C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/beau 
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 20 articles
 
 Article 1/20 
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     BEAU-FRÈRE     
FEW I bellus
BEAU-FRERE, subst. masc.
[T-L : frere ; FEW I, 321a : bellus ; TLF IV, 330b : beau-frère]

"Frère par alliance" : ...aucuns larrons et malfaicteurs avoient prins et furtivement emporté de son molin ung quartier et demi de lart, trente cinq solz tournois, deux aulnes de drapt de bureau camelin et neuf boisseaulx de mousture appartenans à ses beauffrères, et comme le lendemain au matin on avoit dit à Jehan Chevreau le jeune (...) que le jour precedant on les avoit veuz tournoyer et visiter ledit molin (Doc. Poitou G., t.12, 1482, 544).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 2/20 
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     BEAU-PÈRE     
FEW I bellus
BEAU-PERE, subst. masc.
[FEW I, 321b : bellus ; TLF IV, 331a : beau-père]

"Père par alliance" : ...il trouva ledit d'Oyrevau et feu Sireo qui avoient grant noise ensemble et se reprouchoient l'un l'autre qu'ilz s'estoient deserviz en procès, et que ledit feu Sireo estoit cause de la mort de son beau-père. (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 592).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 3/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj. et subst.
[ ]
 

-

Belle femme est trop périlleuse V. femme

 

-

Brie est belle : Au mal gibet puisse il baller Qui n'a grant joye de la nouvelle ; Resjouyr se fault : brie est belle. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 138).

 

Rem. Proverbe également cité ds Myst. viel test. R., c.1450, t.3, 18 et ds Moralité 1427 B.B., 1428, 138. D'apr. l'éd. de ce dernier texte, le sens serait : "tout va bien".

 

-

De nouveau tout est beau V. nouveau

 

-

Il fait bon cesser tant que le jeu est beau V. jeu

 

-

Il n'est si beau jeu qui ne cesse V. jeu

 

-

On ne doit point tomber amoureux d'une femme, si belle soit-elle V. femme

 

-

On voit souvent fruit crochu sortir de belle fleur V. fruit

 

-

Quand beau vient sur beau le premier beau perd sa beauté : ...il [le Chevalier à la Rose] se bouta au tournoy et y commensça a faire la greigneur force d'armes du monde. Et se Norgal avoit bien fait par avant, sy fut il oublié, car quant bel vient sur bel, le premier bel pert sa beauté.Ainsi advint a Norgal, que quant le Chevalier a la Rose fut en l'estour, il fist tant que tout le bruit lui demoura. (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 132).

 

-

Tôt est belle levée : Jadis estoit tantost bielle dame parée ; S'estoit uns dis communs : "Tost est bielle levée." Mais aujourduy met-on toute le matinée, Anchois k'à sen plaisir femme soit acesmée. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 34).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 223 : Bele la me fais, bele la te ferai ("Tu me donnes un avantage, je te donnerai un avantage") ; 363 : Chacuns voit volentiers ce que li est bel, 861 : Il est assés beau qui a tous ses membres, Cf. aussi Morawski 1922 : Qui est biau e ne est bon, refuser le doit len, 2048 : Qui n'est biaux si se cointoit.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 4/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj.
[AND : bel ; DÉCT : bel ]

I. -

"Bien fait" : ...moult s'est durement penez D'avoir merci, par beau prier (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 209).

II. -

"Bien arrangé" : ...bien savoit traire Et gent par beau parler attraire. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 54).

III. -

[En parlant d'un feu] "Éclatant, bien chaud" : A beaulx feux, chauffez et sechez Sont, puis, en riches lis couchiez. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 300).

IV. -

Empl. adv. "D'une façon appropriée" : I. jour roy Pelleüs sonna Jason et bel l'araisonna Devant ses barons (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 30). L'image ont bel et bien repost Et puis l'en ont porté en l'ost (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 157).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 5/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj. et adv.
[AND : bel ; DÉCT : bel ]

I. -

Adj.

A. -

[Avec une idée de plénitude] "Entier, complet, pur"

 

-

Beau plaisir. V. plaisir

B. -

"Satisfaisant, réussi, valable"

 

-

[Dans une loc. ell.] La passer belle. "L'échapper belle" : Certes, tu l'a passee belle ! [Parole adressée à une personne que l'on vient de sauver de la noyade] (Pass. Auv., 1477, 158).

 

Rem. Cette loc., de même que l'échapper belle, la bailler belle, la manquer belle, la donner belle, est issue du langage des joueurs de paume ; le pron. la représente à l'origine le nom balle (cf. M. Grevisse, Le Bon usage, 1964, §§ 478, 2 et 783 hist d).

II. -

Adv.

 

-

Loc. adv. Tout beau. "Doucement" : Pour ce je veul Que luy aydes, Maliferas, Et tu, Sirus ! Jhesus est las Et pour ce menés le tout beau ! (Pass. Auv., 1477, 193).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj.
[AND : bel ; DÉCT : bel ]

A. -

[D'un être humain, en l'occurrence une femme, Hélène de Troie] "Qui attire le regard par son charme" : Afin que par la resgarder [Hélène] l'en ne fust tempté de la convoitier, car elle estoit tres belle. (ORESME, E.A.C., c.1370, 173).

 

-

Empl. subst. masc. : Mais le lait se delicte en la biauté de l'autre et le bel se delite ou biau parler de l'autre ou en autre chose (ORESME, E.A.C., c.1370, 431).

B. -

[D'une chose matérielle] "Raffiné" : Car bele habitacion est parement et aournement convenient a magnificence. (ORESME, E.A., c.1370, 246).

C. -

[D'une chose considérée dans sa valeur morale] "Louable" : Car prudence est vers choses qui sont justes et beles et bonnes, et ces choses sont lesquelles il appartient ouvrer a bon homme (ORESME, E.A., c.1370, 354).

D. -

[D'une histoire que l'on raconte] "Agréable (à entendre)" : ...illeques sont bailliees certainnes regles, bons enseignemens, belles hystoires et les causes pour quoy pluseurs policies ont esté et peuent estre corrumpues et gastees et celles par quoy il peuent estre sauvees et gardees. (ORESME, E.A., c.1370, 99).

 

-

[De la façon de s'exprimer] "Élégant"

 

.

P. iron. : Mais le lait se delicte en la biauté de l'autre et le bel se delite ou biau parler de l'autre ou en autre chose (ORESME, E.A.C., c.1370, 431).

E. -

[Du temps qu'il fait] "Éclairé par le soleil" : ...car aussi comme une aronde seule ne signifie pas le temps de ver ne un seul biau jour ne le fait pas, semblabement .I. jour ne un peu de temps ne fait pas un homme avoir felicité ne estre beneuré. (ORESME, E.A., c.1370, 121).

F. -

[D'une opération intellectuelle] "Remarquable" : Ceste division est bele et notable (ORESME, E.A.C., c.1370, 153).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 7/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, subst. masc.
[T-L : bel1 ; GD : bel ; GDC : bel ; AND : bel ; DÉCT : bel ; FEW I, 319a : bellus]

A. -

"Beau temps" [cf. T-L, s.v. bel, col. 910, 12]

 

-

Le temps se met au beau : Le temps ce met en apparence De soy mectre au beau, se Dieu plaist. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 954).

B. -

"Avantage"

 

-

Emporter le beau du jeu. "Se sortir à son avantage d'une mauvaise situation"

 

.

Au fig. : Je luy donne quinze et ses ars, S'il emporte le beau du jeu. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 246).

C. -

"Bonne volonté"

 

Rem. Sens rare, attesté ds Tomb. Chartr. Souv. S., c.1337-1339, 32 et ds Tristan Nant. S., c.1473-1476, 545

 

-

Par beau ou laid. "De gré ou de force, de toute façon" : En ce Royaume dict auoir Bon droict et si le veult auoir Par beau ou laid ce mest aduis Car Martin en son lieu la mis Et sa femme fut fille aussi Du Roy qui mourut deuant luy Voyez cy le tiltre quil y a Pour ce ne vous asseurez ia Que vous nayez tantost bataille. (Myst. st Martin K., a.1500, 245).

 

-

Par force ou par beau. "De gré ou de force, de toute façon" : Sy me semble que nous devons Premier aller devant Jargueau Et croy que quant devant serons, Les aurons par force ou par beau. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 525).

D. -

"Ce qui plaît à quelqu'un; éloge, compliment"

 

-

Dire son beau à qqn. : Qui aux seigneurs ne dit leur bel Son fait est maisement party, Flateurs treuvent bien leur party (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 226).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 8/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj.
[T-L : bel1 ; GD : bel ; GDC : bel ; AND : bel ; DÉCT : bel ; FEW I, 319a : bellus]

A. -

"Qui procure une satisfaction d'ordre esthétique, qui plaît"

 

1.

[En parlant d'une pers.]

 

-

[En tournure nég.] : Sire, vostre comant feront, Quar avec ung le lïeront De ces corges que ycy tenont. Tant le batront Que an se jour perdra la vie, Et puis feront vostre comant, Que il ne seray pas biaulx. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 191).

 

2.

