C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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 Article 1/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
[ ]
 

-

Dis-moi qui je suis, je te dirai qui tu es V. dire

 

-

Il convient vivre avec les gens selon ce qu'ils sont V. gens

 

-

Il n'est (si) fort qu'aussi fort ne soit ("sans qu'il y ait un autre qui est tout aussi fort") V. fort

 

-

On n'est pas toujours à sa guise V. guise

 

-

Tel comme on est, se doit l'on faire V. faire
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
 

Inf. subst. "Condition, nature" : ...moult desiray a savoir De l'estre du lieu tout le voir. Par quoy vers mon conduit m'adrece, Et lui ay dit (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 37).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
 

I. -

[Suj. pers.]

A. -

[Verbe d'existence]

 

-

[Pour marquer la manifestation de qqc.] : Or sus, quelque chose sera A la fin de tous noz affaires. (Pass. Auv., 1477, 215).

B. -

[Verbe copule]

 

1.

Copule locative [Constr. avec un adv. ou un compl. circ.]

 

a)

[Domaine spatial]

 

-

[Avec un adv. ou un compl. circ.] : Or en verité Mains veves en Israel vivoient ; Grant femine partout estoit. (Pass. Auv., 1477, 121). Bien sçay que les diables nuysibles Sont pres pour les descouracger. (Pass. Auv., 1477, 124). Mes qu'en escart Nous soyons, je le vous direy. (Pass. Auv., 1477, 168). J'en ay doleur grand. Or fusse je alheurs esté ! (Pass. Auv., 1477, 234). O mes amis, Anges polis - a Dieu servans, Quant Guabriel vis, Et concepvis, - joyeux, risans Estions en seans. (Pass. Auv., 1477, 246). Laissés moy entrer, Nicodemus, Pour Dieu, amy, je vous en prie, Ains que la pierre soit dessus (Pass. Auv., 1477, 263). Ou qu'il soit, doulx est come craime. (Pass. Auv., 1477, 264).

 

b)

[Domaine temporel] : C'est le plus cault homs qu'oncques fust. (Pass. Auv., 1477, 164).

 

c)

[Marque la manière d'être (physique ou morale)]

 

-

Estre + prép. + subst.

 

.

Estre sur + subst. désignant une pers. : Desja j'en ay lavé mes mains, Car sur Jhesus ne treuve rien Et pour vray pardonné le tien. Mes sur vous et sur voz enfans Son sang soit et sa mort, combien Qu'il ne vous en chault, meschans gens ! (Pass. Auv., 1477, 171).

 

.

Estre contre + subst. désignant une chose : Voz ditz sont contre nostre loy. (Pass. Auv., 1477, 161).

 

d)

[Localisation d'appartenance]

 

-

[Dans une formule optative] : A Dieu soyés, nostre bon maistre. (Pass. Auv., 1477, 103).

 

2.

[Copule attributive]

 

-

[Avec un num.] : ...six et quatre font dix, Et as sont onze. (Pass. Auv., 1477, 202).

 

3.

[Copule équative]

 

-

[Avec un subst. déterminé par un déterminant déf.] : Je cognoiz qu'il n'est pas manteur ; Jehan baptiste a esté mon filz ! (Pass. Auv., 1477, 114).

 

Rem. Noter l'empl. insolite du passé composé : cette parole est attribuée à l'âme de Zacharie aux limbes, qui était, de son vivant, père de Jean-Baptiste.

II. -

[Suj. impers. ou neutre]

A. -

[Suj. impers.]

 

1.

Estre + subst. ou pron.

 

-

Il n'est + subst. ou/rien(s) + qui/que + subj. : Quant jeunesse a remply sa pance, Il n'est Godeffroy ne Hector Qui fist oncques si grant vaillance Que le jeune, tant se fait fort. (Pass. Auv., 1477, 118). Il n'est riens que n'aye saison, Quant par saison la chose est prinse. (Pass. Auv., 1477, 119). Il n'est or, argent ne chevance Que ne laissasse pour gualer. (Pass. Auv., 1477, 148). Il n'est rien que puisse gouster Ne degouster, Tant ay le cuer triste et sarré. (Pass. Auv., 1477, 277).

 

.

P. ell. : Il ne sera de ceste annee Que nous ne nen soyons troublés ! (Pass. Auv., 1477, 270).

 

-

Il n'est + subst. +que + subst. : Las, il n'est plaisance que Jhesus ! (Pass. Auv., 1477, 263).

 

-

Chose n'est qui + subj. : Chose n'est que me soit plaisante. (Pass. Auv., 1477, 130).

 

-

Estre avis à qqn. V. avis

 

2.

Estre + syntagme prép.

 

-

Quant est à + pron. pers. "En ce qui concerne" : Il nous semble, quant est a nous, Qu'il est fort bon qu'on le luy die (Pass. Auv., 1477, 185).

B. -

[Suj. neutre] (C')est

 

1.

[Valeur attributive]

 

-

[Avec un part. passé précédé d'un adv. d'intensité ou de manière] : En bonne foy, C'est tresbien dit. (Pass. Auv., 1477, 242). C'est trop lamenté vrayement, Ma mere, selon qu'il me semble ! (Pass. Auv., 1477, 258). Seigneurs, ce n'est pas trop mal fait D'advoir ensevelit Jhesus. (Pass. Auv., 1477, 268).

 

2.

[Valeur d'appartenance ou valeur équative]

 

a)

[Valeur équative]

 

-

C'est + titre d'une oeuvre littér. : C'est le miracle de l'enfent Centurion garit en Capharnaon. (Pass. Auv., 1477, 127).

 

.

C'est + prép. + inf. : Le jeune cuyde avoir sapience, Tant plus est fol et plus s'empire. C'est pour rire ; Car tant plus en conseil s'avance. (Pass. Auv., 1477, 118).

 

b)

[Dans une tournure interr.] N'est-ce pas + subst. : N'est ce pas le filz de Josep Et de Marie sa femme ? (Pass. Auv., 1477, 120). Arregarde si le mien fume ! N'est ce pas la gorge d'ung four ? (Pass. Auv., 1477, 213).

 

3.

Soit que soit ! "Qu'il en soit ainsi !" : Soit que soit ! Celluy que neye ne scet qu'il boit. (Pass. Auv., 1477, 171).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, subst. masc.
 

"Condition, nature (de l'homme)" : Car le nom de prodige en grec signifie perdicion et une maniere de corrupcion de son estre et de sa substance par quoy il se peut vivre. (ORESME, E.A., c.1370, 231).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
[T-L : estre]

A. -

[Verbe copule, accompagné d'un attribut du suj.] "Être" : Mais tu, quiconques es, ou seras, prince romain, remembre toy que tu doies savoir les peuples gouverner, espargnier as subjects et debeller les orgueilleus. (ORESME, E.A., c.1370, 98).

B. -

[Suj. inanimé]

 

1.

"Exister" : Je dy donques que la ou seroit une chose pesante et que nulle legiere ne fust conjointe a elle ou a son tout, celle chose pesante ne se mouvroit, quar en tel lieu ne seroit ne haut ne bas pour ce que, tel cas estant, l'ordenance dessus dicte ne seroit pas, ne, par consequant, bas ne haut ne seroient pas yleuques. (ORESME, C.M., c.1377, 172).

 

-

PHILOS. [Tendance à la substantivation] : Et meisme selon la philosophie de Aristote, toutes [creatures] sont conservees et gardees en estre par l'influence de Dieu aussi come, par le solail, la lumiere est continuelment causee et maintenue. (ORESME, C.M., c.1377, 54).

 

.

Non-estre : De ce qui est touzjours possible estre, la negacion contradictoire est non touzjours possible estre et son contraire est touzjours possible non-estre, et de cecy la contradictoire est non touzjours possible non-estre (ORESME, C.M., c.1377, 220).

 

.

[Tendance à la substantivation] : Quar chascune de ces .II. choses est par temps determiné, c'est assavoir possibilité a estre et possibilité a non-estre (ORESME, C.M., c.1377, 226).

 

2.

Estre que. "Arriver que" : ...il puet estre que aucuns ont vision par songes, ou qui sont arreptices, ou epileutiques, ou demoniaques (ORESME, Divin. C., c.1366, 100). Mes il puet estre que un homme ait vertuz et se dorme et que il ne oeuvre jamais en sa vie selon celles vertus. (ORESME, E.A., c.1370, 111). Et donques en la maniere que il est en prestz que ceulz qui doivent vouldroient que ceulz a qui ilz doivent ne fussent pas en vie, et ceulz qui ont presté ont cure et solicitude que la vie de leur debteurs soit sauvé, semblablement ceuls qui ont bien fait veulent que ceulz vivent a qui ilz ont fait bien gaaignier et recevoir de eulz graces et retribucions. (ORESME, E.A., c.1370, 473).

 

3.

Estre à + inf. à valeur active. "Devoir" : Et pour ce que les loys qui sont a magnifier le createur ont regart a cest nombre (ORESME, C.M., c.1377, 50).

 

-

Estre à estre + subst. : Et pour ce, jouxte ce que dit est l'en doit les enfans qui sunt a estre gens d'armes excerciter et nourrir telement qu'il ne soient ne faibles ne effeminés ne frians ou delicatis (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 344).

 

4.

Estre de qqc. "Appartenir à, relever de qqc." : Celui qui est de science ou d'art pratique qui tent a l'oeuvre, comme est le charpentier, se il mectoit plus de sa painne et de son temps a enquerir et savoir les causes ou commencemens, la generacion, la nature du bois de quoy il a a faire que il ne fait a sa besoingne, il feroit que les choses qui sont hors l'oeuvre seroient pluseurs que les oeuvres. (ORESME, E.A.C., c.1370, 123).

 

-

Estre à soi. "Être face à face avec soi-même" : Car quant ilz sont a euz et seulz, ilz se recordent de pluseurs maulz griefz et grans lesquelz ilz ont fais ou temps passé (ORESME, E.A., c.1370, 467).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 6/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, subst. masc.
[T-L : estre2 ; GD : estre ; FEW III, 246a : esse]

A. -

"Nature" : Et, se nous ne sommes payéz, Maulgré vous, nous eschapperons Et publicquement prescherons Que Jhesus, malgré vostre effort, Comme Dieu tres puissant et fort, Est ressuscité en vray estre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 895).

B. -

"Situation, condition"

 

-

Mal estre. "Situation pénible" : Damp Joseph, qu'esse que je voy ? Vous vouléz avoir male estre ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 52).

C. -

"Lieu, séjour" : Et du bel et gracieulx estre Qu'on nomme paradis terrestre Lors fut bannis lui et sa femme De paradis a grant diffame Et envoies en grant misere En paine et en labeur sur terre. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 4).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 7/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
[T-L : estre1 ; GD : estre ; FEW III, 246a : esse]

I. -

[Suj. pers.]

A. -

[Verbe d'existence]

 

-

En partic. [Le suj. est Dieu] : Sire, je vois tout ce disant Que saint Pere a cy recité, Et sy dy que l'auctorité Des Rommains n'est point necessaire Pour auctoriser ne pour faire Appreuvement que Jhesu Crist Soit Dieu, car il est et tout fist. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 143). Vous sçavez que quand il pecha, Il trespassa tout plainement De son Dieu le commandement, Qui est, sera et a esté En perdurable Trinité. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 2).

