C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/douleur 
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 Article 1/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[ ]
 

-

Aux bonnes gens surviennent les douleurs : Tant est Titan de broulis embroullyé Et entoullyé que Jupiter, son filz, Estre ne poeult en ses bras recoeullyé, Ne conseillyé, n'habillié, ne veillyé, Ne resveillyé, n'enlachiet en ses filz ; Coeurs desconfis en sont de doeul confis, Non asoufis de regrés et de plaeurs : Aux bonnes gens sourviennent les douleurs. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 214).

 

Rem. DI STEF. 271a, douleur

 

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Au réveiller sont les grièves douleurs : [L'empereur Frédéric vient de mourir ; Molinet lui rend hommage dans le poème intitulé La mort Fredericq l'empereur] Austrice pleure et Bavière et Saxonne En personne font regrés fors, divers ; Toute Allemaine au plourer s'abandonne, A doeul s'adonne archevesque et canonne, Abesse et nonne et rendus et convers ; Les chemins vers de ce monde univers Seront couvers de fort noires couleurs : Au resveillier sont les griefves doleurs. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 274). Quand j'ay tout painct et tout ymaginé, La mort terrible a brouillé mes couleurs : Au resveiller sont les grefves douleurs. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 824).

 

Rem. Hassell 215, R31 ; DI STEF. 270c, douleur.

 

-

(D'oiseaux, de chiens, d'armes et d'amours), pour un plaisir/une joie, cent/ mille douleurs (cf. R. M. Bidler, M. fr. 33, 1993, 180) ; en armes et amour, pour une joie mille douleurs... : Pour ce je vous diray le dit D'un proverbe, qui ainsi dit : De chiens, d'oyseaulx, d'armes, d'amours, Pour une joye cent doulours (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 386). D'armez, de chace et d'amours, pour une joye, cent doulours. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 1059). ...il y a en amours communement plus de mal que de bien et de deul que de joye, sy come dit Ovides ; et ce pretend aussi le proverbe qui dit que En armez et amours, Contre une joye a mil doulours. (...) la joye d'amours et le delit, qui sont corporel, sont toutes choses vaines et choses transitoires, ou nul hons raisonables ne se doit arrester, car en telx n'a point de felicité vraie (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 628). Puis que les loyaulx ont tousjours Pour une joye cent doullours, Ce que les desloyaulx n'ont mye, Je dy moy que c'est grant follie De servir loyaulment Amours. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 256). ...je vous pry, treschieres et tres amees suers, que vous ayez bon cuer et devot non challoir fes folles plaisances de ce monde qui ont plus de meschiefs que de jpye, et comme on seult dire : pour ung plaisir quatre douleurs. (GERS., 1406, Oeuvres complètes G., 420). Veu que je suis Cellui qui a moy mesmes nuys Par mon mal eur ; n'oncques depuis Mon enfance n'eu fors ennuis, Et en amours Courte joie et longues doulours. (CHART., L. Dames, 1416, 207). TURELUTUTU. Gemissons sa noble figure [[d'Holopherne]], Dont nous avions si grant secours. GRANCHE. D'amours, c'est régle de droiture ; Pour une joye cent doulours. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 350). Or ont ces folz amans le bont Et les dames prins la vollee. C'est le droit loier qu'amans ont, Toute foy y est vïollee. Quelque doulx baisier n'acollee, De chiens, d'oiseaulx, d'armes, d'amours, C'est pure verté devollee, Pour une joye cent doulours. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 63). Puis [Amour] me pourvut mieux quë Hector De dame ou je prins loyal soing ; Mais il m'est fally au besoing, Envers moy s'est tres mal prouvés (...). De chiens, d'oiseaux, d'armes, d'amours, De behours, de joustes et vaultes Faut il payer les malletautes ; Pour ung plaisir mille dolours, Aprés les chantz viennent les plours Et risees du bout du dent. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 578).

 

Rem. Hassell 202, P193 ; DI STEF.166c, chien.

 

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Douleur couverte fait plus de mal que l'ouverte : Ma douleur ilz ne scavent mie, Car on dit que douleur couverte Si fait plus de mal que l'ouverte. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 94).

 

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Douleur est médecine de douleur : Par delices n'est pas la voye De venir à parfaite joye. Se tu as vie douloureuse Et pour un brief temps langoureuse, Sueffre, car tu sces que douleur est medecine de douleur. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 209).