[En parlant de choses, naturelles ou créées]

 

-

Prov. Brie est belle : Au mal gibet puisse il baller Qui n'a grant joye de la nouvelle ; Resjouyr se fault : brie est belle (Myst. st Laur. S.W., 1499, 138).

 

Rem. Proverbe également cité ds Myst. viel test. R., c.1450, t.3, 18 et ds Moralité 1427 B.B., 1428, 138. D'apr. l'éd. de ce dernier texte, le sens serait : "tout va bien".

 

-

De plus beau : Puis qu'i vous semble que soit bon Abatre tout le Portereau, Qu'i soit fait nous nous consenton(s), Et tout jusques au rees de l'eau Combien que ce noble joyau Nous fait mal des Augustins ; Mais nous le referons de plus beau S'i plaist a Dieu et a ses sains. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 149).

B. -

P. ext. "Qui produit de l'agrément, de la satisfaction"

 

1.

"Qui est agréable"

 

a)

[En parlant d'attitudes, de comportements] : Ma fille, vostre beau parler Me plaist moult, je vous certiffie. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 511). Qui sçaura beau mot, si le die En allant les vrays martirs querre Qui sont en doulleur et en guerre Pour le nom de Jesus deffendre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 265).

 

b)

[P. affaiblissement, terme d'affection]

 

-

Empl. subst. [Dans le vocatif] : MARIE. (...) Certes, bien je debvroye perir Quant je voy mon filz en croix morir. Beaulx, bien avés muër coleur - Helas, c'est pour vostre grant doleur - Qui tant estoit vermoille et freche ; En vostre corps il n'avoyt tache. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 113).

 

2.

"Qui satisfait par son apparence et en raison de l'appropriation à la fin recherchée"

 

a)

[En parlant d'actions]

 

-

Faire beau jeu à qqn. V. jeu "Faire bon accueil, bonne mine à qqn"

 

-

Il est beau. "Il est avantageux, il vaut mieux" : Mais il me fault premierement Avoir cordes ung grant fardeaul, Car il nous sera trop plus beaul Que ce qu'en soyons desgarniz [des prisonniers]. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 72).

 

b)

Empl. adv. "De manière satisfaisante"

 

-

Bien et beau. "Bel et bien, très bien" : Le grant Dieu, tu dix bien et beaul. Leur vouloie tu je ne sçay quoy ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 254). Comment fust-il issu de cy ? Chose seroit trop impossible S'il n'avoit ouvré d'invisible, L'huys estoit bien et beau fermé Et se n'y a riens de quessé, Hault ne bas je n'y voy rompture. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 259). Il s'en est bien et beau fouÿ ; Croyez qu'il y a tromperye. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 871). Cela est menty bien et beau : Moy mesmes l'ay fait decoler, Par quoy jamais n'en fault parler. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 400). Ruben, demande [l. Ruben demande] bien et bel, Tousjours avons en esperance Que, par la vostre pourvëance, Serons relevéz et resours. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1021).

 

-

Avoir beau + inf. "Déployer inutilement ses efforts dans un but donné" : Bel y avez vous esprouver Et y faire champs de bataille, Encontre eux ce voloir trouver, Rasibus de nostre muraille. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 304).

 

-

Mener beau + subst. "Donner du fil à retordre à" : Has ! Quelle journee doloreuse D'avoir perdu ce bel joyau, De ceste place vertueuse, Et qui tant François menoit beau ! (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 483).

 

-

La bailler belle à qqn. "Se jouer de qqn, se moquer de qqn" : Ouÿ, il la nous baulront belle : Nous en serons tres bien reffaiz. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 889).

 

Rem. Cette loc., de même que l'échapper belle, la manquer belle, la donner belle, la passer belle, etc., est issue du langage des joueurs de paume. Le pron. la représente à l'origine le nom balle (cf. Grevisse, Bon usage, §§ 478, 2° et 783 hist d).

 

3.

"Qui est moralement satisfaisant, qui a une valeur d'exemplarité (notamment au regard de la vaillance)"

 

-

"Agréable par ses qualités morales"

 

.

[En parlant d'une pers., et p. méton., de son âme] : ...se l'omme mouroit, En tel estat s'ame en iroit Sans paine et sans faire sejour, Plus clere et plus belle que jour, En la joye de paradis. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 134).

C. -

[Marque l'idée de plénitude]

 

1.

De beau present. "Dès maintenant" : Bernard, a la conclussion, Je veult que soyés marié Tantost, ou mal lié me feyrés. Entrepris l'ay de bel present. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 3).

 

Rem. Var. intensive de la loc. de present "actuellement, maintenant"

 

2.

[Marque l'importance en intensité, en quantité] "Grand, important"

 

-

Bel et gent. "Abondant" : Se nous ne sommes fortunéz A ce que le temps s'appareille, Nous devrions bien faire merveille D'avoir du poisson bel et gent Et, par consequant, de l'argent, Se maree se pouoit vendre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 957).

 

3.

De plus belle. "De manière plus intense, plus significative" : Or ça, ça, or vous depachés. Il nous faut jouer de plus belle. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 229). Avant ! avant ! compaignons, sus ! Recommençon tous de plus belle. Tien ce coup cy sur la mamelle ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 225).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 9/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj.
[AND : bel ; DÉCT : bel ]

"Beau"

I. -

[Appréciation favorable]

A. -

"Qui procure une satisfaction d'ordre esthétique, qui plaît"

 

1.

[En parlant d'une pers.] : Tenez : ne veistes des mois Plus bel enfant. (Mir. Theod., 1357, 106). Il est courageux a planté, Et s'est bel homme. (Mir. Amis, c.1365, 20). ...il semble que se soit un roy, Tant est bel et de bel maintien (Mir. fille roy, c.1379, 54).

 

2.

[En parlant du corps, d'une partie du corps] : Tu as biau corps et doulx visage (Mir. st J. Paulu, c.1372, 97). Je scé en la rue du Plastre Un biau visage femenin Que trop convoite un turlupin. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 249).

 

3.

[En parlant de choses, naturelles ou créées] : Alons touz ensemble chantant Ce chant qui est bel et plaisant (Mir. femme roy Port., c.1342, 202). Un joiau li envoieroie Riche et bel (Mir. st Val., c.1367, 128). Mais j'ay trop bien trouvé, chier sire, Un homme de si bel arroy Qu'il semble que se soit un roy (Mir. fille roy, c.1379, 64).

 

-

Bon et bel : ...cest annel Te doing qui est et bon et bel (Mir. Amis, c.1365, 5).

B. -

P. ext. "Qui produit de l'agrément, de la satisfaction"

 

1.

"Qui est agréable" : Je croy se (...) du meilleur et du plus bel Vin de ceans aussi buvez Une foiz, qu'en bon point serez De vostre cuer. (Mir. abbeesse, 1340, 76). ...c'est un bourgeois Larges (...) Qui maint biau diner a donné. (Mir. march. juif, c.1377, 173).

 

a)

En partic. [En parlant d'attitudes, de comportements (envers qqn)] : ...gardez que nulz De ceste foy ne vous retraie Pour biau parler qu'il vous retraie, Ne pour menace. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 332). Faites li biau semblant, sanz faille : Tenue y estes. (Mir. Amis, c.1365, 57). Certes je n'en voulroie avoir Nulle pour ceste [dame], tant l'ay chier (...) Pour son sage et biau maintenir. (Mir. ste Bauth., c.1376, 93).

 

b)

[En constr. attributive]

 

-

Bel et gent : LE FÉVRE. Ce salaire m'est bel et gent. Biau pére, a Dieu, bien me souffist. (Mir. st Guill., c.1347, 30).

 

-

Bon et bel : Alons (...) Reprendre vueil nostre rondel, Car de chant est et bon et bel Et il vous doit aussi plaire. (Mir. st Sev., 1362, 205).

 

-

Estre bel à qqn. "Convenir à qqn, lui être agréable" : G'y vueil aler, car moult m'est bel Quant j'oy sermonner de la vierge (Mir. abbeesse, 1340, 60). Vez ci c'on te vient apporter L'enfant, moult te doit estre bel, Qui sera du peuple Israel Sauveur (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 224). Gabriel amis, ce m'est bel. Chantons nous deux ensemble (Mir. st J. Cris., c.1344, 277). Las ! conme il me fut bel et gent Que mon confesseur en feisse ! (Mir. st Guill., c.1347, 22). ...se Dieu trouver le me lait, Poson qu'il li soit bel ou lait, En la fourme que le me dites Li diray (Mir. Oton, c.1370, 321). Il vous faudra, soit lait ou bel, Que vous entrez en ce batel (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 59).

 

-

Estre bel à + inf. : Disons donc ce rondel d'accort, Bel est a dire. (Mir. nonne, 1345, 328).

 

c)

[P. affaiblissement, terme d'affection ; en apostrophe] : Bele niéce, par amour fine Vous doing ceste couronne (Mir. Oton, c.1370, 337). Or par temps, beaus fils, le serez : Ne vous ennuit. (Mir. fille roy, c.1379, 91).