B. -

[Verbe copule]

 

-

[Constr. avec un compl. circ., copule locative marquant la manière d'être (physique ou morale)]

 

.

Estre avec qqn : Se vous voulés avoir bon cuer De esser cy avesque moy, Je vous feray, en bonne foys, Religieulx de ce couvant Dont je fait le commandament (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 147).

 

-

Estre de + inf. "Être fait pour, être disposé à" : Tresdoulx Dieu, roy debonneyre, Nous sommes de te obeÿr. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 282).

 

-

Estre pour + inf. "Être fait pour" : Pourtant de rien non ayes peur, Car nous sommes pour toy garder. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 288).

C. -

[Verbe auxiliaire]

 

-

Estre + part. passé

 

.

[Pour former les temps composés du verbe estre] : Il est bien vray que ces Parthois Sy sont estez par maintez fois Rebelles a l'imperiaulté, Et a peinne oncques loyaulté Tindrent a l'empire romain. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 54).

II. -

[Suj. neutre]

A. -

[Valeur locative]

 

-

[Périphrase signifiant une obligation] C'est à + inf. "Il faut" : O filz, c'est donc au congié prendre ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 640).

B. -

[Valeur attributive]

 

-

[Avec un part. passé précédé d'un adv. de manière] : C'est trescaultement jargonné. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 47). Ja chïé j'ay, c'est bien vecy ; Vous santés ung estrom de chien. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 251). Et quant est a ceste pensee C'est tres mal pensé, Mardocee, Et mal conduyt son avant garde Celuy qui la fin ne regarde (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 566).

C. -

[Dans des tournures concessives]

 

-

Comme qu'il soit. "Quoi qu'il en soit" : Or sa, donnés moy mon argent, Il le me fault comme qu'il soit. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 172).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 8/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, subst. masc.
 

[Substantivation de estre1] "Manière d'être" : ...par mes meffaiz me fault estre En ce lieu cy ou n'a nul estre Fors de tristesce et de douleur (Mir. prev., 1352, 250). Un principe (...) Par qui toutes choses creées Sont et en leur estre ordenées (Mir. st Val., c.1367, 152).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 9/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
 

"Être"

I. -

[Suj. pers.]

A. -

[Verbe d'existence] : Ja par moy ne sera desdit De riens qui soit, se Dieu me voie. (Mir. ev. arced., c.1341, 124).

B. -

[Verbe copule]

 

1.

[Constr. avec un compl. circ.]

 

a)

[Domaine spatial] : LA DAME. (...) mes cuers sera mal baillis, Pour tant que j'ay le fruit promis, S'il est en moy, a l'ennemy. (Mir. enf. diable, c.1339, 10).

 

b)

[Marque la manière d'être] : Cist dons est de nulle valour (Mir. enf. diable, c.1339, 49). Encore est l'enfant tout en vie (Mir. abbeesse, 1340, 97).

 

2.

[Constr. avec un adj., un subst. non déterminé, une conj. de comparaison]

 

a)

[Avec un adj.]

 

-

[Adj. qualificatif] : Belzebus, trop est esmarie La pensée de celle femme (Mir. enf. diable, c.1339, 5).

 

-

[Adj. déterminatif] : ...cest enfes cy est miens. (Mir. enf. diable, c.1339, 13).

 

b)

[Avec un subst. non déterminé] : D'ilec vint, c'est chose prouvée, Après la setiesme année, Et vouloit sa promesse avoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 27).

 

c)

[Avec une conj. de compar.] : La premiére chançon est aussi come chançon d'amour (Mir. ev. arced., c.1341, 103).

 

3.

[Copule équative]

 

a)

[Avec un subst. déterminé par un déterm. déf.] : La vierge benoite, espouse du souverain roy, qui est le roy de paradis... (Mir. ev. arced., c.1341, 103).

 

b)

[Avec un dém.] : Car elle est celle en qui saint esperiz La deité prendre humain corps a trait (Mir. enf. diable, c.1339, 55).

C. -

[Verbe auxiliaire] Estre + part. passé

 

-

[Pour former le passif d'action] : Car s'en pitié ne le regarde [cel enfant], Par pére et par mére est perduz. (Mir. enf. diable, c.1339, 34).

 

-

[Pour marquer le résultatif (état résultant d'un procès "transformatif")] : Tenez : mettez sur vostre pis La vie qui cy est escripte : Elle est de sainte Marguerite ; Si serés tantost delivrée. (Mir. enf. diable, c.1339, 13). ...Pour un dyable criminal, Qui est venuz querre vostre hoir. (Mir. enf. diable, c.1339, 15).

 

-

[Pour former les temps composés des verbes pronom.] : Li debonnaire Dieu courtoys S'est de nous doulcement partis. (Mir. enf. diable, c.1339, 53).

II. -

[Suj. impers. ou neutre]

A. -

[Suj. impers.]

 

1.

Estre + adj. : Sire, alons : il ne m'est pas lait De vostre bonne repentance. (Mir. enf. diable, c.1339, 11). Mon seigneur, par ma foy, biau m'est Que ceste feme garde [de l'enfant] en face (Mir. enf. diable, c.1339, 16).

 

2.

Estre + subst.

 

-

Estre + subst. de temps : Il est bien basse relevée, Si com me samble. (Mir. abbeesse, 1340, 81).

 

-

(Il) est temps (de) : Pais de par Dieu ! pais ! il est temps. Dame, vous avez un bel fil. (Mir. enf. diable, c.1339, 13). Temps est de cest enfant porter En la ville ou il doit aler (Mir. enf. diable, c.1339, 17).

 

3.

Estre + adv.

 

-

[Adv. de compar.] : Amis, ainsi est (Mir. enf. diable, c.1339, 41). SUER YSABEL. En nom Dieu, mon corps soit honniz Se point m'en chaut. SUER MARIE. Par saint Mor, il m'est plus du chaut Qui cy me fait mourir de soif. (Mir. abbeesse, 1340, 84).

 

-

[Adv. interr.] : Vous ne savez conment il m'est, Dame, mais je le vous diray. (Mir. enf. diable, c.1339, 8).

 

4.

[Dans les tours concessifs] : Si n'y say (...) De l'archediacre meilleur Nul, quel qu'il soit. (Mir. ev. arced., c.1341, 125).

B. -

[Suj. neutre] (C')est

 

1.

[Valeur locative]

 

a)

[Spatiale] : Seons nous cy : c'est a l'endroit De son visage [du prescheur]. (Mir. abbeesse, 1340, 60). Qui du garder bien ara soing. Mouvez devant, ce n'est pas loing (Mir. abbeesse, 1340, 88).

 

b)

[Manière d'être] : Mais je voy bien quanqu'avez dit Ce n'est fors pour moy essaier. (Mir. abbeesse, 1340, 70). Dame, mais vous conmancerez : C'est de raison. (Mir. abbeesse, 1340, 81).

 

2.

[Valeur attributive]

 

a)

[Avec un adj.] : LE SEIGNEUR. Oil, de ceste matinée, Dame, sui je a lui acquittez. LA DAME. C'est bien, sire (Mir. enf. diable, c.1339, 7).

 

b)

[Avec un subst.] : D'ilec vint, c'est chose prouvée, Après la setiesme année (Mir. enf. diable, c.1339, 27). Par foy, ce n'est pas Maniére de bonne rendue. (Mir. abbeesse, 1340, 64).

 

3.

[Valeur d'appartenance ou valeur équative]

 

a)

[Appartenance (à une classe)] : Le filz Dieu le gart de grevance : C'est uns enfes de bonne foy. (Mir. enf. diable, c.1339, 34).

 

b)

[Valeur équative] : Je voy la, ce m'est vis, un frére Hermitte en my ce boys ramu : Se c'est il, Diex m'ara veu. (Mir. enf. diable, c.1339, 36).

 

c)

[Dans des tournures présentatives] : Mais c'est pour nient que mon cuer bée (Mir. abbeesse, 1340, 66).

 

d)

[Dans des tournures interr.] : Dites moy, mes suers, n'est ce pas Le clerc que je venir la voy ? (Mir. abbeesse, 1340, 67). Est ce a vous (...) Que la doulce vierge Marie A hui pour norrir apporté Un petit enfant nouviau né ? (Mir. abbeesse, 1340, 99).

 

4.

[Dans des tournures concessives] : Alons en querre penitence Ou que soit, sire, sans demour. (Mir. enf. diable, c.1339, 10).

 

5.

[Pour marquer l'acquiescement] Soit : SECOND DYABLE. Tu en parles en bonne guise. Or soit ; mettons nous a la voye (Mir. ev. arced., c.1341, 138).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 10/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
[FEW III, 246a : esse]

MÉD.

A. -

Estre en ses accès. "Être en crise" : A ceulx qui sont en leur accez, l'en ne doit neant donner, ne les doit l'en pas contraindre a prendre, mais on leur doit hoster la viande et les choses c'on leur donne, especialment devant l'eure determinee. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 57).

B. -

Estre en fievre. "Avoir la fièvre" : En tous corps qui sont en fievre ou il vient grant multitude de sang, de quelque partie que tel sang viegne, les ventres sont fais fluxibles quant ilz commencent a convaloir. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 74).

C. -

Estre de. "Avoir, être caractérisé par" : En quelconques corps qui sont en fievres ou VIe jour, et rigueurs survienent en ce VIe jour, telles fievres sont de malles crises. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 74).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 11/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, subst. masc.
[T-L : estre ; FEW III, 246 : esse]

A. -

[À propos de Dieu ou d'une pers.] "Être" : ...mais je ne puis congnoistre ung estre imparfaicte tel comme tu es, sans congnoistre ung estre qui soit parfait. (GERS., Trin., 1402, 159). Car jassoit ce que je ne puisse riens congnoistre, se non par la congnoissance de l'estre divin, neantmoins je ne puis plus plainement congnoistre quel est cest estre de Dieu, fors que je scay qu'il est, et en pourroye moins doubter que je doubteroye que je fusse et ne fusse mie ensemble. (GERS., Trin., 1402, 159).

B. -

"Existence"

 

1.

[À propos de Dieu, Celui qui est le concept fondamental de tout ce qui existe ; qui est à la fois existence et essence] : Et par ainsi, Dieu seul et non aultre a parfait estre. Ce est apellé estre parfait duquel riens, qui apartient a sa perfection, est dehors de lui. (Somme abr., c.1477-1481, 100). Le estre de Dieu est tant vray et eternel sans principe et sans fin que son estre comparé a nostre estre, est riens et non estre. (Somme abr., c.1477-1481, 100). Saint Denis dist que "la divinité, qui est la souveraine par dessus toutes substances, est le estre de toutes choses". Mais ce se doit entendre causalement et non substancialement, c'est a dire que son estre est cause de l'estre de toutes choses, non pas qu'elles sont de la substance de Dieu formalement. (Somme abr., c.1477-1481, 100). Encores comme dist Saint Augustin : "Celle chose a souverainement estre laquelle est tres loingz de nostre estre, c'est a scavoir celle qui n'a point estre aprez estre, ne estre aprez non estre, et ne puet estre pensee ou entendu non estre", c'est a dire que nulz ne puet penser ne entendement concepvoir que Dieu ait non estre que toudiz n'ait esté. (Somme abr., c.1477-1481, 101). Et Saint Bernard dist : "Riens n'est tant present que Dieu et riens plus non comprehensible et moins a comprendre que chose est plus presente a une chascune chose que son estre." Seurement l'estre de toutes choses est Dieu, non pas pour tant qu'elles sont ce que est Dieu, mais pour tant que "de lui, par lui et en lui sont toutes choses." (Somme abr., c.1477-1481, 133). Saint Hylaire dist : estre n'est pas chose accidente a Dieu comme pouoir estre et non estre, mais son estre est verité estant et subsistence par soy et cause permanant et demourant de l'estre de toutes choses. (Somme abr., c.1477-1481, 140). Dieu est sans faillir tousjours en ung mesmes estre. Comme dist ung philosophe apellé Mercurius : sola monas, c'est a dire seule ceste essence ou substance apellee monas, pour ce qu'elle est singulere souveraine et principale, est alpha et o, c'est a dire principe sans principe, et fin sans fin. (Somme abr., c.1477-1481, 140).