 

-

Douleur ne se peut celer : Cheminans ainsi, les dames en esperit volant, par maniere d'une piteuse tragedie et amere lamentacion Ardant Desir dist a Verité, la royne : "Madame," dist il, "il est escript que grant doleur longuement ne se puet celer..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 303). Il se dit en proverbe que extreme doleur et lyesse ne se peuent celer, comme il apparu bien par Marie Magdalene, en querant et trouvant Jesuscrist. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 503).

 

Rem. DI STEF. 270c, douleur.

 

-

Deuil sur douleur est grande maladie V. deuil

 

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Il y a grant labeur à acquérir finance, grande cremeur à la garder et grande douleur à la laisser V. finance

 

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Il n'est douleur ni male fortune qu'il ne faille passer : Pour la tresgrant douleur quy celle nuit couru parmy l'ost des Crestiens, n'y ot nul conseil ne conclusion prinse. Toutesfoz il n'est douleur ni male fortune qu'il ne faille passer, et le lendemain David d'Escoce manda le conseil. (Trois fils rois P., c.1454-1463, 159).

 

-

Il n'est douleur que le mal des dents V. dent

 

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Le plaindre allège la douleur V. plaindre

 

-

Petite médecine souvent de grande douleur délivre V. médecine

 

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Pour un plaisir quatre douleurs V. plaisir

 

-

Qui acquiert en douleur chose chère, plus a de bien et de joyeuse chière En sa conquête. "On apprécie davantage ce qu'on acquiert dans l'effort et la peine" : Mais qui acquiert en douleur chose chiere, Plus a de bien et de joyeuse chiere En sa comqueste [sic] Et lui semble plus hault et plus honneste Le bien qu'il a a paine et a requeste, Et en maine plus de joye et de feste Et mieulx le prise Que s'il l'eust eu tout a sa belle guise, Car Nature a en nous ceste loy mise Que mieulx nous plaist chose a dangier conquise. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 166).

 

-

Qui a plus de science a plus de douleur V. science

 

-

Quiconque meurt meurt à douleur V. mourir

 

-

Si on a une joyeuseté elle vient aprés quinze douleurs V. joyeuseté

 

-

Tel se plaint, avant que férir, qui n'a douleur ne maladie V. plaindre
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[AND : dolur ; DÉCT : dolor ]

"Douleur" : Tuit semblent estre forsené De pitié et de grant doulour (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 66).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[AND : dolur ; DÉCT : dolor ]

A. -

"Douleur physique" : Que ce medicin est bon maistre ; Je ne sans plus nulle doleur. (Pass. Auv., 1477, 129).

B. -

"Douleur morale, tristesse, affliction" : Maintenant, certes, je vouldroye Avoir perdu mon reaulme tout Et que Jehan vesquit, qui que l'oye ! De doleur ne puis dire mot. Je pers tout appetit et goust (Pass. Auv., 1477, 108).

 

-

Avoir douleur de qqc. : Mectés en Dieu vostre esperance ; Car tant plus seras grant pecheur, Si de tes pechés ay doleur, Tant plus tost auras de Dieu grace. (Pass. Auv., 1477, 138).

 

-

Mourir de douleur : Je croy que de doleur morra, Ains qu'elle soit a son domaine. (Pass. Auv., 1477, 256).

 

-

Yeux en douleurs. "Yeux en larmes" : Doulz piés que portés si grant faiz, Et voz, jambes pleines de sueurs, Des eaulx de mes yeulx en douleurs Vous lavarey piteusement. (Pass. Auv., 1477, 152).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[AND : dolur ; DÉCT : dolor ]

A. -

"Souffrance physique" : Et telz sont pires que les autres dessus diz, en tant car il ne font pas ce pour cause de vergoingne ne pour paour de vitupere ou pour fuir laidure ; mais pour fuir tristece et douleur ou damage, car les seigneurs les contraingnent par ce. (ORESME, E.A., c.1370, 211).

B. -

"Souffrance morale" : Celui qui est vertueus a bien aucunes fois compassion, douleur ou joie et yre et concupiscence (ORESME, E.A.C., c.1370, 153).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[T-L : dolor ; GD : douleur ; GDC : dolor ; AND : dolur ; DÉCT : dolor ; FEW III, 119b : dolor]

"Souffrance, douleur"

 

-

Loc.