 

-

Empl. subst. : ROY PEPIN. Bele, dites : ou alez vous ? (Mir. Berthe, c.1373, 233). ROY PEPIN. Bele, faites ma voulenté : Se voulez devenir m'amie, Sachez je ne vous faudray mie (Mir. Berthe, c.1373, 233).

 

.

[Avec prédéterm.] : LA DAMOISELLE. (...) A ma dame parler venez : Clotilde par moy le vous mande. (...) AURELIAN. Et g'iray voulentiers, ma bele (Mir. Clov., c.1381, 206).

 

2.

"Qui satisfait par son apparence et en raison de l'appropriation à la fin recherchée"

 

a)

[En parlant de pers.] : Car biaux estoit, jones et sages Et biau parlier. (Mir. femme, 1368, 195).

 

-

Bon et bel : PREMIER CHEVALIER. (...) Il ne nous fault qu'un homme sage Qui face au pape ce message (...). DEUXIESME CHEVALIER. J'en bailleray un bon et bel Et sage assez (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 7).

 

b)

[En parlant de choses]

 

-

[Obj. concr.] : Tu les pourverras d'un batel Qui soit pour eulx et bon et bel (Mir. ste Bauth., c.1376, 153).

 

-

[Résultat d'une action] : Pour l'amour de vous (...) Acquerre, les vous y donrray [ces escharboucles], Mais jamais jour je ne feray Si biau marchié. (Mir. pape, 1346, 391). Plusieurs pais ay puis marchié Et fait aussi maint biau marchié Ou j'ay gangné (Mir. march. juif, c.1377, 205).

 

.

Bel et bon : LE ROY. (...) Que vous semble (...) De ce sermon ? LA ROYNE. Il m'a semblé et bel et bon (Mir. fille roy, c.1379, 10).

 

-

[Lieu] : Delez l'eglise a un hostel Pour reclusage bon et bel (Mir. st J. Cris., c.1344, 292). Regardez ; vezci un lieu bel Ou riens ne fault. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 262).

 

c)

[En parlant d'une manière d'être ou de faire] : ...grant joie en mon cuer ay. [l. ay] Des bonnes gens que je voi ci Assemblez (...). Bele ordenance est, ce me semble : C'un point n'y fault. (Mir. ev. N.D., c.1348, 57).

 

d)

Empl. adv. "De manière satisfaisante" : Dieu, con noblement atourné Ont ce siége et bel aourné ! (Mir. ev. N.D., c.1348, 71). ...si bel savez desservir A ceulx qui, par devocion, Ont en vous leur entencion. (Mir. ev. N.D., c.1348, 82).

 

-

Bien et bel. "Bel et bien" : Sire, vous parlez bien et bel, Ce m'est advis, et de grant sens (Mir. ev. arced., c.1341, 122). LE ROY. Je voy une lettre gisant La ; d'ou vient elle ? PREMIER CHEVALIER. (...) Je ne sçay, mais d'estrange seel Est seellée bien et bel (Mir. st J. Cris., c.1344, 294).

 

-

Avoir beau + inf. "Avoir tout lieu de faire qqc." : Certes, je demande une chose Que vous m'avez bel escondire Et refuser par raison, sire (Mir. Oton, c.1370, 370). Vous vous avez biau depporter Con se vous fussiez le roy Daire ; Car jusqu'a la riviére d'Aire, Sire, vostre regne s'estent, Et tout le plat pais si tent A soubz vous estre. (Mir. Clov., c.1381, 258).

 

-

Venir à bel à qqn. "Plaire à qqn, lui être agréable" : Pour Dieu, ou as tu ton cuer mis, Ne pour qui fais tu ce chappel ? Ne sçay conment te vient a bel Tel trufferie. (Mir. march. larr., c.1349, 95).

 

e)

Au superl.

 

-

Avoir le plus bel (d'un combat). "L'emporter, vaincre" : Je voy d'eulx sommes au dessus : Le plus bel avons de la guerre, Car je voy la leur roy par terre Tout mort gisant. (Mir. Clov., c.1381, 266).

 

-

Au plus bel. "De la manière la plus satisfaisante" : ...en alant vous chanterez Tout au plus bel que vous sarez Pour nous esbatre. (Mir. prev., 1352, 259).

 

-

[En constr. attributive]

 

.

C'est le plus bel. "C'est le mieux, c'est la meilleure chose" : TROISIESME BARON. S'il vous plaist, sire, aussi g'iray Avecques vous. QUATRIESME BARON. C'est le plus bel : alons y touz, Puis que a ce vient. (Mir. ste Bauth., c.1376, 111). ...c'est pour vous le plus bel Que de ce qui li appartient Ly envoiez, il esconvient, Le satisfait. (Mir. Clov., c.1381, 235).

 

3.

"Qui a une valeur d'exemplarité" : ...je sui mére de bele amour ; en moy est grace de toute vie et verité. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 307). ...s'il vous pouoit envie Prendre de vouloir regarder Conment virginité garder Peussez tant qu'avez a vivre, Ne pourriez, voir, en plus biau livre Lire, ne de plus grant merite (Mir. st Alexis, 1382, 306).

 

-

[En parlant de Dieu] : Erambourc, prenez cel enfant En l'onneur du biau roy puissant (Mir. enf. diable, c.1339, 17).

C. -

[Marque de plénitude]

 

-

Beau néant. "Rien du tout, néant absolu" : C'est bien chose a croire et savoir Que des choses qui sont ça jus Envers celles qui sont la sus C'est un biau nient. (Mir. ev. N.D., c.1348, 82). PREMIER POVRE. (...) Y avez vous [a l'ostel Pierre le changeur] nulz avantages N'aumosnes, dites ? DEUXIESME POVRE. D'un biau nient dire t'aquittes. (...) du plus merde et plus aver Homme que l'en puisse savoir Parles (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 234).

II. -

[Appréciation défavorable (p. iron. ou p. antiphr.)] : LE LARRON. (...) Mettre me vueil en autre point Et mes meurs changier et muer. (...) LE VALLET DU LARRON. Il a bele queue, le chat ; Il ne pourra mais de lait boire. Vous ferez pis, par saint Magloire, Que n'avez fait. (Mir. march. larr., c.1349, 110).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 10/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj.
[T-L : bel ; AND : bel ; DÉCT : bel ; FEW I, 319a : bellus]

[Compl. à l'art. beau du DMF déjà rédigé]

A. -

"Qui procure une satisfaction d'ordre esthétique, qui plaît"

 

1.

[D'une pers.] : De quelle beauté ? Non pas de beauté fainte des ypocrites qui sont beaulz par dehors mais par dedans ont les horribles pechiez : semblables sont a la beauté des fiens couvers de noif, ou, comme dit Jhesu Crist, aux sepultures blanches et paintes (GERS., Concept., 1401, 416).

 

-

Empl. subst. : Comme dist Saint Denis : "Domination n'est pas l'exces des pieurs seulement, mais de tous beaulz et bons est toute et parfaicte possession ferme, forte et non poant cheoir." (Somme abr., c.1477-1481, 161).

 

2.

[Du corps, d'une partie du corps] : Cestui fut moult entier et de belle corpullance et de lignée royalle, et vesquit cent IX ans moult honorablement. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 92 v°).

 

3.

[D'une chose, naturelle ou créée] : "Toutes les choses humaines qui sont justes et belles comparees a la justice et beaulté de Dieu ne sont justes ne belles, mais encore nullement sont", car leur estre est come neent. (Somme abr., c.1477-1481, 100).

B. -

P. ext. "Qui produit de l'agrément, de la satisfaction"

 

1.

"Qui est agréable"

 

a)

En partic. [D'une attitude, d'un comportement (envers qqn)] : Nous avons ja aucunement parlé de l'umilité saint Pol et de sa povreté d'esperit par laquelle les amis de Dieu sont fais roys ou royaume des cieulz. C'est bel honneur, et ainsy le promet Jhesu Crist. (GERS., P. Paul, a.1394, 509). L'ame prudente et gracieuse, De savance moult curieuse, Et non puissant sans desplaisir Résister à si beau desir, Se paine fort, à son povoir, à trouver, sentir et savoir, Les causes et occasions De teles admirations (LA HAYE, P. peste, 1426, 16). ...ceste ruine De pestillence prent racine De Divin vouloir et plaisir, Comme jadiz à beau loisir Fist Dieu venir le grant Déluge, En punissant, comme droit juge, Les maulx des gens et les péchiez (LA HAYE, P. peste, 1426, 61).

 

b)

[D'un élément naturel] : ...[la nature humaine], par loy de Nature, Prent son estre touchant le corps Des élémens qui sont destors En aucunes leurs qualitez Et partant en activitez, Car le beau Feu, sans nul défault, Est tousdiz sec et forment chault (LA HAYE, P. peste, 1426, 64). Et, se l'air n'est bel, par raison Doit un chascun en sa maison Labourer et s'exerciter, Pour greigneur péril éviter (LA HAYE, P. peste, 1426, 85).

 

c)

Empl. adv. Il fait beau + inf.