 

2.

[À propos de l'homme]

 

a)

"Essence" : En aprés, mon Ame, je ne te puis congnoistre se je ne congnoys ton estre ou ton essence (GERS., Trin., 1402, 159). Certes tu as bien matiere et large en toy, tant en ton corps que en ton âme, sur laquelle tu peulx eslargir et espandre ta meditacion a la fois sur le corps a la fois sur lame selon son estre et condicion naturelle (CIB., p.1451, 185). Aultrement tu peulx en toy congnoistre mais cest de plus loing la semblance de la trinite selon trois choses qui sont en toy : il y a estre, il y a congnoistre, il y a vouloir. (CIB., p.1451, 203). Exemple : Par la memore nous scavons que nous sommes et avons estre come le Pere. Et par ce que nous scavons que nous avons estre et que nous sommes, de tele memore entendible s'engendre une congnoissance comme le Filz du Pere, par laquelle nous avons congnoissance quelz et queles creatures nous sommes. (Somme abr., c.1477-1481, 114).

 

b)

"Existence" : ...neantmoins tu n'es pas Dieu, ne parties de Dieu, selon la mansonge des manichiens, car tu es muable de non estre a estre, d'une congnoissance a l'autre, d'une affection en l'autre affection, et de voulenté a voulenté, et par ainsy tu es subjecte a mutacion (GERS., Trin., 1402, 157).

 

3.

[À propos d'une chose créée, y compris l'homme] "Existence, vie en tant que conséquence de la volonté de Dieu" : ...une chascune chose, ainsi qu'elle a ordonnance a estre, ainsi a et autant a verité. Et pour tant s'ensieut : se tele chose est et a estre, elle a verité d'estre, et s'elle a verité d'estre, elle est en essence et estre. (Somme abr., c.1477-1481, 102). Item se moeut par mouvement voluntaire, par ce qu'il maintient toutes choses en estre. (Somme abr., c.1477-1481, 145). De ces compositions touche Saint Bernard : "En Dieu ne sont aucunes parties, car pas n'est, ne consiste par parties comme ung corps, pas n'est allongié par affections comme l'ame, car il a sans desirier tout ce qu'il veult et appete. Pas ne subsiste ou a estre en formes qui donnent estre a toutes choses faites." (Somme abr., c.1477-1481, 148). Dieu puet tout par toutes manieres, car il puet produire de non estre en estre, et ce par creation. (Somme abr., c.1477-1481, 160).

 

4.

[À propos d'une création hum.]

 

a)

[Une chose concr.] Estre en estre. "Exister" : ...il devint le plus puissant et riche de la terre d'Egipte et, entre ses choses de memoire, fonda cent grandes cités, dont les plusieurs sont encore en estre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 22 v°).

 

b)

[Une chose abstr.] Réduire qqc. en estre. "Redonner vie, une existence à qqc." : Cestui [Marsile Ficin], très insigne docteur, a quasi reduiz les XXXVI livres de Platon en leur estre, qui estoient quasi perduz et à plusieurs incongneuz et les a fait impresser. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 163 r°).

C. -

Manière d'estre (de Dieu, des anges et des humains par rapport à l'éternité) : Mais en l'angele et en l'ame difference est entre ce qui est et ce par quoy est. Et pour tant en iceulz est une maniere de diversité qui se dist alterité au regard de l'estre et de la maniere d'estre. (Somme abr., c.1477-1481, 146).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 12/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
 

En estre. "Faire partie des cocus" : MUNYER. Quelz bourgeoise ! Tu en es bien, povre munyer ! FEMME. Hon ! MUNYER. Robin a trouvé Marion ! Marion tousjours Robin treuve. Hellas ! pour quoy se marye-on ? (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 209).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 13/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
 

"Être"

 

-

Part. prés. Soyant : ...je soyant en la cité de Messine (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 140). ...et eulx soyans fuis en Prouvence, qui pour elle se tenoit, pour doubte dudit roy de Honguerie (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 183). ...soyant et estant bien informé (LA SALE, Sale D., 1451, 160).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 14/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, subst. masc.
 

A. -

"État, situation, condition" : Pour ce ne savoie que faire, D'aler avant ou d'arrier traire. Mais je m'avisay toute voie Que vers la compaingnie iroie, Pour ce que savoir de leur estre Voloie, et que ce pooit estre Dou damoisel qui se sëoit Seur l'arbre et goute ne vëoit. (MACH., D. verg., a.1340, 20). Après pris a Le chevalier, et forment l'esprisa Dedens son cuer, et puis leur demanda Moult sagement dont il venoient la, Et leur enquist De leur estre [var. estat] qui moult li abelist. Li chevaliers a la dame requist Qu'elle li vosist dire ; et elle dist Que non feroit, Einsois deïst, que mieus li afferoit. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 114). Lors se treï courtoisement Vers moy pour savoir de mon estre, Et si me prist par la main destre De la sienne, blanche et polie, Pour mieus savoir ma maladie ; Si senti mon pous et ma veinne Qui estoit foible, mate et veinne. (MACH., R. Fort., c.1341, 57).

 

-

"Existence, conduite, manière d'être" : Desormais dirai de mon estre, Comment en juenesse jouay Et quele enfance desnouay. J'amay les menus oiselès, Gens, gais, jolis et nouvelès, Hui .I., puis un autre demain. (MACH., D. Aler., a.1349, 243). Biaus homs seroit, a grant devis, De membres, de corps et de vis Renommez, de grace parfais, Et si bien esprouvez par fais D'armes, comme nuls homs puet estre Qui a mis sa vie et son estre En sieuir joustes et tournois Et tous amoureus esbanois. (MACH., J. R. Nav., 1349, 169). Mais de mon estre, Ne que soiez ma dame souvereinne, Ne sara nuls, einsois de fleur de greinne Recouvreroit une valee pleinne Ou de genestre. (MACH., F. am., c.1361, 154).

B. -

"Être" : Biau sire Diex ! comment puet ce estre Que je sui si fort mis à mestre Que departir, Deguerpir Ne fuïr Ne puet mes cuers de son dous estre Eins est toudis dessous sa destre Pour li servir, Oubeir Et cherir ? (MACH., Lays, 1377, 436).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 15/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ETRE, verbe
[AND : estre3 ; DÉCT : estre1 ]

I. -

"Existence"

A1 est là. Est présent : "Je suy Perrot le Bernois. Geronnet, es-tu là ?" (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 212).

A1 y est. A1 existe : Li rois Robers leur brissoit leur pourpos ce que il pooit, et disoit que boinement, puisque il en estoient segnefiiet, que il ne se pooient disimuler que les trieues n'i fuissent. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 169).

A1 est. A1 existe, a lieu, il y a A1 : Sitost que li dus d'Ango et li dus de Berri sceurent que les deffiances estoient et la guerre ouverte, si ne veurent mies sejourner. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 114). A ces traitiés (...) fu conclud (...) que unes trieuwes seroient entre le roiaume de France et le roiaume d'Engleterre (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 156). La bonne dame (...) fist tant par ses traitiés envers le duc de Bourgongne et le duc Aubert, que uns parlemens fu asignés à estre en la cité de Cambrai. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 187). Messires Jakemes de Bourbon trespassa de ce siècle trois jours apriès ce que la bataille eut esté. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 70). Or avint que, droit au cinquime jour que ces parolles eurent esté, messires Perducas de Labreth à tout une grant route de compagnons deubt passer parmi Montalben. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 223). Il (...) pensoient que il deuissent en tel manière destruire tous les gentilz et nobles hommes dou monde, par quoi nulz n'en peuist estre. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 102).

Si A1 n'était. Si A1 n'existait pas : Sachiez que se Pere et Jasson, Scie et Rodes n'estoient avecques l'ayde des Genevois, les mescreans venroient courir jusques à Gaiete, voire jusques à Naples. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 207).

A1 estant. Pendant la duré de A1 : Or avint, ce siège estant, environ le mi aoust, que une escarmuce se fist devant le chastiel d'Aguillon. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 3).

A1 humain qui fut. A1 qui exista mais n'existe plus, qui est mort : Si me samble que messires Oliviers de Claiequin, frères dou connestable Bertram qui fu, se ordonna pour aler che chemin sus le printemps. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 165).

II. -

"Avoir été" impliquant "être allé"

A1 humain fut à/devers le lieu, la personne A2. A1 alla vers A2 : En che tamps vinrent li desus dit ambasadour de France en Engletière, et furent devers le roi et ses oncles, qui leur fissent bonne chière (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 167). Et se logièrent tout enmi, et ardirent et exillièrent aucuns villages, et furent jusques à Broel, un biel castiel et fort qui est sus la marine. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 257).

A1 humain fut A2 inf. A1 alla faire A2 : Lors furent ces deux escuiers alumer torches, si nous partesismes tous ensamble de l'ostel, et nous meismes au chemin pour aler au chastel. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 116).

III. -

"Manière d'être"

A1 humain se sait être et avoir de la manière A2. A1 sait se comporter de la manière A2 : Il fu doulz chevaliers, courtois et amiables, larges, preus, sages et loyaus en tous estas et qui vaillamment se savoit estre et avoir entre tous signeurs et toutes dames. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 59).

Il est à A1 humain de la manière A2. A1 va, se porte, de la manière A2 : ...li princes de Galles (...) vei devant lui ester monsigneur Bertran de Claiekin. Si l'appella et li demanda comment il li estoit : "Monsigneur, respondi messires Bertrans, il ne me fu, Dieu merci, onques mès mieulz, et c'est drois qu'il me soit bien." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 62).

Il en est (de A1) de la manière A2. A1 évolue de la manière A2 : Li rois d'Engletière avoit renvoiiet certains messages (...) deviers le roi d'Allemaigne, pour avoir sa sereur à moullier ou pour savoir comment il en seroit. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 91).

IV. -

Diverses relations

A1 humain est à A2 humain. A1 est au service de A2 : ...uns frères meneurs, maistres en medechine, liquels estoit au duc de Lancastre. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 111).

A1 humain est dessous A2 humain. A1 est sous les ordres de A2 : ...cascuns escrie, quant il venra à l'asambler, l'ensengne de sen signeur desouls qui il est (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 22).

A1 humain est pour A2 humain. A1 est du parti de A2 : ...à ces traictiés li dus de Bretaigne i fu grandement pour eux (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 149).

