115). ...pour la grand courtoisie que nature n'avoit pas oubliée en elle, elle passa legerement les requestes de ceulx qui mieulx luy pleurent (C.N.N., c.1456-1467, 327).

 

-

[Accent mis sur son caractère contraignant] : ...jasoit ce qu'il eust en sa teste des sermons largement, si le contraignit nature qu'elle eust ses droiz, et de fait bien fermement s'endormit. (C.N.N., c.1456-1467, 86). ...si me fist jurer et promectre que quand nature me forceroit a rompre et briser mon entiereté, je eleusse homme sage et de haulte auctorité (C.N.N., c.1456-1467, 573).

B. -

[Du point de vue de la pers.]

 

1.

[Accent mis sur l'innéité] : ...en la main de madame la nonnain [Frere Conrard] mist son bel et trespuissant bourdon, qui gros et long estoit. Et tantost comme elle le sentit, comme si nature luy en baillast la cognoissance, elle dist... (C.N.N., c.1456-1467, 108). ...ainsi que nature luy monstra, et a l'aide de la paciente il besoigna tresbien deux ou trois fois. [D'un homme "qui oncques sur beste crestiane n'avoit monté"] (C.N.N., c.1456-1467, 136).

 

2.

[Accent mis sur la spécificité qui découle de l'innéité] : Ce gentil conte, de sa bonne et doulce nature estoit et fut tout son temps amoureux. (C.N.N., c.1456-1467, 154). ...pource que je suis de ma nature et propre coustume honteux, j'ay mieulx amé endurer et seuffrir jusques cy les maulx que j'ay porté que en rien dire a personne (C.N.N., c.1456-1467, 537). ...[elle] gardoit observance [de son jeûne] en la façon que promis l'avoit, tant estoit loyale et de bonne nature. (C.N.N., c.1456-1467, 577).

 

-

Se remettre à nature. "Redevenir soi-même, retrouver son état naturel" : ...petit a petit son troublé cueur se remist a nature, et pardonna, combien que a grand regret (C.N.N., c.1456-1467, 30).

 

3.

[Avec le poss., concerne l'individu en tant que cas partic. illustrant une réalité gén.] : C'est bien mon plaisir que vous vous accordez ad ce ou vostre nature vous forcera et contraindra (C.N.N., c.1456-1467, 562). Entre eulx tous, vous en choisirez ung seul, et vous en tiendrez contente et assovye pour faire ce ou vostre nature vous inclinera. (C.N.N., c.1456-1467, 563).

 

-

P. ext. "La personne elle-même" : Avant son partement me dist que quand il seroit absent, il se tenoit tout seur que ma nature me contraindroit a briser ma continence (C.N.N., c.1456-1467, 573). Si vostre nature est foible, vaincquez la par roiddeur et constance de cueur (C.N.N., c.1456-1467, 577).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 14/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[T-L : nature ; GD : nature ; GDC : nature ; DÉCT : nature ; FEW VII, 45a : natura ; TLF XII, 14a : nature]

A. -

"Ensemble des caractères qui définissent une chose"

 

-

DR. [D'un bien] En nature. "En l'état d'origine" : ...et que ou cas que elle ne cognoistroit autre chose que dit est dessus, attendu que lesdiz deux aneaux et verge d'or sont en nature et restituez à iceulx mariez, que, au jeudi absolu, elle feust eslargie de prison (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 196). Et, pour ce, fu fait traire à part sur lesdiz quarreaux, et remise en la prison de laquelle elle avoit esté attainte, et iceulx biens trouvez en nature, du consentement d'icelle prisonniere, rendus audit marchant. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 389).

B. -

"Organe de la génération" : ...il, par temptacion de l'ennemi, ala à icelle vache, à laquelle, par l'aide d'une petite haye et fossé qui estoit illec, il ot une fois compaignie charnelle à icelle, et en laquelle il mist son membre en sa nature, et par derriere, pour la très-grant chaleur de nature qu'il avoit en lui. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 566).

 

-

Chaleur de nature : à un matin, ainsy comme il vouloit mener ses bestes aus champs, tempté de l'ennemi, et par la chaleur de nature qui estoit en lui, print une desdites brebiz par derriere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 566).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 15/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[T-L : nature ; DÉCT : nature]

Payer le du de nature. V. du
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 16/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[T-L : nature ; GD : nature ; GDC : nature ; DÉCT : nature ; FEW VII, 45b, 46, 48a : natura ; TLF XII, 14a : nature]

A. -

"Ensemble des forces actives qui a établi et maintient l'ordre des choses et des êtres" : ...le dit chevalier qui n'estoit ne n'est pas en aucun lien de mariage, par esbatement et comme meu de jonesse, demanda à aucuns de ses diz serviteurs se ilz savoient aucune fillette, la quelle il peust bonnement aler veoir, et que nature le contraignoit à ce. (Doc. Poitou G., t.5, 1388, 357).

 

-

Le cours de nature : Oultre plus nostre dit cousin ung jour lui dist que si nous allions de vie à trespas il lui donneroit cinq ou six confiscacions de ceulx qui s'estoient meslez du fait de la mairerie d'Angiers, et lui dist qu'il ne les oubliast pas en son memoire et que selon le cours de nature, ilz ne lui povoient eschapper ni fouyr (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 133).

B. -

"Ensemble des traits qui caractérisent les objets"

 

-

DR. [D'une bien meuble] En nature. "Dans sa réalité physique" : ...le seurplus de l'argent a esté employé en draps, garances et autres marchandises, lesquelles sont encores en nature et n'ont point encores esté vendues (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 39).

