A. -

Au propre

1.

"Pointu" : S'en diray un petit argu D'un po d'aucun bos bien agu Dedens mole terre fichiez : Il seroit plus tost arrachiez C'uns qui seroit a grant effort Fichiez en un lieu dur et fort. (MACH., D. Aler., a.1349, 300).

2.

"Piquant, acéré" : Mais sans voies et sans sentiers Me mena plus de trois archies Parmi ronces, parmi orties Et par espines plus agües Que ne sont aguilles molues, Qui en pluseurs lieus me pongnirent, Si que le sanc saillir en firent. (MACH., D. Lyon, 1342, 171). La pointe pongnant et agüe [de l'épée] Les paresseus point et argüe (MACH., P. Alex., p.1369, 14).

-

P. métaph. : Langue poignant, aspre, amere et aguë En traïson souvent me mort et point (MACH., L. dames, 1377, 171).

B. -

P. anal. [En parlant du vent] "Piquant, pénétrant" : Et l'agu vent qui renommée tue Ne porra faire à son renom grevance (MACH., L. dames, 1377, 194).

C. -

Au fig.

1.

"Perçant, qui voit bien" : En son cuer en est la noblesse, Et par ses yeux [de l'aigle] la subtillesse A esté maintes fois veüe ; Car de si soutille sceüe N'a en nul oueil de creature Par dessous le cours de nature, Si agüe, ne si taillant, Meins tourble, ne meins defaillant. (MACH., D. Aler., a.1349, 346). Car pris sui et retenus Et au cuer trais Tout en un lieu de ij trais D'un yex fendus, Vairs, dous, poingnans, ses, agus, Rians et gais. (MACH., Lays, 1377, 425).

2.

"Intense, vif" : Si qu'Amours m'a trop deceü, Que j'ay creü, Quant repeü Ne pourveü N'a de pité m'ardeur agüe, Eins ha ma joie descreü (MACH., Lays, 1377, 292).