A2 est beau à A1 humain. A2 plait à A1 : "Vous dittes voir ; li volz est biaus à vous et, se j'en ere creus, nous voleriens jusques à là." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 156).

Rien n'est à A1 de A2. A1 n'attache aucune importance à A2 : "...nos gens (...) ne monstrerent nul samblant que riens leur feust de leurs chevaulx." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 291).

A2, une forteresse, est à prendre pour A1 humain. A1 peut prendre A2 : ...la ville d'Aire (...) n'estoit pas à prendre ne asalir (...) trop leur cousteroit. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 108).

A1 humain est à A2 inf. A1 doit faire A2 : Li sires de Cliçon, comme sages et bons guerriiers, n'estoit mies à aprendre d'avoir espies sus le pays pour savoir le couvenant de ses ennemis, et encores quant il les sentoit en le ville de Niorth. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 102). Entroes que ces gens d'armes s'assemblèrent et que li rois Henris estoit encores à venir, messires Thumas Trivès se avisa que il metteroit sus une petite chevaucie de gens d'armes. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 114).

V. -

Morphologie

Es pour est : A quoi es çou bon que il ont mis hors d'Engleterre la roine qui est serour dou roi de France (FROISS., Chron. D., p.1400, 54).

Sons. Prés. ind. 1re pers. plur. : Nous (...) sons en grant volenté de vous bien faire (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 10).

Estiemes. Imp. ind. 1re pers. plur. : ...nous estiemes tous gens d'armes d'eslite (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 7).

Estioins. Imp. ind. 1re pers. plur. : ...nous estioins pour ces jours en la garnison de Bourbourcq (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 37).

Estres. Inf. : ...vous avez fait grant folie de vous estres enbatus en ce pays (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 57).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 16/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
 

I. -

[Suj. pers.]

A. -

[Verbe d'existence]

 

-

[Pour marquer l'existence de qqn] : Il le voloit a toute force tuer, si n'eussent esté ceulx qui entour luy estoient (C.N.N., c.1456-1467, 58). ...tres joyeux et plaisant homme estoit, tant en sa maniere d'estre comme en ses devises (C.N.N., c.1456-1467, 115). ...n'eust esté, espoir, leur cas jamais descouvert (...) si n'eust esté le mary (C.N.N., c.1456-1467, 433). ...il luy print volunté de soy marier ; si le fut, et a la plus devoiée femme qui fust (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

-

En partic. : ...[il] vint heurter bien rudement a l'huys du marchant. De bonne adventure, sa dame qui fut vint a ce hurt et ouvre l'huys [celle qui fut sa dame] (C.N.N., c.1456-1467, 148).

 

-

[Pour marquer l'existence de qqc.] : ...quant le jour fut, il se leva. (C.N.N., c.1456-1467, 67). Au fort el s'appaisa, puis que aultre chose estre n'en peut [Après un grand chagrin]. (C.N.N., c.1456-1467, 145). La disme que nous devez (...) est a cause du saint sacrement que vous avez receu (C.N.N., c.1456-1467, 216). ...la vieille (...) ne faillit pas de demander quel parlement avoit esté entre elle et celuy qui s'en va. (C.N.N., c.1456-1467, 257). ...le clerc d'un village du diocese de Noyon, pour impetrer et gaigner les pardons que furent a Romme (...) se mist a chemin (C.N.N., c.1456-1467, 283). ...vous m'avez promis que je vous chevaucheroie quand vous seriez mariée. Vous l'estes, Dieu mercy, si seroit heure de penser quand ce pourroit estre. (C.N.N., c.1456-1467, 301). Pour abreger, force fut qu'elle endossast ceste robe, qui estoit bien estrange a regarder. (C.N.N., c.1456-1467, 322). ...vous savez ce qui a esté entre vous et moy du temps passé, dont il me desplaist a ceste heure amerement. (C.N.N., c.1456-1467, 328). Les choses estans comme dit est (C.N.N., c.1456-1467, 474).

B. -

Verbe copule

 

1.

[Constr. avec un adv. ou un compl. circ., copule locative]

 

a)

[Domaine spatial]

 

-

[Localisation au moment du temps considéré, constr. avec une prép. ou un adv.]

 

.

À : ...par ma foy, si je n'ay esté à la grande feste, si fault il bien qu'on me monstre l'espousée. (C.N.N., c.1456-1467, 26).

 

.

Vers : ...ce que si affermement disiez que vous n'aviez pas esté vers nous nous a fait ung petit doubter. (C.N.N., c.1456-1467, 205).

 

.

Au fig. Y : "Ouvrez, ouvrez !" - "Ouvrez, dit elle, encores n'y estes vous pas, meschant houllier ?..." [Un mari, qui rentre tardivement chez lui veut que sa femme lui ouvre la porte] (C.N.N., c.1456-1467, 28).

 

-

[Localisation impliquant une durée, constr. avec une prép. ou un adv.]

 

.

À : Son pere et aucuns ses parens vindrent a l'ostel ou la vieille voulsist bien estre (C.N.N., c.1456-1467, 342). ...durant la dite convencion, a laquelle on fut bien l'espace de deux mois... (C.N.N., c.1456-1467, 386).

 

.

Avec : ...quand il aura esté avecques elle aucune espace, il se levera tout doulcement (C.N.N., c.1456-1467, 75). ...en mains d'heure qu'il n'avoit esté avecques sa dame il en eust bien combatu telles troys (C.N.N., c.1456-1467, 195).

 

.

Sur : ...il monte sur ce beau poirier qui estoit large et ramu (...) Il n'y eut gueres esté que veez cy bon jacobin qui attrotte (C.N.N., c.1456-1467, 307).

 

.

Céans : ...les sergens ont esté ceans plus de deux heures et demye pour vous mener en prison. (C.N.N., c.1456-1467, 508).

 

-

P. ext.

 

.

"Aller" : Ma foy, ce dit elle, je y ay esté ceste année beaucop plus tard ; puis qu'on veult paier on y entre a toutes heures. [Une femme justifie auprès de son mari l'heure tardive à laquelle elle veut aller "payer la dîme" à un Cordelier. Il s'agit, ici, de la reprise d'une phrase précédente du dialogue entre les époux : "Allez tousjours a l'ostel ; si m'y laissez aller que j'en soye quitte"] (C.N.N., c.1456-1467, 218).

 

.

"Arriver (qq. part)" : En ce point le [un ivrogne] laissa le [prieur] (...) Et, comme il fut ung peu avant, il rencontra ung chariot chargé de gens (C.N.N., c.1456-1467, 63). Le chariot estoit bien atelé ; si furent tantost a Stevelinghes ou ce bon yvroigne fut descendu (C.N.N., c.1456-1467, 64). Elle est bien changée depuis hier. Je croy qu'elle a esté a la fontaine de Jouvence. (C.N.N., c.1456-1467, 340). ...leur nomma le lieu, c'est assavoir la ville ou il avoit esté. (C.N.N., c.1456-1467, 514).

 

.

[Connotation érotique] : Vous savez que vous n'avez esté que une foiz avecques le chanoine, et moy deux foiz (C.N.N., c.1456-1467, 523).

 

-

[Idée d'origine]

 

.

Au propre : ...s'elle n'eust esté de Paris... (C.N.N., c.1456-1467, 121). ...sa dame qui fut vint a ce hurt et ouvre l'huys, comme toute de leans qu'elle estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 148). Le maistre d'ostel demanda dont il estoit, et il luy dist qu'il estoit de Brabant. (C.N.N., c.1456-1467, 172).

 

-

Au fig. : ...Gerard n'estoit pas de si grand lieu ne de si grande richesse comme elle estoit (C.N.N., c.1456-1467, 169).

 

b)

[Domaine temp.] : ...l'heure estoit près de midy (C.N.N., c.1456-1467, 447).

 

-

P. ext. "Rester, attendre" : Si fut tantost troussé et mis dessus le chariot, ou gueres ne fut sans dormir [D'un ivrogne]. (C.N.N., c.1456-1467, 64). ...il ne restoit que temps et lieu pour dire et faire, chascun a sa partie, la chose au monde que plus luy pourroit plaire. Ilz ne furent pas pou de jours pour adviser et elire lieu et place convenables ad ce faire (C.N.N., c.1456-1467, 192). ...seulet se rendit en sa chambre, ou il fut aucun temps faisant complainte (C.N.N., c.1456-1467, 555).

 

-

[Domaine spatio-temp.] : ...comme il estoit sur son retour, il rencontra et trouva, passant pays, pluseurs de sa cognoissance (C.N.N., c.1456-1467, 424).

 

c)

[Marque la manière d'être (physique ou morale)]

 

-

Estre + prép. + subst. ou pron.

 

.

Estre en + subst. : Comme elle estoit en parolles avecques sa compaigne, elle apperceut la verge que au partir donna a son desloyal serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 178). ...il estoit en pourpoint comme pour aller coucher (C.N.N., c.1456-1467, 429).

 

.

Estre de + subst. de matière : ...n'y avoit que une paroy entre ces deux chambres, qui n'estoit que de terre. (C.N.N., c.1456-1467, 333).

 

.

Estre de + subst. "Concerner" : La disme que nous devez et que nous vous demandons, elle n'est pas des biens temporelz (C.N.N., c.1456-1467, 216). Or demourerent le mary et la femme. De quoy leurs propos furent, il se peut assez penser. (C.N.N., c.1456-1467, 418).

 

-

Estre pour qqn. "Être destiné à qqn" : ...il n'y avoit a l'ostel que deux lictz: l'un estoit pour le pere et la mere et l'autre estoit pour la grand mere. (C.N.N., c.1456-1467, 324).

 

.

Estre pour qqn. "Lui être acquis" : Il n'y a, par Dieu, que raison, dirent les damoiselles ; nous voulons en ce estre pour vous, monseigneur [Dans une discussion entre leurs maîtres les servantes prennent le parti de Monseigneur] (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

.

Estre pour qqc. "Découler de cette chose" : ...la promesse que je vous feiz jadiz est nulle, et ce que j'en feis lors estoit pour la grand amour que je vous portoye (C.N.N., c.1456-1467, 415).

 

-

Estre + prép. inf.

 

.

Estre à faire qqc. "Être en train de faire qqc." : ...par telle maniere consyderoit il ce qui m'estoit a advenir. (C.N.N., c.1456-1467, 573).

 

.

Estre pour faire qqc. "Avoir la possibilité de faire" : ...[le gentilhomme] se tira devers l'escuyer, qui sur la couche n'estoit pas pour dormir. (C.N.N., c.1456-1467, 253).

 

-

Estre + adv. : ...bon homme de se sauver, et dessoubz le lit se boute pour estre plus seurement (C.N.N., c.1456-1467, 51). Je suys ung pou mieulx, dit elle, que par cy devant n'ay esté. (C.N.N., c.1456-1467, 137). ...impossible m'est d'estre jamais plaisamment avecques vous. (C.N.N., c.1456-1467, 444).

 

d)

[Localisation d'appartenance]

 

-

Estre à qqn. "Lui appartenir" : ...il perceut d'adventure au pié de la couchette ung bahu qui estoit a sa femme. (C.N.N., c.1456-1467, 184). ...l'homme luy demanda (...) a qui tout ce bagage estoit. Et elle luy respondit : "A vous, mon amy." (C.N.N., c.1456-1467, 323).