 

d)

[P. affaiblissement, terme d'affection]

 

-

[Dans le vocatif, en partic. en s'adressant à Dieu] : Beau sire Dieu, nous te rendons grace et mercy pour l'excellence de ce don, que nous querions avec le prophete, et devotement demandons, en criant : Ostende nobis... (GERS., Purif., 1396-1397, 62). Beau tres doulx Dieu, je vous rens graces quant vous m'avez amené a vous congnoistre estre tel, tout puissant, tout juste et tout bon (GERS., Trin., 1402, 164).

 

2.

"Qui satisfait par son apparence et en raison de l'appropriation à la fin recherchée"

 

a)

[D'un animé non hum., d'une chose]

 

-

[Objet concret, outil...] : Cestui composa plusieurs beaux instrumens, servans à la science de astrologie et plusieurs belles tables, qui sont assez communes et en usage. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 118 v°).

 

-

"Qui est de bonne qualité" : Aussi prenez avec ces choses Une entière dragme de roses Esleues et de sandaulx Et de muscatellin fin beaulx, De tous les deux la quantité De deux dragmes par équité (LA HAYE, P. peste, 1426, 148).

 

-

"Qui est efficace" : ...bien deveroit estre noble medicine, riche et bone, le leet de la beal beste [d'une chèvre au mois de mai] - c'est la beste qe ne prent poynt sa vertue del herbe ne de solail, mes de principale : c'est de Dieux meismes. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 135). Troiz chapitres en soy contient, Dont le premier traicte des beaulx Remèdes, tous universaulx, Par choses bien préservatives Et en partie curatives. (LA HAYE, P. peste, 1426, 112).

 

-

[Résultat d'une action, en partic. construction] : Cestui fist ung beau livre en cirurgie, qu'il intitulla de son nom Guidon. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 137 r°).

 

b)

[D'une action] : Cestui reffraignit icelle royne de sa grande luxure par belles exemples, regna à son moïen XXXII ans, fist de moult belles conquestes et ala jusques aux paludeux desers d'Ynde et plus avant où onques homme n'avoit esté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 17 v°).

 

3.

"Qui est moralement satisfaisant, qui a une valeur d'exemplarité"

 

-

[D'une pers.] : Si bien s'i porta que nostre saint pere pappe Paule, lequel estoit tenu le plus beau personnage de l'Eglise, lui fist faire une revolucion d'une année sur la nativité sur laquelle il previt et predist sa mort et fut veriffiée. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 159 r°).

 

-

[Des qualités d'une pers.] : Il n'est tant bel aornement, telle belle couronne a une dame comme chasteté c'est la Vertu qui la fait renommer partout a la vie et a la mort. (GERS., Annonc., a.1400, 236). Zehelon, le venerable docteur, grant philozophe et astrologien, fut en ce temps et fut au concille de Cartage, tenu l'un des plus beaux entendemens et perspicu, qui fust ou nombre de IIcXXVIII prelatz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 98 v°).

 

-

[D'un état, d'une situation] : ...sa vie corporelle luy eust ministré, sans sueur, peine ou labeur, et point n'eust la femme enfanté par angoisses. Cy avoit beau don et bel heritage ! Mais helas ! Adam et Eve, ingras de ce, forfirent mou tost contre ta majesté royale (GERS., Concept., 1401, 397). O belle paix ! O tres riche don de paix ! O tres desirable paix, que estes vous devenue ? O messeigneurs et devotes personnes qui icy estes, las ! et ne souspirez vous point, ne gemissez vous point en voz cuers, quant vous oyez parler de ces trois paix en toutes ces terres, et vous regardez le temps present (GERS., Noël, p.1404, 301).

C. -

[Marque l'importance en intensité, en quantité] "Grand, important" : Dieu lui donna deux graces singulieres, l'une la science des estoilles et l'autre belle et grande generacion, car il se treuve qu'il eut trente filz, lesquieux, en son vivant, il fist princes sur trente cités, qui est chose qui ne advient souvent, que telle congregacion obeisse ainsi à pere et se tiegne ensemble par si longtemps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 r°).

 

-

Loc. Du plus beau et du meilleur : ...le dit roy d'Angleterre, entre lez aultres choses, avoit juré et promis que il traiteret lez obstages doucement et benignement, et que il ne lez metteret a nulle rençon, dont il fist tout le contraire, conme il appiert en monseigneur d'Orliens, dont Diex ait l'ame, ou conte de Blais et en plusieurs aultres, lezquelx baillierent pour estre delivrés du plus bel et du milleur de leurs terres. (Songe verg. S., t.1, 1378, 282).

 

Rem. Cf. F. Bar, Mél. F. Lecoy, 1973, 9.
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 11/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, subst. masc.
[AND : bel ; DÉCT : bel ]

"Objet précieux"

 

-

Au plur. : ...et, d'aultre part, sambleroit que ce qui estoit fait contre luy seroit pour convoitise de ces beaux seulement, et non pour sa faulte et mauvaise gouvernance (LA SALE, Sale D., 1451, 115).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 12/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj.
[AND : bel ; DÉCT : bel ]

I. -

"Agréable à regarder" : N'estes vous pas beau josne filz ? (LA SALE, J.S., 1456, 35).

II. -

[En appellation fam.] "Qui suscite l'affection, la sympathie ; aimé, cher" : Et ! beau sire, quel contenance est la vostre ? ne direz vous mot ? (LA SALE, J.S., 1456, 8).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 13/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj.
[T-L : bel1 ; GD : bel ; GDC : bel ; AND : bel ; DÉCT : bel ; FEW I, 319a : bellus ; TLF IV, 318b : beau]

[D'une pers.] "Qui a un physique agréable, plaisant"

 

-

Empl. subst. [Avec l'art. défini, surnom donné à certains rois de France]

 

.

[Philippe IV (1268-1314)] : ...Philippe le bel eust troys enffens masles, lesquielx tous troys furent roys l'ung aprés l'autre (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 158).

 

.

[Charles IV (1294-1328)] : Et dura ceste paix jusque a environ l'an mil IIJc et XXIIJ, du temps de Charles le bel, frere de Loys dit hutin et de Phelippe le long (JUV. URS., T. crest., c.1446, 110).
 

Lexique partiel de Juvenal des Ursins Martine Moulin

 Article 14/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj.
[AND : bel ; DÉCT : bel ]

A. -

Adj. mélioratif

Le support est une pers. [Valeur esthétique]

 

-

Un chevalier : ...le roy Charles, qui fut bel chevalier, jonnes, grant et fort (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 188). ...messires Gautiers de Manni tous premiers, qui pooit estre en l'eage de trente sis ans, biaus chevaliers et vremauls et douls et plaisans a regarder, de tous menbres bien façonnés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 526).

 

-

une demoiselle : ...une demoiselle assez belle et plaisante (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 46).

 

-

Gent d'armes : ...li dus de Normendie estoit d'aultre part la riviere, et fu moult esmervilliés qant il vei si belle gent d'armes (FROISS., Chron. D., p.1400, 401).

 

-

Le beau roi Philippe. "Philippe le Bel" : ...la roine Issabiel, fille au biau roi Phelippe (FROISS., Chron. D., p.1400, 45).

Empl. de politesse, devant les mots sire ou seigneur : Bonne-Lance, biau sire, vous chevaulchiez souvent sus les champs (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 199). Biau signeur, je parlerai a madame la roine, et prenderai congiet, et me departirai avoecques vous (FROISS., Chron. D., p.1400, 95). Par ceste desconfiture, biaulx maistres, dist le chevalier, fut delivrez tout le pays de cy environ (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 8).

Devant un nom de parenté : ...à son bel oncle l'empereur, son bel oncle, le duc de Braibant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 178). ...son biau-frere (...) a par mariaige (...) sa belle suer (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 139). Vous retournerez devers nostre belle ante, et le nous saluerez biaucoup de foiz (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 183). Au voir dire dou signeur d'Enghien, c'estoit tous li coers dou conte de Flandres, et ne l'appelloit mies li contes de Flandres son cousin, mais son biau fil. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 79).

Sans poss. : Le roy respondi aux messages moult doulcement et leur dist : "Vous soiez les bien venus en ce pays (...) Et toutes vos besongnes chargez-les à biaux oncles ; ilz ensongneront." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 244). Traittiez doulcement et saigement et le ramenez à voye de raison ; et lui dictes que le roy et moy et biau frere de Bourgoingne ne luy voulons que tout bien et toute amour (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 232).

En apostrophe : Ma belle serour, je vous pourverai courtoisement de vostre estat pour vous et pour vostre fil (FROISS., Chron. D., p.1400, 50). "Monseigneur, en la requeste et priere de ces bonnes gens et de la communaulté de vostre royaulme je n'y voy que droit et raison. Et vous biau frere d'Yorth ?" (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 31). Ceste parolle resjoï grandement le conte Loeïs de Flandres, et dist : "Mi bel enfant, grant merchis." Sus ces parolles se defina parlemens, et se contenta li contes grandement de ses gens et leur donna congiet de retourner à leurs maisons. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 134). "Biau signeur, ne vous esbahissiés noient, se li rois de France est venus jusques à Ippre. Vous savés comment anchienement toute la poissance de France, envoiie dou biau roi Phelippe, vint jusques à Courtrai, et de nos ancisseurs il furent là tout mort et desconfi." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 36).