 

.

Lit de douleur. V. lit

 

.

Douleur de mere. "Douleur de l'accouchement" : Beau doulx fis que j'ey pourté En purté De saincte virginité Sen sentir douleur de mere, Vierge je t'ay enfanté Pour sancté Donner [l]a [l. Donner a] humanité (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 90).

 

.

Prendre douleur. "Se laisser aller à la souffrance, à la tristesse" : Or parle SEINT JOHAM. Tresdulce Virge Marie, Ne devés pas si grant doleur pandre, Quart se que est fet ne puis defere. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 211).

 

.

Mettre qqn à douleur. "Faire souffrir" : Par la grans erreur Son mis a doleur Simple creatures (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 118).

 

-

[Formule de salutation] : Menton, Dieu vous gart de doleur ! (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 5).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[AND : dolur ; DÉCT : dolor ]

"Douleur"

A. -

[D'ordre physique] : ...quant je me suis esveillie, En riens ne me truis traveillie De doleur nulle qu'aie eue (Mir. emper. Romme, 1369, 285).

B. -

[D'ordre moral] : Car mis m'avez de grant tristesse Et de grant doleur en leesce (Mir. marq. Gaudine, 1350, 170).

C. -

[D'ordre physique et moral] : Dame, de celle grant doleur Que l'empereur nous a promise Nous gardez (Mir. emp. Julien, 1351, 192).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[AND : dolur ; DÉCT : dolor ; FEW III, 119b : dolor]

"Douleur, mal" : Ceulx qui ont doleur en la hanche, quant l'oz yst et rentre arriere, il y a muscillages. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 96). Douleur selonc Avicenne est sensibilité de la chose contraire. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.5). La douleur est appaisee doublement : en une maniere en ostant la chose contraire, en la esvacuant ou alterant et en aultre maniere en ostant le sentiment de la particule. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.5).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. masc. et fém.
[T-L : dolor ; AND : dolur ; DÉCT : dolor ; FEW III, 119b : dolor]

A. -

"Douleur physique, souffrance" : Défense font, en leur pratique, De travail en ce temps emprendre, Il est à savoir et entendre Qu'ilz l'entendent de superflue, Qui corps humain moult fort transmue, Ou pendant la douleur cruele De la maladie actuele. (LA HAYE, P. peste, 1426, 85). Aussi à l'umeur peccante vit la disposicion du ciel convenable pour y fere applicacion et le fist, au moïen de laquelle, le roy Daire, qui longtemps avoit esté sans avoir reppox nuyt ne jour, perdit incontinent toute doulleur et fut gary (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 52 v°).

B. -

"Endroit douloureux" : Item por fi et por brokez garir, R. fraisiers et leuchandeulhe et broies trè bin ensemble, se le meteis sor le dolour, si garira. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 201).

C. -

"Douleur morale, chagrin" : Et pour ceste science qu'il ot des fais du monde, il estoit en continuelle plainte et gemissement pour les deffautz lesquelz il consideroit. Car en ce dit verité Salomon que qui a plus de science a plus de douleur. (GERS., P. Paul, a.1394, 511). Helas, mon doulx enfant, pourras tu refuser a ceste povre mere une goutte d'eaue, une seule larme qui tant luy puet proffiter et sa doleur alegier ? (GERS., Déf., 1400, 227).

 

-

Douleur de pénitence : Et fonderay ma predicacion, qui est une plaidoyerie de verité, en trois raisons principales, et dy que cuer doloreux - et j'entens de bonne doleur, de doleur de penitence - amaine trois excellens biens. (GERS., Déf., 1400, 223). Si n'y a meilleur que soustenir par ung peu de temps la doleur de penitence, qui maine a garison, affin que on ne languisse pas ainsy par mauvaise convoitise et male arsure jusques a la fin. (GERS., Déf., 1400, 243).

 

-

Prov. Douleur ne se peut celer : Cheminans ainsi, les dames en esperit volant, par maniere d'une piteuse tragedie et amere lamentacion Ardant Desir dist a Verite la royne : "Madame," dist il, "il est escript que grant doleur longuement ne se puet celer..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 303). Il se dit en proverbe que extreme doleur et lyesse ne se peuent celer, comme il apparu bien par Marie Magdalene, en querant et trouvant Jesuscrist. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 503).

