Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/chien 
     CHIEN     
FEW II-1 canis
CHIEN, subst. masc.
[T-L : chien ; AND : chen1 ; DÉCT : chien ; FEW II-1, 191b, 193b : canis]

A. -

Au propre. "Chien" : ...on y voit [en aucunes des bestes] les V sens du corps aussi parfaictement ou plus : les chiens ont plus parfait odorement a merveille et les voultours aussy, le singe nous passe en gouster, le porc sauvaige en escouter, l'aigle et le lins en regarder (GERS., Trin., 1402, 152).

 

-

Chien de sang. "Chien qui retrouve le gibier blessé" : Les trois chiens courans dessusdiz sont proprement les troys chiens de sang du grant veneur d'enfer (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 86).

 

-

Chien courant. "Chien qui poursuit le gibier (en donnant de la voix)" : Item, que ilz ont la chasse à toute beste à pié clos et la prendre à chiens courans, levriers et terriers, et fouir les goupils et autres bestes en terre. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 10).

 

Rem. FEW II-2, 1569b, s.v. currere : «chien courant "qu'on emploie à la chasse à courre"».

B. -

Au fig.

 

1.

[À propos d'une pers., p. réf. au chien gardien de troupeau] Chien le roi : Item, doit avoir quatre masurez es lieux tenus de son dit tenement en la ville de Baieux, où il doit demourer quatre gens qui sont tenus estre au dit pasnage ou envoier chacun de soy homme pour prendre les pors de porcage qui viennent au dit pasnage, et pour ce faire ont chacun un denier de livreson sur la reveue du dit pasnage, et sont nommés les chiens le roy. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 71).

 

2.

RELIG. [Le chien comme symbole de l'envie, symbole nég.] : Amour de court c'est amour de chien : c'est toute envie et flaterie. (GERS., Annonc., a.1400, 236). Pour ceste cause les passions et desordonnez mouvemens sont lais et coulpables es hommes, qui point ne le sont es bestes, comme orgueil n'est point pechié, ou laydure en cheval, cruaulté en lyon, malice en renart, envie es chiens, avarice es cornailles, et ainsy des autres. (GERS., Concept., 1401, 399).

 

-

Prov. [P. réf. à la Bible, Prov. XXVI, 11] Le chien retourne à son vomissement. "Retomber dans son ancien péché" : ...ceulx qui se retournent ainsy legierement a leur malvaise vie come "les chiens a leur vomissement" (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 729-730).

 

Rem. Cf. DI STEF., 166b, s.v. chien ; FEW XIV, 629a, s.v. vomere.

 

3.

HIST. ROMAINE. [Le chien comme symbole positif] : ...homme singullier et admirable en philozophie et en astrologie, et, à ceste cause, les sages Romains le faisoient paindre tout nud, lui bailloient deux serpens ès mains et lui faisoient la teste comme teste de chien, qui estoit signifficacion de louenge parfonde et reminisence. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 23 r°).

 

4.

Chien et loup. "À la tombée du jour" : ...et leur sembloit que l'eure de midy fust transmuee en un instant quant a clarte a l'eure qui est appellee chien et loup. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 494).

 

Rem. DI STEF., 165c, s.v. chien ; C. Caws, Trav. Ling. Philol. 33-34, 1995-1996, 67-80.

 

5.

Loc.

 

-

Battre le chien devant le lion. "Châtier un petit devant un plus puissant qui a commis la même faute" : "...Pour abregier doncques l'escripture," dist la chambriere, "j'ay assez batu le chien devant le lyon..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 576).

 

Rem. FEW II-1, 193b, s.v. canis : «(Cotgr 1611 - Ac 1878)» ; cf. DI STEF., 165a, s.v. chien

 

-

Esveiller le chien qui dort. "Faire allusion à une question épineuse ; raviver une querelle" : Le Chevalier dit que le Clerc eveille le chien qui dort. (Songe verg. S., t.1, 1378, 33).

 

Rem. Absent de FEW, s.v. chien ; cf. DI STEF., 165c, s.v. chien.

C. -

ASTR. Estoile en la bouche du Chien méridional. "Sirius dans la constellation australe du Grand Chien" : Car il en y avoit .XV. [estoiles] qui estoient les plus grandes de toutes les aultres et sont appellees de la premier gra[n]deur, comme est l'estoille du cueur du Lion, comme Alhaber, qui est en la bouche du Chien meridionelle, comme Aldebaram, qui est ou signe de Thaurus, etcetera. (FUSORIS, Traité cosmogr. G., 1432, 34).

 

Rem. Cf. A. Le Boeuffle, Astr., 1987, 81, s.v. canicula.
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner


© ATILF - CNRS & Université de Lorraine 2015
La présente ressource est produite et diffusée par l’ATILF à des fins de consultation pour l’enseignement et la recherche, à l’exclusion de toute exploitation commerciale. La citation d’un extrait de la ressource au sein d’une publication scientifique est autorisée sous condition de porter la mention suivante : DMF : Dictionnaire du Moyen Français (DMF 2015), http://www.atilf.fr/dmf, ATILF - CNRS & Université de Lorraine.