 

-

Estre de qqn

 

.

"Lui appartenir" : Ceste queue n'est pas de ce veau. (C.N.N., c.1456-1467, 90).

 

.

"Le concerner" : ...monseigneur, j'estoye bien empeschée d'un songe qui est de vous. (C.N.N., c.1456-1467, 112). ...par ce point me suys je deschargé de celle que par avant amoye, et ne m'en est a present non plus que celle qu'oncques ne viz (C.N.N., c.1456-1467, 177).

 

2.

[Constr. avec un subst. non déterminé ou un syntagme quantitatif]

 

a)

[Avec un pron. reprenant un adj. précédemment exprimé] : Si par avant fut esbahy, encores le fut il beaucop plus. (C.N.N., c.1456-1467, 180).

 

b)

[Avec un subst. non déterminé] : ...puis qu'il se trouvoit en quelque part a descouvert avecques quelque belle fille, il luy monstroit qu'il estoit homme. (C.N.N., c.1456-1467, 303). ...vrayement elle estoit homme, et non pas femme. (C.N.N., c.1456-1467, 304).

 

c)

[Avec un syntagme quantitatif] : ...ce vous est grand reprouche qui estiez tant de gens et n'avez sceu rescourre la pouvre femme (C.N.N., c.1456-1467, 314).

 

3.

[Copule d'appartenance ; constr. avec un subst. déterminé par des] : ...une femme mariée, qui n'estoit pas des plus seures du monde, fut requise d'un tresgentil compaignon de faire la chose que savez. (C.N.N., c.1456-1467, 418).

 

-

En partic. [Avec un subst. désignant une collectivité]

 

.

Estre de + subst. coll. "Faire partie (de cette collectivité), (lui) appartenir" : ...[elles] feroient faire grands corones sur leurs testes, comme s'elles estoient du convent de leens. (C.N.N., c.1456-1467, 373). ...il luy promist en la presence de trois ou de IIIJ qui estoient de son conseil quant a telles besoignes, qu'il la prendroit a femme (C.N.N., c.1456-1467, 415). ...exercea ledit office, qui ne luy estoit pas petit labeur, mais martire intollerable, actendu (...) et l'estat dont il estoit. (C.N.N., c.1456-1467, 422). ...une bonne bourgoise maryée, qui estoit tout oultre de la confrarie de la houlette (C.N.N., c.1456-1467, 521).

 

4.

[Copule équative]

 

a)

[Avec un subst. déterminé par un déterm. déf.] : ...tant estoit en la grace de la royne du pays qu'elle estoit son demy lit (C.N.N., c.1456-1467, 192). ...il ne l'embrocheroit neant plus avant que le signe qu'elle mesme fist (...) qui estoit environ deux doiz (C.N.N., c.1456-1467, 482). Au point du jour, qui estoit l'heure que l'amoureux se partoit du logis, ceste bonne femme vint hucher son mary (C.N.N., c.1456-1467, 510). Le samedy qui estoit la nuyt de la blanche Pasques, que l'on dit Pasques flories (C.N.N., c.1456-1467, 512).

 

b)

[Avec une prop. sub. conj.] : Le contenu [de la lettre] en gros estoit comment il estoit esprins de l'amour d'elle, et que jamais ung seul jour de bien n'aroit (C.N.N., c.1456-1467, 257). ...la cause qui a ce faire le mouvoit estoit affin que madame ne desire pas tant l'assault amoureux (C.N.N., c.1456-1467, 279).

 

c)

[Avec un syntagme prép.] : ...elle de plain vol saulta dedans a tout sa charge, qui estoit du precieux corps de madame. [Une mule se précipite dans le Rhône] (C.N.N., c.1456-1467, 313).

C. -

Verbe auxil. Estre + part. prés. (périphrase durative) : ...le chevalier, qui tresdevot et craignant Dieu estoit, delibera a Dieu faire sacrifice du corps qu'il luy avoit presté (C.N.N., c.1456-1467, 109).

II. -

[Suj. impers. ou neutre]

A. -

[Suj. impers.]

 

1.

Estre + syntagme nominal à valeur d'adj. : ...elles la desarmerent de ses actours et joyaux, et la firent coucher ainsi qu'il estoit de raison [Ses voisines veillent sur une jeune mariée] (C.N.N., c.1456-1467, 497).

 

2.

[Pour marquer l'existence (ou la non existence) de qqn/qqc.] Estre + subst. ou pron. : Ainsi qu'avez oy perdit le desloyal sa femme. S'il en est encores de telz, ils se doyvent mirer a cest exemple (C.N.N., c.1456-1467, 181).

 

a)

Estre + subst. de temps : ...si luy tardoit beaucop qu'il fust jour (C.N.N., c.1456-1467, 219).

 

b)

Estre + rien

 

-

Il n'est rien de qqc. "Cette chose n'a pas d'existence, ne compte pas" : ...il n'oblioit pas a faire sa plaincte comme dessus ; et n'estoit rien de la vie de son compaignon, s'il le povoit rencontrer. [De deux hommes qui feignent de se haïr mortellement] (C.N.N., c.1456-1467, 236).

 

-

S'il est rien à qqn (de qqc.). "Si cette chose importe pour lui" : Si se print a doubter (...) la belle Katherine, qu'elle estoit remise avec les pechez oubliez, et que, s'il en estoit rien a Gerard, il ne se pourroit tenir qu'il n'en demandast [D'une jeune femme que son ami a oubliée] (C.N.N., c.1456-1467, 174).

 

-

Il n'est rien à qqn (de qqc.). "Cette chose n'importe pas pour lui" : ...nous ne portons point d'argent ; et si n'en querons point, car il ne nous est rien des biens temporelz (C.N.N., c.1456-1467, 216).

 

-

[Nég. de la prop. complét.] Il n'est rien que + prop. complét. : Si je l'ay plus porté qu'un aultre [un enfant], il n'est rien que j'en sache. (C.N.N., c.1456-1467, 128).

 

c)

Estre + rel./Fut qui. "Il y eut qqn qui" : ...ilz vindrent [en Brabant] ou ilz furent receuz joyeusement, Dieu le scet. Et fut bien qui leur demanda des adventures de leur voyage (C.N.N., c.1456-1467, 180). ...le bon serviteur (...) vint hurter a la chambre ; et au hurt qu'il fist on le cogneut tantost. Et la fut bien qui le bouta dedans. (C.N.N., c.1456-1467, 186). Droit la fut bien qui demanda que signifioit cest habillement. (C.N.N., c.1456-1467, 322).

 

d)

[En, non déf. précisément, renvoyant au cont. gén.] (Ce) qui en est. : ...affin que vous sachez que je sçay qui en est, je vous ay veu entrer devers elle par pluseurs foiz (C.N.N., c.1456-1467, 229). ...[ils] demanderent la signifiance a leur hoste, le sire des nopces. Et il dit que voluntiers et pour cause il leur diroit ce qui en est quand ilz aroient mengé. (C.N.N., c.1456-1467, 335).

 

-

[Formule de nég. renforcée] Il n'en est rien : - Oy, monseigneur, dit elle, la vostre mercy qui le m'avez envoyé. - Moi ! dit il ; saint Jehan ! il n'en est rien. (C.N.N., c.1456-1467, 212). ...je vous cuidoye a ce matin avoir tresfort jusques au sang batue, mais je voy bien qu'il n'en est rien. (C.N.N., c.1456-1467, 266).

 

3.

Estre + adv.

 

a)

[Adv. de compar.] Ainsi : S'il est ainsi, certainement, madame (...), la chose est bien estrange. (C.N.N., c.1456-1467, 45). Puis qu'ainsi est, dit l'yvroigne, que je suis en bon estat maintenant, je veil morir (C.N.N., c.1456-1467, 62). L'oste (...) bien sachant que ainsi n'estoit que les ribauldz disoient, leur respondit... (C.N.N., c.1456-1467, 548).

 

b)

[Adv. interr.] : ...[la mère] dist a sa fille : "Or, vien ça et me dy par ta foy, et de ces choses de nuyt, comment t'en est il ?" (C.N.N., c.1456-1467, 133). Scez tu comment il est ? Par la mort bieu, noz dames ont fait la folie comme nous. (C.N.N., c.1456-1467, 364).

 

4.

Estre + syntagme prép.

 

a)

Quant est de + subst. ou pron. "En ce qui concerne" : ...quant est de l'enfant, il est mien, et si le veil ravoir. (C.N.N., c.1456-1467, 148). Quant est de moy, j'ay icy couché tout seul et n'en party ennuyt. (C.N.N., c.1456-1467, 204).

 

b)

[Indique une obligation ou une possibilité] Estre + prép. + inf. : ...se cuida tirer dehors ; mais il n'estoit en sa puissance de soy ravoir, tant parestoit avant et fort bouté leens. [Un homme pris dans un piège] (C.N.N., c.1456-1467, 437).

 

-

Il est en qqn de + inf. : ...luy va faire ung grand prologue d'amoureux assaulx (...) monstrant comme il est bien en luy de luy faire tant en telle maniere, en telle et en telle. [Un séducteur en action] (C.N.N., c.1456-1467, 115). Il est en vous de vous garir et sauver, et ne vous fault que tendre la main (C.N.N., c.1456-1467, 142). ...Et bien ! dit il, s'il est en moy de vous faire autant de service, pensez que j'aray cognoissance de ceste courtoisie. (C.N.N., c.1456-1467, 258).

 

.

[Constr. ell.] : Ceulx qui la virent [une femme qui se noie] la regarderent tresbien ; mais aultre secours ne luy firent, car aussi il n'estoit pas en eulx. (C.N.N., c.1456-1467, 313).

 

-

Il est à qqn de + inf. : ...quand elle vit qu'elle n'aroit point son panier percé, et qu'il n'estoit pas a l'aultre de seulement mettre sa lance en son arrest (...) tantost cogneut qu'elle aroit a la jouste failly (C.N.N., c.1456-1467, 195).

 

5.

Estre + prop. conj./Se n'estoit que : ...la maniere comment se povoit faire, il ne le povoit ymaginer, si n'estoit que le curé viensist a l'heure qu'il forgeoit au plus fort avec son maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 493).

 

6.

[Dans les tours concessifs] : ...le derrenier venu, qu'elle craignoit beaucop a perdre, quelque chose qu'il fust de l'autre, luy dist ung jour trop bien sa leçzon. (C.N.N., c.1456-1467, 237). "...Si tu me croiz, dit son maistre, tu n'yras pas." Quoy qu'il fust, il y voult aller, et desobeir a son maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 430).

B. -

Suj. neutre. (C')est

 

1.

[Valeur locative]

 

a)

[Spatiale] : Si appella ses femmes et leur demande ce dyamant, et a laquelle elle l'avoit baillé. Chacune dist : "Ce ne fut pas a moy..." (C.N.N., c.1456-1467, 44). ...il voa et jura de jamais coucher avec elle si n'estoit en son hostel (C.N.N., c.1456-1467, 334).

 

b)

[Temp.] : ...je mesmes vous baptisay, et en ay aussi fresche memoire comme si ce eust hier esté. (C.N.N., c.1456-1467, 427).

