C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     AMER     
FEW XXIV amarus
AMER, adj. et subst. masc.
[AND : amer2 ; DÉCT : amer2 ]

I. -

Adj.

A. -

"Qui a une saveur rebutante, qui est désagréable au goût"

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Mais cils dons a saveur amere (MACH., C. ami, 1357, 68). Douceur fine à mon goust amere (MACH., Bal., 1377, 539).

B. -

Au fig.

 

1.

"Douloureux, pénible" : Car en mon cuer li maulz d'amer Est si poignant et si amer Qu'il fait nuit et jour enflamer Mon dueil et m'ire (MACH., Compl., 1340-1377, 241). Et si senti doleur si dolereuse Que je croy bien qu'onques femme ne mere Ne senti mal ne doleur plus amere. (MACH., Compl., 1340-1377, 253). Mon cuer, ma suer, ma douce amour, Voi ma tres amere tristour. (MACH., Voir, 1364, 412).

 

-

Estre amer à qqn : ...que forfais li soit amer (MACH., D. Aler., a.1349, 350). Car se mais samblant faisoie, Sans doubte, en dous mueroie Ce qui tant leur est amer. (MACH., L. dames, 1377, 123).

 

-

"Qui traduit, manifeste un sentiment de tristesse mêlée de regret" : Dont Heleinne ot meint dur remors Et ploura meinte larme amere O Ecuba, sa chiere mere. (MACH., C. ami, 1357, 94).

 

2.

[En parlant d'une pers.] "Hostile, contraire" : Ce te demoustre chose clere, Que Fortune est douce et amere (MACH., R. Fort., c.1341, 88).

 

-

Estre amer à qqn : Fortune m'est dure, amere et diverse (MACH., Compl., 1340-1377, 252). ...a l'issir dou ventre ta mere Elle ne te fu pas amere, Einsois te fu moult amiable, Douce, courtoise et charitable (MACH., R. Fort., c.1341, 96).

II. -

Subst. masc. "Amertume, rudesse, méchanceté" : Quant vo douceur adoucir Vuet mon amer. (MACH., Ch. bal., 1377, 612). Dont dire puet : "Je me muir pour amer, Puis qu'en amer ne puis trouver qu'amer" (MACH., L. dames, 1377, 39).

 

-

Point d'amer : Et quant einsi les maus d'amer Sen pour vous, dame, point d'amer Ne me devez faire sentir (MACH., D. Lyon, 1342, 192). ...le dous viaire cler Qui n'a point d'amer (MACH., Lays, 1377, 420).

 

-

Sans point d'amer : Et elle aussi tant l'amera Comme dame puet homme amer, Entierement, sans point d'amer. (MACH., J. R. Nav., 1349, 189). Moustra, à bon entendement, Comment on doit son Dieu amer Et son proisme sans point d'amer (MACH., P. Alex., p.1369, 241).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

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