D. -

"Plainte, lamentation" : Et maintenant il en est consolez : il veult du tout sans douleur ce que Dieu veult ; et en ceste vie aussy n'estoit pas sa douleur telle sans tres grande consolacion. (GERS., P. Paul, a.1394, 511).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 9/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[AND : dolur ; DÉCT : dolor ]

"Souffrance" : Douleur a si tresgrant regence Sur mon corps que je n'en puis plus (LA VIGNE, S.M., 1496, 453).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 10/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[AND : dolur ; DÉCT : dolor ]

I. -

"Souffrance physique ou morale" : Alors qu'il sentist sa douleur, et ne peust sa haiche souslever (LA SALE, J.S., 1456, 127).

II. -

"Lésion, affection, maladie" : ...[la pestillence] qui en eulx estoit si très cruelle que tous moroient incontinent que celle douleur les prenoit (LA SALE, Sale D., 1451, 236). Lors chascun de son costé s'en retourna pour a cheval monter, et quant Saintré fut a cheval monté incontinent se tray vers messire Enguerrant, qui pour la doleur de sa main se faisoit aucun peu abillier (LA SALE, J.S., 1456, 133).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 11/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[AND : dolur ; DÉCT : dolor ]

Douleur physique : Angloys sont nourrys de doulces viandes et de bonnes cervoises crasses qui tiennent les corps moistes ; et ilz avoient les vins si durs et si chaulx, et en buvoient largement pour oublier leur doulours. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98).

A la suite d'un deuil : La ducoise Jehane de Braibant (...) estoit vesve de son mari le duc Wincelin de Boesme, qui mors estoit, pour lequel trespas elle avoit perdu bonne compaignie et solacieuse, et en avoit eu grant doleur à son coeur. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 186).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 12/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[T-L : dolor ; AND : dolur ; DÉCT : dolor]

"Souffrance"

A. -

"Souffrance physique" : ...une maladie le print en l'oeil si greve, qu'il ne le povoit tenir ouvert, tant en estoit aspre la doleur (C.N.N., c.1456-1467, 502). Et qu'en disent ilz [les médecins] ? souffrerez vous longuement ceste doleur ? (C.N.N., c.1456-1467, 536).

 

-

Au plur. : A chef de piece il revint a luy, et sentit tresbien ses doleurs [Un homme atteint dans son corps] (C.N.N., c.1456-1467, 457).

B. -

"Souffrance morale" : ...voyant les peres et les meres prendre grand plaisir a veoir les enfans jouer (...) aggrava sa doleur que par avant avoit de soy mesmes conceu. [Un vieillard célibataire] (C.N.N., c.1456-1467, 555).

 

-

Au plur. : De chiens, d'oiseaulx, d'armes, d'amours : Pour ung plaisir mille doleurs (C.N.N., c.1456-1467, 372). ...il ne m'est desormais mestier, obstant le nombre de mes ans, tourmenter ne troubler de doleurs, d'angoisses ne de pensemens. (C.N.N., c.1456-1467, 557).

C. -

Douleur de qqc. "Souffrance causée par cette chose"

 

-

[Physique] : Après la prend entre ses braz, et la roncina tresbien, qui luy fist oublier la doleur des verges. [L'homme a d'abord violemment frappé sa femme avec des verges] (C.N.N., c.1456-1467, 300).

 

-

[Morale] : Ilz se commencerent a rire, jasoit ce que la doleur de leurs chemises ne fust pas encore appaisée. [Ils ont beaucoup de mal à accepter qu'on ait volé leurs chemises] (C.N.N., c.1456-1467, 400).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 13/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[T-L : dolor ; GDC : dolor ; AND : dolur ; DÉCT : dolor ; FEW III, 119b : dolor ; TLF VII, 468a : douleur]

"Souffrance physique" : ...et, ce fait, que l'en ouvrist iceulx pos de terre, et que les botereaux qui dedens seroient l'en piquast bien et fort de bonnes longues aguilles ou petites broches de fer, et que autel ou samblable peine et douleur comme lesdiz botereaux soufferroient, celui pour qui et à quel entencion l'en feroit ce en soufferroit autant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 326). ...et consideré la longue peine de douleur de maladie soufferte par icellui de Ruilly, son mari (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 335).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 14/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[AND : dolur ; DÉCT : dolor ]