C. -

"Organes de la génération, sexe" : Et si tost comme il fu couchié, sondit maistre se traist par devers li qui parle (...). Et touchia tout li qui parle par les cuisses de sa nature (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1333, 82). Et lui, retourné par temptacion d'ennemi, la print et la coucha sur une table et lui mist la main à sa nature (Ch. VI, D., t.2, 1410, 220).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 17/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[DÉCT : nature ]

I. -

"Ensemble des choses créées"

 

-

Nature humaine. "Les hommes, l'humanité" : ...Facin Kan, qui est un grant tirant et meneur de compaignes de gens d'armes ou pays de Lombardie, ennemi de Dieu et de nature humaine (Bouciquaut L., 1409, 383).

II. -

"L'essence, les attributs propres à un être vivant, à une chose, à une notion" : ...de la venue de ceulx qui vindrent à son hostel, il n'en scet rien, ne n'en fit rien, ne ne doit point estre dit receptateur, attendu la nature de receptation, où science est requise et communication (BAYE, I, 1400-1410, 108). Noblesse fuit encontre sa nature, Le clergié craint et cele verité, L'umble commun obeit et endure Fains protecteurs lui faire adversité (BAYE, II, 1411-1417, 220). ...et comment la Court, par bonne deliberacion et pour justes et raisonnables causes, oy le procureur du Roy, veue la nature du procès, avoit receu ledit accord (FAUQ., III, 1431-1435, 63).

III. -

"État matériel de certaines choses"

 

-

[En parlant d'un bien matériel, d'un objet] En nature. "En bon état, dans son état matériel d'origine ou avec les qualités de fonctionnement qui lui sont propres" : ...et leur rendront tous leurs biens, se aucuns en ont esté prinz, et se ilz sont en nature, ou sinon la juste valeur et estimation d'iceulx (BAYE, I, 1400-1410, 133). Ce jour, Geffroy des Molins, huissier de ceans, a esté commis à vendre au plus offrant certaine quantité de vins vielz de Bourgongne, estans en nature, contencieus entre Audry Viart et Jehan Bazin (FAUQ., II, 1421-1430, 193). Item, le procureur du Roy a requis, pour ce qu'il y a procès pendant ceans entre lui, d'une part, et le prieur de Saint-Denis-de-la-Chartre, d'autre, à cause du pressoir assis en la place Saint-Denis, que durant ce que ledit pressoir est en nature et que on pourra mieulx veoir l'empeschement que ledit pressoir fait à entrer en ladicte eglise, il plaise à messrs les presidens et à aucuns de messieurs de Parlement, en passant par devant, veoir et adviser l'empeschement et occupation dudit pressoir pour y avoir, en jugeant ledit procès, tel regart qu'il appartendra. (FAUQ., III, 1431-1435, 108).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 18/18 
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     NATURE     
FEW VII natura
NATURE, subst. fém.
[T-L : nature ; GD : nature ; GDC : nature ; DÉCT : nature ; FEW VII, 45b : natura]

A. -

"Ensemble des caractères qui définissent un être"

 

1.

"Essence, condition propre à un être ou une chose" : La creature de Dieu raisonnable doit entendre, selon que dit Aristote, que des choses invisibles, selon la distinction des choses qu'il a faictes ça jus, et que par leur presence de leur estre et nature le certifie, si comme saint Pol le dit en l'epistre aux Rommains, que les choses qu'il a faictes seront veues et sceues par la creature du monde. (ARRAS, c.1392-1393, 2). L'en treuve tant de merveilles, selon commune estimacion, et si nouvelles que humain entendement est contraint de dire que les jugemens de Dieu sont abisme sans fons et sans rive, et sont ses choses merveilleuses, et en tant de formes et manieres diverses, et en tant de pays, selon leur diverse nature, espandues, que, sauf meilleur jugement, je cuide qu'onques homme, se Adam non, n'ot parfaicte congnoissance des euvres invisibles de Dieu (ARRAS, c.1392-1393, 3).

 

-

La nature humaine : La vertu du germe de ton pere toy et les autres [Mélusine et ses deux soeurs] eust attrait a sa nature humaine, et eussiés esté briefment hors des meurs, nimphes et faees, sans y retourner. (ARRAS, c.1392-1393, 12). Combien que saint Pol die en l'epistre aux Rommains que toutes choses sont sceues par humaine nature, voire sans les secretes choses de Dieu, et qu'il a retenues en sa congnoissance, sans autre, la nature aux humains si est a entendre pluseurs hommes vacquans par universes contrees. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

2.

"Disposition, tendance que l'être apporte en naissant" : Et ainsi je croy que cuer de noble estrattion qui a la science des nobles vertus des ars dessuz diz ou cuer, qu'il n'en sauroit meserrer si tost que cil qui auroit aprins les ars par avarice de vouloir enrichir, par dissimilitude de complaire aux princes, et non monstrer le vif du droit, car rudesse de nature ne se puet bonnement appliquer a la nature nourrie en noblesse. (ARRAS, c.1392-1393, 17).

 

3.

"Complexion, tempérament de chaque individu" : Et se Dieux vous donne adventure que vous conquestez pays, si gouvernez voz gens selon la nature dont ilz sont. S'ilz sont rebelles, gardez que vous seignorissiez, sans riens laissier passer de vostre droit de seignourie. (ARRAS, c.1392-1393, 86).

B. -

"Nature, force active qui a établi et maintient l'ordre de l'univers" : Vrays Dieux, comment sont les merveilles que tu as laissiees ca jus en la vertu de ta chamberiere nature, merveilleuses et diverses en leur expedicion, se tu n'y espandoies ta grace divine, et especialment de ceste merveilleuse aventure que je voy ou cours des estoilles que tu as lassus assises dès le commencement du ciel, par haulte science d'astronomie dont tu m'as presté une des branches (ARRAS, c.1392-1393, 19).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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