 

c)

[Manière d'être]

 

-

C'est à : Quand elle vit que c'estoit a bon escient et qu'il n'estoit pas homme d'enchasser par rudes parolles, elle luy cuida donner congié (C.N.N., c.1456-1467, 211). ...le gracieux jeu des piez, de quoy se percevoit et donnoit tres bien garde l'oste, sans en faire semblant, combien que ce fust a son prejudice. (C.N.N., c.1456-1467, 219). ...il povoit sembler a la maniere de sa dite requeste qu'elle ne pourroit ycelle accomplir que ce ne fut grandement a son deshonneur (C.N.N., c.1456-1467, 386).

 

-

C'est par : Les maistres d'hostel dirent que vrayement ilz ne faisoient chose que monseigneur n'eust commendé, et que ce n'estoit pas par eulx. (C.N.N., c.1456-1467, 83).

 

2.

[Valeur attributive ; formule d'insistance]

 

-

Qui plus est : ...tresbien leur plaisoit que donne Margarite aidast a garder le mesnage avecques leurs femmes ; et qui plus est la faisoient coucher avecques elles (C.N.N., c.1456-1467, 303).

 

-

Que plus est : ...il me semble si je peusse quelque pou sentir avant ma mort, ma fin en seroit plus aisée (...). Et que plus est, mon cueur est a cela que ce me pourroit estre medicine (C.N.N., c.1456-1467, 348).

 

-

Ce que plus est à qqn. "Ce qui lui importe le plus" : ...chascun s'abilla, parlant et devisant de ce que plus luy estoit, Gerard de chiens et d'oiseaulx, Conrard des belles filles (C.N.N., c.1456-1467, 175).

 

3.

[Valeur d'appartenance ou valeur équative]

 

a)

[Valeur équative]

 

-

C'est + subst. : ...disoit bien que c'estoit sa coustume que de gaigner et de prendre ce qu'il trouvoit sans garde [D'un voleur cynique] (C.N.N., c.1456-1467, 401).

 

.

[Le subst. peut être suivi d'une prop. complét. qui représente le véritable sujet du verbe estre] : ...on disoit que c'estoit merveille qu'il n'avoit fait batre ou tuer le bergier (C.N.N., c.1456-1467, 361).

 

-

C'est + inf. : Si ce n'estoit [faulser] mon serment a ma dame, je le desireroye beaucop (C.N.N., c.1456-1467, 178).

 

-

C'est + prép. + inf. : ...le lierent trop bien, et luy disoient que c'estoit pour mieux faire la farse (C.N.N., c.1456-1467, 405).

 

-

C'est + style dir. : ...a chef de piece, quand il parla ce fut : "Dieu soit loé !..." (C.N.N., c.1456-1467, 100).

 

-

Empl. abs. Que c'est. "Ce dont il s'agit" : ...le dit Thomas trousse la damoiselle sur le lit en faisant cela. Et puis après, quand elle vit que c'estoit, acertes se despoillerent et entrerent tous deux ou lit (C.N.N., c.1456-1467, 391).

 

b)

[Dans des tournures interr.]

 

-

Que c'est de qqc. "En quoi consiste cette chose" : ...ce bon gentil homme, qui estoit orphelin de pere et de mere, jeune, et a marier, et ne savoit que c'estoit de mesnage, s'accointa d'un voisin (C.N.N., c.1456-1467, 331).

 

-

Qui c'est + compl. de lieu : ...[elle] demanda en basset qui c'estoit ou lit de la chambriere [et] qui la dormoit avec elle. (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

-

Qui je suis : ...luy auray monstré et a vous aussi qui je suis, quelle chose j'ay et comment je suis logié (C.N.N., c.1456-1467, 344).

 

4.

[Dans des tournures concessives] : A quelque meschef que ce fut, il [acheva] de lyre sa lettre (C.N.N., c.1456-1467, 180).

III. -

Inf. subst. : Tout a temps scerons nous plus avant de vostre estre quand il vous plaira. (C.N.N., c.1456-1467, 334).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 17/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
[T-L : estre1 ; GD : estre1 ; FEW III, 246 : esse ; TLF VIII, 277b : être1]

A. -

Loc.

 

-

Estre mal de qqn. V. mal2

 

-

Estre sien. "Appartenir à lui-même" : ...lequel Jaques le souspeçonne de lui avoir osté et emblé plusieurs choses et robes en son hostel, à Chambely le Hauberger, pour ce qu'il a esté trouvé saisi d'un chapperon double, mi-parti de brunette d'un costé, et de l'autre rouge et brunette, que ledit Jaques dit estre sien. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 15). ...lesquelz deux hommes recogneurent le cheval que ledit prisonnier avoit baillé audit plastrier, et aussi une houspelande que le varlet dudit prisonnier avoit vestue, et lesquelz cheval et houpelande ilz firent arester par la justice dudit lieu de Villers-Adam, comme les biens de leurdit frere et pere occiz, comme dit est, disans et affermans par leurs sermens icelles choses estre siennes, et le voulans prouver. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 286).

 

-

Estre de qqn/qqc. "Appartenir à (une communauté, un service)" : ...en laquelle abbaye, qui est de dames de religion, il print en une des chambres des dames de leans trois cuevre-chefs de lin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 6). ...un nommé Paulet, qui est de l'eschançonnerie du roy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 538).

 

-

Ja soit ce que + subj. "Bien que" : ...mais a de ce failly à dire verité, jà soit ce que il soit vray que, par devant ledit mons. le prevost, il ait congneu et confessé icelle derreniere confession par lui faite, et qui lui a esté leue mot après autre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 530).

 

-

Peut bien estre que + ind. : Et peut bien estre que, ou contempt desdites injures, et pour la hayne qu'ilz ont à elle, ilz lui ont pourchacé faire lesdites injures et contre elle proposée ledit fait, jà soit ce que elle en soit pure et innocente (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 260).

 

-

Au subj. "Fût-ce" : ...il a ouvré de sondit mestier de chasubles en ladite eglise de Saint-Victour, alé et venu en icelles moult de fois, sans ce que il y feist ou commeist oncques aucun crime ou delit, feust desdiz breviaires, argent ou queuvrechiez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 215). ...elle lui ouy par plusieurs fois dire que il avoit esté ainsi navré par ledit prisonnier seul, et non par autre, et que aucuns n'en feust chergiez, feust elle qui parle ou autres quelconques, que ledit prisonnier. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 271).

B. -

"Demeurer, résider qq. part" : ...esquelles prisons ilz furent et demourerent jusques à vendredi derrenierement passé, que il qui parle fu mené prisonnier ès prisons du roy nostre sire à Orleans, où il a tousjours depuis esté et encores est ad present. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 462).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 18/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
[T-L : estre]

A. -

[Avec un suj. pers.] Estre pour recommandé. V. recommander

B. -

[Avec un suj. impers. ou neutre]

 

1.

[Avec un suj. impers.]

 

-

Demander comment il lui est. V. comment

 

-

Il n'est à qqn ne que de + inf. "Il n'y a dans la tête de qqn qu'une idée, c'est de ; qqn n'a en tête que de ; qqn n'a qu'une idée en tête, c'est de" : ...en bons leaulx chevaliers luy conseillerent [au dauphin] l'amour tousjours et l'obeÿssance envers son pere (...). Mais (...) ilz respandoient parolles en vain et les semoient au vent. Puis que l'allee vers son pere estoit mise en termes, il n'avoit oreille qui l'acceptast ne ceur qui entendre le voulsist, car il ne luy en estoit ne que d'aller vers le Soudan. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 94).

 

2.

[Avec un suj. neutre]

 

-

Que plus est. "De plus, en outre" : ...il [le comte d'Armagnac] cuidoit certainement avoir obtenu dispense de nostre Saint Pere de pooir maintenir sa seur en l'estat de mariage, et de cela avoit acquises bulles fauses, non que lui sceust la faulseté (...). Si en fut ledit conte deceu et mis en grant declamace du peuple (...) et, que plus est, avecques la honte du monde, encouru, ce savoit bien, en l'indignation divine dont il vouloit widier. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 257).

 

-

[Dans une énumération au sein d'une phrase à un temps passé] Feust..., feust... "Que ce fût..., que ce fût..." : ...car ne pooit morir prince de nulle fame en crestienneté, feust de France, feust de l'Empire, feust d'Angleterre ou d'Escoce ou d'ailleurs, qu'il [le duc de Bourgogne] n'en portast le noir (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 225).
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 19/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, verbe
[T-L : estre ; GD : estre1 ; FEW III, 246 : esse ; TLF VIII, 277b : être1]

I. -

Empl. intrans. DR. Estre pour qqn. "Représenter qqn" : Aux quelx ses davant diz procureurs, (...) celui curatour oudit nom a donné et donne plain pouvoir (...) d'estre pour lui et de deffendre, de poursuir, de innover, d'appeler, de contredire, de poursuevre appeaux et contrediz, demander exonérations et eulx exonerier et d'en fère affermement de ester et eulx comparestre en jugement en nom de lui (Cartul. Laval B., t.2, 1378, 295).

II. -

Inf. subst. [D'une chose] Estre en estre. "Être en état" : ...une partie des dictes huit barges sont du tout tournees en non valoir de leur corps, et l'autre partie qui encore est en estre, seroit tantost du tout perie et gastee si briefment remede n'y estoit mis (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1382, 270).

III. -

Part. prés. en empl. adj. "Étant, demeurant" : ...la terre estante en la main Madame de Hambuye (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1370, 177).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 20/21 
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     ÊTRE1          ÊTRE2     
FEW III esse
ESTRE, subst. masc.
[T-L : estre]

Savoir son estre. "Savoir se conduire" : ...semblablement estoit tres avenant et gracieux de toutes choses entre dames et damoiselles, et bien y savoit son estre (Bouciquaut L., 1406-1409, 83).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 21/21 
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FEW III esse
ESTRE, verbe
[T-L : estre1 ; GD : estre ; AND : estre3 ; DÉCT : estre1 ; FEW III, 246a : esse]

I. -

[Suj. pers.]

A. -

[Verbe d'existence]

 

1.

[D'une pers.] "Exister, être là" : Et le roy les receupt moult liement, et les mercia de leur secours, et leur dist que, aprez Dieu, ilz estoient ceulx de quoy il et son royaume estoit ressuscitez de plus crueulx trespas que de la mort, car, se ilz ne feussent, les Sarrazins les eussent tous destruiz ou tournez a leur loy. (ARRAS, c.1392-1393, 118).

 

2.

[D'une chose, d'un fait]

 

a)

"Exister" : Mais comment pourroit ce estre raisonnablement, s'il n'estoit en ton invisible jugement, quant par congnoissance humaine que nulz homs pourroit avoir bien et haulte honnour par mal faire ? (ARRAS, c.1392-1393, 19). Or estoit coustume, se dedens un terme qui estoit, ne venoit un qui voulsist estre hermite et demourer ou lieu, il convenoit que le plus prouchain d'embas venist demourer ou lieu, et cellui de dessoubz ou sien, et ainsi demouroit le lieu wit qui estoit plus prez de la terre, tant qu'il venoit en devocion a aucun qui se meist ou lieu. (ARRAS, c.1392-1393, 272).

