C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/cornu 
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 Article 1/8 
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     CHAT-CORNU     
FEW II-1 cavannus FEW II-2 cornutus
CHAT-CORNU, subst. masc.
[T-L : chat (chatcornu) ; FEW II-1, 549a : cavannus]

[Oiseau] "Duc" : "Encores, vous doit souvenir", dist la royne, "que par nuyt les chauves souriz volent, les chuetes et les chauans, qui s'appellent chaz cornuz , et aussi, selon le dit du prophete David qui dit, 'Les bestes sauvaiges et envenimees de nuyt vont querant leur proye, et quant le soleil est lieve, elles se boutent en leur cavernes.'..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 242).

REM. FEW : «Aflandr. chat cornu (15. jh.)».
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 2/8 
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     CORNU     
FEW II-2 cornutus
CORNU, adj.
[AND : cornu2 ; DÉCT : cornu ]

"Cornu"

 

-

[Dans une compar.] Cornu comme un bouc. V. bouc
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 3/8 
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     CORNU     
FEW II-2 cornutus
CORNU, adj.
[T-L : cornu ; GD : cornu ; GDC : cornu ; AND : cornu2 ; DÉCT : cornu ; FEW II-2, 1206b : cornutus]

A. -

"Anguleux, plein d'aspérités" : Et ce fait, que tresdurement Pour le surplus l'on leur defface Du visage toute la face Et les bouches, tant que gastées Soient du tout et effondrées, Qui ont parler sans reverance Contre noz dieux et leur puissance, De gros caillos fors et cornuz (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 83). Puis de grosses pierres cornues Rompés leur boiches, que non mues Ont esté de parler a nous, Car nous avons tresgrant corroux Des paroles qu'i nous ont ditz, Rompans imperiaulx editz, Par quoy sommes pires que folz. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 80). BRUSLECOSTé. (...) Que chascun queure Des pierres quarrez et cornus, Et luy en soient les dens rompus, Puisque l'empereur le commande. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 228).

 

-

P. méton. Coup cornu. "Coup donné avec un objet ou un instrument anguleux, cinglant" : De moy aura maint coup cornu, Avant que jamais il m'eschappe. Sa ! le corset après la chappe Plus viste que le vent ne vente. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 223).

B. -

"Qui a la forme d'une corne"

 

1.

"Dont les extrémités sont recourbées en forme de cornes"

 

-

Prov. L'enfourner fait les pains cornus. V. enfourner

 

2.

"Dont l'extrémité est recourbée"

 

-

Baston cornu. "Crosse d'évêque ou d'abbé" p. oppos. au baston croisédes archevêques : Les euesques les ont cornus [les bâtons] Qui sont soubz toy et les Abbez Mais ceux ne seront pas portez Comme la croix en vraye bataille (Myst. st Martin K., a.1500, 295).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/8 
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     CORNU     
FEW II-2 cornutus
CORNU, adj.
[AND : cornu2 ; DÉCT : cornu ]

"Cornu" : ...il m'en portoit vers un assault De gens cornuz a rouges testes (Mir. parr., 1356, 15).

 

-

P. métaph. Coup cornu. "Mauvais coup, guet-apens" : ...g'i voi deux grans ribaus Qui semblent estre fors et baus Pour faire tost un cop cornu. (Mir. femme, 1368, 186).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 5/8 
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     CORNU     
FEW II-2 cornutus
CORNU, adj.
[T-L : cornu ; AND : cornu2 ; DÉCT : cornu ; FEW II-2, 1207a-b : cornutus]

A. -

Au propre. "Qui est pourvu de cornes" : ...et avec ce y avoit il aussi une grant compaignie de satiriaulx cornus, qui dieux des champs estoient appellés. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 258).

B. -

P. anal.

 

1.

Chat cornu. "Hibou" : "Encores, vous doit souvenir", dist la royne, "que par nuyt les chauves souriz volent, les chuetes et les chauans, qui s'appellent chaz cornuz..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 242).

 

2.

[P. allus. à la mitre ou au chapeau des dignitaires eccl.]

 

a)

Berger/pasteur cornu. "Pape" : Comment six collateraux, appellez cardinaulx, se vindrent plaindre a la royne de leur pasteur cornu jadis appelle Barroys, et Terrible en prophecie. (...) Lors se partit dudit bergier cornu six de ses collateraux appellez cardinaux, et sans prendre beneicon de leur abbe vinrent a la presence de la royne. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 288). A la dextre de la royne seoit sus un faulx desteul le grant pasteur cornu, appelle Debonnayre, jadis gouverneur des brebiz de Henault et de Cambresis. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 306). La royne lors adroissa ses parolles au grant bergier cornu, appelle Debonnayre, et a ses collateraulx, qui s'appelloient cardinaulx, vieilz et nouveaulx, et dist ainsi par manière de paraboles... (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 363).

 

b)

Aumusse double cornu. V. aumusse

 

Rem. FEW II-2, 1207a : «mfr. cornu "mitré" (16. jh.)».

C. -

Au fig.

 

1.

Argument cornu. "Argument mauvais" : Le Chevalier respont que l'argument du Clerc est bien cornu et le ramaine a inconvenient, et met en quelx cas l'Yglise puet cognoistre dez choses temporeles. (Songe verg. S., t.1, 1378, 28).

 

Rem. FEW II-2, 1207b : «argument cornu "argument mauvais, frivole" (Cotgr 1611 - Widerh 1675)».

 

2.