Peut marquer la parenté par alliance : ...[le roy de Portingal] s'en vint jusques à la chité du Port pour approuchier Galisse et son biau pere le duc de Lancastre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 123). ...car son biau frere qui a par mariaige, vous le savez aussy assez, sa belle suer, laquelle avoit jadis espousé Gascon vostre filz, a grandement à faire pour deffendre et garder son hiretaige (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 139).

Le support est un être concr. [Valeur esthétique]

 

-

Un château : ...ilz se tindrent ens ou chastel de Brisco, qui est bel et bien fort (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 45).

 

-

Un coursier : ...ung très bel coursier amblant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 237).

 

-

Une tapisserie : ...une grande cambre, toute paree et couverte de tapiserie moult belle et moult rice (FROISS., Chron. D., p.1400, 485).

 

-

Une maison : ...une petite belle maison (FROISS., Chron. D., p.1400, 892).

 

-

Une église : ...chité (...) aournee de belles eglises et par especial de deus nobles abbeies durement belles et riches (FROISS., Chron. D., p.1400, 688).

 

-

Une ville : ...[la] bonne ville, belle et riche de Strabourch (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 159).

 

-

Le soleil : ...li solaus conmença a luire sus l'eure de basses vespres, biaus et clers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 728).

Bel pour + inf. : ...ung plain pays et bel pour chevaulchier. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 176).

Le support est la marée : ...li dis contes (...) se departi de belle maree et de bon vent et a grant chevalerie de Hainnau, de Hollandes, de Flandres (...) Et s'adreça ceste navie viers Frise (FROISS., Chron. D., p.1400, 642).

Le support est une action [Peut, selon le cont., signifier "facile" ou "exemplaire, qui sort de l'ordinaire"]

 

-

Un dîner : Le disner fut grant et bel et bien servis. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 16).

 

-

Un service : ...velà messire Nicolas Branbre qui a esté maire de Londres ung grant temps et que vous fesistes chevalier pour le bel service qu'il vous fist un jour qui fut (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 59).

 

-

"Une journée"Au sens de "bataille" : ...ha ! Dieux ait l'ame du bon connestable de France ! Il fist icy une foiz une belle journée et pourfitable pour ce païs (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 5).

 

-

La guerre : Se le conte d'Armignac avoit sus les champs, en son obeissance, tous ces compaignons, cappitaines et aultres qui sont usez d'armes, sa guerre en seroit plus belle (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 140). ...nous ferons une tres belle et forte gerre (FROISS., Chron. D., p.1400, 364).

 

-

Une garde : ...regarda à ces troix chastiaulx (...) et les trouva et vey biaulx et fors, et bien seans et de belle garde. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 172).

 

-

Une entrée : ...il ne puet avoir plus belle entrée ens ou royaulme que parmy vostre pays. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 180). ...d'Engleterre, il avera trop belle entree de venir en Bretagne et de Bretagne en France (FROISS., Chron. D., p.1400, 478).

 

-

Une aventure : "Par Dieu, dame, se l'aventure d'armes me peut venir si belle et si bonne que j'en puisse prendre ung qui vaille que vous le voiez, vous le verrez." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 199).

 

-

Une apertise d'armes : ...la ot tamainte belle apertisse d'armes fait (FROISS., Chron. D., p.1400, 583).

 

-

Une défense : ...li chastiaus pour lors estoit de bonne garde et belle desfense, et si i avoit dedens chevaliers d'onnour et de vaillance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 627).

 

-

Des horions : Ces Escos portent haces par usage, dont il donnent et frapent trop biaus horions (FROISS., Chron. D., p.1400, 781).

 

-

Des besognes : Nous avons regardé sus vostres besoingnes et les avons examinées et visetées. Elles ne sont, ce vous disons-nous, ne bonnes ne belles dont il nous desplaist grandement pour l'onneur de vous. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 34).

 

-

Des acointises/acointances : ...desous solel, ne sont gens plus perilleus ne mervilleus a tenir, ne plus divers que sont Englois. Il sont de belles acquintises et de biau samblant, mais nuls qui sages est, n'i doit avoir trop grant fiance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 221). Si furent moult belles et moult amoureuses les aquintances dou roi et de la roine (FROISS., Chron. D., p.1400, 296).

 

-

Des pourveances : Et fist faire ses pourveances belles et grandes (FROISS., Chron. D., p.1400, 266).

 

-

Des prouesses : ...la chevalier nouviel messire Jehan Camdos qui depuis fu si vaillans homs et fist tant de belles proeces et de grans apertisses d'armes, ensi que elles seront recordees avant en l'istore. (FROISS., Chron. D., p.1400, 334).

 

-

Un siège : Ensi orent li François le pont à Taillebourc ; si en fu plus biaux leur sièges. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 210). Ensi se tint li sièges devant Audenarde grans et biaux. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 272).

 

-

Une embusque : Li sires d'Escornai fist une embusque belle et grosse de quatre cens compaignons, chevaliers et escuiers et droites gens d'armes, que tous avoit priiés. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 180).

 

-

La paix : Moult de belles paix se fissent, les penans alans entre les honmes, tant que de cas d'ocisions liquel estoient avenu et desquels cas en devant on ne pooit venir a paix, mais par le moiien de l'afaire des penans, on en venoit a paix. (FROISS., Chron. D., p.1400, 895).

 

-

Un mariage [ici, le sens est "bien assorti"] : Ainsi demoura la dame, fille de Haynnau, duchesse de Guerles, et au jour que elle espousa le duc de Guerles, filz au duc de Jullers, ilz estoient entre eulx deux aucques d'ung eaige, pour quoy le mariaige estoit plus bel (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 156).

 

-

Un miracle : ...il fist prendre jusques a .XXII. de ces nobles et hauls barons d'Engleterre et les fist tous decoler, et tout premiers le conte Thomas de Lancastre, [... qui] estoit ses oncles, preudoms et vaillans homs ; et fist depuis moult de biaus miracles ou lieu ou il fu ensevelis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 48).

Le support est un acte de langage. Parler le beau français : ...li rois (...) sçavoit parler moult biau françois, car il fu de sa jonece nouris en France (FROISS., Chron. D., p.1400, 779).

Parfois péj., induisant l'idée de tromperie : ...uns moult sages chevaliers qui se nonmoit mesires Lois d'Augimont ; et avoit si belle parleure et si aournee et de si grande prudense plainne que il estoit tres volentiers ois entre toutes les parties (FROISS., Chron. D., p.1400, 455). ...il s'excusoit par si belles raisons raisonnables et si doulcement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 37). ...mist moult de belles proumesses et de grandes avant, pour atraire a ses volentés le roi Phelippe. (FROISS., Chron. D., p.1400, 878). ...le duc d'Irlande se tenoit delez le roy d'Angleterre en la marche de Galles, et n'entendoit à aultre chose, nuit et jour, fors que de venir à ses ententes en pluseurs manieres, et de servir le roy de belles parolles et de grandes huiseuses et la royne aussi, pour eulx complaire (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 48).

Coordonné à bon : En ces jours que je di, avoit en la ville de Gand deus vaillans hommes, sages et preudons, de belle vie et bonne, et de conversacion, de nacion et de linage moiien, non des plus grans ne des plus petis de la dite ville, auxquels par especial il desplaisoit trop grandement le different que il veoient. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 285). Pour ce ne li donna il mies congiet, mais le tint dallés lui tant que demorer i volt, et le faisoit tenir son estat bel et bon. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 135).

Le support est un mot abstr.

 

-

Semblant : Il sont de belles acquintises et de biau samblant, mais nuls qui sages est, n'i doit avoir trop grant fiance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 221).

 

-

Commencement : A ce que je puis veoir et percevoir, en Engleterre il ne desirent que la gerre. Et vous avés biau et grant conmencement pour vous, car ja avés vous si sousmis les Escoçois que il ne se poront aidier ne relever en grant temps. (FROISS., Chron. D., p.1400, 265).

 

-

Un héritage : Et convenoit la roine vivre de son demainne, car les roines d'Engleterre ont grans drois et biaus hiretages de lors doaires en Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 49).

B. -

Empl. nominaux : ...avoient bien IIIIc. chevaulx, tous chargiez de bon et de biel de draps et de pennes, de toilles, de touttes aultres choses qui leur estoient necessaires. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 223). Le mardi tout le jour, ordonnèrent il leur besoingnes, et entendirent à leurs chevaux faire ferrer et à emplir leurs males de tout bon et biel. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 150). "C'est ung mol chevalier qui ne veult autre chose que ses aises, de boire et de mengier et de aloer le sien folement, et si tost comme il sera conte, il vendera de son hiretaige pour faire ses volentez du meilleur et du plus bel." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 69).

A1 humain voit son plus bel. "Son avantage" : Et volentiers heussent combatu les Englès à leur avantage, se il peussent, et li Englès ossi yaux en avoient grant desir, ce poés vous bien croire, se il veïssent leur plus biel. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 92). Li intencions de pluiseurs cardinaulx estoit que, quant il verroient leur plus biel, il remetteroient leur ellection ensamble et ailleurs, car cils pappes ne leur estoit mies pourfitables ne ossi à l'Eglise. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 144).