"Impression pénible reçue par une partie vivante et perçue par le cerveau, souffrance physique" : Et entre les autres moy mesme ne dormi de toute ceste nuit et ne me puiz soustenir de la doleur de la teste (BAYE, II, 1411-1417, 173). ...et a esté privé de tous offices et benefices ecclesiastiques, et condempné en chartre perpetuel à pain de doleur et eaue d'angoisse (BAYE, II, 1411-1417, 249).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 15/15 
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     DOULEUR     
FEW III dolor
DOULEUR, subst. fém.
[T-L : dolor ; GD : douleur ; GDC : dolor ; AND : dolur ; DÉCT : dolor ; FEW III, 119b : dolor]

A. -

"Douleur physique, souffrance"

 

-

Sentir/ souffrir grand douleur : ...le roy affeblissoit fort, et avoit moult de sang perdu. (...) [il] souffroit grant doulour (...). Lors lui dist ly chevaliers : Monseigneur, vous avez ycy trop demouré, venez vous en et faisons voz gens retraire en la ville avant qu'il soit plus tart, afin que les Sarrasins ne se boutent pelle melle avecques nous. Et le roy, qui sentoit grant douleur, lui respondy : Faictes a vostre voulenté. (ARRAS, c.1392-1393, 106).

 

-

Avoir douleur : Beaulx seigneurs, dist le cappitaine, il n'est pas tout perdu quanqu'il em peril gist. Ayez fiance en Jhesucrist, et Il vous gardera. Menez moy vers le roy. Par foy, dient cilz, c'est legier a faire. Il gist en celle chambre la. Chascuns y puet aler ainsi que s'il n'avoit mal ne douleur. Il a ja fait son testament, et donne a ses serviteurs tant que chascun s'en tient a bien paiez, et est confez, et a recu son Createur et tous ses sacremens. (ARRAS, c.1392-1393, 114).

 

-

À grand douleur : Lors se rassemblent entour le roy et vont faire aux Poictevins une fiere envahie. La ot maint homme mort et occiz a grant doulour. (ARRAS, c.1392-1393, 161).

B. -

"Souffrance morale"

 

1.

"Malheur" : Et la [Mélusine] demoura deux jours, et faisoit moult mate chiere, et tousjours aloit et venoit hault et bas par my leans, visitant tout le lieu, et gettoit de foiz a autre moult griefs plains et moult griefs souspirs. Et dist l'ystoire et la vraye cronique, que je tien estre veritable, qu'elle scavoit bien la doulour qui lui approuchoit, et quant de moy je le croy fermement. Mais ses gens ne pensoient pas a cela, mais pensoient que ce feust pour la desplaisance qu'elle eust de ce que Gieffroy avoit ars son frere et les moynes et pour le courroux qu'elle savoit que Remond en avoit pris. (ARRAS, c.1392-1393, 254).

 

2.

"Affliction, peine"

 

-

Avoir douleur de qqc. : Mais, tres chier oncle, de moy si tost marier après la mort de mon pere, je ne monstreroye pas que j'en eusse gaires de douleur de sa mort. (ARRAS, c.1392-1393, 189).

 

.

Avoir douleur au coeur de qqc. V. coeur

 

-

Faire tel douleur. "Manifester un tel chagrin" : Mais quant ilz sceurent la bleceure du roy, lors recommenca la douleur moult grant. Lors dist le roy : Ma bonne gent, ne faictes tel douleur, mais pensez a vous deffendre du soudant, et, se Dieu plaist, je seray tost gueriz. (ARRAS, c.1392-1393, 107).

 

-

Demener/ mener douleur : En nom Dieu, dist le chevalier, nous yssimes hier sur noz ennemis, et, au retourner, fu le roy feru du soudant d'un dart envenimé, telement que on n'y treuve remede. (...) Et sachiez que la fille du roy maine tel douleur que c'est pitié a veoir ; il a ja deux jours qu'elle ne voult ne boire ne mengier. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Quant ceulx de la cité sceurent la mort de leur roy, si furent moult doulens et moult esbahiz et demainent moult grant douleur. Mais, par especial, sur tous eulx, la pucelle Aiglentine menoit tel dueil que c'estoit grant pitié a veoir (ARRAS, c.1392-1393, 181).

