Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     FRÈRE     
FEW III frater
FRERE, subst. masc.
[T-L : frere ; GDC : fredre ; AND : frere ; DÉCT : frere ; FEW III, 763b : frater]

A. -

"Frère" : ...sa noble serour Marie, fille de Jehan, roy de France, duchesse de Bar, marquise du Pont, avoit supplié d'avoir la dicte hystoire à mon dessusdit seigneur, son tres chier et amé frere (ARRAS, c.1392-1393, 1). Par ma foy, dist ly conte de Forests, monseigneur, vous dictes voir, et quant de ma part, comme vous dictes, je ne l'en pense jamais a enquester [sur sa femme Mélusine], ja soit il mon frere, car je le tien pour tres bien assigné a mon aviz. (ARRAS, c.1392-1393, 44). Et le conte de Forests s'en ala en sa contree, et prist congié au conte de Poictiers et a sa mere et a sa seur, et a tous les barons, moult honnourablement, et les mercia de l'onnour que ilz lui avoient faicte aux noces de son frere Remondin. (ARRAS, c.1392-1393, 44). Et quant le conte de Forests ouy ceste response, si ne se teust pas atant, mais lui dist : Vous estes mon frere, je ne vous doy pas celer vostre deshonneur. Beau frere, la commune renommee du peuple court partout que vostre femme vous fait deshonneur et que tous les samedis elle est en fait de fornicacion avec un autre. (ARRAS, c.1392-1393, 241). Anthoine bienviengna moult le roy Regnault et la royne, sa seur, et Ollifart, son nepveu. Et la duchesse Crestienne leur vint encontre, o lui ses IJ. filz Bertran et Lohier, le mainsné. La fut la joye grant des freres et des sereurs et des nepveux. (ARRAS, c.1392-1393, 280).

 

-

Frere de/à qqn : Il est vray que vostre pere, depar ses ancesseurs, doit avoir grant chose en la Brute Bretaigne, laquelle vous sera declaree ou pays. Vous en yrez de cy droit a un fort appellé Quemeniguigamp, et y trouverez un moult ancien chevalier qui fu frere de vostre pere, et l'appelle l'en Alain, et vostre pere ot nom Hervy de Leon, lyquelz fu en sa jeunesse moult de chaude colle. (ARRAS, c.1392-1393, 48). ... le roy de Armenie (...) estoit frere au roi de Chippre... (ARRAS, c.1392-1393, 124).

 

-

[En apostrophe] : Haa, monseigneur, dist Guyon, quant vous aurés rigoulé moy et un autre encores, ne seront ce que deux. Mais je loue Jhesucrist de la vertu que il m'a donnee, combien qu'elle ne se pourroit comparer a la vostre, laquelle Dieux vous maintiengne. Mon frere, dist le roy, je ne vous cuide pas rigouler ; car se nostre fait estoit achevez jusques a ces deux, je me fie tant en Dieu et en vous que j'en actendroye l'adventure que Dieu nous voldroit donner. Sans doubte, monseigneur mon frere, dist Guyon, se la besoingne ne tenoit que a eulx IJ., il en fauldroit attendre l'adventure. (ARRAS, c.1392-1393, 136).

B. -

P. ext.

 

1.

"Membre d'une communauté religieuse" : Et s'en vindrent refreschir en l'isle de Rodes. Et donnerent aux freres de la religion les fustes qu'ilz avoient conquises. (ARRAS, c.1392-1393, 90). Lors monta le prieur a moult les eschielles, et vint a l'eglise, et trouva Gieffroy ou cuer de l'eglise, qui avoit ouy messe. Il lui fist la reverence moult courtoisement, et lui dist que l'eglise, et tous les freres, et tous leurs biens estoient a son plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 277).

 

2.

Freres chevaliers/ freres sergents d'armes. "Hommes d'armes faisant partie d'un ordre religieux" : Quant le roy Guion ouy ces nouvelles, si se mist en mer a tout bien six mille Ermins armez, et bien mille arbalestriers, et s'en vint a Rodes, ou il trouva le grant maistre au port. Et quant le maistre le vit, si ot grant joye, et lors entra en mer a bien IIIJm. hommes d'armes, que freres chevaliers que freres sergens d'armes, que autres estrangiers, qui aloient querant les adventures. (ARRAS, c.1392-1393, 214).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach


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