A1 humain a bel à + nom d'action/a bel + inf. "A toute facilité pour agir" : ...les oncles du roy ont trop bel à la querelle, car ilz sejournent là enmy eulx et enforment le pueple de ce qu'ilz vueillent, ne nulz ne leur va au devant ne au contraire de leur parolle. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 60). Sire roys, ce fut très saigement conseilliet et ouvré de tout abatre, car maintenant vostres ennemis eussent eubt plus bel logier ou pays de Camp que ilz n'aront, car ilz ne trouveront riens s'ilz ne y apportent, fors le chault soleil sus leurs testes, qui les ardera et occhira (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 92). "Nous avons despendu plus avant que nos gages, et si n'avons eu ne prest ne paiement nul, depuis que nous venismes en Portingal. Se vous avez esté paiiés et nous ne le sommes point, vous avés biau souffrir." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 187). Ces campaignons de Lourde avoient trop bel où courir et chevauchier. Assez près de là (...) sciet la ville de Tarbe que ilz tenoient en grant doubte. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 19).

A2 (action, circonstance quelconque) vient à bel à A1. "Il y voit son avantage, s'en réjouit" : Il couvint ces campagnons obeïr, puis que les chapitainnes le voloient, mais il ne venoit mies à aucuns à biel. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 111).

C. -

Empl. adv.

A1 humain fait une action quelconque au plus bel qu'il peut. "De son mieux" : Et, se il furent en doubte, il i ot bien raison, car pour mains s'effrée on bien. Si se commenchièrent à mettre ensamble au mieux et au plus bel qu'il peurent. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 99). Che estoit le intention dou conte de Bouquighem et de ses gens que il passeroient là l'ivier en la marche de Vennes au plus bel que il poroient, et à l'esté il retourneroient en France et i feroient guerre. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 40). Si fu grandement aqueullis de ceste avenue, mais il s'escusa au plus bel qu'il pot et en fu, si comme j'oïch dire adonc, tous honteux. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 94). Si leur couvint porter et passer ce damage au plus biel qu'il peurent. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 122).

Coordonné

 

-

à vaillamment : Et là fu messires Jehans de Montagut très bons chevaliers, et vaillamment et biel s'i combati et assalli ses ennemis. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 152).

 

-

à fort : Enssi eurent li Canonnes et ses gens le castiel de la Courtisse. Si le rafresquirent de nouvelles gens et le remparèrent biel et fort. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 182).

 

-

à bien : Si s'armèrent bien et bel de tout che que il avoient, par grant loisir, et fissent grans feux en leurs logis et se desjunèrent tout à leur aise. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 42).

 

-

à sagement : ...parla si bel et si sagement (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 60).

A1 humain se porte bel de [une situation facheuse] "Fait contre mauvaise fortune bon coeur" : ...là estoit delez sa seur Jehan de Bretaigne, qui n'avoit pas trop à grace le duc de Bretaigne devers lequel le contes d'Estampes aloit, mais il s'en portoit bel ce que il povoit, car il n'avoit nulle puissance dessus luy pour luy remonstrer ne amender son maltalent. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 233).

Beau langagier. "Qui parle bien" : ...l'evesque de Biauvais, messire Milles de Dormans, un saige et vaillant et doulx preud'oms et biaulx languaigier et bon crestien (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 2).

Empl. atmosphérique. Il fait beau : ...il faisoit biel chaut et cler, ensi conme il fait ou mois d'aoust. (FROISS., Chron. D., p.1400, 74).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 15/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj.
[T-L : bel1 ; GD : bel ; GDC : bel ; AND : bel ; DÉCT : bel ; FEW I, 319a : bellus ; TLF IV, 318b : beau]

I. -

Adj.

A. -

"Qui plaît par ses qualités esthétiques" : Or vous ai dit assez briefment De la belle cité comment U biau mirour je l'aperçu Et pour ce, à aler m'i esmu, De là voul estre pelerins (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 204-205). Deuz dames de mont biau maintien, Qui furent belles sans laidure De bel atour sans mespresure, Vi qui d'une chambre issirent (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 2012-2013).

B. -

P. ext. Belles paroles. "Paroles aimables" : Et quant tu donques et Nature Avez esté dessous ma cure, Qu'apris avez en mes escoles Et biaus fais et belles parolles, Së or me veïssiez errer, Si me deussiez vous deporter (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 3040).

II. -

Subst. masc. "Beau temps" : Aussi com li chaut soulel Endurcist la böe par bel [var. par temps bel] Et amolie cieu ou cire, Aussi de moi je puis bien dire Que ... (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 12236).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 16/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj. et adv.
[AND : bel ; DÉCT : bel ]

A. -

[Sert à préciser un lien de parenté, sans valeur affective particulière] : ...son mary estoit bien esbahy et desplaisant ; si ne savoit que faire ne que dire. Si manda tantost sa belle mere (C.N.N., c.1456-1467, 134). Sa mere la prent par la main [sa fille], et luy taste son poux (...) et puis dit a son beau filz... (C.N.N., c.1456-1467, 135). ...il ne le fist pas mains mal [son personnage] au pere du jeune homme qu'il avoit mis en bouche a son beau pere qui sera s'il peut. [À propos d'un curé qui veut "faire" un mariage] (C.N.N., c.1456-1467, 296). ...trop mieulx vouloit avoir le bergier a beau frere, au gré de sa seur, que ung aultre bien grand maistre au desplaisir d'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 361).

B. -

[Seul ou empl. conjointement avec tout, exprime une notion de plénitude] : ...monseigneur part, et tout le beau pas s'en retourna a son hostel. (C.N.N., c.1456-1467, 41). Pour executer ce vouloir a sa plaisance et a son beau loisir... (C.N.N., c.1456-1467, 89). ...il fut la laissé toute la belle nuyt, pense, dorme, face du mieulx qu'il peut (C.N.N., c.1456-1467, 185). ...ilz furent si las et recreuz qu'il convint qu'en beaulx bras ilz demourassent endormiz. (C.N.N., c.1456-1467, 366).

C. -

Avoir beau + inf.

 

1.

"S'efforcer en vain de" : Estes vous la, faulx chevalier et desloyal ? Vous avez beau hurter, vous n'y entrerez pas (C.N.N., c.1456-1467, 211).

 

2.

"Avoir tout lieu de" : Nostre Dame, dist il, s'il ne sailloit tant que je l'en feisse oster, il aroit bel actendre. (C.N.N., c.1456-1467, 186).

D. -

[Expr. et loc. dans lesquelles beau exprime toujours une notion, gén., de qualité]

 

-

[Sans le compl. d'obj. dir. la] Bailler belle : ...[le seigneur] se pensa que le musnier luy avoit baillée belle. (C.N.N., c.1456-1467, 47).

 

-

Aimer qqn pour ses beaux yeux : ...je m'en doubtoie bien que j'estoie plus souvent visité pour l'amour de ma chambriere que pour mes beaulx yeulx. [Il faut noter ici le jeu de mots : le médecin, qui a supplanté le locuteur dans le coeur de la dame, était venu lui soigner un oeil malade] (C.N.N., c.1456-1467, 505).

 

-

Trouver qqn en belle(s). "Avoir la chance de le trouver" : ...ne valoit son compaignon, qui oyoit son dire, gueres mieulx que mort, s'il le treuve en belles. (C.N.N., c.1456-1467, 236). Si s'advisa bon jacobin qu'il viendroit veoir sa dame, et que a l'adventure pourroit il estre si eureux que de la trouver en belle. Il y vint, comme il proposa, et de fait trouva ce qu'il queroit. (C.N.N., c.1456-1467, 306).

 

-

À son plus beau. "À son avantage" : ...chacun d'eux demandoit a sa femme la matere de leur different. Et chacune comptoit a son plus beau. (C.N.N., c.1456-1467, 524).

 

-

Par beau ne par laid. "En aucune façon" : ...quand il cogneut que par beau ne par lait il ne la povoit oster de sa mauvaiseté, il la abandonna [Exemple, traditionnel, de l'expr. de la totalité par la réunion des extrêmes] (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

-

De plus belles. "Avec une intensité accrue" : ...après ces offres recommencerent leurs armes de plus belles [Dans un cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 321). ...monterent a cheval et de plus belles s'en vont querans les lievres. (C.N.N., c.1456-1467, 475).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 17/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj. et adv.
[T-L : bel1 ; GD : bel ; GDC : bel ; AND : bel ; DÉCT : bel ; FEW I, 319a : bellus ; TLF IV, 318b : beau]

I. -

Adj.

A. -

"Qui a un aspect admirable, séduisant ; qui est bien proportionné ; qui procure de la satisfaction" : Et leur dist que ce estoit à la Souche, où il avoit beau jeu de dez, et que son filz y estoit. Et respondu lui fut que il avoit eu oudit hostel des Corneilles beau jeu de paulme, et que il y en avoit eu un qui avoit perdu huit ou nuef sols (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 412). ...se icellui sire de Novion veoit icellui filz, qui estoit moult bel enfant et le resambloit assez de figure, se pourroit desmouvoir de sa voulenté et dure responce dessus dite à elle faite (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 127). ...en la ville de Rungy avoit, en l'ostel du curé d'icelle ville, une belle jeune fille, et que bon seroit que l'en feist tant que l'en eust icelle. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 225).