Coup cornu. "Mauvais coup" : Et quant aus planetes je li conseille qu'elle renonse entierement a Venus la jolye et a Saturnus, qui fiert les caups cornus, et se tiengne au Solail de justice, qui par sa tres grant doulceur aus repentans restore son amour. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 293).

D. -

[Ell. de vipère ou génitif lat. cornutae ?] Morsure cornue. "Morsure de la vipère cornue" : La Ve [medecine] sont refors, desquel dit Avicenne (...) qu'il sont utile a la morsure des serpens, et prinses avec vin conferent a la morsure cornute ; c'est une beste ainsi nommee. (Rég. santé corps C., 1480, 44).

 

Rem. L'éd. définit dans son gloss. cornute «pertaining to horns, pertaining to bullocks» bien qu'il ne s'agisse guère ici de "bêtes à cornes" dans le sens habituel ; cf. aussi FEW II-2, 1207a : «cornu "sorte de serpent" (Cotgr 1611)».
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 6/8 
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     CORNU     
FEW II-2 cornutus
CORNU, adj.
[AND : cornu2 ; DÉCT : cornu ]

Empl. subst. "Celui qui porte des cornes" : BERITH [à Lucifer]. (...) corps d'infernal eschac, Insaciable cornu (LA VIGNE, S.M., 1496, 139).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 7/8 
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     CORNU     
FEW II-2 cornutus
CORNU, adj.
[AND : cornu2 ; DÉCT : cornu ]

A. -

Au propre

 

1.

[En parlant d'un animal] "Cornu" : Si me rassis ; mais il me samble De toutes les bestes ensamble Que chascune est avant venue Au braist de la beste cornue Seulement en entention De faire grevence au lion. (MACH., D. Lyon, 1342, 223).

 

2.

P. anal. "Pointu" : Et quant tu empreïs l'amer, Tu te meïs enmi la mer Entre les perilleuses ondes Cornues et plates et rondes Qui se transportent en po d'eure, L'une au dessous, l'autre au desseure, Dont la mer s'engroisse et se trouble, Si que toute l'iaue en est trouble (MACH., R. Fort., c.1341, 94).

B. -

Au fig. "Mauvais, nuisible, désavantageux" : Deux amiraus ont esleüs, Sages hommes et pourveüs Et devers le roy les envoient, Et nos messages les convoient, Tant seulement pour raporter Se li roys vorroit acorder La pais cornue [le nouveau traité moins favorable aux Chrétiens] qu'il li portent. Mais nennil ; en vain s'en efforsent ; Mais pour rien qu'on leur sache dire Ceste pais ne leur puet souffire, Se le Tricoplier ne la jure, Dont c'est despis et grant injure. (MACH., P. Alex., p.1369, 201).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 8/8 
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     CORNU     
FEW II-2 cornutus
CORNU, adj.
[T-L : cornu ; GD : cornu1 ; GDC : cornu ; AND : cornu2 ; DÉCT : cornu ; FEW II-2, 1206b : cornutus ; TLF VI, 200a : cornu]

I. -

Adj. "Qui porte des cornes"

A. -

Chevre cornu. V. chèvre

B. -

Ceraste cornue. "Vipère cornue"

 

-

[Dans un cont. métaph., pour désigner une pers. malfaisante, perfide] :  DÉTRACTION. Je sui cerastes la cornue, Et Dan, la couleuvre tortue Qui point ne voiz par droit chemin Et mort la gent en larrecin. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 8731).

C. -

[De Moïse] :  Et si avoit teste cornue. Robe de lin vestu avoit, Bien croi de voir quë il estoit Cil dont parle Iezechïel En son neuvisme chapitel. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 516). Ce fu celui qui apparoit Estre cornu et non estoit, Ce fu Moÿses qui passer Fist Israël parmi la mer (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 670). Onques mais si esbahie Ne fu en toute ma vie, Quar se d'un euf .I. bel oysel Ou d'un grain d'orge .I. chalemel Eust fait ce cornu Moÿses, Assez en fusse en bonne pes (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1485).

 

-

Le grand cornu :  Bien est droiz qu'aiés justice En vostre terre sur tout vice, Que tout meffait et tout pechié De corrigier aiés congié, Exceptés les cas retenus Qu'a retenu li grans cornus. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1124).

 

Rem. Par allusion au visage de Moïse illuminé par la gloire divine à sa descente du mont Sinaï (Exode XXXIV, 29, etc. : « Moïse (...) ne savait pas que la peau de son visage rayonnait » , où le verbe rayonner est la traduction de qâran dérivé de qérén "corne", d'où la traduction littérale de la Vulgate : “son visage avait des cornes ” [cf. Bible Jérusalem, Exode XXXIV, 29, note f]). Les peintres et les sculpteurs qui représentent cette scène attribuent des cornes à Moïse, pour rendre hommage à l'élu de Dieu, à travers ce symbole de la puissance divine (Cf. Dictionnaire de la Bible, 1991, s.v. Moïse, 957b et 959a, note 85)

D. -

[D'êtres myth.] :  Là pouez vous, se vous voulés, Faire assez de nouveletés. Se de Venus beste cornue Ou de Mercure une tortue Vous faisiez, bien m'en tairoie (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1553).

II. -

Empl. subst. masc. "Le diable" :  Li Roys tient besche et houe et feut Dont toute eglise si se deut. Et li cornus oustis li livre, Quant les diziemes li delivre (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 9243).

 

-

Le cornu d'enfer :  Jadiz en ce lieu ci endroit Le cornu d'enfer habitoit (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 708).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

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