 

b)

"Se manifester" : Entrementiers que la murmure estoit, ly roy des Bretons, qui fu saiges et soubtilz, pour doubte que les parties estoient de grant lignaige et que par ce aucun inconvenient n'en peust encourir, envoya soubdainement fermer les portes, que nulz n'en peust yssir, et garder par gens bien armez (ARRAS, c.1392-1393, 60).

B. -

[Verbe copule]

 

1.

[Copule locative]

 

a)

[Domaine spatial]

 

-

"Se trouver" : [La forteresse] est environ a deux lieues de cy. (ARRAS, c.1392-1393, 7).

 

-

[Idée d'origine]

 

.

Estre de qq. part : Ne nulz homs ne savoit dont cilz ouvriers venoient, ne dont ilz estoient. (ARRAS, c.1392-1393, 46). Mais on ne savoit de quelle marche ne de quelle contree il estoit, ne il n'en vouloit rien dire. (ARRAS, c.1392-1393, 273).

 

.

Estre de qqn./de la lignee de qqn. "Faire partie de sa descendance" : Dame, dist ly roys Elinas, par vostre courtoisie ne vous vueille desplaire se je vous enquier de vostre estre ne de qui vous estes, car la cause qui m'y muet si est telle que je vous diray. (ARRAS, c.1392-1393, 7). Remondin, beaulx cousins, s'il se puet bonnement faire, dictes moy de quel lignie vostre femme est, combien que quant le chevalier ancien vint a nous de par elle pour nous logier, qui nous mercia de l'onnour que nous vous venions faire, de par ma damoiselle Melusigne d'Albanie. (ARRAS, c.1392-1393, 43).

 

-

[À un temps du passé] "Aller"

 

.

Estre + adv. : Et quant de moy, qui n'ay pas esté gueres loing j'ay veu des choses que pluseurs ne pourroient croire sans le veoir. (ARRAS, c.1392-1393, 4).

 

.

Estre + prép. + subst. : Et se party Gieffroy (...) et en mena avecques lui ung varlet qui avoit esté a Romme et revenu jusques a Thoulouse avec son pere (ARRAS, c.1392-1393, 275).

 

.

Estre au devant de qqn. "Aller à la rencontre de qqn" : Et quant OEudes et Remond virent que leurs freres se mettoient a chemin pour aler en Alemaigne veoir leurs freres, si dirent que aussi feroient ilz, et mandent gens en leurs pays qui leur furent au devant a Bonneval. (ARRAS, c.1392-1393, 280).

 

.

Estre + inf. : Sire, dist-il, nous vous avons esté querir pour estre nostre sire et nostre roy. (ARRAS, c.1392-1393, 144). Et le furent viseter pluseurs nobles. (ARRAS, c.1392-1393, 273).

 

b)

[Domaine temporel]

 

-

[D'une pers.] "Vivre" : Et en sont yssus les hoirs de Cabrieres, qui ores sont. (ARRAS, c.1392-1393, 293).

 

.

[De Dieu] : Or vous ay dit et devisé, selon les vrayes Croniques et la vraye histoire, comment la noble forteresse de Lusegnen en Poictou fut fondee, et retrait la noble et puissant lignie qui en est descendue des nobles gens qui la fonderent, dont Dieu vueille avoir les ames recommandees en son saint paradis qui est es siecles des siecles. (ARRAS, c.1392-1393, 307).

 

-

[D'un événement] "Avoir lieu" : Et en cellui jour que la feste devoit estre, huit jours devant, commenca a arriver grant peuple en la cité, de quoy le roy fu moult joyeux. (ARRAS, c.1392-1393, 140).

 

c)

[Marque la manière d'être (physique ou morale)] Estre + prép. ou loc. prép. + subst. ou pron.

 

-

[Avec un subst. marquant une manière d'être physique] : Et en chevauchant leur compta Gieffroy Comment il avoit trouvé en la montaigne de Brumblerio la tombe du roy Elinas assise sur six colompnes de fin or, et la richesce du lieu, et de la royne Presine, qui estoit en estant sur la colompne, au piez du roy, et estoit figure d'albastre, et du tablel qu'elle tenoit, et qu'il avoit dedens escript (ARRAS, c.1392-1393, 270).

 

.

En partic. Estre de + nom de matière : Et sachiez que Gieffroy ne leur puet eschapper, et feust de fin acier trempez, qu'il ne soit mort ou affollez. (ARRAS, c.1392-1393, 203). Ce ne fist pas celle de Gieffroy, car elle [la lance] estoit d'un gros plancon de chesne fort, et il emploia toute sa force a bien ferir, et oncques ne pot empirer la piece d'acier. (ARRAS, c.1392-1393, 231).

 

-

[Avec un subst. d'action ou d'état]

 

.

Estre de + subst. : Et, se vous veez un bon homme d'armes qui soit povres et en petit estat de vesture ou de monteure, donnez lui du vostre selon ce que vous sentirez vostre aisement et selon ce qu'il sera de value (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

.

Estre d'une folle alliance. V. alliance

 

.

Estre en + subst. : Lors cuida Gieffroy descendre pour savoir en quel point il estoit. (ARRAS, c.1392-1393, 232).

 

.

Estre en aventure de + inf. V. aventure

 

.

Estre hors de doute. V. doute

 

-

[Avec un subst. désignant une pers.]

 

.

Estre à qqn. "Incomber à qqn, revenir à qqn" : Tres chiere dame, du mien n'emportez vous rien fors tant que vous passez par my mon pays, et est la villenie a moy, quant vous estes estrangiere, que je ne vous recoif en mon pays plus honnourablement que je ne puis faire ycy. (ARRAS, c.1392-1393, 8).

 

.

Estre en qqn. "Incomber à qqn, revenir à qqn" : Or est en vous de sa mort ou de sa vie, lequel qu'il vous plaira, car jamais ne m'en quier mesler par dessus vous, et le vous quitte plainement. (ARRAS, c.1392-1393, 166).

 

.

[D'une qualité] Estre en qqn. "Résider en qqn" : Par ma foy, vassaulx, il vous muet de grant orgueil ou de grant niceté de ainsi passer par devant damoiselles sans les saluer, combien que l'orgueil et la niceté puet bien estre en vous tout ensemble. (ARRAS, c.1392-1393, 24). Et quant Remondin l'ouy, si la regarde, et percoit la grant beauté qui estoit en la dame (ARRAS, c.1392-1393, 24).

 

.

Estre au plaisir de qqn : Il lui fist la reverence moult courtoisement, et lui dist que l'eglise, et tous les freres, et tous leurs biens estoient a son plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 277).

 

.

Estre au profit de qqn. V. profit

 

d)

[Marque la manière d'être] Estre + prép. + inf.

 

-

Estre à + verbe de sens passif

 

.

Si est à entendre. "C'est-à-dire" : Combien que saint Pol die en l'epistre aux Rommains que toutes choses sont sceues par humaine nature, voire sans les secretes choses de Dieu, et qu'il a retenues en sa congnoissance, sans autre, la nature aux humains si est a entendre pluseurs hommes vacquans par universes contrees. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

e)

[Marque la manière d'être] Estre + adv. : Monseigneur, c'est grant folie a vous, qu'on tient au plus saige prince que on saiche vivant, de mener telle douleur pour chose qui autrement ne puet estre, ne la ou on ne puet remedier. (ARRAS, c.1392-1393, 255).

 

f)

[Localisation d'appartenance] Estre à qqn. "Appartenir à qqn" : Et quant vous donnez quelque chose, ne le faictes pas attendre longuement. Mais regardez quant, combien, pourquoy, ou se la personne le vault, ou, se il est a maistre, se son maistre le vault. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

2.

[Copule attributive]

 

a)

[Avec un adj.]

 

-

[Avec un adj. poss.] : Et soiez tousjours sur vostre garde, tant que la puissance soit vostre, car, se vous vous laissiez sourmarchier, il vous fauldroit gouverner a leur voulenté. (ARRAS, c.1392-1393, 86). La ville sera nostre encore anuit. (ARRAS, c.1392-1393, 106).

 

b)

[Avec un numéral]

 

-

[Pour indiquer un rapport de compar. entre deux groupes] : ...car noz ennemis sont bien dix contre un de nous. (ARRAS, c.1392-1393, 108).

 

-

[Avec une expr. quantitative] : Et cil, qui fu diligens, fist tant qu'il congnut la plus grant partie de ceulx qui y furent et quelle quantité ilz estoient, et retourna a Hervy, et lui compta ce qu'il avoit trouvé, et que ilz estoient bien de Vc. à VJc. combatans. (ARRAS, c.1392-1393, 70).

 

3.

[Copule équative]

 

-

[Avec un subst.] : Il n'appertient point a si hault prince comme vous estes, mettre cure de enquerre de telz ars, ne de telz choses. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Par ma foy, dist ly conte de Forests, monseigneur, vous dictes voir, et quant de ma part, comme vous dictes, je ne l'en pense jamais a enquester, ja soit il mon frere, car je le tien pour tres bien assigné a mon aviz. (ARRAS, c.1392-1393, 44).

 

.

[Avec un compl. d'obj. indir., en cont. métaph.] : Et les joyes que je y souloye avoir me seront peines, tribulacions et griefs penitences et pestillences. (ARRAS, c.1392-1393, 259).

 

-

[Avec un syntagme prép.] : Amis, ly jour est a demain que les barons de Poictou doivent faire hommage au jeusne conte Bertran. (ARRAS, c.1392-1393, 31).

II. -

[Sujet impers. ou neutre]

A. -

[Sujet impers.]

 

1.

(Il) est + subst.

 

-

Il n'est + subst. + qui. "Personne ne..." : Et si grant dueil va demenant qu'il n'est corps de creature qui vous sceust dire la dixiesme partie de sa doulour. (ARRAS, c.1392-1393, 23).

 

-

[Dans une prop. cond.] (Se) ne fust + subst. "S'il n'y avait" : Puis disoit a ses trois filles en plourant : Filles, veez vous la le pays ou vous fustes neez et ou vous eussiez eu vostre partie, ne feust la fausseté de vostre pere, qui vous et moy a mis en grant misere sans fin jusques au jour du Hault Juge, qui punira les maulx et essaucera les biens. (ARRAS, c.1392-1393, 11). La contesse et ses enfans font grant dueil, le peuple et tous les barons du pays font grant dueil, et en seurquetout Remondin fait greigneur dueil que tous les autres, et se repentoit tant de son meffait que se ne feust l'esperance du confort qu'il prenoit de sa dame, il ne se peust estre tenus qu'il ne leur eust dit sa mesaventure, pour la grant contrition qu'il avoit de la mort son seigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 29).

 

-

(Il) est qqc. de qqc.

 

.

[Pour décrire un fait, une situation] Ce qui en est : Et cil l'en dist ce qui en estoit. (ARRAS, c.1392-1393, 97).

 

.

De sa vie n'est rien. "Il risque la mort" : Par foy, dist cil, vous me mettez en grant adventure, car, se je suiz prins des Sarrasins, de ma vie n'est rien. (ARRAS, c.1392-1393, 93).