B. -

[Qualifiant les liens de parenté] "Cher" : Et, pour ce, s'il estoit voye ne maniere du monde par laquelle je peusse tant faire pour l'amour de mes biaux enfans que il me espousast, sans ce toutesvoyes que pour ce faire il receupst mort, je vous prie et requier sur toute l'amour qui est entre nous deux que vous le me conseilliez. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 307).

 

-

En appellatif : Pour Dieu, beaus seigneurs, que me demandez-vous ? Prenez ce que j'ay d'argent, et me laissiez la vie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 319).

C. -

[Avec une idée de plénitude] "Qui atteint un degré élevé" : ...la femme avoit beau loisir d'estre malade. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 357).

II. -

Adv.

 

-

Bel et bien/bien et bel. "Bien ; de manière conforme à ce qui est attendu ; de manière satisfaisante" : ...lequel Jaquet pria et requist ycellui prisonnier qu'il chevauchast avecques lui, et il le monteroit bien et bel, le meneroit en la guerre ou pays de Lymosin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 56). Toutesvoies il se recorde bien que il ne vit oncques que ledit de Sezay chevauchast armez de sa personne en la compaignie des dessus diz, ne scet la cause pour quoy ; maiz ses trois varlez estoient bel et bien armez comme lui et les autres groz varlez d'icelles forteresses englesches. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 59). ...et contenoient icelles lettres, si comme il se recorde, que il qui parle se tenist bel et bien, ainsi qu'il avoit acoustumé de faire, et se gouvernast et gardast ses forteresses au mieulx qu'il pourroit et sauroit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 196).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 18/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj. et subst. masc.
[T-L : bel ; AND : bel ; DÉCT : bel]

I. -

Adj.

A. -

[Appréciation favorable] "Qui procure de la satisfaction"

 

-

[Par affaiblissement, terme d'affection ; qualifie un subst. du point de vue du degré de parenté ; le syntagme est sans poss. quand le locuteur parle de son parent dans un discours dir.]

 

.

Beau-fils. "Neveu ; fils du beau-frère" : [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] Et au regart de beau frere de Bourgoigne (...) [je] luy prie qu'il (...) montre par effect le bon voloir qu'il a, cognoissant aussi comment j'ay esté patient en ceste matiere et fait ce que luy meismes par aventure n'eust pas fait s'il eust eu le cas pareil entre mains de beaufilz de Charolois. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 71).

 

Rem. Il s'agit ici du comte de Charolais, futur Charles le Téméraire, fils du duc de Bourgogne Philippe le Bon et de sa troisième épouse, Isabelle de Portugal ; Philippe le Bon est le beau-frère du roi de France Charles VII, par sa première épouse, Michèle de France, soeur de ce roi.

 

.

Beau-frere. "Époux d'une soeur" : [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] Aussi n'ay je pas procedé en ceste matere si rigoreusement comme j'ay esté conseillié par les ducs d'Orleans et de Bretaigne, le seigneur de Croy et le chancelier de beaufrere de Bourgoigne (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 60). Le roy sur les motz du chevalier [ambassadeur du duc de Bourgogne] respondy benignement : "J'en remercye beau frere, et m'y fie bien..." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 61). [Le roi de France aux ambassadeurs du duc de Bourgogne :] Si est vray que j'ay oÿ ce que m'avez dit (...) touchant le bon voloir et affection que beau frere de Bourgoingne a envers moy, meismement pour appaiser ceste matere (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 70). Sy est vray que le roy repeta sinc ou six fois lesdictes offres de son beau frere le duc (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 72).

 

Rem. Il s'agit, dans ces ex., du duc de Bourgogne Philippe le Bon, beau-frère du roi de France Charles VII par sa première épouse, Michèle de France, soeur de ce roi.

 

.

Beau neveu. "Époux de la nièce" : Mais le duc [de Bourgogne] (...) ne voult entrer aussy en ceste allyance (...) par consideration que scentoit cestuy Ferande estre bastard et non hoir legitime au roy trespassé, et que par prendre alliance aveuc ly il feroit tort grant a son beau nepveu le duc de Calabre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 149).

 

Rem. Il s'agit de Jean II d'Anjou, duc de Calabre, époux d'une des filles d'Agnès de Bourgogne, soeur du duc de Bourgogne Philippe le Bon.

 

.

Bel oncle. "Époux de la tante" : ...mes au regard de retourner dont il [le dauphin] estoit venu ne de soy traire devers luy [le roi de France], il n'en estoit pas encoire avisé (...). Aussy ne pooit bonnement soy plus eslargir en ceste matere, consideré que les ambassaeurs de son bel oncle [le duc de Bourgogne] qui avoient esté par dela devers le roy pour sa cause, ce disoit, n'estoient pas encoire retournéz (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 87).

 

Rem. Le duc de Bourgogne Philippe le Bon est l'oncle du dauphin dont il est question ici, Louis, futur Louis XI, par sa première épouse, Michèle de France, soeur du roi Charles VII.

B. -

P. iron. p. antiphr. [Appréciation défavorable] Belles paroles. "Paroles abondantes, riches mais gonflées, pleines de vent, ne répondant pas à ce qui est attendu, souhaité" : ...mes eulx oÿs [des ambassadeurs], les delivra et les envoya aveuques belles parolles, sans aulcun fruit toutevoyez en leur peticion (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 89).

II. -

Subst. masc. En l'avantage du bel. V. avantage
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 19/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj.
[T-L : bel ; GD : bel ; GDC : bel ; AND : bel ; DÉCT : bel ; FEW I, 321b : bellus ; TLF IV, 318b : beau]

[Élém. de loc. figée]

A. -

P. antiphr. En faire de belles. "Faire des choses scandaleuses" : Et lors ledit Mathelin va dire : "Vous en faites de belles, quant je n'y suis pas". (Doc. Poitou G., t.10, 1462, 319).

B. -

Avoir beau + inf. "Trouver des circonstances favorables pour" : A quoy respondirent les diz supplians et Esgrin qu'il entreprenoit les paroles trop haultes qu'il n'en avoit que faire, veu qu'ilz n'entreprenoient riens sur lui, et qu'il s'en avoit beau passer. (Doc. Poitou G., t.8, 1445, 233). ...si autrement il le faisoit, jamais n'auroit beau se trouver devers elle, et lui feroit perdre son argent qu'elle lui devoit (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 379).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 20/20 
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     BEAU     
FEW I bellus
BEAU, adj. et adv.
[T-L : bel1 ; GD : bel ; GDC : bel ; AND : bel ; DÉCT : bel ; FEW I, 319a : bellus]

I. -

Adj. "Beau"

A. -

[En parlant d'animés]

 

1.

[D'une pers.] : ...Remondin, qui estoit trop durement beaulx et gracieux, et bien entechiez. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Terre, que ne te euvres tu ! Si m'engloutiz et me met avec le plus obscur et le plus hydeux des angels, qui jadiz fu ly plus beaulx de tous, car je l'ay bien desservi. (ARRAS, c.1392-1393, 22). Et estoit l'espousee tant belle et si tres noblement paree que chascuns disoit que oncques si belle n'avoient veue, ne si richement atournee, et s'esmerveilloient tuit de sa grant beauté et de la grant richesse de son habit. (ARRAS, c.1392-1393, 39). Melusigne prist congié du conte et de la contesse et de la baronnie moult honnourablement, et s'en retourna a moult belle et noble compaignie. (ARRAS, c.1392-1393, 43). Et estoit pour lors la dame enceinte, et porta son terme, et acoucha a son jour de son second enfant, et fu un filz, et fu baptisiez, et ot a nom Eudes, et ot l'une oreille plus grande que l'autre sans comparoison ; mais de tous membres il estoit beaulx a grant devise et bien formez. (ARRAS, c.1392-1393, 78). Par vostre foy, dist Hermine, quelx gens sont ce ? Par ma foy, ma damoiselle, ce sont les plus appertes gens d'armes et les plus beaulx hommes qui oncques entrassent en cest païs, et les mieulx abillez. (ARRAS, c.1392-1393, 97). Et trois jours devant la feste, par la grace du Saint Esperit, la royne accoucha d'un moult beau filz. (ARRAS, c.1392-1393, 140). Et moult plaingnent Regnault pour ce qu'il n'ot que un oeil, car il par fu tant beaulx du surplus que nulz ne savoit que deviser en la beauté de son corps ne de ses membres. (ARRAS, c.1392-1393, 165).

 

-

Assez beau : ...Frommont (...) fu assez beaulx. Mais il ot sur le nez une petite tache velue, comme la pel d'une taulpe ou d'un fouant. (ARRAS, c.1392-1393, 80).