 

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User son temps en douleur. "Passer sa vie dans l'affliction" : ...les trois sereurs (...) prindrent leur pere et l'enclouirent en la dicte montaigne. Et vindrent a leur mere et lui dirent : Mere, il ne te doit chaloir de la desloyauté de nostre pere, s'il l'a t'a faicte, car il en a son paiement, car jamais n'ystra de la montaigne de Brumbloremllio, ou nous l'avons encloz, et la usera son temps en doulour. (ARRAS, c.1392-1393, 12).

 

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Demeurer en douleur : Ainsi comme vous ouez, se dementoit Remond, et se fiert et debat par telle maniere qu'il n'a si dur cuer ou monde, s'il le veoit et ouoit, a qui il n'en preinst pitié. Et se repent fort de ce qu'il n'a osté au conte, son frere, la vie du corps. Cy nous dist la vraye histoire qu'en celle douleur et en celle misere demoura Remond jusques au jour. (ARRAS, c.1392-1393, 243).

 

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La douleur de qqn. "Celle qu'il éprouve" : Et quant Gieffroy entendy ces mos, si lui souvint du tablel qu'il avoit trouvé sur la tombe du roy Elinas, et lors scot au cler qu'ilz estoient il et ses freres, descenduz de sa lignie, si s'en tint plus chiers. Mais il fu moult doulent de la perte de sa mere et de la douleur de son pere. (ARRAS, c.1392-1393, 268).

 

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Mettre qqn hors de sa douleur : Tous les barons furent moult doulens de son tourment, mais ilz n'y sceurent remedier pour chose qu'ilz lui sceussent dire ne monstrer. Mais tousjours enforce sa doulour. En ceste partie dist l'ystoire que, quant les barons virent qu'ilz ne le povoient mettre hors de sa doulour, ne appaisier en aucune maniere, si furent moult doulens. (ARRAS, c.1392-1393, 253).

 

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Laisser sa douleur : Et lors les barons du pays, qui la furent assemblez pour reconforter Remond, que ilz amoient de bon cuer, lui vindrent [Mélusine] a l'encontre et la bienviengnerent forment, et lui compterent comment ilz ne lui povoient faire laissier sa doulour. Or vous souffrez, dist elle, car, se Dieu plaist, il sera sempres reconfortez. (ARRAS, c.1392-1393, 254).

 

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[En fonction de suj.] : Et vous devez savoir que les bonnes gens du pays, qui orent leur seigneur perdu, furent moult doulens (...). Or il est bien verités qu'il n'est douleur, tant soit angoisseuse, qui ne s'adoulcisse sur le tiers jour. Les barons du pays conforterent la dame et ses enfans a leur povoir, et tant firent que leur douleur s'assouaga. Mais la doulour Remondin croissoit tousjours tant pour la cause qui le contraingnoit du meffait qu'il avoit fait, comme pour l'amour qu'il avoit au conte, son oncle. (ARRAS, c.1392-1393, 29).

 

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La douleur commence (grand) : Et a ce mot [le roy] clouy les yeulx et s'en ala si doulcement qu'il leur sembla qu'il feust endormis. Mais quant ils se apperceurent qu'il fu mort, lors commenca grant la douleur. Hermine fu menee en sa chambre, qui faisoit tel dueil que c'estoit grant pitié à veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 123). Et le roy, qui tost senty la destrece de la mort, ne se pot plus tenir sur le destrier, mais chey a terre a la renverse tout mort. Lors furent Bahaignons moult doulens et rentrent en la cité et lievent le pont et ferment la porte. Lors commenca grant la douleur parmy la ville. (ARRAS, c.1392-1393, 180). Or commence leur dure departie. Or commence la doulour qui durra a Remond tout son vivant. (ARRAS, c.1392-1393, 254).

 

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La douleur enforce. "La douleur augmente" : Il [Remondin] a bien maudit mille foiz l'eure que Gieffroy fu nez ne oncques engendrez. Tous les barons furent moult doulens de son tourment, mais ilz n'y sceurent remedier pour chose qu'ilz lui sceussent dire ne monstrer. Mais tousjours enforce sa doulour. (ARRAS, c.1392-1393, 253).

 

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La douleur se cesse : Et sachiez que le peuple du pays estoit moult doulent ; mais ilz se confortoient moult ad ce que ilz avoient seigneur de si grant prouesce plain, et en estoient aucques rassouagiez. Ainsi se cessa la douleur. (ARRAS, c.1392-1393, 123).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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