 

-

(Il) est qqc. à qqn : Tout aussi que de une personne qui oncques n'aura yssu de sa region ne de son pays, ne pourroit croire maintes choses qui sont a moins de C. lieues prez de lui, et lui sera grant estrangetté, et dira qu'il ne se pourroit faire, et ce lui destourbera, car il n'a pas veu les lieux, car par hanter les diverses contrees et pays et nacions, et par lire les anciens livres et les entendre, congnoist on le vif et le vray des choses semblans increables. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

-

(Il) est + subst. de temps : ...[le roy Elinas] entroublia toute sa chace et la soif qu'il avoit par devant, et commenca a penser au chant et a la beauté de la dame, telement qu'il ne scet s'il est jour ou nuit, ou s'il dort ou veille. (ARRAS, c.1392-1393, 6).

 

.

Quand temps sera : ...de quelque cousté qu'il ysse du païs de Bretaigne, il ne nous puet eschapper, car nous y avons bonnes espies qui le nous vendront annoncier quant temps sera. (ARRAS, c.1392-1393, 68). Et tenez chascun a parole quant lieu et temps sera. (ARRAS, c.1392-1393, 153).

 

2.

(Il) est + adv.

 

a)

[Avec un adv. de compar.]

 

-

[Avec ainsi]

 

.

Ainsi est-il de qqc. "Il en est de même pour qqc." : Par ceulx [pluseurs hommes vacquans par universes contrees] sont sceues les choses, et sont toutes les choses sceues, non pas par un seulement, mais par pluseurs. Et ainsi sont les choses repostes en pluseurs lieux sceues, et non pas en un tout seul. Et ainsi est il de nostre histoire. Elle est forte a croire, en pluseurs lieux, de ceulx qui ont gros engin, et a ceulx qui l'ont delié, legiere. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

.

Ainsi lui en est-il. "Il en est de même pour lui" : Et la cause qui nous muet de le voulentiers savoir [qui est votre femme], c'est pour ce que nous ne mespresissiemes pas de lui faire l'onneur qui lui appertient a faire, et c'est la cause qui nous muet de le voulentiers savoir. Par foy dist le conte de Forests, tout ainsi m'en est il. (ARRAS, c.1392-1393, 43).

 

.

Il lui est ainsi de qqn. "Il en est de même pour lui à l'égard de qqn" : Ma chiere dame, grans mercis, car vrayement il m'est ainsi de vous. (ARRAS, c.1392-1393, 30).

 

-

[Avec autrement] : ...et s'il est autrement, si nous faictes pugnir selon raison, car nous n'en voulons ja grace, mais droit. (ARRAS, c.1392-1393, 211).

 

-

[Avec plus]

 

.

Plus lui est de qqc. "Il s'intéresse davantage à qqc." : ... je croy que la venoison soit prinse, car j'ay ouy courner, ce me semble, la rassemblee des chiens. Par foy, dist ly contes, il ne m'en est gueres. Plus m'est de ce que je voy. Et lors regarde ou ciel, et commence a souspirer plus fort que devant. (ARRAS, c.1392-1393, 20).

 

b)

[Avec un adv. de manière]

 

-

Mal soit de qqn. "Qu'il lui arrive malheur" : Sachiez bien que ly Poictevin et tuit ly autre baron si prouverent si bien et si vaillaument que en petit de heure Sarrasins furent desconfiz, si que mal soit de cellui qui eschappast qu'ilz ne feussent tuit pres que mort que prins. (ARRAS, c.1392-1393, 113).

 

-

Il lui est beau. "Cela lui plaît" : Par foy, dist Uriiens, damoiselle, puis que il vous est bel, il me plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 121).

 

-

Il ne lui en est guere. "Peu lui importe" : Monseigneur, le feu est esprins, venez vous chauffer. Et je croy qu'en pou de temps vendront aucunes gens qui nous diront toutes nouvelles, car je croy que la venoison soit prinse, car j'ay ouy courner, ce me semble, la rassemblee des chiens. Par foy, dist ly contes, il ne m'en est gueres. Plus m'est de ce que je voy. Et lors regarde ou ciel, et commence a souspirer plus fort que devant. (ARRAS, c.1392-1393, 20).

 

c)

[Avec un adv. interr.]

 

-

Comment vous est-il ? "Comment allez-vous ?" : Et Guyon qui autrefoiz l'avoit veue, l'ala saluer et lui dist : Ma damoiselle, comment vous a il esté depuis que je me parti de cy ? (ARRAS, c.1392-1393, 144).

 

3.

(Il) est + syntagme prép.

 

a)

[Prép. + subst.]

 

-

Il ne lui en est à rien. "Cela ne l'affecte nullement" : Sarrasins (...) lui gettent de loing lances et dars (...). Mais il ne semble pas qu'il lui en soit a riens, ains leur court sus comme le loup familleux fait a la brebis. (ARRAS, c.1392-1393, 232).

 

-

Ne fust que pour + subst. "Ne serait-ce que pour" : Et ceulx lui respondent : Sire, a moins ne puet un seigneur que de oyr ses comptes une foiz l'an, et ne feust que pour la salvacion de ses receveurs et gouverneurs, pour eulx faire en quictance, afin que on ne leur saiche que demander, a eulx ne a leurs hoirs. (ARRAS, c.1392-1393, 295).

 

b)

[Prép. + inf.]

 

-

Et fust pour + inf. "Fût-ce pour" : Et endementiers la dame fist son appareil en la praierie dessus la fontaine, si grant et si noble qu'a dire voir, rien n'y failloit de chose qui appartenist a honnour, et feust pour recevoir un roy atout son estat (ARRAS, c.1392-1393, 37).

 

-

Se ne fust pour + inf. "Si ce n'eût été pour" : Et pour poy, se ne feust pour leur loy enfraindre, ilz se feussent entrebaisiez. (ARRAS, c.1392-1393, 238).

 

4.

Estre + prop. conj.

 

-

Se ne fust que : Et croy que de fin ennuy il se feust occiz de l'espee, se ne feust que les X. chevaliers y vindrent, qui bien l'avoient ouy dementer et plaindre. (ARRAS, c.1392-1393, 252).

 

5.

[Dans des tours concessifs]

 

-

Comment qu'il soit/qu'il fust. "De toute façon" : Car, comment qu'il soit, Dieu vous a pourveu de tres haulte et noble seigneurie et possession terrienne. (ARRAS, c.1392-1393, 20). De quoy le roy fu moult doulens, et jura Dieu que, se il povoit, que il l'auroit, comment qu'il feust. (ARRAS, c.1392-1393, 147).

 

-

Qui qu'il soit : Or alez, dist Gieffroy, mais, qui qu'ilz soient, je aideray a la plus feble partie, voire se ce ne sont mes freres. (ARRAS, c.1392-1393, 217).

 

-

Quoi qu'il en soit : Mais, quoy qu'il en soit, je vous requier que vous m'en vueilliez dire vostre intencion. (ARRAS, c.1392-1393, 47).

B. -

[Sujet neutre] (C') est

 

1.

[Valeur locative]

 

-

[Marquant une manière d'être]

 

.

C'est pour + subst. : Se Gieffroy, vostre filz, a fait son oultraige par son courage merveilleux et fort, sachiez que de certain c'est pour le pechié des moines, qui estoient de mauvaise vie et desordonnee (ARRAS, c.1392-1393, 255). ...et se repentoit fort des paroles qu'il avoit dictes, mais c'est pour neant, car c'est trop tart. (ARRAS, c.1392-1393, 256).

 

.

C'est pour ce que + prop. finale : Si vous prions, s'il se puet faire, que vous nous en dictes la verité [sur votre femme], car a ce que nous povons percevoir de son estat et maintieng d'elle, il convient qu'elle soit yssue de moult noble lieu. Et la cause qui nous muet de le voulentiers savoir, c'est pour ce que nous ne mespresissiemes pas de lui faire l'onneur qui lui appertient a faire, et c'est la cause qui nous muet de le voulentiers savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 43).

 

.

Ce ne sera pas sans lui. "Il participera à l'entreprise" : Et je prommet a Jhesucrist que ce ne sera pas sans moy, car il me sera tourné a grant hontaige se je n'y aloye, posé encore qu'il est mon cousin et que ma terre marchist si prez de mon royaume, et que les estrangiers le viennent secourir de si longtaine marche. (ARRAS, c.1392-1393, 179). Et quant Gieffroy scot ceste nouvelle, si jura Dieu que ce ne seroit pas sans lui, et que trop avoit gardé l'ostel. (ARRAS, c.1392-1393, 212).

 

2.

[Valeur attributive]

 

-

C'est + prép. + subst. : Et y a en la chambre tant de richesse que c'est sans comparoison, comme chandelabres d'or et de riches pierres, torches, lampes qui y ardent jour et nuit. (ARRAS, c.1392-1393, 14).

 

3.

[Valeur équative]

 

-

C'est de + inf. : Mandons de noz amis et nous tenons secretement ensemble, et verrons quel conroy ilz prendront, afin que, se ilz viennent sur nous, que ilz ne nous treuvent point a descouvert, et aussi, se Remondin se part, que il ne soit pas souspriz d'eulx, car, se ilz ont entencion de lui mal faire, ce n'est que de lui oster sa vie. (ARRAS, c.1392-1393, 70).

 

-

C'est + adv. + part. passé : Par foy, beau nepveu, dist le chevalier, c'est vaillaument dit, et ainsi doit on servir son seigneur, et, se Dieu plaist, il vous sera bien mery. (ARRAS, c.1392-1393, 93). Vrayement, dirent les deux barons, c'est tres saigement besoingnié. (ARRAS, c.1392-1393, 151).

 

-

[Dans des tournures présentatives]

 

.

Au plur. Ce sont + subst. plur. : Ce sont les deux enfans de Lusegnen qui vous sont venus secourre et garandir du roy d'Ausay et de sa puissance et adventurer leur honneur et leur vie pour vous. (ARRAS, c.1392-1393, 162).

 

-

[Dans des tournures interrogatives]

 

.

[Forme d'insistance] Qui est-ce qui. "Qui" : Hee, Vray Dieu, qui est ce qui me pouroit ores conforter, quant je voy la mort de mon pere et la destruction de mon peuple et de moy, ne je ne voy lieu dont secours me puist venir (ARRAS, c.1392-1393, 181).

 

.

[Interr. nég.] N'est-ce pas : N'est ce pas [Gieffroy de Lusegnen] cellui qui occist le jayant en Guerrande et l'autre jayant en Norhombelande, et qui ardy l'abbé et les moines et l'abbaye de Malleres, pour ce que son frere y estoit renduz sans son congié ? (ARRAS, c.1392-1393, 276).

 

.

[Dans une interr. indir.] : Haa, folz, ce dist ly contes, se tu savoies la grant et riche et merveilleuse adventure que je voy, tu en seroies tous esbahiz. Resmondin, qui n'y pensoit a nul mal, lui respondy : Mon tres redoubté seigneur, plaise vous a moy dire que c'est, s'il se puet faire, et aussi se c'est chose que je doye savoir. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Et qui dit le contraire, je dy que les secrez jugemens de Dieu et les punicions sont invisibles a congnoistre a entendement humain, car il est trop gros pour entendre l'espite espirituelle, ne comprendre que c'est. (ARRAS, c.1392-1393, 311).

 

4.

Soit ... ou ...

 

-

[Avec des syntagmes prép.] : …elle [la verge d'or] lui donrra victoire contre tous ses mal veullans, s'il a bonne querelle, soit en plaidoierie, ou en meslee. (ARRAS, c.1392-1393, 27).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

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