 

-

[En apostrophe] : Il s'en vint devers le roy son pere, et lui dit : Ma dame la royne Presine, vostre femme, vous a apporté les trois plus belles filles qui oncques feussent veues. Sire, venez les veoir. Ly roys Elinas, a qui il ne souvenoit de la promesse qu'il avoit fait a Presine, sa femme, dist : Beau filz, si feray je. (ARRAS, c.1392-1393, 9). ...ly contes ot grant paour que ly porcs n'affoulast son nepveu, et lui escrie a haulte voix : Beau nepveu, laissiez ceste chace. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Lors dist ly contes : Au moins, beau sire, nous dictes qui elle est ne de quelle lignie. Par ma foy, dist Remondin, tout en riant, vous me demandez ce dont je ne sauroye respondre, car onques je n'en enquis tant. (ARRAS, c.1392-1393, 36). Beaulx amis, je donray demain congié a la plus grant partie de noz gens qui sont icy venuz a nostre feste, car il nous fauldra ordonner autre chose que vous verrez assez prouchainement. (ARRAS, c.1392-1393, 45).

 

2.

[D'un animal] : Les deux freres vindrent montez sur deux beaux destriers ; et estoit Uriiens tous armez, ainsi qu'il party de la bataille, l'espee toute nue ou poing et Guyon estoit vestu d'un riche drap de Damas bien fourré. (ARRAS, c.1392-1393, 117).

B. -

[En parlant de qqc.]

 

1.

[D'une chose concr., d'un lieu] : Et sachiez, sire chevaliers, que je ne seray mie longuement seule quant il me plaira. Mais j'en ay envoyees mes gens devant pour le grant plaisir que j'avoye prins en ce bel lieu ou je me deduisoye maintenant (ARRAS, c.1392-1393, 7). Et aux piez de la tombe mist une ymage d'albastre de son hault et de sa figure, si bel et si riche que plus ne povoit, et tenoit la dicte ymage un tablel d'or ou toute l'aventure dessusdicte estoit escripte. (ARRAS, c.1392-1393, 14). Un pou aprez, leva la lune belle et clere, et les estoilles luisoient cler. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Puis regardent contreval la prayerie, et y voient tendus trefs, tentes, paveillons, grans, beaulx et riches, a si grant foison que chascun s'en esmerveilloit. (ARRAS, c.1392-1393, 37). Et tant chevaucha qu'il entra en la terre de Poictou, la ou il trouva grant foison de haultes forests non habitees, et en aucuns lieux, grant foison de sauvagine, comme cerfs, bisches, dains, chevreulx, porcs, et autres bestes sauvaiges, et en moult d'autres lieux belles plaines, belles praieries et belles rivieres. (ARRAS, c.1392-1393, 76). Ma dame a fait faire ce beau bourc et cette belle tour puis que vous partistes (ARRAS, c.1392-1393, 77). Et le landemain, environ heure de prime, le air fu pur et le vent fu attrempez et luisy le soleil beau et cler. (ARRAS, c.1392-1393, 128). L'ystoire dit que la feste fu grande soubz Lusegnen et y jousta on moult bien ; mais sur tous les jeunes damoisiaux Regnault et Anthoine le firent le mieulx, au dit des dames et des heraulx. Et y ot donné beau priz et de moult riches dons et joyaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 149). Et puis regarde d'autre part, et voit la table mise, et la nappe belle et blanche dessus, et y voit moult de nobles mez. (ARRAS, c.1392-1393, 303).

 

-

En partic. [En parlant d'un trait physique] : Et sachiez que ly moinsnez n'est pas si grans, mais il est moult beaulx de tous membres, et beau viaire a devise, excepté qu'il a ung oeil plus haut que l'autre un pou, et ne lui messiet pas trop. (ARRAS, c.1392-1393, 97). Et fort estoient esbahiz du gipp de lyon que Anthoine avoit sur la joe, mais moult prisoient le beau corps et les beaulx membres de lui et de Regnault. (ARRAS, c.1392-1393, 187).

 

-

S'en venir tout le beau pas. V. pas

 

2.

[En parlant d'un combat, d'un exploit] : ...ly uns de ses forestiers lui vint annoncier qu'il avoit en la forest de Colombiers le plus merveilleux porc que l'en eust veu grant temps avoit ou pays, et que c'estoit ly plus beaulx deduiz qui y feust grant temps a. (ARRAS, c.1392-1393, 18). Par mon chief, dist l'un des patrons de Rodes, or les alez faire haster, car vous avez trouvé belle adventure, car ce sont les gens du soudant de Damas qui s'en vont au siege de Famagouste. (ARRAS, c.1392-1393, 89). Et y a eu mainte belle escarmouche ou il a eu grant perte et de l'un costé et de l'autre. (ARRAS, c.1392-1393, 94). Or vous lerray de lui et vous diray de Melusigne qui ot tout acomply ce qu'il failloit a ses enfans. Elle les fist faire chevaliers par leur pere, et ot beau bohourdeiz en la praierie de Luseignen. (ARRAS, c.1392-1393, 152).

 

3.

[En parlant de qqc. d'abstr.] : Et voient tout contreval les estres, grant foison de cuisines fumoier, et au dessus de la fontaine, la chappelle, belle et gracieuse et bien ordonnee, que oncques mais n'y avoient veue. Si s'en vont moult esmerveillant et dient entre eulx : Je ne scay qu'il advendra du surplus, mais veez la beau commencement et grant apparance de grans noblesces et de grant honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 38). Tenez les commandemens de nostre mere Saincte Eglise et tous les degrez et commandemens de nostre foy catholique. Soiez humbles et doulz aux bons. Et soiez de beaulx respons au grant et au petit. Et tenez chascun a parole quant lieu et temps sera. (ARRAS, c.1392-1393, 153). Les uns dancent et chantent et festient. Les autres comptent de beaulx comptes et se soulacent pour passer le temps. (ARRAS, c.1392-1393, 192). Et ainsi s'en va esbatant par la sale. Et y voit mainte belle hystoire painte, et les escripz dessus qui donnent la congnoissance que c'est. (ARRAS, c.1392-1393, 303).

 

-

Monstrer belle chere à qqn. V. chere

 

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Belle maniere et belles paroles. "Manières aimables et bonnes paroles" : Lors vindrent les barons du pays a lui et lui dirent : Monseigneur, il fault que nous facions de vostre filz Eude ce qu'elle [Mélusine] nous a commandé a faire. Et Remond leur respond : Faictez en tout ce qu'elle vous a commandé. Et ceulx prirent Eudes par belle maniere et par belles paroles, et le menerent en une cave, car, s'il se feust donnez de garde de ce que on lui vouloit faire, ilz ne l'eussent pas eu sans peril ne sans peine. (ARRAS, c.1392-1393, 261).

 

-

Homme de belle part. V. part

II. -

Adv. : La feste fu moult grant, et furent faiz pluseurs chevaliers nouveaulx pour l'amour de Bertrand, le filz au conte de Poittiers, qui fut, la journee, fait nouveaulx chevaliers. Et fut la fait chevalier ly ainsnez filz au conte de Forez. Et jousta on bien et bel, et continua la feste VIIJ. jours tous entiers. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Atant vindrent au pié de la montaigne, et descend Gieffroy, et s'arma bien et bel, et remonte a cheval, et met l'escu au col et la lance ou poing. (ARRAS, c.1392-1393, 263).

 

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Le plus beau que. "Le mieux que" : Lors demaine la pucelle telle douleur que c'estoit grant pitié a veoir (...). Et ses dames et ses damoiselles la reconfortoient le plus bel qu'elles le savoient faire. Mais en son dueil n'avoit point de fin. (ARRAS, c.1392-1393, 181).

 

-

Au plus beau qu'il peut. "Le mieux possible" : Cy vous laisseray a parler d'eulx et vous diray du roy Uriien, qui ja estoit venus sur le port, et avoit bouté le feu ou navire, mais payens le rescourrent au plus bel qu'ilz porent. Mais ilz n'y sceurent mettre tel remede qu'il n'y eust ars plus de X. vaisseaulx, que petis que grans. (ARRAS, c.1392-1393, 219).

 

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Il fait beau + inf. "Il est agréable de" : Et faisoit moult bel veoir Remondin chevauchier devant, le baston ou poing, mettre ses gens en ordonnance. (ARRAS, c.1392-1393, 71). Moult fu belle la flotte, quant tout fu ensemble, car ilz furent Xm. hommes d'armes et environ XVIJc. que archiers que arbalestriers. Et sachiez que il les faisoit moult bel veoir, car ces bannieres venteloient sur ces vaisseaulx, et l'or et l'azur et les couleurs et les bacinez et autres harnoiz reluisoient au soleil. (ARRAS, c.1392-1393, 214).

 

-

Ce/il est beau à qqn. "Cela lui plaît" : Dont fist venir l'arcevesque de la cité, qui les fianca. Mais Hermine dist que devant que elle verroit quelle fin son pere prendroit de sa maladie, que elle n'en feroit plus avant. Par foy, dist Uriiens, damoiselle, puis que il vous est bel, il me plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 121). Et le roy, qui moult fu joyeux de sa venue, le conjoy moult et lui demanda comment Guyon, son frere, le faisoit. Par ma foy, dist le maistre, monseigneur, bien, comme l'un des plus asseurez hommes que je veisse oncques, et se recommande a vous tant comme il puet. Par foy, dist le roy, ce m'est bel. (ARRAS, c.1392-1393, 133).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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