C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     ABANDONNER     
FEW XV-1 *ban
ABANDONNER, verbe
[AND : abanduner ; DÉCT : abandoner ]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Laisser au pouvoir, à la discrétion de" : Tout son païs m'abandonna Et de ses joiaus me donna Liberalment et largement (MACH., F. am., c.1361, 243).

 

-

[Dans un cont. amoureux] : J'aim loiaument de cuer et sans retraire La plus trés belle et le plus dous viaire Qu'onques encor Nature peüst faire, Qui me donna Jadis son cuer tout et abandonna. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 116). Amours scet bien ses biens abandonner Aus fins amans qui sont en son hommage (MACH., L. dames, 1377, 102).

 

-

Estre abandonné à : Se parti, moult bien m'en remembre, Vingt huit jours dedens septembre, Pour aler faire l'ordenance Dou païs et la gouvernance Qui à son hoir li est donnez Ligement et abandonnez. (MACH., P. Alex., p.1369, 224). Car la belle, à cui sui toudis Abandonnés, M'a dit de bouche, vis à vis : "Amis amés". (MACH., L. dames, 1377, 45). La trés belle et la bien amée A qui il est mis et donnez Et ligement abandonnez (MACH., Prol., c.1377, 8).

B. -

"Permettre, autoriser" : Et si avoit IJ escuiers A qui li roy abandonna L'aler, et congié leur donna. (MACH., P. Alex., p.1369, 178).

 

-

Estre abandonné à : Ne li chemins abandonnez N'estoit pas a tous et a toutes. (MACH., R. Fort., c.1341, 29). Mais s'il m'estoit abandonnez De lui vëoir a mon loisir, S'i penroie moult grant plaisir (MACH., D. Aler., a.1349, 310).

C. -

"Perdre" : Car quant sires, qui vuet honneur Et qui het toute deshonneur, Vuet faire ordener une chose, Se son serviteur s'i oppose, Qui plaint et pleure ce qu'il donne, S'onneur esteint et abandonne (MACH., P. Alex., p.1369, 53).

II. -

Empl. pronom.

A. -

Soi abandonner à qqn/qqc.

 

1.

"Se livrer en toute confiance à qqn" : Quant a moy tant s'abandonna Que foy et amour me promist, Et de son doi en mien le mist. (MACH., R. Fort., c.1341, 149). Nompourquant de près et de loing A vous me doing Et abandoing (MACH., Lays, 1377, 290).

 

2.

"Se livrer à qqc." : Et se tu m'aimmes de cuer loing, Pour ce que de toy ne m'esloing, Eins t'aour, ser et m'abandoing A toute peinne Pour amer, ne riens n'i ressoing, Mort m'aras, quant de ton tesmoing Ma chiere dame, à qui me doing, Sera certeinne. (MACH., Compl., 1340-1377, 247).

B. -

Empl. abs. "Se laisser tomber" : Ton pouoir fait as De le mettre au bas, Maiz tollir ne li pues pas La valeur qu'il a, Que bien demonstra, Quant s'abandonna Et seür estal donna, Sans guenchir plain pas. (MACH., Lays, 1377, 478).

III. -

Part. passé en empl. adj. "Prodigue" : Soies liez et abandonnez, Et partout soit li tiens donnez De tres bon cuer et volentiers, Qu'autrement n'est li dons entiers, Qu'onques princes, pleins d'avarice, Ne fu vaillans, c'est trop grant vice. (MACH., C. ami, 1357, 102).

 

-

Abandonné en : Et vraiement [Bonne Esperence] Tant vaut, tant scet, tant a pooir (...), Tant courtoise, debonnaire, Bonne, gentil, franche, amiable, loial, noble, honneste, crëable, Large de joie et de confort, Abandonnée en reconfort, (...) que son ouevre Bonne appert partout ou elle ouevre. (MACH., R. Fort., c.1341, 140).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

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