C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     AFFAIRE     
FEW III facere
AFAIRE, subst. masc.
[AND : afaire1 ; DÉCT : afaire ]

A. -

"Ce dont on s'occupe, ce qui regarde ou concerne qqn" : Se vous depri devotement (...) Ma dame, qu'il vous vueille plaire Que je sache de vostre affaire Vostre nom et vostre venue, Et comment estes ci venue (MACH., R. Fort., c.1341, 77). Et ma dame m'arraisonna Et d'encoste li me mena, En demandant de mon affaire, Einsi comme elle soloit faire (MACH., R. Fort., c.1341, 129). Si ay oÿ, Guillaume, je te di, Que Nature, qui tout fait par maistrie, T'a dit qu'a part t'a volu faire Pour faire dis nouviaus de mon affaire. Pour ce t'ameinne ici en pourvëance, Pour toy donner matere a ce parfaire, Mes trois enfans [d'Amour] en douce contenance : C'est Dous Penser, Plaisance et Esperance. (MACH., Prol., c.1377, 4).

 

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En partic.

 

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"Ensemble des circonstances dans lesquelles une personne se trouve" : Je me trouvay si adolez Que je ne savoie que faire, Ne riens jugier de mon affaire (MACH., D. Aler., a.1349, 290). Au setieme jour, li rois Daires Volt savoir comment li affaires De Daniel s'estoit portés (MACH., C. ami, 1357, 43). Si appellai mon secretaire Et li descouvri mon affaire, Comment fort estoie entrepris Et du mal amoureus espris. (MACH., Voir, 1364, 200).

 

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"Controverse, point contesté" : Après, Doubtance de meffaire Dit qu'a nul fuer de tel affaire Entremettre ne se vorroit (MACH., D. verg., a.1340, 42). Et qu'il veoit moult bien l'affaire De no debat, de no tenson (MACH., Voir, 1364, 648).

 

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"Affaire" : Car il avoit un gros affaire Qu'il li couvenoit a chief traire. (MACH., Voir, 1364, 294). Car j'estoie ses secretaires En trestous ses plus gros affaires. (MACH., P. Alex., p.1369, 25).

B. -

"Manière d'agir, conduite, activité, action" : ...gens et debonnaires Et courtois en tous ses affaires. (MACH., D. Aler., a.1349, 302). ...dame debonnaire Qui a adressié son affaire A loyaument amour amer (MACH., D. Aler., a.1349, 350). Guillaumes qui en ses affaires Soloit estre si debonnaires, Si honnestes et si courtois (MACH., J. R. Nav., 1349, 260).

C. -

"Disposition morale, caractère" : ...s'estoit elle d'affaire Bel, bon, gent, dous et debonnaire. (MACH., R. Fort., c.1341, 55). Et devint homs de tel affaire Que ne le vueil mie retraire, Car li airs corront et empire De parler de si vil matyre. (MACH., C. ami, 1357, 92). Fay bonne chiere Et lay ton crier et ton braire. Que vaut uns homs de tel affaire ? (MACH., F. am., c.1361, 231).

 

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Loc. adj.

 

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De bon afaire. "Loyal, honnête, serviable" : Si fist une ordre pour attraire Les chevaliers de bon affaire, Qui avoient devotion En terre de promission (MACH., P. Alex., p.1369, 11). En tout est de si bon affaire Com nature puet homme faire (MACH., P. Alex., p.1369, 218). Car se je sui humble et de bon affaire (MACH., L. dames, 1377, 172).

 

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Estre de bon afaire à qqn : Car il me prist a souvenir De l'alerion debonnaire Qui tant me fu de bon affaire. (MACH., D. Aler., a.1349, 395).

 

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De put afaire. "Déloyal, méchant" : Traïtres est de put affaire. (MACH., Compl., 1340-1377, 264). Moustre li ce que tu sces faire, Car il est de si put affaire Que signeur ne te vuet clamer. (MACH., C. ami, 1357, 85). Si qu'il est bien raison qu'il face Par leur conseil ce qu'il doit faire Contre la gent de put affaire [les Sarrasins]. (MACH., P. Alex., p.1369, 148).

 

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De rude afaire. "Dur, rude" : Car trop fustes de rude affaire, Quant la dame vous aprocha D'un fait qu'elle vous reprocha Que fait aviez ou temps passé. (MACH., J. R. Nav., 1349, 267). ...car la privée [femme] est de si rude afaire Qu'elle ne vault vers l'estrange [femme] J. denier, Ce dient ceulx qui femme ont en grenier. (MACH., App., 1377, 643).

D. -

"État, manière d'être d'une personne ou d'une chose" : Quant ma dame est noble et de grant vaillance, Et je me sen de tres petit affaire, Je n'en puis mais (MACH., L. dames, 1377, 212).

 

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Loc. adj. De rude afaire : Et pour ce sont mi chant de rude affaire, Qu'il sont tuit fait d'un cuer plus noir que meure, Triste, dolent, qui larmes de sanc pleure. (MACH., Bal., 1377, 557).

E. -

"Dimension, importance, étendue" : C'est fort chose à faire, Que ville de si grant affaire, Et fermée si richement, Soit prise si legierement (MACH., P. Alex., p.1369, 63). Qui sont cités [Babylone et Le Caire] de tel affaire, Que chascuns est, ce m'est avis, Mil fois plus grande que Paris, Et si sont IJ. fois mieus pueplées. (MACH., P. Alex., p.1369, 193).

 

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[Importance soc.] Dame de tel afaire. "Dame de très haut rang" : ...et la loiauté D'Abraham, a verité dire, Ne peüsse je pas souffire Pour dame amer de tel affaire (MACH., R. Fort., c.1341, 5).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

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